Ch. 2: Le zozo et la fleur
Le soir tombait doucement, laissant place à une douce brise qui venait rafraîchir après la chaleur étouffante d'une journée d'aout. Rémi avait passé la journée chez Vincent car c'était là qu'il y était le plus en sécurité.
Cependant, même derrière les murs protecteurs de l'appartement, le brun gardait toujours une réelle angoisse: qu'en était-il advenu de sa sœur, Fleur ? S'était-elle enfuie ? S'était-elle cachée ? Était-elle même vivante ? L'idée d'apprendre le décès de sa Fleur terrorisait Rémi qui ne pouvait s'empêcher de faire les cents pas dans le petit salon.
— Y a quelque chose qui va pas ? Demanda Vincent qui pointait le bout de son nez dans l'encadrement de la porte.
Ils avaient un peu discuté durant l'après-midi étant donné qu'ils n'avaient pas grand chose d'autre à faire. Le dialogue passait plus simplement, maintenant, même si le châtain paraissait toujours relativement distant.
— C'est ma sœur ... j'ai aucune idée d'où elle peut être, et j'arrive pas à la contacter, j'ai aucun réseau ni wifi là.
— Un évènement tragique est vite arrivé, tu sais.
Le sang de Rémi ne fit qu'un tour. Ses yeux s'assombrirent et fixèrent son interlocuteur avec une rage débordante.
— Qu'est-ce que tu veux dire, par là ? Questionna le grand, menaçant.
— J'insinue rien du tout, se défendit le petit avec son même air indifférent. J'dis juste que vu c'qui se passe actuellement, faut envisager toutes les possibilités, même les plus trag-
Ce fut impulsif, le geste partit sans que le bouclé n'eut pu réfléchir. Il se leva en trombe et asséna un violent coup de poing en plein dans la mâchoire de Vincent puis le prit par son t-shirt pour le plaquer contre le mur du couloir.
— Ne parle plus jamais de ma sœur comme "morte" ou je sais pas quoi ! Éclata-t-il. Si on doit la déclarer décédée, c'est que j'aurais trouvé son cadavre moi-même et en personne !
En crachant ces mots, Rémi crut qu'il allait vomir. Il lâcha sa prise sur le châtain pour emmener sa main à sa bouche pour s'empêcher de régurgiter. Même s'il était en tort, il se refusait de croire que Fleur n'était plus de ce monde.
Vincent rit de son côté, se tenant sa mâchoire qui le lançait.
— Soit pas si naïf, mec. Ce sera plus jamais pareil maintenant, et nous accrocher à l'espoir de simples spéculations, c'est creuser notre propre tombe.
Le bouclé ayant retrouvé ses esprits s'apprêta à frapper à nouveau le visage du plus petit, quand une voix sortie du fond du couloir le fit sursauter.
— Vincent, c'est quoi tout ce bruit ?
Quelle fut la surprise de Rémi quand il vit sortir d'une porte jusque là fermée, un petit garçon. Le bambin qui ne dépassait pas le mettre quarante, se frottait les yeux, signe qu'il venait de se réveiller.
— C'est qui le monsieur ? C'est un copain à toi ?
— Nan, Max. C'est juste un boulet.
Vincent partit à son tour dans sa chambre et s'y enferma, laissant le jeunot seul avec Rémi.
— Excuse-le, il s'énerve vite quand il est pas content.
Le bouclé se demandait toujours qui était ce petit bonhomme, et l'incompréhension se lisait dans ses yeux.
— Viens.
Le petit être prit Rémi par le petit doigt et l'emmena au salon. Il accepta sans résistance, après tout, ce n'était qu'un enfant. Ils s'assirent tout les deux et la petit tête blonde en tailleur commença.
— Comment tu t'appelles ?
— Moi c'est Rémi.
— Cool ! Vous vous connaissez depuis longtemps avec mon frère ?
Le brun fit de gros yeux ronds. Frères ? Ils n'avaient décidément rien à voir, autant dans leur physique que dans leur caractère.
— Ton ... frère ? À vrai dire, non. Il m'a sauvé des griffes d'un traqueur, et me voilà ici.
Les pupilles du plus petit s'illuminèrent.
— Ouah, sérieux ? Trop stylé !
— Ouais, "stylé" comme tu dis ...
Le bouclé était toujours aussi tourmenté quant à la situation de sa sœur. La peur qui l'envahissait ne faisait que l'entraver et l'empêchait de pleinement réfléchir.
— Moi c'est Maxence ! Mais tout l'monde m'appelle Maxou, l'informa l'enfant tout en coupant la parole à ses démons sans même le savoir.
C'est ainsi que s'entrepris une longue discussion étrangement joyeuse malgré le contexte de leur rencontre. Vincent revint peu après. Il s'était changé et semblait sur le point de partir.
— Vincent ? Tu vas où ?
Son petit frère, sous l'étonnement de Rémi, avait posé la question comme si le châtain allait faire un tour de quartier tout à fait banal et non se risquer à perdre la vie pour quelques vivres.
— Y a plus rien à manger, faut que j'aille trouver de quoi tenir quelques jours. Tiens, vu que t'es là toi, tu peux peut-être nous aider, tu penses pas ?
— Vous aider ... ? Questionna le bouclé en insistant sur le "vous".
— Nous ? Renchérit ensuite la petite tête blonde tout excité.
Il était clair qu'impliquer l'enfant dans une telle mission était de l'inconscience totale, pourtant, l'aîné avait l'air plutôt serein.
— Tu voulais pas que je sorte jusqu'à maintenant, pourquoi d'un coup-
— Tu vas pas sortir ! L'interrompit Vincent en lui frottant le crâne. J'ai besoin de toi pour autre chose.
Le petit avait les yeux remplis d'une lueur que Rémi ne comprenait pas. De toute évidence, Maxence savait déjà ce qu'allait lui demander son grand frère, ce qui attisait la curiosité de la girafe.
Vincent quitta la pièce et revint quelques secondes avec en sa possession, un drone téléguidé. Rémi remarque ensuite une caméra accroché à celui-ci et fit le rapprochement. Mais un autre détail vint titiller son esprit: était-ce réellement le bambin qui allait utiliser le robot ? Jusqu'à preuve du contraire, un enfant de onze ans ne voyait la machine que comme un simple jouet.
— Okay mon grand, j'pense que tu vois déjà c'que j'vais te demander.
Maxence acquiesça avec de grand geste de la tête, et il prit en une fraction de seconde un air tout à fait sérieux. La détermination qui se lisait dans ses yeux, le brun ne l'avait jamais vu auparavant dans le regard de quiconque.
Après quelques brèves instructions, Vincent donna un talkie-walkie à son partenaire puis à son frère, et après avoir déposer un bisou sur le front de Maxence, lui et le brun sortirent du bâtiment.
À peine Rémi eut-il le pied à l'extérieur qu'il vit décoller par la fenêtre l'engin piloter par l'enfant, lui posé au balcon.
— T'es sûr de ton coup là ? demanda le bouclé peu rassuré.
Vincent partagea son incompréhension par un froncement des sourcils.
— T'es sûr que c'est une bonne idée que ce soit ton frère qui nous guide à travers ces rues ?
Le talkie-walkie grésilla et la voix du plus jeune se fit entendre.
— Marche d'un pas sûr, t'en fais pas ! Le rassura Maxence.
Son grand frère rit sous l'assurance de son cadet, ce qui décrocha un petit sourire à la girafe et lui permit de se détendre un peu.
— Écoute-le, enchaîna Vincent tout en ouvrant la marche. C'est un génie.
— Mouais, ça reste un gosse.
— Nan mais c'est vraiment un génie. Surdoué diagnostiqué à sept ans, il se débrouille très bien dans tout ce qu'il fait, et il est même sûrement plus malin et intelligent que nous deux réunis, assura le châtain d'un air plus que fier.
Ils marchaient dans les rues de la ville jusqu'à maintenant silencieuse, excepté les bruits d'hélice au dessus de leur tête qui leur indiquaient la présence de leur ange-gardien-GPS. Maxence, qui leur avait communiqué chaque rue à prendre pour éviter les traqueurs, faisait preuve d'un sang-froid sans précédent.
Ils arrivèrent finalement à destination et entrèrent dans le magasin.
— Il en a pas peur, Maxou, des traqueurs ?
— Du tout.
— T'es un bonhomme ! Le complimenta Rémi à travers l'appareil de communication.
Le rire clair de l'enfant emplit de joie le cœur du brun qui n'avait pas remarqué l'air triste que son compagnon venait de prendre.
— J'ai dit un truc qu'il fallait pas ?
— T'y es pour rien, t'inquiète mec.
