Chapitre 1 - Zoey
Comme à chaque fois que j'en avais l'occasion, je me tenais devant ce qui avait été un jour ma maison ; il n'en restait que des ruines. La bâtisse avait été détruite dès le premier jour, lorsque de terribles tremblements avaient secoué la Terre. Je me tenais debout, devant ce tas de pierres et de bois, dans le silence le plus complet, et mon regard semblait ne pas vouloir se détacher de ce triste spectacle. Peut-être que, si je fixais assez longtemps ces ruines, elles reformeraient comme par magie ce qu'elles avaient été autrefois ; un foyer chaleureux. J'aurais bien aimé être en mesure de récupérer quelques objets qui m'avaient appartenu, mais même si je parvenais - par miracle - à soulever les débris, je n'étais pas assurée de pouvoir récupérer quoique ce soit.
De ma main gauche, je serrai la anse de mon sac jusqu'à en faire blanchir mes jointures. Le sac à dos que je portais sur mes épaules était tout ce qu'il me restait et qui pouvait me rappeler la vie que j'avais eue avant ; le seul objet que j'avais pu sauver. Mon pauvre sac à dos de cours, tout abîmé avec ses anses effilochées, ses couleurs pâles et les trous dans les poches. Il ne contenait plus grand chose, seulement quelques vivres, une bouteille d'eau ainsi qu'une veste. On pouvait dire que j'avais volé tout ça, mais était-ce réellement du vol lorsqu'il n'y avait plus personne pour s'en dire propriétaire ? C'était la question que je ne cessais de me répéter pour faire taire mes remords. " Je n'avais pas le choix ". Ce n'est peut-être pas grand chose mais, je sais qu'en ces temps mouvementés, ça peut faire une différence, et j'avais tout intérêt à faire attention à mes possessions ; je ne voudrais pas qu'on me prenne le peu de choses qui garantissait ma survie.
Je me détournais finalement de ces ruines. J'estimais avoir passé suffisamment de temps à me lamenter pour aujourd'hui, surtout que j'avais d'autres affaires plus urgentes qui m'attendaient - ce n'était de toutes manières pas comme si le tas de gravats allait se volatiliser. Remuer sans cesse le passé ne changerait rien à l'état actuel des choses ; je devais faire le deuil de mon ancienne vie. Mais c'était bien plus simple à dire qu'à faire, surtout que je ne pouvais me défaire de l'idée qu'un jour les choses rentreraient dans l'ordre. Je m'étais mise en marche, je ne savais pas vraiment où j'allais. Je serrai dans mon autre main un couteau. Je n'étais pas très douée pour me battre, mais le simple fait de sentir le manche dans ma main suffisait à me rassurer, à me donner un peu plus de force. C'est puéril, je le sais. Depuis que j'avais été blessée aux côtes, j'employais mes journées à chercher de quoi me soigner. Malheureusement, je ne pouvais pas dire que ça avait été un succès jusqu'à présent ; je n'avais pas même mis la main sur une boîte d'anti-douleur. J'essayais de ne pas y penser, mais je savais que, plus les jours passaient, plus mes chances de guérir étaient réduites. Je ne suis pas médecin, mais je suis presque sûre que ma plaie est en train de s'infecter.
Finalement, je m'arrêtais de marcher lorsque j'arrivais près d'une rivière. Ce n'était pas ce que je cherchais - et certainement pas aussi bien que si j'étais tombée sur un hôpital -, mais cette vue me donna le sourire. J'étais agréablement surprise d'être tombée sur un endroit s'approchant des paysages que l'on trouvait avant ; si paisible qu'on en oublierait presque la fin du Monde. De là où je me situais, un peu en hauteur par rapport à l'eau, je pouvais voir les roches qui bordaient les rives, mais aussi quelques arbres encore debout qui rendaient le paysage plus agréable. En regardant les alentours, mon regard se posa sur une petite étendue de sable en contre-bas, on pouvait assimiler cela à une plage. Dès lors, je n'avais plus qu'une idée ; rejoindre cet endroit.
J'évaluais alors les chemins qu'il me serait possible d'emprunter afin de rejoindre la petite plage, mais je devais avouer que les possibilités étaient très restreintes et il n'y avait malheureusement pas d'escaliers ; cela aurait été trop simple. La seule solution qui s'était présentée à moi était de descendre en passant par les roches. C'était un peu abrupte, mais rien d'insurmontable. Lorsque j'avais une idée dans la tête, il était difficile de me faire changer d'avis - même lorsque je savais que ce que je voulais entreprendre était dangereux. Alors que j'arrivais presque au terme de ma descente, il devait rester un peu moins d'une dizaine de mètres, je n'avais pas prévu que la roche serait plus humide. L'une de mes mains glissa, me faisant lâcher ma prise, et la perte d'équilibre fit glisser mes pieds à leur tour avant même que j'eu le temps de me rattraper. Ma vision était floue et le paysage n'était composé plus que de traits de couleurs. Après une chute me paraissant interminable, je heurtais enfin la surface de l'eau, retenant de justesse ma respiration.
Je battais des bras et des jambes comme je le pouvais, mes mouvements étaient désordonnés. Il n'y avait plus que la peur qui me dirigeait ; celle de mourir comme ça. Je sais que lorsqu'on se retrouve dans une situation comme la mienne, paniquer est la dernière des choses à faire parce que, bien souvent, c'est ce qui cause notre perte. Mais, malgré tous mes efforts, je ne parvenais à me calmer. C'était toujours plus simple lorsque ce ne sont que des mots, mais une fois dans la situation, on se rend compte que la réalité est bien éloignée de ce qu'on nous apprend. Je devais avouer que mourir serait toujours mieux que de finir ma vie à errer comme les personnes infectées lors du sixième jour, mais je n'imaginais pas que les choses puissent se finir ainsi. Je ne pouvais pas mourir avant d'avoir passé une journée sans ressentir de la peur, c'était impensable. Mais je devais me rendre à l'évidence, mes chances de m'en sortir étaient faibles. Alors que je parvenais à revenir à la surface pour reprendre ma respiration, j'eus tout juste le temps de crier avant d'être happée de nouveau par le courant. En plus d'être inefficaces, mes mouvements désespérés étaient en train de me fatiguer à grande vitesse. Bientôt, je sentis mes muscles se relâcher ; je n'avais plus la force de me battre contre la rivière.
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