Trois coups furent frappés à la porte, qui firent sursauter Alya. Depuis trois jours, elle était prostrée dans son lit, fiévreuse, et incapable de bouger. Elle avait perdu toute énergie, et la seule chose qu'elle pouvait faire, c'était pleurer. Tous les membres de l'Ordre avaient essayé de comprendre la raison de son malheur, mais dès la moindre question, elle subissait d'impressionnantes crises de panique. Ils se relayaient donc à son chevet, pour s'occuper de Charlie qu'Alya ne pouvait pas savoir loin d'elle.

Ce dernier, tracassée par l'état de sa mère, dormait beaucoup moins et ne mangeait presque plus. Il s'était aussi beaucoup rapproché de Molly, qui faisait tout pour le garder en forme.
Alya ne prit pas la peine de répondre, sachant pertinemment que sa chambre était devenue un moulin.

Tonks entra.

"Salut Alya, salut Charlie !" Dit-elle d'un ton enjoué.

Elle se tourna vers celui qui la précédait dans les «tours de garde», et rougit en s'apercevant qu'il s'agissait de Remus. Elle le salua rapidement tandis que ce dernier s'éclipsait, l'évitant autant qu'il le put. Depuis plusieurs semaines, l'atmosphère était chargée entre eux deux. Et voilà que depuis quelques jours, ils ne s'adressaient presque plus la parole.

Tonks s'installa sur le grand fauteuil dans le coin de la pièce, près du petit lit ou Charlie s'était assoupi. Alya, calée contre ses oreillers, gardait depuis la veille les yeux fixés sur son tricot.
C'est pour cette raison que la métamorphomage tressaillit quand Alya parla, pour la première fois depuis des jours.

"Tu l'aimes, n'est-ce pas ?"

Tonks marqua un temps d'arrêt, ne sachant pas quoi répondre.

"Euh… oui, je crois… pourquoi ?"

Alya acquiesça, et son regard se perdit dans le vide. Pendant un instant, Tonks craignit qu'elle se mure de nouveau dans le silence, mais elle finit par lui répondre.

"-Et… à quoi ça ressemble ? D'aimer ?
-C'est… c'est beau. Tu sens ton cœur battre plus fort quand l'autre est près de toi… et tu en rêves la nuit… et tu ne peux pas t'empêcher d'y penser, à chaque seconde… C'est dur aussi. De ne pas savoir si c'est réciproque. Et d'avoir peur de mal s'y prendre. Mais je pense que ça en vaut la peine. Parfois, à la fin, ça rend heureux."

Sa gorge se serra à ces mots. Les deux femmes s'adressèrent un sourire triste.

"Merci, Tonks. Tu es une femme formidable, et je suis sûre que tu trouveras ton bonheur avec Remus."

Elle ferma les yeux un instant et inspira profondément.

"Est-ce que je peux te demander quelque chose ? Je voudrais que Charlie sorte de cette chambre. Quelques heures par jour. Mais seulement si Molly ou toi êtes à côté. J'ai peur qu'il s'éloigne, vraiment. Mais je ne veux pas qu'il se laisse mourir dans cette chambre comme moi je le fais. Et, aussi. Ne parle pas de ce que je viens de te dire. S'il te plaît." Ajouta-t-elle, avec de la détresse dans la voix.

Surprise par cette demande, Tonks hocha la tête, et Alya replongea dans son tricot aussi vite qu'elle en était sortie.