Chapitre 16 - Zoey
Après un trajet plutôt compliqué, nous arrivions enfin aux abords de la ville. C'est en tout cas ce que j'ai supposé en voyant le panneau à l'entrée - même si je ne pouvais lire ce qui y avait été écrit - et les tas de gravats qui se faisaient de plus en plus nombreux et imposants. Si nous n'avions croisé aucun infecté qui aurait pu ralentir notre marche, les secousses s'en étaient chargées à leur place - et j'aurais sûrement préféré affronter tout un groupe de ces premiers.
Je ne sentais presque plus mon corps. J'avais la sensation de ne plus avoir le contrôle de celui-ci, dépassée par les sensations qu'il me renvoyait. Mes jambes étaient endolories à cause de cette marche dont je n'avais pas l'habitude. Si, avant la Fin, je n'étais déjà pas une grande sportive, les choses n'avaient pas beaucoup évoluées depuis. Je pouvais aussi compter sur de nombreux bleus et plaies superficielles qui recouvraient certainement mon corps à cause des - trop - nombreuses chutes que j'avais faites en chemin. Cassiopée s'était montrée plutôt réactive, et je devais avouer que ça m'avait impressionnée, contrairement à moi, à aucun moment elle n'avait été surprise par les secousses. Elle n'avait fait aucune chute qui n'était pas volontaire. Je savais que mes réflexes étaient mauvais, mais je devais avouer que l'idée de marcher dans ces conditions l'était au moins tout autant. Les lundis précédents, je les avais passés cachés sous les meubles à implorer ma chance, espérant que les débris ne me tombe pas dessus - ou que la table me servant de bouclier soit assez solide pour les arrêter. Je ne les passais certainement pas à crapahuter pendant des heures dans la forêt tout en étant secouée comme une vulgaire poupée de chiffon. Cette idée ne me serait jamais venue en tête, et je ne me serais jamais imaginée dans une telle situation. En tous cas, avant de rencontrer la brune.
Malheureusement, l'état de ma blessure n'allait pas en s'améliorant, surtout pas après le trajet mouvementé que nous venions de faire. Aux chutes et aux secousses, nous pouvions ajouter mes gestes loin d'être délicats, et il était certain que ce n'était pas en faveur d'une guérison rapide et correcte. En d'autres circonstances, je me serais sûrement retrouvé alitée pendant plusieurs semaines, clouée dans un lit d'hôpital que je n'aurais pas eu le droit de quitter et, en un rien de temps, j'aurais été de nouveau sur pieds. La blessure ne m'aurait laissé comme souvenir qu'une cicatrice que je cacherais sous mes vêtements, la vue du fantôme de ma plaie m'aurait sûrement remémoré de mauvais souvenirs que je préférerais oublier. Seulement, les circonstances étaient ce qu'elles étaient et, en l'état actuel du monde, je ne pouvais pas me permettre de rester au même endroit si je voulais vivre. Pas plus que je n'avais le temps pour faire une sieste ou ne rien faire pendant que les événements se passent. Résultat, cela faisait bien plusieurs semaines que je me traînais cette plaie. Le bon côté des choses ? Sûrement qu'elle ne se soit pas encore infectée - un vrai miracle selon moi. Seulement, le mauvais, c'est que je doutais être débarrassée de cette blessure avant que je ne sois emportée par celle-ci, vidée de mon énergie.
La petite partie de ma plaie qui était parvenue à se refermer s'était sûrement, une nouvelle fois, ouverte, et je n'osais même pas relever mon haut pour pouvoir observer l'état du bandage qui entourait mon torse. En réalité, je n'avais même pas besoin de le faire, je visualisais déjà très bien comment il était : entièrement rouge. Rouge et brun. Souillé par le sang et la terre. Peut-être n'était-ce qu'un détail dans cette situation, mais je devais avouer être soulagée d'être actuellement vêtue d'un pull dont la couleur était proche de celle de mon sang ; cela rendrait les potentielles tâches moins visibles. Ce n'était pas tant l'aspect esthétique qui m'importait, mais plus l'impact psychologique, nuls doutes que, si mes yeux s'étaient posés sur des tâches de mon haut, j'aurais paniqué. Toujours était-il que, à cause de ces douleurs qui se diffusaient dans tout mon côté gauche, me paralysant presque par moments, je me retrouvais à traîner derrière la brune. Je marchais avec peine, plusieurs mètres en arrière. Elle, elle semblait infatigable tandis que, moi, je l'enviais.
J'avais fait attention à ne pas me plaindre une seule fois, en réalité, je n'avais même pas pris la parole depuis que nous étions parties ; je ne voulais pas avoir à faire face à la même scène que la veille. Ça aurait été un coup à ce qu'elle me laisse seule dans la forêt. À plusieurs reprise, j'ai pu remarquer que Cassiopée me lançait des regards par-dessus son épaule, souvent inquiets. Elle devait s'attendre à ce que je lui fasse part de mon état, mais, à chaque fois, je m'étais contentée d'un sourire en guise de réponse. L'instant d'après, elle détournait le regard, comme si notre échange muet n'avait pas eu lieu. Je savais qu'elle ne se satisferait pas de mes sourires. Ils n'étaient, en rien, une réponse à ses interrogations silences, ils n'étaient qu'une façade, des mensonges. Seulement, ce n'était pas le moment opportun pour se préoccuper de ma santé.
— Fait attention où tu marches. Les bâtiments peuvent encore s'écrouler, et la chaussée aussi ; elle est bien endommagée. Et je doute que tu aies envie de découvrir ce qui se cache en dessous. m'avertit-elle.
Je hochais la tête, déglutissant avec difficulté : en effet, je n'avais pas envie d'être écrasée par les bâtiments ou engloutie par les routes. Ses paroles ne me rassuraient pas, bien au contraire. Je continuais cependant de la suivre, nous nous avancions dans la ville, ou plutôt les ruines de cette dernière. Je ne suis pas certaine, au vu de l'état actuel des choses, que nous puissions encore désigner cet endroit comme étant " une ville ". " Les vestiges d'une civilisation pas si ancienne ", me semblait être une appellation plus appropriée. Même si je n'habitais pas directement ici, ma maison se trouvant de l'autre côté de la forêt, dans la banlieue, être ici me mettait mal à l'aise. J'étais déjà venu quelques fois, avant, et je revoyais sans mal les immeubles et les personnes. Mon imagination me montrait presque les fantômes des gens qui déambulaient comme s'ils n'étaient pas tout à fait morts ; peut-être même que certains étaient encore ici ? Qu'ils soient en vie, morts, ou, pire, infectés.
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