Chapitre 24 - Zoey
Alors, il avait résonné une première fois, me laissant la même sensation que si l'on m'avait déversé un seau d'eau froide dessus. Mon sang s'était glacé, ma respiration coupée, je m'étais simplement figée sur place, mes poils hérissés à cause d'un frisson les ayant parcourus. J'étais comme une enfant effrayée par le monstre sous le lit, je ne bougeais pas, silencieuse, tendant l'oreille à l'affût du moindre bruit, mais il n'y avait que le silence qui m'attendait. C'était comme si ce cri n'avait été que le fruit de mon imagination. Mais j'étais certaine de ce que j'avais entendu, et je ne pense pas que faire la morte changerait quelque chose à la situation dans laquelle je me trouvais. Bien que, en réalité, je n'avais aucune idée de ce qu'il se passait, mis à part que tout ça ne sentait pas très bon : ce hurlement ne me semblait même pas être humain.
Les premières pensées qui s'imposèrent à mon esprit se tournaient vers Cassiopée ; était-ce elle qui venait de crier de cette manière ? Étrangement, cette hypothèse me semblait être à la fois la plus plausible, mais aussi la plus invraisemblable. De ce que j'en savais, nous n'étions que toutes les deux dans le bâtiment, et à des kilomètres à la ronde certainement, alors se pouvait-il vraiment qu'il y ait d'autres personnes dans ce bâtiment ? Peut-être qu'elles étaient déjà là, tapies dans les étages, mais en ces temps difficiles elles se seraient montrées à nous, armes levées, dès l'instant où nous avions franchi le seuil de l'immeuble. Mis à part si elles ne tenaient pas à leur sécurité. Et s'ils venaient d'entrer ? Que ce soit des infectés ou des personnes avec de mauvaises intentions, si elles s'étaient introduites dans le bâtiment, le résultat restait le même : ils avaient sûrement agressé la jeune femme. Alors, des dizaines de scénarios se jouèrent devant mes yeux, défilant à une telle vitesse que je ne savais plus où donner la tête, ma vision se floutant. Ces derniers étaient tous différents, mais tous me montraient la brune dans une situation de faiblesse.
Seulement, cette fois, mon instinct et ma raison semblaient être tombés en accord, tous deux me soufflant que ce n'était pas le cas, qu'elle n'était pas à l'origine de ce cri. Non, ce cri, en plus de ne pas ressembler à celui d'un humain, ne paraissait pas venir d'en bas. C'était une conclusion qu'il m'était difficile de tirer à cause de cet écho infernal qui m'avait donné l'impression d'être assaillie de tous les côtés par ce bruit strident. Mais, à présent, c'était bien plus qu'une simple hypothèse. C'était une certitude : l'origine de ce hurlement se tenait en haut des marches, à l'exact endroit où se trouvait mon but. Se pouvait-il que j'avais failli renoncer alors que je n'étais plus très loin de mon objectif ? Est-ce que l'origine de ce cri était mon objectif lui-même ou se trouvait-il seulement à côté ? Ou alors, peut-être, ce n'était qu'une illusion. Après tout, j'avais pu prendre conscience qu'il y avait de l'écho dans la cage d'escalier, et pas qu'un peu, alors peut-être que la personne, ou plus vraisemblablement la chose, ayant poussé ce cri se trouvait plus loin que ce je ne le pensais.
Mais est-ce que ce hurlement signifiait un danger ? Je commençais même à me demander s'il n'avait pas été poussé par une personne qui aurait besoin d'aide, de la mienne puisque j'étais sûrement la seule à pouvoir lui en apporter. Après tout, en dehors de ma propre impression qui me soufflait que ce cri n'avait rien d'humain, je n'avais aucune donnée pour affirmer qu'aucun humain ne se trouvait au bout de ces marches. Je n'avais même aucune information, et pourtant, je devais quand même me débrouiller avec celles-ci et ma conscience. Mon humanité ne laissait pas de place au débat, me poussant à y aller, mais ma raison et le manque d'informations me retenaient : je ne savais pas ce qui m'attendait et ça m'effrayait. Je n'avais jamais été très aventureuse. Si j'y allais, est-ce que j'arriverais seulement à temps ? Serais-je d'une quelconque utilité ou ne ferais-je que courir vers une mort certaine ? Il ne fallait pas négliger la possibilité que je puisse me retrouver dans une situation délicate à mon tour, piégée à la place de cette personne.
" Piégée ". Ce mot s'imposa alors à mon esprit comme une évidence, et je compris. Ce cri, qu'il soit poussé par une autre personne, une chose, ou je ne savais quoi, n'avait que pour but de m'attirer à lui, de se servir de mon humanité et de ma conscience pour que je le rejoigne. Pourquoi ? Je n'en savais rien, et je n'avais pas envie de le découvrir. Je me rendais alors compte de ce qui était désormais une évidence à mes yeux : ce hurlement ne ressemblait en rien à celui qu'on poussait de douleur. Il se rapprochait plutôt de celui qui faisait ressortir toute notre haine, notre rage, notre colère. Je ne m'entendais même plus penser tant les battements de mon cœur se faisaient forts, bouchant mes oreilles. Je sentais l'adrénaline qui commençait à se répandre dans tout mon corps, mais ce dernier restait dans l'incapacité d'effectuer le moindre mouvement : j'étais figée par la peur.
Je n'eus même pas le temps de ne serait-ce que songer à une solution pour me sortir de cette situation qu'un second hurlement se fit entendre. C'était comme si la personne qui en était à l'origine pouvait lire dans mes pensées, connaissait mes intentions, et je n'avais pas eu besoin de plus pour comprendre que je venais de la contrarier. Un fait qui ne me rassura pas du tout. Seulement, ce hurlement-ci, il n'était pas comme celui qui l'avait précédé : il résonna dans ma tête. J'avais l'impression que la personne était entrée en moi, que peu importe ce que je ferais ça ne s'arrêterait pas avant que mon crâne ait explosé. Il était strident, à la manière de ceux qui faisaient se briser les verres et les vitres en quelques secondes. Seulement, à la différence de ces derniers, cette fois-ci, c'était moi qui menaçais de m'effondrer. Dans un réflexe, mes mains se plaquèrent sur mes oreilles, un geste qui, sans grande surprise, ne changea rien à la situation. Les larmes commençaient à me monter aux yeux tellement ça m'était insupportable.
Après ce qui me sembla être une éternité, le cri s'arrêta finalement, laissant de nouveau la place au silence. C'est seulement à ce moment-là que mon corps se débloqua, me permettant d'entamer une course en direction du bas des escaliers. Mais je n'avais même pas descendu une dizaine de marches que je me retrouvais bloquée dans ma course.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro