Chapitre 1: Au coin du mur.
Un grand portail grisâtre, une cours tout aussi grise, malgré quelques arbres plantés de-ci de-là.C'est là qu'avait commencé mon cauchemar. Enfin, cauchemar c'est un grand mot, j'ai pu grandir, et apprendre grâce à la bêtise des autres. Et grâce à ma différence. J'ai pu grandir avant les autres.
C'était au collège, là où les enfants sont le plus cruel entre eux, car pour eux, la mort n'existe pas. Ils se croient invincible, et fort.
Il y avait un groupe de filles, un groupe de garçons, ils étaient amis entre groupes. Je n'ai jamais compris et aimé ce genre de regroupement ''d'amis'', ils étaient hypocrites, je laissais souvent traîner mes oreilles, j'entendais des ''amis'' insulter leurs ''amis''. Je n'avais pas la même vision de l'amitié, donc j'étais seule.
Souvent dans la cours, je m'installais dans un petit coin entre deux salles de cours, il n'y avait personne la plupart du temps et les surveillants ne prenaient pas la peine de passer par ici. C'était ma place.
J'aimais être seule, je fermais les yeux et me construisais une vie, un avenir. Je créais de magnifiques lieux où je faisais vivre des personnages que j'inventais. Il y avait Emilie, Sandra, William, Paul et pleins d'autres. Parfois je m'inventais aussi dans cette univers. Une moi artificielle, bien mieux que la réelle, et aimé. Je tombais amoureuse, j'avais des enfants, un métier, des amis, une famille... Une vie banale aux yeux des autres, mais pour moi c'était un rêve.
Parfois certains garçons, sûrement en manque de sujets de conversations, venaient vers moi en ricanant.
« Venez les gars on va s'amuser un peu. »
Les idiots s'amusent de manière étrange.
Ils se mettaient en cercle autour de moi, me regardant de haut. Ils prenaient un air dominateur, à l'époque j'avais peur, je n'aimais pas qu'on me remarque je voulais rester seule, je ne dérangeais personne. Je me souviens, d'un garçon brun avec de grands yeux bleus, ce qui faisait craquer toutes les filles. Il se plaçait souvent devant moi en sortant des phrases qui faisait rire ses amis.
« Wow ! Je comprends pourquoi tu es seule, t'es encore plus moche vu de près. C'est un truc de ouf. T'as jamais pensé au suicide, nan ? Je sais pas,les gens aussi inutiles et invisibles devraient mourir tu ne crois pas ? Pour faire de la place aux gens aimés et utiles. »
Ses amis riaient en amplifiant souvent les critiques.
« J'avoue, si tu meurs personnes ne le remarquera de toute manière ! »
« Tu vaux rien. »
« Personne ne voudrait de toi en plus ! »
Je ne bougeais pas, restant digne, retenant les larmes qui montaient. Je gardais un air impassible,comme si je ne souffrais pas.
« T'es pas capable de répondre salope ? Ça s'appelle la politesse. Je te fais peur peut-être ? »
Je ne voyais pas ce qu'ils trouvaient drôle dans le fait de me pousser à la déprime. Ils devaient réellement s'ennuyer pour faire des choses aussi inhumaines et inutiles. Je me rappelle avoir fixé le garçon, avoir maintenu mon regard dans ses yeux bleus. Il s'est arrêté de rire avec un sourire horriblement hautain, attendant probablement une réponse pour continuer sa destruction.
« Tu as fini ? »
Je prononçais les mots d'une voix claire, et sans la moindre traces de tristesse ou de colère. Je jouais tellement bien celle qui ne souffre pas. Les garçons autour du grand aux yeux bleus exagéraient ridiculement leur choc. De vrais gamins. Celui du centre, face à moi, restait droit et gardait son grand sourire,presque encore plus malsain.
« Fais la forte. On sait tous ici qu'il n'y a pas plus faible qu'un insecte comme toi. Tu n'as rien. Tu n'as personne à qui te confier, personne pour te rassurer. Personne pour te maintenir en vie. Alors tu ne devrais pas oser parler comme tu viens de le faire à un être supérieur tel que moi. »
Je me sentais atrocement mal. J'avais envie de mourir sur le champs. Je devais garder mon air fort, lui montrer que je ne ressentais rien. Mais j'avais tant envie de mourir,de disparaître. J'étais si seule. Bien sûr que je voulais un ami. Rien qu'une personne, qui pourrait m'aimer. Je voulais avoir de la valeur au yeux de quelqu'un. Mais je rêvais beaucoup trop. Je ne dis rien, baissant juste la tête, m'avouant vaincu en espérant que ça suffise à les faire partir.
Le grand brun abordait un air arrogant en me repoussant en arrière.
« T'es pathétique. »
Pourquoi s'acharner autant ?
Une fois qu'ils furent parti, je m'assis en ramenant mes jambes contre ma poitrine, posant ma tête sur mes propres genoux en entourant de mes bras mon front. Et je pleurais.
Je pleurais jusqu'à la sonnerie.
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