Partie Unique
Os pour vous remercier des 100 abonnés (et un peu plus). Merci du fond du cœur.
Ceci est ma première histoire écrite au présent, donc je remercie toute personne ayant l'amabilité de me faire remarquer mes fautes de temps (ou tout autre faute d'ailleurs).
Bonne lecture,
*~*~*
Me voilà de nouveau dans cette salle noire que j'affectionne tant, remplie d'une dizaine d'adolescents et d'adultes à moitié endormis sur leur chaise. Je ne les comprendrais sûrement jamais, comment peut-on réellement s'ennuyer à l'auto-école ? On me dit souvent que je suis un garçon bizarre, et je le comprends la plupart du temps. Mais pour le coup, ce sont eux qui sont étrange. Ils ne savent décidemment pas ce qu'ils ratent à garder leurs yeux rivés sur les questions défilantes sur l'écran vidéo projeté.
Non, ils ne remarquent pas la splendeur qui se tient toute proche d'eux, ce magnifique et exceptionnel garçon qui accapare absolument toute mon attention depuis que je me suis inscrit ici, Min Yoongi de son nom. Je l'avais appris car la première fois que je suis venu faire un exercice de code, il était là pour s'inscrire. Et juste avant que je ne m'enferme dans la salle obscure, il avait prononcé son nom. C'est grâce à cela, en premier lieu, qu'il a retenu mon attention. Sa voix lente et profonde aux sonorités à la fois froides et étrangement protectrices, cette voix m'avait envoyé une tonne de décharges électriques à travers tout mon corps et m'avait fait piler net. Après cela, j'avais entreprit un tour sur moi-même pour pourvoir l'observer sans aucune pudeur. Je l'avais dévisagé sans gêne, détaillant ses cheveux en batail à la douce couleur grise, sa peau plus blanche que la lune, son uniforme de lycéen qui mettait particulièrement en valeur sa carrure chétive, les traits fin de son visage, presque enfantin, ses fines lèvres étirées en un sourire narquois, son regard sauvage et moqueur plongé dans le mien... Evidemment, grâce à ma discrétion légendaire, je m'étais fait repérer. Mais au lieu, comme toute les autres fois, de m'en sortir par une de mes folies du moment, j'avais rougis. Piteusement. Honteusement. Son sourire m'avait déstabilisé, que voulez-vous ! Je n'avais rien pu faire d'autre que de me précipiter dans la salle de projection et de m'avachir, la tête entre les genoux, à écouter mon cœur battant anormalement vite.
Sans étonnement, j'avais immédiatement regretté ma fuite. Et si je ne croisais plus jamais ce garçon au regard charmeur ? Et s'il ne s'était pas inscrit finalement ? Je m'étais torturé l'esprit durant deux bonnes semaines avant que je le croise une nouvelle fois. A l'auto-école, bien évidemment. J'ai d'ailleurs béni ce lieu un bon nombre de fois ce jour-là, mais passons. Il était installé avec une nonchalance et un ennui bien visible sur un des nombreux sièges à disposition, et fixait son téléphone avec une grande attention. Heureusement pour moi d'ailleurs, parce que sinon il m'aurait directement reconnu, et mon visage avait déjà viré au cramoisi. C'était définitivement une habitude quand j'étais près de lui. Je m'étais discrètement faufilé à travers les sièges pour atteindre le dernier rang, tellement discrètement que j'avais percuté l'une des barres en fer au sol et n'avait pu étouffer un juron. Il s'était retourné, m'avait reconnu, m'avait souri, s'était reconcentré sur son téléphone. Je crois que je n'ai jamais eu aussi honte de ma vie. Je m'étais ensuite installé bien au fond, bien dans l'ombre pour ne faire qu'un avec le mur derrière moi. Ça n'avait pas fonctionné étonnement.
Durant une longue période, j'avais mené ma petite enquête sur lui tout en le contemplant de loin. J'avais remarqué qu'il venait chaque samedi matin à 10h24 précisément, qu'il faisait une série entière et sa correction et une série en plus (sans correction), qu'il venait une semaine sur deux le mardi soir, et aussi de temps en temps le mercredi, après son cours de piano. Moi, psychopathe ? Si peu. Mais le problème était que généralement, je voyais très brièvement son visage lorsque je pénétrais dans la salle mais par contre, je connaissais par cœur chacune de ses mèches de cheveux. Autant dire que ce n'était pas bien utile. Alors, un jour j'avais pris mon courage à deux mains et étais allé lui parler. Les choses s'était passé environ comme ça.
Je m'étais approché de lui en rougissant (pour changer) alors qu'il rangeait ses lunettes qui lui donnaient cet air infiniment sexy dans son sac, et j'avais bégayé deux trois mots incompréhensibles du genre « s'lut » « j'mepelletae » ou autre « jetrouvaignon » avant d'être totalement désarmé par son sourire éclatant. Je m'étais tu, il avait ouvert la bouche.
« - Et bien, je me demandais sérieusement quand est-ce que tu allais venir me parler ! »
Il avait dit ça avec un petit sourire en coin, mais pas le même que d'habitude moqueur et tout, mais plus un sourire accueillant, presque timide. Et cela m'avait encore plus donné l'envie de me jeter à son cou et de ne plus jamais le lâcher. Il était tellement mignon !
Face à mon silence, il s'était raclé la gorge.
« - Tu sais, tu n'étais pas vraiment discret à me fixer tout le temps, avait-il expliqué en se grattant la nuque »
J'avais hoché la tête. Mon but n'avait jamais été d'être discret mais de retenir un maximum d'information dans mon crâne pour pouvoir les ressortir le soir dans mon lit ou bien durant mes trop longues heures de maths. C'était toujours plus agréable de penser à lui qu'à toutes autres choses.
Mais à force de rester silencieux, j'avais dû le gêner puisqu'il avait lui aussi rougis.
« - Bon... Du coup je vais te laisser, avait-il lancé en s'éloignant »
Cette phrase avait eu l'effet d'un électrochoc sur ma conscience. Ca faisait trop longtemps que je l'observais de loin, il n'avait pas intérêt à se barrer maintenant !
« Non ! avais-je crié, le faisant sursauter. Je m'appelle Taehyung et j'aimerais beaucoup qu'on se revoit, en dehors de l'auto-école ! »
J'avais à peine articulé entre mes mots, rendant ma tirade ridicule et précipitée. Mais il avait ri de mon empressement, alors j'avais été fier de mon ton.
« - T'es un comique Taehyung, je t'aime bien. Au fait, moi c'est -
-Min Yoongi, je sais, avais-je complété avec un petit sourire. »
Il avait eu l'air réellement étonné par le fait que je connaisse son nom complet, et je n'avais pu m'empêcher de rire face à sa mine désorientée. Si il savait que je connaissais aussi sa date de naissance, son établissement scolaire et plus important encore, sa routine de code, il serait partit en courant le pauvre. Il m'avait suivi dans mon rire. Le courant été passé.
« - Et bien, Taehyung, je serai ravi de te revoir moi aussi, avait-il conclu »
Il m'avait tendu un papier sur lequel était noté son numéro que j'avais serré tout contre mon cœur tambourinant à une vitesse faramineuse.
Bref, fin du flash-back et bon retour à la réalité. La session vient de se finir, on en est à la première question de la correction et le grisonnant à côté de moi m'a apparemment posé une question que je n'ai bien évidement pas écouté.
« -Hein ?
-Je disais, tu as fait combien de fautes ? »
Je n'ai même pas pensé à regarder mon score tient ! Je rectifie ça immédiatement en jetant un regard à mon boitier avant de me reconcentrer sur mon si attirant compagnon de code.
« - Huit ! je lui annonce, tout sourire. Et toi ?
-Trois »
Ça fait longtemps que Yoongi-hyung est passé en-dessous de la barre des six fautes alors que moi je peine à m'en approcher, mais gentil comme il est, il m'a proposé de continuer les cours avec moi jusqu'à ce que je sois prêt à passer l'examen. Il aurait déjà pu le passer il y a deux semaines facilement et j'avoue que savoir qu'il vient spécialement pour me voir rebooste ma confiance en moi.
« - Tu veux faire la correction en entier ? s'acquit-il. »
Vu le peu de concentration dont je suis capable de fournir, rester pour la correction ne sera pas quelque chose de rentable. Je m'étire pour délasser mes muscles engourdis et baille ostensiblement.
« - OK, je suppose que ça sera non, rit le jeune homme à côté de moi. Est-ce que, à la place tu préfèrerais un cours particulier dispensé par mes soins ? »
Un moment seul tous les deux ? Où je serai tout le centre de son attention ? Oh oui ! Mille fois oui !!
