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I . Les cartographes (Eulak)

La neige tombait inlassablement. Sa blancheur se répandait dans les moindres recoins du panorama qui s'offrait à ses yeux embrasés par le froid glacial. Les montagnes donnaient toujours une aridité froudroyante.

Les flocons s'agitaient de toutes parts, s'écrasaient sans interruption sur le manteau blanc. C'était une danse inconnue, brutale et sauvage, qui s'offrait au gré des éléments.

Le vent agitait les rares arbres présents dans la plaine. Il avait une telle force, secouant les branches chargées de neige des pins. Et fouettant le visage déjà abimé par le froid de la cartographe. Son corps entier luttait pour ne pas laisser son regard s'oublier dans cette blancheur digne de la couleur des nuages de la belle saison.

Eulak quitta des yeux ce spectacle immaculé : le vent s'engouffrait avec force à l'intérieur de la tente, la rappelant à ses devoirs. De ses mains rougies par ce climat neigeux, elle referma les pans de tissus composant le fond de la tente. Après s'être assurée que l'attache était correctement installée, Eulak se retourna.

Tout le monde s'affairait à ranger les affaires. Les fragiles encriers étaient enveloppés délicatement dans des bandes de tissus. Les plumes étaient entassées dans un textile brun en forme de poche. Ces vieux instruments de mesure, dont la précision n'était plus leur mot d'ordre, se retrouvaient dans les différents sacs de cuirs. Et alors que les uns ramassaient, les autres organisaient dans les récipients.

C'était une véritable petite fourmilière qui se déroulait devant le regard intransigent de la cartographe Eulak.

Cette femme était tout ce qu'il avait de plus hautain et désagréable. Son visage était glace et ses mouvements étaient lame. Sa façon de s'exprimer était remplie de sarcasme et de mauvaise foi. Elle n'était pas un horrible personnage, juste une personne ne voyant pas l'intérêt de la bienséance. Elle aimait qu'on la voit comme cela, une femme sans peur, qui créait la peur.

Son regard acéré tel une dague se posa sur ses coéquipiers. Plus précisément sur Kilana, batifolant sans retenue avec les autres. Avec elle, elles étaient les seules femmes du groupe de cartographes. Ils étaient en tous cinq, chacun emmitouflés dans une lourde parka en permanence et depuis cinq mois étaient partis en exploration pour faire la carte de la province du Lanis. Ce n'était pas la première expédition que Eulak avait connue avec eux.

" T'es sûre qu'il est préférable de partir sous ce temps ?"

Eulak se tourna à l'entente de la voix de Kilana. Elle la vit se rapprocher d'elle, une interrogation baignant dans son regard brun. De sa voix froide dénuée d'empathie la jeune cartographe lui répondit sans la moindre hésitation :

" Je ne vais pas répondre à cette question car il y a une chose que je suis certaine : à cause de notre retard, la société des cartographes ne sera pas tendre avec nous. L'erreur de Junoo va beaucoup nous coûter, et pas seulement en temps.

- On sait tous que Junoo s'est trompé de chemin pendant une semaine, et que cette erreur d'inattention va nous faire perdre deux bonnes semaines. Mais c'est vraiment une raison de se tuer sous une couche de neige ? On peut pas attendre ?

- Là j'ai une réponse concrète à ta question : non on ne peut pas attendre. Chacun de nous dans cette pièce est endetté jusqu'au cou, toi y compris. Et ce n'est pas la baisse de revenu à cause de notre retard qui va nous aider. Je préfère partir à l'aube, gagner un peu de temps, et peut être sauver notre argent."

Kilana se retourna complètement désespérée et désemparée vers ses autres coéquipiers.

"Rassurez-moi, vous êtes conscients des risques pour une poignée de sous ! s'insurgea-t-elle.

- Malheureusement oui, comme l'a dit si bien Eulak on est tous endettés, et j'ai besoin d'un minimum d'argent pour le petit, expliqua Islain dans un sourire triste."

Sous les regards affairés de Kilana ; Islain, Junoo, Braylon, répondirent que ce risque était maigre par rapport à la colère des huissiers. Tous ces gens étaient désespérés, ils n'avaient rien. Cette opportunité risquée leur donnait un peu d'espoir. Celui, malgré la mauvaise situation d'avoir quelques gains.

Quand on dit que l'argent fait tourner le monde, c'est vrai. Mais il ne faut pas oublier de tourner pour ne pas finir statique.

Droite comme une poutre de bois, Eulak avait suivi l'altercation de ses yeux examinateurs et calculateurs. On ne savait jamais ce qui se déroulait sous ce visage de pierre ni sous ces mouvements raides. Alors que Eulak ne reflétait que du vide dans la mare de ses émotions, les autres montraient leur monde.

La résignation de Kilana, le remord de Junoo, le bonheur triste de Islain, la frustration de Braylon, résonnaient dans la pièce telles des lames visant à s'entrechoquer, se faire du mal et saigner pour finalement recommencer.

A peine un pied sorti dehors, que Eulak ressentit comme une gifle du vent. Quelques-unes de ses mèches noires attachées dans une lanière de cuir s'échappèrent de la coiffure simpliste pour s'allier aux mouvements de l'air. L'entièreté de son corps frêle frissonna au contact du froid des montagnes malgré son lourd manteau rembourré. La nature sauvage se déchainait sans peine partout autour d'elle.

Le soleil venait à peine de se lever. Ses yeux effilés cherchaient le moindre grain de lumière aux environs.

