t h i r t y - s e v e n
«Tu n'es qu'un vide-couilles à mes yeux, rien d'autre.»
«Tu n'es qu'un vide-couilles.»
«Rien d'autre.»
-Putain...
La voix dans ma tête ne cessait de répéter cette phrase en boucle au point de m'empêcher de dormir, j'étais resté éveillée toute la nuit. Mon corps était roulé en boule sous la grosse couette, je réfléchissais à quoi faire. Je ne comprenais même pas comment la situation avait pu déraper aussi facilement.
Est-ce qu'il était sincère ? Ses paroles m'avaient fais bien plus de mal que je ne le pensais, ça m'avait touchée en plein cœur.
Et lui, comment il se sentait ?
Non, je m'en fou.
Il était huit heures trente-six, autant me lever. Je descendais dans la cuisine et évidemment, n'y trouvais personne, mon père étant au travail et ma mère à l'hôpital où elle était infirmière et bénévole.
J'allais jusqu'à la table à manger et trouvais des dizaines de résultats médicaux sur papiers, je ne voulais pas les lire. En ouvrant le placard et en tentant d'attraper un verre d'eau, il m'échappait des doigts et se brisait, cette journée s'annonçait tellement mauvaise.
En ramassant les bouts de verres au sol, je me coupais, ma paume était entaillée et saignait, génial. Je ne savais même pas où se trouve les pansements.
J'avais fouillé partout sans succès, la salle de bain me vint en tête alors je remontais à l'étage et traversais le couloir, la chambre d'amis était sans surprise, verrouillée.
J'enclenchais la poignée de la salle d'eau et y entrais, la lumière était allumée et Yoongi était adossé contre la baignoire, les bras enroulés autour de ses jambes.
Il levait la tête et me vit, la main en sang, je grimaçais et m'avançais vers le tiroir qui contenait les soins pharmaceutiques, effectivement, j'y trouvais une boîte de pansements. Le désinfectant que j'avais aspergé sur ma plaie me brûlait.
-Merde ça fait mal, soufflais-je.
Je posais mon pansement et rangeais le tout avant de me retourner vers la sortie, sans un regard pour le blond.
-Iseul...
Je ne lui portais aucune attention, mais alors que je franchissais la porte, sa présence se fît ressentir derrière moi et une main se posait sur mon épaule. Je la retirais et continuais ma marche, mais je savais qu'il me suivait, trahit par le grincement du parquet.
-He, bébé.
-Arrête de m'appeler comme ça Min.
Cette fois, il n'attendait pas plus longtemps et me retournait brusquement.
-Alors quoi, on en revient aux noms de famille ?
-Dégage ta main.
-Écoute j-
-Ta main.
Il soufflait et la retirait de mon poignet, je n'avançais plus et attendais, ne sachant pas si je devais partir ou non.
-Cette nuit j'ai... Je ne voulais pas dire ça.
-Sauf que tu l'as dit.
Il passait ses doigts dans ses cheveux et soufflait, comme souvent.
-Parce que tu as dit que tu voulais tout arrêter, j'ai paniqué.
-Et ?
-C'est... J'en sais rien.
-Moi je sais, tu me l'as très clairement fait comprendre, je suis ton vide-couilles et rien d'autre.
-J'ai pas réfléchis, c'est sorti tout seul.
-C'est sûr que dire ce que tu penses sans réfléchir c'est ta spécialité. Et moi, tu veux que je te dise un truc ? J'ai pleuré toute la nuit, en grande partie par ta faute. Maintenant tu m'excuseras mais je dois aller autre part, là où tu n'es pas.
Je me retournais et descendais les escaliers, même si je savais qu'il allait me suivre, j'avais au moins eu le dernier mot.
Ça m'avait réellement vexée, je ne pensais pas que ça me toucherais autant.
Je sortais le balais du placard, nettoyais les dégâts que j'avais causé quelques minutes plus tôt et pris une poêle à frire que je déposais sur les plaques de cuissons. À ce même moment, deux grandes mains se posaient sur les miennes, il était juste derrière moi, pratiquement collé contre mon dos, je ne pouvais pas bouger.