Je hoche vigoureusement la tête, lui arrachant un sourire discret.
« - Alors c'est parti, annonça-t-il en se levant. Déliçacafé ?
-Déliçacafé. »
On a pris l'habitude de prolonger notre session de code dans ce petit café chaleureux, pour revoir des notions que je ne comprends pas ou alors tout simplement pour discuter. Pour moi, cet endroit est comme un petit bout de paradis. Le moment que je préfère dans la semaine car je me retrouve seul avec mon crush durant quelques heures.
Je lui emboîte donc le pas en direction de notre lieu de rendez-vous. A peine entré dans l'habitacle que déjà les douces odeurs de pâtisseries en train de cuire m'emplissent les sens. Le commerce est tout ce qu'il y a de plus basic, des tables en fer rectangulaires, des banquettes de couleurs vives et une clientèle d'habitués. Mais ce n'est pas vraiment pour le cadre que nous venons ici, mais plutôt pour la nourriture qu'ils y servent. Honnêtement, je n'ai jamais mangé d'aussi bons babas au rhum qu'ici.
« - Oh ! Bonjour Yoongi-hyung, Taehyung-hyung, je suis content de vous voir ! nous accueille le serveur »
Je rends son sourire à Jungkook derrière son comptoir. Vu que nous commençons à être plutôt réguliers dans nos visites, nous avons tout naturellement sympathisé avec le fils du patron qui passe ses samedi ici afin d'avoir un peu d'argent de poche. Il est de deux ans mon cadet, est grand, bien bâti et a deux adorables dents de devant. Mais bon, j'évite de trop le remarquer lorsque Yoongi est à mes côtés. Je n'aimerai pas qu'il aille s'imaginer des choses.
« - On prendra comme d'habitude Kook, lui commande le gris.
-Un thé glacé à l'orange, un cappuccino et deux babas au rhum, c'est noté ! »
Nous nous dirigeons vers notre table de d'habitude près de la fenêtre après avoir une nouvelle fois salué notre biscuit, et sortons immédiatement notre bouquin de conduite.
« - Qu'est-ce que tu n'as pas compris cette fois ? me demande Yoongi, toujours avec cette patience d'ange.
-Mmm... Le stationnement en alternance ? je tente, hésitant
-Encore ?! Mais j'ai déjà dû te l'expliquer trois fois Tae ! »
Je baisse la tête, honteux. J'ai tellement l'impression d'être stupide à côté de lui ! Il comprend tout, et du premier coup en plus. Ça me désespère... Moi j'ai besoin qu'on me répète les choses plusieurs fois pour que ça rentre, et encore c'est pas sûr que je les retienne. Je suis pathétique, lamentable, bon à rien. Yoongi ferai mieux de passer l'examen sans moi. Je vais sûrement devoir réviser pendant plusieurs mois avant d'être au niveau. Pourquoi il s'embarrasse de moi ?
« - Hé Taehyung, c'est pas grave OK ? On va juste le revoir encore une fois, d'accord ?
-Oui, je murmure en essuyant discrètement une larme qui s'est formée au coin de mon œil. »
Je suis décidemment trop sensible lorsque je suis prêt de lui.
Yoongi fait semblant de n'avoir rien vu en feuilletant son ouvrage afin de tomber sur la bonne leçon alors que je sais qu'il n'a rien loupé de mon geste. Il n'y a de tout de façon rien qui ne lui échappe, il est vraiment attentif à ceux qui l'entourent. Mais il a aussi la délicatesse de ne pas poser de questions lorsqu'on n'a pas envie d'être interrogé, c'est encore quelque chose que j'aime chez lui.
« - Donc. Quand il y a ce panneau – il pointe le panneau à fond bleu barré d'un trait rouge avec des numéros de chaque côté – et bien ça veut dire que le stationnement change en fonction du jour, OK ?
-Oui, ça j'ai bien compris, merci, je souffle.
-Si tu veux que je t'aide il faut bien que je reprenne du début sinon tu ne comprendras rien. »
Je gonfle mes joues comme un enfant, sachant pertinemment que cela le fait rire. Et cette fois ne manque pas.
« - Du coup, lors de la première quinzaine du mois, du 1er au 15, tu stationnes du côté impair dans un quartier, compris ?
-Compris !
-Et du coup, du côté pair l'autre quinzaine. Mais lorsque tu es dans une rue, tu as interdiction de stationner lors de la première quinzaine du côté où sont les nombres, compris ?
-Compris !
-Ces messiers sont servis ! »
Un Jungkook est miraculeusement apparu à nos côtés avec dans les mains, un plateau chargé de nos succulentes pâtisseries. Rien que de les voir j'en ai déjà l'eau à la bouche.
« - Oh ! Merci beaucoup Kookie ! J'ai vraiment trop faim, je m'exclame.
-L'appel du ventre est toujours le plus fort, soupire Yoongi-hyung. »
Je lui tire la langue pendant que notre serveur favori installe notre commande sur la table. Dès qu'il termine sa manœuvre, j'engouffre un énorme morceau de mon gâteau dégoulinant de gras dans ma bouche tout en lançant un regard goguenard au grisé, qui se met à pouffer. Je pourrais continuer à faire le clown indéfiniment, parce que ça le fait rire et qu'un Yoongi qui rit est la plus belle chose au monde. Quand ses yeux se plissent, que ses lèvres s'affinent et que ses gencives se découvrent, j'ai la nette impression que mon cœur fond, littéralement. Je me sens toute chose à l'intérieur, mon ventre se tord et se détord, mon cerveau se met sur pause et je ne peux me retenir de sourire. Il est ma dose de bonne humeur hebdomadaire.
« - Approche toi Taehyung, tu as de la crème au coin des lèvres. »
Sans trop comprendre ce qu'il se passe, je vois la main de mon hyung préféré tenant une serviette en papier s'approchant mon visage et délicatement, effacer la petite trace de sucre de ma joue gauche.
Est-ce qu'il sait seulement ce que ça signifie pour moi ?! Ce geste fait tellement couple et il n'a même pas l'air de le remarquer. Je me sens rougir comme un crétin et détourne le regard pour ne pas risquer un infarctus. Mon cœur bat tellement vite, est-ce que c'est normal ? Et pourquoi est-ce que mon front chauffe autant ? Ai-je de la fièvre ? Min Yoongi, quelle sorte de sorcellerie utilises-tu ?!
J'aperçois Jungkook derrière son comptoir qui me tend un grand pouce bien levé et pas du tout discret accompagné de son si caractéristique sourire de lapinou. Mais qu'est-ce qu'il peut être gênant parfois, et si Yoongi-hyung le remarquais ? Evidemment que le brun avait capté dès le départ les sentiments qui m'animaient, ce n'était pas bien compliqué à deviner en même temps. Alors maintenant, à chaque fois qu'il voit une légère amélioration en ma faveur, il me lance des coups d'œil remplis de sous-entendus. Je me plains souvent de lui et de son manque de tact, mais en réalité je suis bien content d'avoir son soutien. Surtout quand cela comprend notre table fétiche toujours réservée, celle où il y a tellement peu de place que nos genoux se touchent « par inadvertance ».
« - Où est-ce que tu as le droit de te garer si tu rentres dans un quartier en stationnement alterné le 23 septembre ? »
Je relève immédiatement la tête à l'entende de la douce voix de mon obsession. Il est en train de tranquillement siroter son cappuccino tout en me toisant avec un sérieux que je connais fort bien. Il prend cet air là à chaque fois qu'il me questionne sur nos leçons de conduite.
« - Du côté pair, je réponds après un petit temps de réflexion.
-Et si c'est dans une rue ?
-Du côté où il y a pas les numéros.
-Combien de mètres environ tu parcours en 1 seconde lorsque tu roules à 90km/h ?
-27m.
-Et quelle est ta distance d'arrêt à cette même vitesse ?
-40m.
-A partir de combien de grammes d'alcool par litre de sang quelqu'un possédant le permis depuis de nombreuses années est en infraction ?
-0,5g/L de sang.
-Et combien de mg par litre d'air expiré ?
-Bah pareil, je m'étonne. 0,5mg.
-Faux ! me rabroue-t-il en me frappant (gentiment) avec son bouquin. »
Je suis déçu de moi à vrai dire, je savais pourtant la réponse (qui est 0,25mg par litre d'air expiré) mais encore une fois, je me suis emmêlé les pinceaux.
« - Pfou... je soupire, lasse. Je suis vraiment désolé Hyung, mais je ne suis vraiment pas concentré aujourd'hui. Je pense qu'il vaut mieux qu'on reporte.
