Chapitre 6
Coucou, je suis de retour !
J'espère ne pas trop vous avoir fait attendre, ce mois a vraiment été bénéfique et je suis prête à repartir !
Bonne lecture !
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— Ok, dit Mick, à partir de maintenant, on peut mourir à tout moment. Donc je m'en fout de ta fierté ridicule, tu la boucles et tu fais ce que je te dis sans rechigner. C'est soit ça, soit tu m'attends ici pendant que je vais chercher ce dont on a besoin. Compris ?
Il coupa Alice avant même qu'elle n'ai pu ouvrir la bouche :
— Non en fait je m'en fout, tu fais ce que je te dis, point barre.
Alice ne répondit pas. Une répartie cinglante lui brûlait la langue mais elle se tut : elle soupçonnait fortement Mick de mettre à exécution sa menace, quand bien même c'était dangereux.
Elle soupira donc et suivit celui qui était supposé la protéger dans la ville. De nouveau, elle fut frappée par la misère des lieux et une odeur nauséabonde d'égout et de poubelles, vint s'ajouter au tableaux, déjà peu flatteur, de la ville. Alice roula sur une pierre et failli tomber, se rattrapant de justesse à un vieux mur s'effritant. Son coéquipier lui coula un regard assassin et, sans l'attendre, il s'engouffra dans une maison de pierres grisées à moitié écroulée. Alice reprit son équilibre et le suivit, essayant de faire le moins de bruit possible, tout en faisant de son mieux pour ne pas tomber.
Le bâtiment semblait être un vieil hôpital abandonné où étaient encore disposés de vieux lits en fer et des meubles en bois, sous une bonne couche de poussière. Malgré le trou béant au plafond, la moitié de la pièce était sombre, mais au moins, la température restait supportable.
Mick se dirigea vers une vieille armoire à qui on avait arraché la porte droite. Jetant un coup d'œil aux alentours, Alice la repéra dans un coin, un peu plus loin. Elle aurait voulu croire à un acte héroïque : un preux chevalier protégeant sa dulcinée de l'ennemi ou un combat à mort entre deux valeureux guerriers. Elle aurait préféré penser que l'armoire était en fait l'entrée d'un monde secret où avait été enfermée une princesse immortelle pendant des milliers d'années. Mais elle se doutait que dans cette ville de fous, la dulcinée était l'alcool, les valeureux guerriers de simples drogués et que le monde secret était un désert aride duquel aucune princesse ne pourrait jamais s'échapper même si princesse il y avait eût. Alice secoua la tête, tentant de chasser l'impression d'emprisonnement qui l'assaillait lentement. Un léger grincement la fit sursauter. Son cœur s'affola lorsqu'elle se souvint de la grosse écorchure que portait Raphaël à la jambe.
— Tu veux pas servir à quelque chose ? marmonna Mick qui venait d'ouvrir l'unique porte de la vieille armoire et s'efforcer de la tenir pour l'empêcher de se refermer.
Alice soupira de soulagement : le bruit n'était autre que la porte de l'armoire. Elle hocha la tête en silence et se dirigea vers son coéquipier.
— Katrina voudrait qu'on ramène des bandages, de l'alcool et du sparadrap pour les blessures de Raph, chuchota Mick quand celle-ci l'eût rejoint. Je pense qu'on peux trouver le sparadrap et les bandages ici et en ce qui concerne l'alcool, on ne devrait pas avoir trop de souci non plus...
C'est clair... On entendait toujours au loin les remous de la fête ainsi que les cris qui semblaient plus poussés par des animaux sauvages que des êtres-humains. La ville ne l'attirait plus du tout, à présent, et l'ennuyeuse vie qu'elle avait mené ces trois dernières semaines lui semblait tout à coup bien plus attrayante. Elle voulait partir au plus vite de cet enfer. Elle remplit son sac de plusieurs rouleaux de bandages et de sparadrap et sortit de l'hôpital. La lumière l'aveugla tout de suite lorsqu'elle sortit et les éboulis entassés sur le sol faillirent la refaire tomber. Mick sortit à son tour et reprit la tête en se dirigeant vers une deuxième bâtisse.
*
En apercevant La Fosse plusieurs heures plus tard, Alice soupira de soulagement. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas été aussi exténuée et il lui semblait qu'elle n'avait pas vu leur refuge depuis des jours entiers. Ses moindres muscles lui faisait mal et elle n'avait qu'une envie : dormir. Une silhouette bien connue accourue vers eux. Alice secoua la tête, amusée : Katrina ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter.