Ils arrivèrent au rayon dans lequel se trouvaient toutes sortes de biscuits et d'aliments secs. Tout en commençant à remplir leur sac, Vincent appuya sur le petit bouton "mute" de son talkie-walkie.
— S'il en a pas peur, de ces monstres, c'est parce qu'il à dû faire face à des traqueurs assez tôt.
Rémi écoutait Vincent d'une oreille attentive.
— Au début de la catastrophe, il a vu notre mère se transformer en l'une de ces choses.
Le châtain retenait ses larmes, il devait paraître fort. Le plus grand se permit tout de même de poser une question.
— Ça l'a pas juste fait flipper ? J'veux dire, c'est qu'un enfant ...
— Absolument pas. Il le montre pas, mais tout ce qu'il a en lui maintenant, c'est la rage. La rage de vivre.
Rémi ne parla plus et se contenta de remplir son sac de toutes sortes d'aliments n'ayant pas besoin d'être réfrigérés, étant donné que l'électricité qui alimentait le frigo était maintenant un luxe qu'ils n'avaient plus à disposition.
Leur talkie-walkie grésilla à nouveau et ce fut la vois toujours impassible de Maxence qui en sortit.
— Y a un traqueur qui est rentré dans le magasin ! Mais je peux pas en voir plus vu qu'il est à l'intérieur ... faites gaffe !
— Merci, c'est bien reçu mon grand, on fait attention ! Lui promit Vincent.
Rémi commençait à ressentir une dose d'adrénaline monter en lui. Contrairement à l'enfant, lui était terrorisé. Il était jusqu'à maintenant assez calme grâce à la tête blonde qui les surveillait d'en haut, mais maintenant qu'il n'avait en sa possession comme seules ressources que lui et sa paire de couille, il était tout de suite moins rassuré.
Il ressentit un frisson dans tout le corps qui le calma quand le samouraï posa sa main sur son épaule.
— Sois attentif à tout ce qui s'passe.
La girafe acquiesça.
Ils s'engouffrèrent alors dans les rayons à pas de loup et s'éloignaient le plus possible quand ils entendaient les grognements du traqueur non loin.
Ils finirent par atteindre la sortie sans encombre, et tous y compris Maxence qui les voyaient sains et saufs sur son écran, purent souffler de soulagement un bon coup.
Rémi réalisa après quelques secondes que cet endroit lui était familier. En effet, il n'était qu'à un pâté de maisons de chez lui. Sa sœur qui n'habitait plus à Nîmes à cause de ses études, n'avait que l'appartement du brun comme repère, la maison de leurs parents étant à l'autre bout de la ville. Elle était là, il en était sûr.
Le bouclé expliqua la situation à son partenaire et demanda à Maxence s'il pouvait les conduire par une route sûre jusqu'à l'appartement. Le bambin accepta volontiers.
— Je suppose que c'est pas un truc qui se refuse ... allons-y, accepta à son tour Vincent.
Ils arrivèrent à l'endroit en moins de deux minutes et montèrent dans l'immeuble la plus discrètement possible. Une fois arrivé devant l'appartement, en voyant que la porte était non seulement fermée à clé mais aussi sûrement barricadée, Rémi fut tout de suite plus serein. Si la porte était aussi protégée, c'est qu'il y avait quelqu'un à l'intérieur, pour sûr.
Ils toquèrent un fois. Rien.
Ils toquèrent à nouveau, et toujours aucune réponse.
— Tu devrais peut-être l'appeler à travers la porte, elle reconnaîtrait sûrement ta v-
— T'inquiète.
Rémi recula de quelques pas, et en prenant de l'élan, il enfonça la porte d'un grand coup d'épaule ce qui leur permit d'entrer.
En tombant par terre, le brun entendit un cri puis lorsqu'il leva la tête, il reconnu sa petite sœur qui se payait sa tête. Il s'empressa de se relever et l'enlaça jusqu'à l'étouffer. Le bouclé la prit ensuite par les épaules et mitrailla de questions tout en retenant ses larmes de joie.
— Fleur ! Pourquoi t'as pas ouvert tout de suite si t'était là ?
— J'ai cru que c'était ces monstres, abrutit ! Si t'avais parlé, je t'aurais reconnu !
Un "qu'est-ce que j'avais dis" se fit entendre en fond.
Les retrouvailles commençaient à être longues et Vincent qui tapait du pied s'impatientait doucement.