-Pas de problèmes Taetae, on recommencera quand tu te sentiras prêt, rien ne presse. »
Ce mec est une crème sérieux, encore meilleur que le baba au rhum ! Comment peut-on être aussi gentil, prévenant et patient à la fois ?
« - Tu n'en as pas marre parfois d'être obligé de continuer avec moi alors que tu aurais très pu commencer les heures de conduites ? »
Cette question me taraude depuis de nombreux jours mais je n'ai jamais osé la poser de peur qu'il me dise qu'effectivement, il s'ennuie avec moi et qu'il aille immédiatement prendre une date d'examen. Mais dorénavant j'ai décidé de lui faire confiance, il ne m'abandonnera pas comme ça derrière lui. Je crois... ?
« - Très honnêtement, non. J'aime bien passer du temps avec toi, et puis t'aider me fait me sentir utile. Et puis, il y a pas le feu, j'ai tout mon temps pour passer ce foutu examen. »
Yoongi. Aime. Passer. Du. Temps. Avec. Moi. Je répète : Min Yoongi, alias le mec le plus sexy et mignon et fantastique et incroyable de la planète Terre aime passer du temps avec moi, Kim Taehyung. Est-ce que je le vis bien ? Absolument pas. Est-ce que quelqu'un pourrait ouvrir la fenêtre ? Oui, on est en plein mois dans janvier mais j'ai un putain de coup de chaud.
« - Haha, hurm... T-tu sais, m-moi aussi j-j'aime bien passer du temps av-avec toi, je bégaye comme un idiot, un idiot amoureux.
-Trop cute ! s'exclame-t-il en me tirant les deux joues. »
Heure du décès : 11h12.
Heureusement pour mon petit cœur décidemment bien trop fragile, la conversation dévie très vite vers d'autres sujets bien moins... Emotionnels on pourrait dire. C'est comme ça que j'apprends qu'il joue en réalité du piano depuis ses cinq ans et qu'il compose aussi lui-même ses musiques. Je lui avoue de mon côté que mon passe-temps favori est le chant et nous venons tout naturellement à nous dire que « Putain il faut absolument qu'on fasse un duo ! ». Il me confie avoir une peur bleue de tous les sports aquatique confondu et je lui raconte comment à l'âge de sept ans je me suis retrouvé à courir en caleçon sous la pluie parce que, je cite : « comme ça j'aurai pas besoin de prendre de douche ». On rit, on s'épanche, on s'ouvre toujours un peu plus à l'autre. J'aime cette ambiance, nos sourires faciles et nos contacts furtifs. Je n'ai pas besoin de me forcer à le faire rire comme souvent, je n'ai pas besoin de porter mon masque d'humoriste à plein temps, je suis moi, et c'est tout.
Malheureusement pour nous, l'heure tourne toujours même si nous ne le sentons pas. Et le moment vient où chacun rentre chez lui.
Nous sortons du Déliçacafé après avoir réglé la note (j'ai réussis à offrir sa commande à Yoongi pour une fois, grande victoire ! Je ne sais pas comment il fait, mais il arrive toujours à payer sans que je ne m'en rende compte) nous nous retrouvons à l'extérieur, dans le froid de l'hiver. Je remonte mon écharpe sur mon nez et fourre mes mains dans mes poches pour ne pas mourir gelé, et m'adresse à mon hyung :
« - On se voit la semaine prochaine, c'est ça ?
-Oui, je ne pourrais pas venir mercredi, désolé, s'excuse-t-il avec cet air absolument adorable qui me fait totalement craquer.
-C'est pas grave hyung, j'y irai tout seul. Comme un grand !
-Oui comme un grand. »
On se sourit, fier de notre connerie et un léger silence flotte. Je n'ai pas vraiment envie de le quitter mais chacun de nous a ses obligations. Je dois retourner chez moi au risque de me faire réprimander par ma mère et Yoongi doit aller retrouver des amis pour un travail de groupe.
« - Bon, je lance, à la semaine prochaine alors !
-Ouais, salut Tae. »
Avant que je ne comprenne ce qui m'arrive, il baisse mon écharpe et dépose sa bouche sur le mienne, juste le temps d'une seconde. Ses lèvres ont le gout du sucre, du capuccino et de la liberté.
Il se recule les joues légèrement roses mais je n'ose imaginer les miennes à l'instant. Il me sourit et se retourne pour aller se perdre dans les rues de Daegu. Moi je reste planté sur place, réalisant à peine ce qui vient de se passer avec les cris de joies de Jungkook en fond sonore. Mon cerveau a freezé que voulez-vous.
Je suis resté dans cet état durant dix bonnes minutes, puis tout le temps de rentrer chez moi, de trouver ma chambre et de m'assoir sur mon lit. Alors seulement là, la réalité finit par me rattraper.
« - AAAAH ! Yoongi m'a embrassé !! J'ai pais rêvé, hein ?! Il m'a bien embrassé ? Je suis pas fou ? Bon, si un peu parfois mais là c'est pas faux ce que je dis ?! Il a posé ses absolument trop beaucoup trop adorable lèvres sur les miennes, et après il s'est reculé avec ce mignon choupi cute de fou sourire ?! Il m'a embrassé. Il m'a embrassé... »
Le coussin situé derrière mon dos fait parfaitement son job et réceptionne merveilleusement bien mon dos alors que je m'affale dessus telle une larve. Je récupère ma peluche Tata située à l'autre bout de mon lit et la serre dans mes bras en répétant indéfiniment « il m'a embrassé, il m'a embrassé... ».
Mon cœur tambourine comme un fou dans ma cage thoracique et mon sourire doit bien faire trois fois le tour de mon visage. Je crois n'avoir jamais été aussi heureux de toute ma vie. J'ai craqué sur ce mec depuis notre première rencontre et voilà qu'il m'annonce de la façon la plus claire et romantique qui soit que mes sentiments sont réciproques. Je ne sais pas si cela veut dire qu'il veut qu'on soit en couple mais honnêtement je m'en fiche éperdument. Il m'a embrassé bordel ! Ça veut au moins dire qu'il ressent un petit quelque chose pour moi, et ça me suffit pour le moment. Les choses suivront leurs cours.
Je n'ai évidemment pas le temps de m'épancher plus que cela sur mes états d'âmes puisque ma mère m'appelle pour me sommer de venir à table.
Mon sourire de trois kilomètres ne me quitte pas de toute la journée et cela attise pas mal de questions de la part des membres de ma famille mais je me contente de redresser mon rictus à chaque fois qu'ils abordent le sujet. Que Yoongi m'embrasse me suffise est une chose, mais je préfère attendre que la situation devienne plus officielle pour en parler à mes parents. Pour le moment ils se contenteront de ma bonne humeur maladive.
Ce n'est qu'une fois toute la petite famille Kim sous les draps que je peux enfin retrouver mes chers souvenirs. Je me caresse la lèvre tout en me remémorant la forme de celles de Yoongi au-dessus. Plus j'y pense plus je me rends compte que ce geste était absolument adorable, surtout de la part du mec le plus froid et insensible que je connaisse. Je découvre une nouvelle facette de mon tendre hyung tous les jours, c'est tellement excitant ! Je me demande bien quelles surprises il me réserve encore.
A force de penser à lui encore et encore, je ne peux empêcher ma main de trouver mon mobile pour envoyer un message au principal concerné :
To Yoon-Yoon
Qu'est-ce que voulais dire ton geste, hyung ?
21h37
Je repose mon téléphone sur mon ventre et regarde mon plafond, de nouveau plongé dans mes pensées. De tout de façon, Yoongi n'est pas le genre de personne à rester sur un écran le soir, le sommeil est bien trop important pour lui.
Je sais que ma question est assez idiote et d'ailleurs je me fiche pas mal de la réponse, mais j'avais envie de la poser. Juste pour voir ce qu'il va bien pouvoir me sortir, pour le tester en quelque sorte. Je ris tout seul de ma connerie. Bien sûr qu'il me dira la vérité, ce n'est pas son genre de mentir ou de se sentir gêné de ce qu'il ressent. Alors, sa réponse sera aussi une façon de regonfler mon ego. Je ris de nouveau. Qu'est-ce qu'être amoureux fait du bien...
A mon grand étonnement, l'objet reposant sur ma panse se met à vibrer.
From Yoon-Yoon
Que tu me plais.
21h42
To Yoon-Yoon
Et je te plais à quel point ?
21h42
From Yoon-Yoon
Au point que je veuille t'embrasser à chaque fois que je te vois.
21h43
Et que je sois à la fois terrorisé et euphorique à chacune de nos heures de code.