— Tout va bien ? Questionna Katrina avant même de s'arrêter, à bout de souffle.
Alice considéra les joues rouges et la sueur perlant sur le front de son amie. Elle explosa de rire sous les regards consternés de Katrina et Mick.
— Ça serait plutôt à nous de te le demander : tu as vu comment tu es rouge ? Parvint-elle enfin à expliquer au bout d'un certain temps.
Katrina ouvrit encore plus grands les yeux, faisant redoubler le rire d'Alice.
— Ça a plutôt l'air d'aller effectivement, pouffa finalement la blonde, et toi Mick ?
Mick marmonna quelque chose qui ressemblait plus ou moins à une affirmation puis, après avoir jeté un nouveau regard pleins d'incompréhension vers Alice, il tourna les talons.
*
— Alors cette première journée ?
Alice venait à peine de rentrer dans la grotte que Raphaël se lança vers elle, s'appuyant sur sa jambe valide. Il avait l'air en meilleure forme que la veille, ce qui fit chaud au cœur d'Alice
— C'était... bizarre, répondit Alice, cherchant un mot qui exprimait à la fois l'ambiance suffocante et l'impression que tout s'était déjà arrêté dans cette ville morte.
— Bizarre... répéta Raphaël, tu peux le dire ça, bizarre ! J'aurais ajouté flippant, moi !
— Ouais, approuva Alice, c'était bizarrement flippant..!
Un silence s'installa. Bizarrement flippant... En plus de résumer parfaitement la journée qu'Alice venait de passer, ces deux mots semblaient très bien convenir aux dernières semaines.
— Alors, tu as fait des découvertes ?
La voix de Katrina fit sursauter Alice, perdue dans ses pensées, elle n'avait pas remarqué la présence de la jeune fille.
— Pas vraiment plus que vous, je pense, répondit-elle, on n'a fait que les premières maisons pour ne pas s'approcher du "nid" comme l'a appelé Mick... Du coup forcément, à part des tas de décombres et de ruines, il n'y avait pas grand chose...
— C'est ton premier jour, aussi ! Peut-être qu'avec le temps tu trouveras quelque chose de nouveau que ce qu'on a vu jusqu'à maintenant...
— Franchement, je ne sais pas trop mais Mick m'a dit que demain on s'approcherait un peu plus du centre, on croise les doigts ! Répondit Alice en croisant les doigts de ses deux mains.
— Oui, on espère ! Approuva Katrina, croisant les doigts à son tour.
*
La nuit était tombée à présent et Katrina, Mick et Raphaël dormaient à points fermés. Seule Alice ne parvenait pas à fermer les yeux. Les différents endroits de la ville dans lesquels ils avaient été, Mick et elle, repassaient en boucle dans sa tête. La dégradation des lieux était au dessus de ce qu'elle avait pu imaginer et les habitants de cette ville semblaient encore plus fous maintenant qu'elle connaissait leur lieu d'habitation, avait entendu leurs cris et senti l'odeur pestilentielle de l'air. À coté, la Fosse était un paradis.
Alice soupira en se retournant vers ses camarades. Comment faisaient-ils pour paraître aussi détendus ? Certes, ils avaient eu plus de temps qu'elle pour s'accomoder à la vie précaire sur la Terre de Feu, mais elle ne pensait pas réussir à s'y habituer, même en ayant toute une vie.
Toutes ses questions lui donnaient le tournis, rendant impossible le sommeil. Dès qu'elle chassait une pensée, une nouvelle surgissait. Au bout de deux heures et n'en pouvant plus, Alice s'extirpa de son matelas et, tout en essayant de faire le moins de bruits possibles, elle sortit doucement de la grotte silencieuse.
Dehors, l'air était moins chaud que dans la journée même s'il restait suffocant. Le calme de la nuit surprit Alice : pendant la journée, les bruits de la ville et les paroles de Raphaël et Katrina effaçaient le fait qu'ils étaient seuls au milieu de nul part. Mais la nuit, quand rien ne venait troubler le silence du désert, il semblait encore plus impressionnant et ses habitants, plus insignifiants encore.
Les pas d'Alice l'amenèrent directement à son rocher favori. Elle n'eu pas de mal à le grimper, connaissant la moindre pierre, la moindre fissure où poser les pieds. Ce n'est qu'un fois montée en haut et allongée sur les pierres chauffées par le soleil du rocher, qu'Alice s'endormit.
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