-Arrête ton cinéma et pousse-toi.
-Je veux t'aider.
-Étant donné que je ne sais rien faire d'autre que te donner du plaisir oui j'en aurais bien besoin, crachais-je.
Je tentais de me décaler mais il m'en empêchait, j'étais sur les nerfs, ça allait mal finir, je le savais bien.
-Dégage.
-Je sais qu-
-Putain mais qu'est-ce que tu ne comprends pas dans le verbe dégage ?
-Écoute j'a-
-Ça ne m'intéresse pas.
À mes mots, je lui donnais un coup de coude dans les côtes, ce qui le fît automatiquement reculer. Je me retournais et le regardais, il se tenait la hanche mais restait là, ne voulant visiblement pas partir maintenant.
-Pourquoi tu refuses de m'écouter ?
-Tu n'es qu'un vide-couilles à mes yeux, rien d'autre, ça ne te dit rien ?
-J'ai merdé, je suis désolé.
-Ça ne change pas le fait que tu l'ai dit, ce qui fait qu-
-Je ne le pense pas et ne l'ai jamais pensé.
Il avançait, et moi, je me cognais contre le plan de travail.
-Je ne sais pas quoi te dire à part que je suis désolé, parce que c'est la vérité, crois-le ou pas.
-Tu ne l'as pas dit par hasard, tu savais que ça me ferait mal, ne mens pas, on se connaît plutôt bien maintenant.
Le blond triturait ses doigts et levait les yeux au ciel.
-Oui, je savais que ça te toucherais, et je sais aussi que je n'aurais jamais dû le dire, mais toi aussi tu as su où viser.
-J'ai juste dit que je voulais en arrêter là, c'est rien.
-Je sais mais ce qui est fait est fait.
-Alors dis-moi la vérité, je ne te sers que pour le cul ? Tu peux le dire, on est sex-friends, des amis qui couchent ensemble, tu as dit que je n'étais là que pour ça, et puis je me rends compte que c'est vrai, je suis ton vide-couilles en fin de compte.
Yoongi soufflait et me regardait dans les yeux.
-Je sais pas Iseul, j'en sais rien. Je n'arrive pas à savoir si on traîne ensemble seulement pour ça ou pas.
-Donc tu le penses vraiment.
-Non.
-Dis la vérité Yoongi.
-C'est la vérité, oui on est sex-friend et je ne dis pas le contraire mais voilà, si je suis là avec toi dans cette cuisine c'est qu'il y a bien une autre raison.
-Moi je suis ici pour ma sœur, toi à part foutre la merde, ce qui marche très bien d'ailleurs, je n'en sais rien.
-Tu crois vraiment que je me serais déplacé pour quelqu'un que je n'apprécie pas un minimum ?
-Tu m'aimes bien parce qu'on couche ensemble, mais rien d'autre, et c'est normal, je ne vois vraiment pas ce qu'il pourrait y avoir de plus.
Le blondinet secouait la tête et s'adossait contre la table en bois.
-Tout à l'heure tu as dit pourquoi tu voulais arrêter ?
-Oui, avant que tu t'en ailles.
-Et tu pourrais le redire ?
-Non parce que tu t'en rappelle très bien.
-Ça me fait trop de mal, c'est pas fait pour moi tout ça.
Il s'en rappelle à ce point ?
-Tu voulais dire quoi par ça me fait trop de mal ?
-Tu l'as très bien compris.
-Bah non, justement.
Je voulais peut-être juste te faire comprendre que je suis en train de tomber amoureuse de toi ?
-Comme tu ne veux pas répondre on fait quoi ?
-Je sais pas, je ne voulais pas que ça se passe comme ça.
-Je suis désolé, sincèrement, c'est sorti tout seul et je ne pensais pas que ça finirait de cette façon, maintenant si tu veux que j'y aille je peux m'en aller.
Deux options s'ouvraient à moi, mais pourtant...
-On se disputera autre part qu'ici, en attendant... Reste.
Il hochait la tête et s'asseyait à la table, sans un mot de plus.
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