21h43
Et qu'à chaque fois que je pense à toi, un sourire se plaque sur mon visage, et ne veut s'en déloger.
21h44
Je ne sais pas combien de fois il m'a tué cette journée, mais il vient de le faire une nouvelle fois. Est-ce réellement Min Yoongi qui écrit ces choses absolument niaises mais tellement tendre, plus moelleuse qu'une tonne de marshmallows ?
To Yoon-Yoon
*^*
21h44
C'est... C'EST BEAUCOUP TROP ADORABLE !
21h44
C'est malin, j'ai trop envie de te faire un câlin maintenant...
21h44
Mais t'es pas là...
21h45
Du coup c'est nul.
21h45
:'(
21h45
From Yoon-Yoon
Attend juste une semaine et tu pourras recevoir autant de câlin que tu le désire
21h45
Est-ce qu'on peut faire encore plus mignon que ça ?
Je relis sa réponse un demi-million de fois, imprimant les caractères au fond de ma rétine puis éteint mon téléphone. Cette nuit je ne dormirai pas, mon esprit travaillera trop à créer des scénarios tous plus fous les uns que les autres. De tout de façon, je n'ai plus besoin de sommeil, mon corps est en pleine forme grâce son message.
J'ai tellement hâte d'être samedi prochain.
***
J'ai eu l'impression de passer la semaine la plus longue de ma vie, alors que théoriquement le temps passe toujours à la même vitesse. Preuve que finalement, le temps c'est que dans la tête. Bref, me voilà donc de nouveau devant ma chère et tendre auto-école. Il faut que je pense à lui ériger un autel dans ma chambre d'ailleurs...
Une douce et amère boule au ventre ne me lâche pas depuis que j'ai quitté ma demeure, et je ne sais même pas si elle est liée à l'appréhension ou l'impatience... Quoi qu'il en soit, je m'engouffre dans le bâtiment me faisant face, trop heureux de retrouver mon prince. Et ça ne manque pas, il est bien là, les yeux rivés sur son téléphone à sa place de d'habitude, son jeans éternellement troué aux genoux même en plein mois de janvier, de multiples bijoux ornent sa peau et son visage éclairé seulement par la lumière de son appareil, semble plus pur que jamais.
Mon – très certainement – futur copain n'est pas magnifique ?
« - Hey... »
On aura certainement vu plus original comme phrase d'accroche, mais bon, l'objectif est atteint puisque le gris relève sa frimousse de son écran et me regarde un léger sourire aux lèvres.
« - Hey, me répond-t-il, un sourire au coin des lèvres. »
Oh bordel, il est beaucoup trop adorable, je ne peux résister.
Je prends donc mon courage à deux mains et me rapproche de lui à pas lents, m'assois à ses côté, nos jambes se frôlent et je me penche vers lui. Je veux tellement gouter à nouveau à ce fruit défendu si attirant qui m'a gardé éveillé une bonne partie de mes nuits de cette semaine. Je veux tellement gouter à nouveau à ce produit illicite, à mon obsession.
Malheureusement pour moi, Yoongi n'est apparemment pas de cet avis puisque un de ses longs doigts me stoppe dans mon élan. Je rouvre mes yeux que j'avais fermés par automatisme et le regarde avec étonnement, un peu peiné aussi. Je croyais qu'on était sur la même longueur d'onde, que dorénavant on allait s'embrasser et se câliner à longueur de journée, dire des choses les plus mièvres possible à l'autre, se balader main dans la main, connaître tous les petits secret de l'autre, regarder un soleil couchant ensemble parce que c'est « romantique », aller au restaurent juste pour le plaisir de se retrouver en tête à tête puis finir la soirée sur un plaisir d'un autre genre... Mais je dois me rendre à l'évidence, je me suis trompé.
« - Oh Taehyung, ne me regarde pas comme ça, tu es décidemment trop mignon. »
Je penche la tête sur le côté, interdit.
« - Si je m'écoutais je t'embrasserai là sur le champ, mais j'ai eu une idée et je tiens à l'appliquer, je pense que ça te fera du bien. Alors voilà : pas de bisous si tu ne fais pas six fautes ou moins. »
Durant sa tirade, je crois être passé par un certain nombre d'émotion. De la surprise, de la gêne, de l'euphorie, de la déception, de la consternation et maintenant, mon humeur se rapproche plus de la colère.
« - Hyung !! Tu ne peux pas me faire ça ! J'ai attendu une semaine entière pour te voir, tu peux bien me faire un petit bisou ? Juste un ? Pour récompenser ma patience ?
-Tu auras une récompense seulement si tu arrives à faire moins de six fautes, trancha-t-il »
Vexé comme un pou, je me retourne pour ne plus faire face à son petit sourire supérieur. Non mais ! Comment il peut me faire ça alors que j'ai attendu aussi longtemps pour le voir ?! Alors que j'ai passé mes nuits entières à rêver de sa bouche et de son corps ?! Et il m'abandonne pour un vulgaire score de conduite.
En parlant de ça, un employé de l'auto-école arrive dans la salle et allume le vidéo projecteur, lance une série et nous souhaite bonne chance. Mon attention est immédiatement focalisée sur l'écran et je réponds aux questions avec une fébrilité que je ne me connaissais pas. Plus que jamais, je ne veux faire aucune fautes. Parce que sinon, ça reculerai encore d'avantage mon instant bisous/câlin avec mon hyung, force d'admettre que sa technique fonctionne. Il voulait me donner une motivation ? Il a réussis son coup. Mais je ne risque pas de lui faire remarquer, ça le rendrait encore plus fier que ce qu'il est déjà. Même sans le voir j'arrive à deviner le rictus qui orne son visage.
Je réponds à chaque question avec attention, comme si ma vie en dépendait (ce qui est faux, mais ma santé mentale peut-être bien) et à la fin de la série, j'ai la tenace impression d'avoir couru un marathon.
La question 40/40 est passée, j'y ai répondu mais je n'arrive pas à la valider. J'ai peur de voir mon score et que ce dernier me déçoive et déçoive Yoongi. Il croit en moi sinon il ne m'aurait pas imposé ce pari, mais je n'ai pas la même confiance. Bien que j'aie fait mon maximum, je sais que ce n'est pas suffisant. Tremblant, j'abaisse mon pouce sur la touche « valider » et mon score s'affiche sur le boitier.
7 fautes. Je suis déçu et ça se voit sur mon visage. Yoongi n'a même pas besoin de me demander mon résultat qu'il sait déjà que je n'ai pas atteint l'objectif qu'il m'avait posé. Il me sourit pour me rassurer et efface délicatement mes embryons de larmes à l'aide de son pouce.
« - J'ai... J'ai vraiment fait de mon mieux, je bégaie.
-Je sais, Taehyung, ne t'inquiète pas. Tu ne m'as pas déçu.
-Mais... Mais... Ça veut dire que j'aurai pas le droit à mon bisou ? »
Parce que c'est ça le vrai drame, je ne peux pas l'embrasser. Comment vais-je pouvoir survivre dans ces conditions ?
Yoongi rit à mon attitude enfantine et je suis presque tenté de le rejoindre. Je ne suis même pas sûr au fond de moi de le vouloir, ce bisou. Il m'a donné une tâche que je n'ai pas remplie et je tiens à aller jusqu'au bout de mon objectif. Sinon je n'aurai pas l'impression de le mériter.
« - Non bébé, ça ne marche pas comme ça. On va refaire une série et cette fois-ci tu y arriveras, d'accord ? »
Je hoche la tête, rouge comme une pivoine du mot qu'il a utilisé pour me qualifier. Je ne sais pas si je dois être gêné qu'il m'infantilise de la sorte ou bien flatté qu'il me trouve déjà un petit surnom. Il faudrait que j'en trouve un pour lui... A rajouter à la liste non exhaustive des trucs inutiles, à la suite de « construire l'autel pour la sainte auto-école ».
Je reporte mon attention sur l'image projetée pour suivre la fin de la correction, autant que le temps que je passe ici me serve à quelque chose. Et puis, c'est définitivement la correction la plus agréable que j'ai faite de toute ma vie puisque je peux sentir la main de l'argenté faire de lascif mouvements sur ma cuisse. Ses longs doigts qui pianotent le long de mes muscles me rendent fou et je n'arrive presque plus à me concentrer sur ce qui défile à l'écran. Mais jamais au grand jamais je ne lui demanderai d'arrêter, c'est bien trop agréable.
C'est fou d'ailleurs combien ses gestes ont réussis à me détendre. Lorsque j'attaque notre seconde série, je suis dans un bien meilleur état que pour la première. Le stress a totalement déserté mon corps et je sens une nouvelle force en moi. Comme si ses caresses avaient réveillé en moi une bête insatiable qui ne demandait plus qu'à être nourrie d'amour à nouveau.