— Faudrait qu'on bouge, les interrompit-il en commençant à descendre les marches.
— Il a pas tort, la nuit va bientôt tomber et se balader dans le noir c'est vraiment la dernière chose que je souhaite, confirma le bouclé. On t'expliquera tout une fois arrivés.
— Arrivés ? Où ? questionna la brune.
— Tu sauras quand on sera en sécurité.
Fleur emboîta le pas et sous les instructions du bambin, les trois rescapés se dirigèrent vers le domicile de Vincent et y arrivèrent sans gros soucis. Le châtain y retrouva son frère qui lui sauta dans les bras dès qu'il eut mis le pied dans l'appartement.
— T'as été parfait, bonhomme ! Le complimenta son grand frère tout en le couvrant de bisous.
L'attitude qu'avait le samouraï avec son petit frère faisait rire Rémi, lui qui avait l'habitude de le voir comme quelqu'un de renfermé. La joie que les deux frères dégageaient était agréable en ces temps d'apocalypse.
Fleur, elle, expliqua aux garçons ce qu'il s'était passé de son côté.
— J'était bloquée dans l'appart de Rémi avec pour seule nourriture du pain rassis et des sachet de nouilles instantanées que je pouvais même pas cuir, dit-elle en lançant un regard faussement accusateur en direction de son frère.
— Oui, bon ... j'allais faire les courses le lendemain t'façon, bouda-t-il.
— Rémi il est pauvre ! Se moqua gentiment Maxence, ce qui fit rire tout le monde.
Ils firent tous connaissance comme il se devait, car ils allaient passer un bon bout de temps ensemble.
Au bout d'un moment, Vincent partit dans sa chambre et revint avec un bouteille à la main.
— À la base, je gardais ça pour moi, mais je suppose que j'peux bien partager.
Rémi fut horrifier du regard que sa sœur portait à la bouteille de vodka que le châtain venait de ramener.
— Hors de question que tu boives ! T'as que dix-sept ans et-
— Et je suis plus mature et plus responsable que toi ! Ouvrons cette bouteille.
Le brun se tût, ce qui décrocha un sourire à Vincent, à côté de qui il y avait Maxence qui ne comprenait pas le débat. Ils discutèrent tous dans une bonne humeur emmenée par l'alcool — à l'exception de l'enfant qui buvait une brique de jus de fruit.
— Il commence à se faire tard, et faudrait pas que Maxou se couche trop tard, fit remarquer Vincent.
— Mais j'suis pas fatigué !
— Tu tu tu, les petits garçons de onze ans ont besoin de huit heures de sommeil.
Les grognements de la petite tête blonde firent rire Rémi et sa sœur qui eux aussi n'étaient pas contre un petit somme. Le soucis était maintenant de savoir qui dormirait où.
La question se répondit assez vite.
— Vincent, j'prends ta chambre, déclara Fleur en s'y rendant tout sourire.
— Qu'est-ce que-
— Bonne nuit tout le monde, le coupa Maxence en fermant la porte de sa chambre derrière lui.
— Mais Maxou ! Et mon bisou ?!
Le silence régnait, et les deux hommes étaient debout dans la pièce comme deux cons.
— Bon, bah on n'a pas l'choix hein.
Avant tout questionnement, le châtain se baissa sur le canapé qui s'avérait en réalité être un canapé-lit à deux places — d'après ses dires.
— Elles sont vachement étroites tes places, quand même, fit remarquer Rémi.
— Va te plaindre à celle qui a pris mon lit avec deux réelles places pour elle seule.
Un rictus échappa des lèvres du bouclé.
— Ris toujours, mais nous, on est bloqués là.
Le châtain partit en direction de sa chambre de laquelle Rémi put entendre sa Fleur crier "j'suis en sous-vêtements là !" avant de revenir comme si de rien n'était avec deux shorts et deux t-shirts sur le bras.
— Prends les plus larges.
— Oui monsieur.
La girafe se glissa dans le pseudo lit et son partenaire le rejoignit après avoir éteint la lumière du salon.
— On est vachement collés, là.
— Ta gueule, Rémi.
🧟 To be continued ... 🧟
Bonjour ou bonsoir à tous !
On a trouvé un un zozo et une potite fleur, je pense qu'on est déjà bien là.
Au passage Maxence c'est un gosse, vous vous en étonnerez pas, t'façon c'est un gosse dans la vraie vie doooooooonc...
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