Les élèves sortirent précipitamment de la salle de potions. Deux groupes se formaient : dans l'un des deux, les élèves drapés de vert avaient un petit sourire satisfait, tandis que sur les lèvres des autres courait un murmure inquiet. De la salle jaillissait des pleurs, ceux d'un jeune garçon qui ne tarda pas à sortir de la salle à son tour, derrière tous ses petits camarades. Dans son dos, la porte se referma violemment, et il quitta le couloir aussi vite qu'il le put.

Comme trop souvent ces derniers temps, les émotions de Severus avaient pris le pas sur le reste. Il s'était emporté contre cet imbécile, qui, arrivé en troisième année, n'était toujours pas capable de concocter une potion d'enflure passable. Chaque jour, l'ignorance de ses élèves le désespérait un peu plus. Mais, s'il n'avait à faire face qu'à ce problème, il parviendrait sûrement à passer outre.

Hier, Dumbledore était venu le voir. Il perdait du contrôle au sein de l'école. Dolores, le pantin du ministère, était en train de détruire le système petit à petit. Et une fois de plus, c'est sur lui que le directeur s'était appuyé, lui confiant des missions de plus en plus nombreuses. Comme si le retour de Voldemort l'année précédente n'avait pas suffi.

Severus se laissa glisser contre le panneau de porte. Supporter la pression lui devenait de plus en plus difficile. Chaque soir, en se couchant, il espérait ne plus se réveiller. Mais le portrait de Lily, sur sa table de chevet, le forçait à continuer. Il devait sauver Harry. Et par là même, le monde sorcier.
Au risque, peut-être, de se détruire lui-même.

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Ce soir, l'ordre du Phénix se réunit. Et Severus sait que comme à son habitude, il sera le villain petit canard de la soirée. Celui sur qui l'on porte des soupçons. Celui-qui a un double rôle, et à qui aucun des deux camps ne fait confiance. Celui qui, au cœur de la tempête, ne demande rien de plus qu'un peu de calme.

Alors qu'il range sa salle de classe à la fin de la journée, Severus ne pense même plus à cela. C'est devenu une habitude. Toutes les semaines, il se rend à ce rendez-vous de malheur. Qui ne lui change pas beaucoup de son quotidien, de toute manière. Tous se méfient de lui, depuis le retour du Maître des Ténèbres. Et depuis la mort de Lily, il n'y a plus personne pour lui donner de l'amour, lui qui aimerait recevoir, rien qu'une fois, ne serait qu'un sourire.

Au moment où il attache sa cape sur ses épaules, trois coups sont frappés à sa porte. En pestant contre l'élève qui a dû venir le déranger à une heure si tardive, il se dirige vers la porte de ses appartements, et ouvre la porte sur Dumbledore, tout sourire.

"-Dumbledore. Je pensais que vous seriez déjà sur place. Qu'est ce qui vous amène ?

-Et bien, il se trouve qu'aujourd'hui n'est pas un jour ordinaire…" répondit le vieux sorcier avec un air taquin.

"-Je vous l'ai déjà dit, Dumbledore, soupira t'il. Je ne souhaite rien de plus qu'un peu de calme en cette journée. Allons immédiatement au QG, faisons cette réunion vite fait, et allons nous coucher.

-Hors de question ! s'exclama t'il en sortant une boîte des pans de sa robe. Bon anniversaire !"

Severus soupira en attrapant la boîte. "Le guide du potionniste : édition 1996". Pas besoin d'enlever le papier cadeau : il savait déjà ce que son directeur lui avait offert. L'année précédente, il avait reçu l'édition 1995 ; l'année d'avant, celle de 1994 ; et ainsi de suite depuis 1982. Severus posa la boîte sur la table et remercia Dumbledore avec un faux sourire grimaçant.

"Maintenant allons-y, ne perdons pas de temps. Nous aurons besoin de repos cette nuit, sinon la mission de demain échouera."

Et, la cape sur les épaules, ils s'engouffrèrent dans la cheminée.

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Dumbledore, tout sourire, poussa la porte de la salle à manger du QG.

"Bonsoir à tous ! J'espère que notre léger retard ne vous a pas trop dérangé. Je vous propose que nous passions au repas tout de suite ; nous discuterons de la mission plus tard."

Tous acquiescèrent et Molly se leva et se dirigea vers la cuisine.

"Par ailleurs, il me semble que nous avons tous quelque chose à souhaiter à Severus ! Allons, chantons ! Joyeux anniversaire, joyeux anniversaire…"

L'intéressé leva les yeux au ciel et se dirigea vers sa place en ronchonnant, alors que tous chantaient sans grande conviction.

Molly apporta les plats, et, se penchant discrètement vers Tonks, murmura :

"Va donc chercher nos invités, je vais rajouter un couvert."

Alors que Tonks sortait et qu'un silence pesant tombait sur la pièce, Molly plaça d'un coup de baguette un nouveau couvert à table. Ce qui attira, évidemment, l'attention de tous les convives.

"-Pour qui ajoutez vous un couvert, Molly ? questionna Dumbledore pour tout le monde.

-Et bien, il se trouve qu'une jeune fille nous est arrivée cet après-midi, avec son petit garçon. Vous ne vous souvenez sûrement pas d'elle… Enfin, de toute façon, la voilà."

La porte du salon s'ouvrit sur Tonks, qui, l'instant d'après s'écarta sur le côté.
Et c'est là qu'elle apparût, serrant les bras autour d'un enfant chétif, et ouvrant de grands yeux timides sur l'assemblée.

Tous se turent soudainement. Rémus se leva en silence, et avança d'un pas vers elle.

"-Marlene... Je te croyais morte…

-Elle l'est. Je suis sa fille, Alya."