Je souffle un bon coup et continue à répondre aux questions, flot intarissable qui défile sous mes yeux. Je suis un preux chevalier qui doit combattre une quarantaine d'ennemis pour enfin atteindre ma princesse. Sauf que dans la réalité, je me dois juste répondre à des questions, ma seule arme à disposition est ma mémoire et ma princesse se tient juste à côté de moi, elle a la mâchoire carré, un torse plat et un supplément non négligeable entre les jambes.
La série se termine enfin et cette fois-ci, je n'hésite pas une seconde à appuyer sur le bouton valider. Je suis plutôt confiant, j'ai l'impression d'avoir fait du bon boulot à part pour deux question dont je ne sais absolument pas la réponse. Sérieusement, est-ce que quelqu'un peut réellement faire la différence entre les témoins d'usures et les indicateurs d'usures ?
« - Cinq ! je m'écrie. J'ai fait cinq fautes Yoongi !
-Wow ! Bravo ! Tu vois, j'étais sûr que tu réussirais. »
Je me tourne d'un bloc vers lui et me précipite dans ses bras. Je suis tellement heureux et soulagé, je ne sais pas comment l'exprimer. C'est la première fois que je passe sous la barre des six fautes, la première fois que j'entrevois enfin la fin de ses interminables heures. Et tout ça en partie grâce au grisé tout contre moi. Il a réussis à me motiver chaque semaine à bouger mon séant pour me rendre ici au lieu de rester scotché à ma console, et même lorsqu'il ne me connaissait pas encore et que je me contentais seulement de l'observer de loin, et bien il était déjà ma raison de me lever. Je ne sais pas vraiment comment le remercier et faire honneur à son courage et sa patience.
« - Aller viens, je t'emmène au Déliçacafé pour fêter ça, propose-t-il.
-C'est pas vraiment quelque chose d'extraordinaire, hyung, je le taquine. On y va toute les semaines !
-Dois-je en comprendre que tu n'as pas envie d'un délicieux baba au rhum ?
-Tous au Déliçacafé ! »
Je me lève précipitamment et entraine mon hyung hilare à ma suite.
A peine arrivé dans la boutique que déjà Jungkook me fait des grands signes voulant plus ou moins dire « félicitation » ou « je suis heureux pour vous ». Il n'a pas eu besoin d'attendre d'avoir des explications orales pour comprendre que dorénavant nous étions un peu plus que de simples amis, Yoongi et moi. Et même temps, il ne faut pas être devin pour comprendre ce qui nous lie, nos doigts entrelacés parlent pour nous.
« - Votre table fétiche est déjà mise, nous annonce le brun avec sa bonne humeur quotidienne. Je vous prépare la même chose que d'habitude ?
-S'il te plaît Kook, je réponds.
-C'est comme si c'était fait ! »
Ce mec est une crème sérieux. Il est assez perspicace pour comprendre que notre relation en est à ses prémices et avoir la délicatesse de pas nous poser des dizaines de questions. Mais bon, je sens bien que ce repos sera de courte durée et que ce soir je serai bien obligé de passer un long coup de fil. Rappelez-moi pourquoi je lui ai donné mon numéro de téléphone ?
Nous nous installons donc à notre table fétiche avec Yoongi. Et il a beau tourner la tête dans tous les sens en faisant mine de ne pas remarquer le regard que je lui lance, je ne perds pas de vue ma vraie récompense.
« - Dis-moi Yoongi, si jamais je faisais moins de six fautes, tu ne m'avais pas promis le meilleur baiser de toute ma vie ? je lui demande, espiègle.
-Meilleur baiser de toute ta vie, n'exagère pas non plus, bredouille-t-il. »
C'est drôle de le voir mal à l'aise tout à coup, à croire qu'il a perdu toute la confiance qu'il avait en lui. Je ne sais pas si c'est le simple fait de m'embrasser qui lui met autant la pression ou si tout simplement je mets trop d'attente dans cet acte. Mais de tout de façon, c'est Yoongi, ça sera sans aucun doutes parfait.
« - J'attends, lui dis-je en fermant les yeux et en m'approchant de lui, les lèvres bien en avant et en cul de poule. »
Je le sens soupirer tout contre ma peau puis s'approcher jusqu'à ce que nos lèvres s'effleurent. C'est doux et léger, agréable et électrisant mais malheureusement trop court. Je le sens s'écarter avant que je ne puisse totalement profiter des sensations qui m'enveloppent. Je me muni d'une moue que je sais irrésistible et réclame un deuxième bisou.
« - C'était de la gnognotte ce que tu as fait Yoongi. Je me serai pas donner autant de mal pour seulement ça. Je demande réparation. »
Son rire remplit l'air et je me félicite intérieurement de l'avoir détendu.
Et quand il s'approche de nouveau de moi avec cette lueur sauvage au fond des yeux et qu'il pose sa grande main contre ma joue, je me dis qu'enfin les choses sérieuses commencent. Il n'est plus timide et hésitant comme les fois précédentes, pourtant il est toujours aussi doux. Sa bouche embrasse littéralement la mienne, entièrement et possessivement pour signifier qu'elle sera la seule dorénavant à pouvoir faire ça. Et je n'en demande pas moins. Elle se meut pour entrer en contact avec un maximum de la surface de mes lèvres comme pour en imprimer chaque nervure, et lorsque sa langue vient les caresser, je me sens défaillir. Est-ce seulement réelle ? Ce mec est juste un dieu du roulage de pelle. Sa langue caresse la mienne langoureusement et ce geste fait remonter des centaines de frissons le long de mon épiderme. Elle joue à toujours trouver les endroits les plus sensibles de ma cavité buccale, endroits dont je ne connaissais même pas l'existence. Il me fait découvrir tout un panel de sensation rien qu'avec sa langue et moi je me contente de suivre les mouvements qu'il amorce, callant ma cadence sur la sienne. Il domine, sans surprise, l'échange et ce n'est pas pour me déplaire. J'aime lorsqu'il s'occupe de moi et qu'il me comble comme il est en train de le faire.
Mais le plus délicieux, le plus magique, ce qui fait toute la différence, ce sont ses mains sur ma joue. Ses mains veineuses et particulièrement viriles qui caressent ma peau comme la plus belle et fragile des choses. Ces mêmes mains qui se glissent le long de ma mâchoire et viennent éparpiller mes mèches de cheveux blondes. Ces mains qui me font sentir si important, si précieux. Je voudrais que ces mains ne quittent jamais ma peau.
Lentement, tendrement, ses lèvres se détachent les miennes et ne reste plus que le souvenir inoubliable de leur texture. Je garde les yeux fermés pour profiter encore un peu plus des sensations qui m'envahissent. Je sens mon ventre se tordre de bonheur et mon cerveau réclamer une nouvelle dose. C'est officiel, je suis addict.
C'est un raclement de gorge qui me ramène d'un coup à la réalité. Jungkook se tient à côté de nous, l'air passablement gêné de la scène à laquelle il n'a pas manqué d'assister.
« - Euh... Voilà votre commande. »
Il est tout rouge et bégaie comme un enfant ayant surpris ses parents en plein acte. C'en est beaucoup trop attendrissant.
« - Ça va Kook, fait pas ta prude, le taquine Yoongi. C'est qu'un bisou, c'est pas si extraordinaire. Tu as intérêt à vite t'y habituer, parce que ce ne sera pas le dernier que je compte lui donner. »
Cette fois-ci, c'est moi qui me mets à rougir comme un gamin. Ces mots dits avec tant de flegme ont tellement d'importance pour moi... Cependant j'attends que notre serveur attitré déguerpisse pour en toucher deux mots au principal concerné.
« - Yoongi, ça veut dire quoi tout ça ? Est-ce qu'on est ensemble ?
- Ça me semble plutôt évident, non ? me demande-t-il hésitant. Je veux dire, ça fait déjà deux mois qu'on se connait, on se voit toutes les semaines, on se tourne autour depuis pas mal de temps et là, on vient juste de s'embrasser. Pour moi c'est clair qu'on est ensemble, mais si tu veux encore du temps, je comprends hein. Si tu préfères qu'on en reste là pour l'instant, j'attendrais encore un peu. »
Je ne l'avais encore jamais vu comme ça, paniqué à l'idée d'être allé trop loin ou d'avoir fait un geste déplacé. Je pouffe pour me moquer gentiment de lui mais en même temps, je me sens flatté. Sa réaction prouve qu'il me respecte vraiment et qu'il prend en compte ce que je ressens. Ça prouve tout simplement que je compte pour lui.