Soudain, son corps se tendit brutalement sans qu'elle ne comprenne. Son œil blanc lui brûla instantanément. Son monde se transforma en peur et en douleur. Rien ne lui obéissait en son corps, et Eulak essayait avec difficulté de retrouver un minimum de raison. Elle n'était qu'une plaie béante et profonde.

Maintenant elle en était certaine, une ombre solitaire était là. Il n'y avait que ces créatures invisibles aux yeux de tous pour lui faire tomber son masque de glace contre son gré. Les poils de son épiderme se redressèrent, et la peur commença à l'envahir progressivement, pire que du poison dissout dans l'eau. L'empêchant de réfléchir et d'agir. Ses pensées incohérentes l'envahissaient de toutes parts, ses membres tremblèrent, et son visage se tétanisa. Eulak était tentée de rejoindre les autres encore dans la tente, mais son être entier ne réagissait plus. Elle avait envie de crier, pleurer, se ronger au sang, ... n'importe quoi, qui pourrait la faire partir de cette transe.

S'armant de courage, de la même manière que l'on enfile une armure, elle tourna lentement la tête sur le côté.

Eulak avait peur. Une peur maladive, incontrôlable, qui ne survenait que lorsque ces monstres de fumée décidaient d'apparaître. Une peur d'appréhension de ce qu'elle allait trouver lorsque le masque de ses paupières serait envolé. Et, elle se décida à ouvrir ses yeux.

Elle était présente, devant son regard remplit d'épouvante. Cette forme aussi noire que la neige est blanche. Son corps fait de fumée aussi vaporeuse que effrayant. Ses yeux jaunes faisant frémir n'importe qui. Celle-ci ne bougeait pas, comme si elle l'attendait patiemment.

La jeune cartographe n'eut pas le temps de réagir que soudainement, au niveau du buste de la créature, une partie de la fumée le composant disparue. Laissant un trou ovale au niveau du ventre de la forme humanoïde. Ce monstre disparut en une multitude de filaments noirs.

Toute la tension qui s'était accumulée dans son corps retomba. Eulak haleta, ses yeux exorbités, ne comprenant rien à ce qu'il venait de se produire. Elle n'avait rien fait, ce monstre s'était envolé dans la nuit.

Ses jambes ne la supportaient plus et dans un mouvement rapide, la jeune cartographe agrippa le tronc d'un pin pour ne pas perdre l'équilibre.

Un instant, elle eut l'impression de revenir au début. Quand, lorsqu'elle voyait un de ces monstres, elle criait et se débattait. Depuis quelques temps, ces apparitions devenaient de plus en plus fréquentes. Et Eulak ne manquait pas de s'en inquiéter sérieusement.

Instinctivement, la jeune cartographe posa une main sur son visage. Ce même visage, qui recelait tant de mystères, et de peur. Une de ses rétines était d'une fade banalité, alors que l'autre était entièrement blanche.

De son œil blanc, partait une multitude de lignes noires. Elles se croisaient, se chevauchaient, s'évitaient, sur leur terrain de chasse : son visage. Elles formaient de grandes arabesques sur l'entièreté de celui-ci. Mais ça, Eulak voulait le cacher à tout prix. Préférant le dissimuler derrière une pâte terreuse. Cela lui donnait des traits épais, un air sale, négligé.

Ce masque était sa seule barrière entre la normalité et la différence.

Personne ne sait que derrière se cache un visage d'ombres. Islain, Braylon, Junoo et Kilana l'avaient toujours connue sous ces traits d'argile et n'avait pas de doute sur sa véritable apparence.

Même à eux, Eulak leur cachait la vérité. Elle avait bien compris que pour survivre dans ce cupide monde il fallait se cacher de sa vraie nature. Son attitude froide le montrait bien.

" Pour une première fois dans ces montagnes, elles se sont montrées particulièrement accueillantes ! dit Kilana en sortant de leur habitacle de tissu.

- Le sarcasme ne te va pas Kilana. Laisse-le donc à notre chère et tendre Eulak, lui répondit Junoo.

- C'est vrai que je ne suis pas un exemple de bienséance, commença Eulak légèrement vexée. Mais au moins on peut dire de moi que je fais correctement mon travail. Pas comme tout le monde ici décidément, répliqua-t-elle en sous entendant clairement l'erreur de Junoo sur le chemin."

Kilana se tut, et chacun se toisait du regard.

Eulak avait revêtu son masque de froideur. L'épisode de noirceur, de peur, de faiblesse était derrière elle. Les ombres étaient reléguées bien loin de ses préoccupations du moment : son retard, et donc son argent valait plus que des hallucinations.

Les tensions aimaient apparaître aux instants où on a besoin de solidarité.

Islain et Braylon sortirent de la tente, sous les regards froids de leurs collègues. Et malgré la faible luminosité et le vent qui se déchainaient, tout le monde s'activa à remballer la tente. Tels des êtres dénués d'émotions, ils s'activaient à la tâche sans parler, ni s'embêter à faire d'autres mouvements que nécessaire.

En ce lever de soleil, sous ces multiples nuages gris et ses flocons tombant du ciel ; ils étaient prêts à partir de ce campement de fortune. Ils commencèrent à sinuer entre les rares arbres de la plaine.

La jeune cartographe se retrouva en bout de queue. Par curiosité, paranoïa, ou s'assurer de sa folie, elle se risqua à regarder derrière elle. A l'emplacement où s'était élevé leur majestueuse tente se retrouvait un espace vide d'objet. Avant que les cartographes l'aient démontées, elle ressemblait à celle que l'on pouvait retrouver dans les camps militaires. Il y tenait facilement plusieurs personnes et leurs équipements.

A sa plus grande surprise, il n'y avait nulle trace de cette mystérieuse et terrifiante ombre.

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