« - Oh non. Tu m'as dit qu'on était en couple, t'as pas intérêt à retourner ta veste maintenant. J'ai été assez patient comme ça. Tu sais que ça fait depuis le premier jour que j'attends ce moment ? »
Il sourit à son tour.
« Je l'avais deviné oui, me répond-t-il. Ta façon de me bouffer du regard était tout sauf discrète.
-Ce n'était pas le but...
-C'était quoi le but ?
-Te bouffer du regard. Est-ce que j'ai vraiment besoin d'une autre raison ? »
Il éclate de rire et je prends une bouchée de mon baba au rhum. C'est fondant et sucré, délicieux. Mais rien à voir avec le baiser qu'il m'a offert il y a quelques minutes. Ça c'était juste magique. Et voilà ! J'y pense à nouveau. Je crois que je suis vraiment drogué à sa bouche, il n'y a pas d'autres explication.
« - Moi aussi tu sais, je t'avais remarqué depuis le début, m'avoue-t-il. C'est juste que suis un peu plus... Timide ?
-Pourtant c'est toi qui m'as parlé en premier ? je rétorque.
-Oui, d'ailleurs j'étais étonné de moi-même. Mais c'est aussi parce que tu m'avais mis en confiance. C'est toi qui m'observais toujours de loin et c'est toi qui es venu me chercher. J'ai juste eu à engager la conversation, c'était pas un si grand effort.
-Pour moi ça comptait beaucoup. »
On rougit comme deux idiots puis nous nous mettons à rire de notre réaction. Est-ce que c'est ça être amoureux ? Etre toujours sur la même longueur que l'autre ? Trouver que chaque chose qui compose l'être aimé est extraordinaire ? Que chaque chose que dit l'autre fait naître toute sorte de sensations dans son corps ? Partir au quart de tour au moindre contact ?
Si c'était bien ça la définition de l'amour, alors j'étais irréversiblement tombé amoureux de Min Yoongi.
Je repense à tout ça une fois allongé dans mon lit chez moi, et sens un étrange sentiment de plénitude m'envahir. J'aimerais que ces sensations ne s'arrêtent jamais.
L'appel que j'attends depuis que j'ai dépassé la porte de chez moi arrive enfin et je décroche sans même prendre la peine de regarder l'expéditeur.
« - Vas-y Jungkook, pose tes questions.
-Alors déjà, un peu d'entrain s'il te plait, fais au moins semblant d'être content que je t'appelle, râle-t-il. Et ensuite : AHHHHHHH !! C'était quoi ce baiser de fou que vous avez échangé ?! Et puis, comment ça se fait que vous soyez devenu aussi proche en une semaine à peine ? Bon, c'est vrai qu'il t'avait déjà embrassé la semaine dernière mais bordel, là ça n'avait rien à voir ! C'était passionnel, un truc de fou. Vous m'avez donné chaud, tu peux pas savoir à quel point ! J'ai failli avoir la trique et pourtant je suis totalement hétéro. Mais du coup vous êtes ensemble ? Nan mais parce que depuis le temps que vous vous tournez autour, il serait quand même temps de passer aux choses sérieuses. En tout cas moi je suis grave content pour vous, genre j'ai envie de faire une soirée là tout de suite pour fêter ça... »
Je ne peux me retenir plus longtemps et éclate de rire. Kookie est vraiment à fond, on dirait presque qu'il est encore plus heureux que moi. Je me laisse retomber lourdement sur mon matelas et apprécie le sentiment d'allégresse qui m'étreint. J'ai un petit ami en or et des amis qui vivent ma vie à ma place, que demande de plus ?
-Jungkook il faudrait que tu te calme, je ris.
-Pardon.
-Du coup, vu que tu n'as fait que passer du coq à l'âne, je n'ai retenu que la dernière question et oui, on est ensemble.
-Non !? Si ! YES !! Oh Taehyung je suis tellement heureux pour toi ! Vous allez tellement bien ensemble, soupire-t-il.
-Je sais, je sais, on est parfait tous les deux.
-Ca va les chevilles ?
-Parfaitement, et les tiennes ?
-Cette discussion est inutile, du coup parlons de quelque chose de plus intéressant : c'était bien ?
-De quoi ? je demande comme un idiot.
-Bah le bisou ducon ! »
Pour le coup, je me sens vraiment con. Evidemment que c'était bien, c'était même plus que giga méga bien ! Mais de là à le décrire à Jungkook...
« - Oui, je réponds d'une toute petite voix.
-Oh Taehyung-ha ! Développe un peu, j'ai pas attendu aussi longtemps pour avoir un simple oui, je veux des détails croustillants ! réclame-t-il.
-Bah euh... C'était très très TRES bien si tu veux tout savoir. Il était doux et passionné à la fois, j'avais l'impression d'être totalement sous son emprise et j'adore ça. Je sais pas pourquoi, mais j'avais l'impression qu'il prenait soin de moi et ouais, ça fait quelque chose, une sorte de rebond dans mon cœur.
-Hou ! Mon Taehyung est amoureux, c'est trop mignon !
-Ya ! Tu feras le malin quand tu trouveras une fille qui aura le courage de t'accepter, je rétorque.
-Ne me rappelle pas ma solitude s'il te plait, ça fait tellement mal ! dramatise-t-il. Ô gentes dames, pourquoi ne voulez-vous pas de moi ? »
Jungkook aurait sérieusement dû entreprendre des études de théâtre vu sa tendance à tout sur-jouer, au lieu de docilement accepter de prendre la suite de son père à la tête du Déliçacafé. Mais bon, j'en avais déjà parlé à mon ami et il se trouve qu'il est très heureux de cette responsabilité et ce ne sont de tout de façon pas mes affaires. Pour le moment nous sommes en train de parler de mes histoires cœur.
« - J'ai l'impression de vivre en plein rêve, je lui confie. Et j'ai beau me pincer l'entièreté de mon bras, je ne me réveille pas. C'est tellement bon toutes ces sensations que j'ai peur qu'elles ne disparaissent...
-Mais enfin, il n'y a aucune raison qu'elle disparaisse. »
Ma réflexion à l'ai d'étonner le brun à l'autre bout du fil.
« - Je veux dire, vous semblez tellement accro l'un à l'autre, qu'est-ce qu'il te fait dire que ça pourrait se finir ?
-Je sais pas, plein de choses... Qu'il se lasse de moi ? Que je le déçoive ? Que notre relation change maintenant que nous sommes ensemble ? Tu sais, il est ma première vraie relation, le premier avec qui j'avais vraiment envie d'être en couple. Alors j'ai pas bien confiance en moi, j'ai peur de tout faire de travers.
-Wow, déstresse, pète un coup ça ira mieux. Pourquoi tu paniques autant ? Tu n'es pas bien avec lui ? Tu n'as pas confiance en lui ?
-Si si, bien sûr que je l'aime et que j'ai confiance en lui, je m'empresse de le démentir. C'est plutôt en moi que je n'ai pas confiance. Il a l'air tellement plus à l'aise que moi, je suis tout juste un gamin à côté.
-Okay, alors tu vas tout de suite arrêter de déprimer. Et ensuite, non tu n'es pas un gamin et oui, tu peux tout à fait être en couple. Je suis sûr que tu te mets la pression tout seul et que Yoongi ne te demande pas d'être irréprochable. Tu es juste toi avec tes lubies bizarre et ton énergie rayonnante, OK ?
-Oui, je réponds le rose aux joues.
-Et si tu ne te sens pas bien, que tu as encore l'impression de ne pas être à la hauteur, parles-en avec lui. Ça t'évitera tout ce stresse inutile et lui il pourra comprendre pourquoi tu as des réactions bizarres. Je suis sûr que tu te fais des films tout seul mais ce sera lui le plus à même de te rassurer, OK ?
-Oui, je répète. Merci Jungkook.
-De rien, c'est normal, souffle-t-il. N'hésite pas à me téléphoner si jamais tu doutes encore, d'accord. Je suis là pour t'aider.
-D'accord, merci encore.
-A plus Taetae, conclue-t-il.
-A plus Kook. »
Je raccroche et le noir se fait autour de moi. Tant mieux, j'avais besoin de cette noirceur pour y voir plus clair.
Tout ce que j'ai confié au brun est vrai, j'ai peur. Peur de le perdre, une peur irraisonnée et irraisonnable. Je ne sais pas comment l'expliquer, ça me prend les tripes et toute mon énergie. Je tiens à lui à un point inimaginable et le simple fait de savoir que notre histoire peut prendre fin du jour au lendemain me terrifie. J'ai déjà été attiré par quelqu'un, plusieurs fois même, mais jamais avec cette intensité là. J'ai l'impression que dorénavant ma vie entière tourne autour de Yoongi et qu'un simple faux pas serai fatal. Je ne veux en aucun cas que ça arrive. Je serai parfait si c'est ce qu'il faut.
Je me relève, tremblant, et file à la douche. L'eau m'a toujours aidé à y voir plus clair. En deux temps trois mouvements, je me retrouve entièrement nu et m'enferme dans la cabine de douche. L'eau chaude se met à couler sur mes épaules, le long de mon dos et court sur mes jambes, délasse mes muscles et nettoie mes idées. Je sais, au fond de moi que Jungkook a raison. Mes doutes n'ont aucuns fondements, Yoongi ne m'a jamais critiquer ou remis en question ma façon d'être. Je sais aussi pertinemment que l'argenté prendrait tout le temps qu'il faut pour me rassurer si jamais je venais à me confier, et qu'il me répéterait autant de fois qu'il le faudra combien je compte pour lui, qu'il me prendra dans ses bras pour me montrer son soutient, parce que c'est dans sa nature d'être gentil et attentionné. Mais justement, je n'ai pas envie de l'embêter avec mes fabulations de gamin un peu dérangé. Je ne veux pas l'inquiéter et le faire ensuite douter de lui. Je sais, je suis un parfait paradoxe.
Je veux mener ma barque seul sans qu'il n'ait besoin de s'en mêler, et la solution me semble plutôt évidente. Je ne veux pas que notre relation change ? Je veux continuer à le voir tous les samedis à l'auto-école et ensuite manger un baba au rhum au Déliçacafé ? C'est pourtant évident, je n'ai qu'à continuer à faire plus de six fautes. Radical et génial, je suis plutôt fier de ma trouvaille.
Je sors de sous le pommeau et cherche à tâtons ma serviette de bains. Une fois la tâche accomplie, je m'enroule dans cette dernière et entame ma routine du soir. Après m'être démaquillé et lavé les dents, j'hydrate ma peau et chasse chacune de mes imperfections à l'aide de mon miroir grossissant. J'applique ensuite une crème adéquate à chacune de mes cicatrices, rougeurs, boutons ou toute autre chose indésirable. Depuis toujours je prends vraiment soin de mon corps, c'est la façon que j'ai trouvé pour l'accepter. Et depuis ma rencontre avec Yoongi, je fais encore plus attention à mon physique. J'ai envie de plaire, autant à lui qu'à moi-même.
Après avoir enfilé mon pyjama (traduction : un boxer et un T-shirt de sport trop large) je me glisse sous mes draps, prêt à faire de beaux rêves peuplé d'un garçon à la peau blanche un peu trop sexy et qui fait tourner ma tête.
***
« - Alors ? Combien de fautes ? »
Je tourne la tête vers le grisé qui me regarde plein d'espoir et me sens d'ores et déjà coupable de la réponse que je vais lui donner.
« - Onze...
-Onze !?! Mais Taehyung, qu'est-ce qu'il se passe ? Ca fait au moins la troisième fois que tu foires totalement tes séries, tu as du mal sur quelque chose en particulier ? »
Je me mordille la lèvre pour ne pas laisser les mots dévaler le long de ma langue. Cela fait deux semaine que j'ai mis mon plan à exécution et ça fait donc deux semaines que je rate délibérément mes tests. Yoongi ne s'est pas encore rendu compte de mon manège, et cela me tue. A chaque fois que ses yeux emplit d'inquiétude sincère se posent sur moi, je n'ai qu'une envie, tout lui avouer. Mais je ne peux pas me permettre cela, car ça le décevra plus que tout. J'ai commencé à mentir, je ne peux plus faire demi-tour. La tromperie est vile, une fois sous son joug tu ne peux t'en débarrasser aussi facilement. Parce que pour cela il faudrait assumer ce que j'ai fait, et je n'en suis pas capable.
« - Non... je bégaie. Je pense que je manque juste un peu de sommeil, c'est pour ça.
-Tu ne dors pas bien ? Il y a quelque chose qui te tracasse et dont tu veux me parler ? »
Le problème avec le mensonge c'est que c'est une machine infernale : une première cachotterie en entraine une autre un peu plus grosse, puis encore une, encore une et c'est l'effet boule de neige. Les mensonges s'empilent et tu n'arrives même plus à démêler le vrai du faux.
« - C'est rien, vraiment. Juste un peu trop de boulot en ce moment. »
Et voilà, encore un.
« - Si tu préfères on peut arrêter un peu d'aller au code pour que tu te concentres sur tes études ? Et puis, on n'est pas obligé de toujours aller au Déliçacafé ensuite, on peut tout simplement écourter nos rendez-vous. »
Mon Dieu mais tuez-moi, ce mec es un ange, je ne le mérite tellement pas... A aucun moment il ne doute de ma parole et ne remet jamais en question ce que je peux dire ou faire, il me fait une confiance aveugle alors que je lui mens éhontément. Il est même prêt à se sacrifier et passer moins de temps en ma compagnie - alors que je sais qu'il n'attend que ça de la semaine - pour mon propre bien-être.
Mentir devient de plus en plus difficile dans ses conditions.
« - Non, surtout pas ! je m'écris. Ce sont les seuls moments où je souffle un peu, et honnêtement ce sont les meilleurs de la semaine.
-Si tu le dis, abdique-t-il dans un haussement d'épaule. Mais si un jour tu te sens trop fatigué, tu dois me le dire d'accord ? Je ne veux pas te forcer à me voir alors que tu as d'autres priorités.
-Tu ne me forces jamais à quoi que ce soit, j'adore passer du temps avec toi ! »
Au moins, cette information est vraie. Passer du temps avec lui est juste la meilleure activité au monde. Surtout depuis que nous sommes en couple et qu'il me couvre de petite attentions comme là alors qu'il vient de poser ses lèvres sur les miennes et de s'écarter en souriant.
« - Tu es beaucoup trop mignon. »
Non, tu te trompes, c'est toi qui es beaucoup trop mignon Yoongi. Tu as un cœur énorme et une âme plus pure que celle des anges. Moi je suis seulement un mythomane un peu perdu dans sa vie qui a eu une chance de dingue de tomber sur toi.
Il attrape ma main et me force à me lever.
Nous nous dirigeons, main dans la main, liés, vers le Déliçacafé, notre point de repère, notre refuge. J'aime vraiment cet endroit, presque plus que l'auto-école. C'est chaleureux sans être étouffant, Jungkook est toujours là pour nous accueillir avec le sourire et surtout, c'est ici qu'on s'est embrassé pour la première fois. Ça peut paraître ridicule, mais ce souvenir attaché à ce lieu compte énormément pour moi.
« - Salut les amoureux ! s'exclame le brun dès notre entrée. Comment ça va ?
-Moi plutôt bien mais Taehyung a vraiment du mal en ce moment au code. Il fait bien plus de fautes que d'habitude et il a l'air d'être fatigué... »
Je baisse les yeux, honteux. Parce que Yoongi prend ma défense et ne m'en veut pas le moins du monde de faire du surplace alors que je suis capable de bien mieux. Et puis, je suis sûr que Jungkook a compris mon manège. Je sens son regard inquisiteur sur ma nuque, il me brûle à travers mes vêtements et perce à jour ce que je cherche à tous prix à camoufler.
« - Tu nous le dirais si quelque chose n'allait pas, n'est-ce pas Taehyung ? »
Les syllabes de mon prénom claquent dans sa bouche comme une critique, et je me contente de hocher la tête. Je n'arrive même pas à relever les yeux tellement j'ai honte de mon comportement. Yoongi est peut-être trop aveugle ou trop naïf, mais Jungkook, lui, a tout compris d'un simple coup d'œil.
« - On va se mettre à notre table d'accord ? Tu nous apporteras comme d'habitude ? s'enquiert l'argenté.
-Pas de problème, répond le serveur du bout des lèvres. »
Nous partons donc à la recherche de notre place alors que j'ai toujours la tête baissée. Je me sens sale et indigne. Sali du regard que Jungkook a porté sur moi, ce regard remplit de jugements fondé et de reproche. Indigne de l'amour que me porte Yoongi alors que je ne suis qu'une infâme personne qui profite de lui. Au fond, c'est un peu la vérité, non ? Je joue au plus stupide pour passer du temps avec lui et recevoir de l'affection et lui me suis sans broncher.
« - Il avait l'air tout crispé notre Kookie, constate Yoongi. Je ne sais pas ce qu'il a aujourd'hui mais il n'était pas très agréable...
-Ce n'est pas lui, c'est moi, je chuchote.
-Hum ? »
Mon regard croise le sien et je me perds dans ses orbes sans fond. Ils ne reflètent rien d'autre que l'étonnement, rien ne se cache dans ses tréfonds. Yoongi est toujours honnête et franc, droit et juste et je me sens mal à ses côtés. Je me suis égaré en chemin, englué dans mes mensonges. J'ai envie de pleurer.
« - Ce n'est pas de sa fautes, c'est moi qui... Qui... »
Et voilà, je craque. J'éclate en sanglot. Toute ma culpabilité et mon mal-être explose d'un coup en torrent le long de mes joues. Yoongi, totalement dépassé par la situation, panique en face de moi et tente maladroitement de me rassurer.
« - Oh Tae ! Ne pleure pas, je suis sûr que ce n'est pas si grave que ça. Il ne pourra pas t'en vouloir à vie ? Quoi que tu ais fait, je suis sûr que ça peut s'arranger, d'accord ? S'il te plait, arrête de pleurer, me supplie-t-il. »
Sauf que je ne peux pas m'arrêter. Sa bonté m'émeut trop et me fait sentir encore plus petit que je ne le suis déjà. Je passe l'une de mes mains sur ma bouche autant pour étouffer mes sanglots que pour bâillonner mes mensonges qui risquent d'y sortir. Sa main hésitante vient rejoindre mes cheveux et les caresses d'une délicatesse infinie. Elle diffuse une chaleur rassurante et je ne peux m'empêcher de me coller à elle, d'aller à son encontre et de l'encourager à continuer. Je suis faible, voilà ce que je suis. Trop faible pour affronter le changement et la sortie de mon quotidien, trop faible pour confier mes peurs au principal concerné, trop faible pour lui avouer mes bêtises, trop faible pour demander son pardon et surtout, trop faible à son amour. Il arrive, à chacun de ses gestes, à chacun de ses mots, à percer un peu plus un chemin vers mon cœur, à s'immiscer en son sein, s'y faire une place et la maintenir. Je suis trop faible à cette caresse qui me rassure et ne peut m'en détacher, et ne peux arrêter d'être terrifier à l'idée de la perdre.
Le coussin sous mes fesses s'affaisse et deux bras viennent encercler mes épaules. Mon visage vient instinctivement se glisser dans son cou pour humer son parfum et me délecter de sa chaleur.
« - Chut, Taehyung, me berce-t-il. Je ne sais pas ce que tu as bien pu lui faire pour t'en vouloir autant, mais tout s'arrangera, d'accord ? »
Je me contente d'hocher la tête. Faible je vous dis.
C'est ce moment-là que choisi Jungkook pour nous apporter notre commande. Je n'ose relever la tête, de peur de croiser son regard mauvais mais au ton de sa voix, je comprends qu'il n'en est rien.
« - Oh Taehyung, qu'est-ce que tu as ? Tu pleurs ? C'est à cause de moi ? »
Pourquoi toutes les personnes autour de moi sont aussi aveugles, et aussi gentilles ? N'y a-t-il que moi pour voir l'infâme personne que je suis devenue ? Ou bien leurs cœurs sont-ils trop gros pour éprouver de la rancœur ?
« - Je suis vraiment désolé Tae, je ne voulais pas te faire de la peine, enchaîne-t-il, me plongeant toujours un peu plus dans ma culpabilité. C'est juste que je pense que ce que tu caches ne fait du bien à personne, et surtout pas à toi. Je suis inquiet pour toi, et j'ai réagis en me braquant. Excuse-moi. »
Mon cœur se brise un peu plus. Jungkook n'arrive même pas à être en colère contre moi et encore une fois, ils s'inquiètent pour moi. L'émotion bloque les mots dans ma gorge, c'est pourquoi je me contente d'un signe de la main pour lui dire que je ne lui en veux pas. Comment pourrais-je lui en vouloir de toute manière ? Il essaie de m'aider, comme tout ami le ferait alors que je n'ai pas suivi ses conseils au départ. Encore une fois, le poids du secret me brise un peu plus l'esprit.
Une fois les différents éléments déposés sur la table, il s'en retourne à son bar non sans m'avoir gratifié d'une douce caresse sur le haut du crâne. Je sens Yoongi bouger à côté de moi alors que je suis toujours pendu à son cou, la vision brouillée par les larmes. Je n'ai pu relever le regard de tout le temps où le brun était à nos côtés, et là encore je n'arrive pas à m'éloigner de la peau de mon copain. Je n'ai tout simplement pas la force d'affronter leurs regards.
« - Relève la tête Taehyung, et ouvre la bouche, s'il te plait. »
Je frotte mes yeux rougis de chagrin pour effacer, inutilement, les traces qui les marquent, puis relève timidement le menton. Yoongi me sourit tendrement et même si ma vision n'est pas nette, j'arrive à voir tous les signes du soutient qu'il me porte. Ce que je remarque en deuxième et la cuillère remplie de pâtisserie qu'il tient bien face à mon visage. Sa demande me revient à l'esprit et j'entrouvre les lèvres. Son sourire s'élargit et il avance le couvert jusqu'à l'engouffrer dans ma cavité buccale. Est-ce normal que lorsque c'est lui qui accomplit ce geste, le gâteau a un gout différent ? Il parait plus fondant, plus savoureux mais aussi plus amer. Chaque mastication enfonce un peu plus le pieu que j'ai moi-même placé sur mon cœur. Jusqu'au point de non-retour.
« - Je t'ai menti Yoongi. »
Voilà. C'est dit. Les mots sont sortis tout seul, mus par une force puissante et dévastatrice que je ne connais pas. L'honnêteté ? Très certainement. Elle a été brisée, compressée, bâillonnée, brutalisée mais est restée malgré tous, la plus pure des sources. Je me sens revivre à travers cet aveu, une seconde naissance. Enfin complet, moi et moi-même.
Yoongi me regarde étrangement, surpris et légèrement contrarié. Inquiet aussi. Il se demande sûrement sur quoi porte mon mensonge, quelle importance cette cachotterie pourrait avoir dans notre couple, si elle allait avoir la capacité de le détruire. Je me pose les mêmes questions et les mêmes tourments, mais je ne peux pas faire demi-tour. Je n'en ai ni la force ni l'envie.
« - De quoi ? demande-t-il, hésitant. »
Il essaie encore de se leurrer, de faire passer ma phrase pour une hallucination auditive ou bien quelque chose sans importance. Lui non plus finalement n'arrive pas toujours à faire face à la réalité. Lui aussi a peur de me perdre.
Mais de mon côté, c'est pire. Parce que ce serai de ma faute.
« - Je t'ai menti, je lui confirme. »
Ses yeux se troublent, de colère ou de peine, je n'arrive à faire la différence.
« - Depuis qu'on sort ensemble, je n'ai pas été honnête avec toi. Pas entièrement. »
Ses doigts qui reposent encore sur mon épaule se crispent. Je le sens se tendre à mes côtés, ses muscles se contractent, la veine qui coure le long de sa mâchoire pulse. J'ai la folle envie de venir lui embrasser, de le couvrir de mots tendre, le rassurer, lui dire que tout ce que je désire est de rester auprès de lui le plus longtemps possible et que ce n'était que mon désir depuis le début. Mais je souhaite aussi qu'il prenne sa décision en toute connaissance de cause, et non parce qu'il ne veut pas me faire de la peine, ou bien parce que je l'attendris.
Taehyung le paradoxe, le retour.
« - Je... Depuis le début je voulais continuer nos sorties à l'auto-école tous les deux, parce que ça me plait et que ça fait partie de mon quotidien. J'avais, et j'ai toujours, peur que ça change si jamais on n'a plus ce lien là...
-Mais enfin, c'est ridicule, s'étonne-t-il.
-Je sais, je sais. Je suis pathétique et je manque cruellement de confiance en moi, je bredouille. Alors, toi qui me fais me sentir si bien et si important, je voulais égoïstement te garder. Et le moyen le plus simple était de toujours se donner rendez-vous à la conduite puis au Déliçacafé. C'est rassurant pour moi, tu comprends ?
-Mais on peut aussi continuer nos rendez-vous ici, même si on ne va plus au code, me chuchote-t-il en caressant ma main. Ou bien se trouver de nouveaux lieux, des nouvelles habitudes. On a tout le temps pour ça.
-Laisse-moi finir, s'il te plait, je lui ordonne, les larmes aux yeux. »
Ses mots me touchent, ses gestes m'apaisent autant qu'ils me torturent. Parce que même alors qu'il sait que je n'ai jamais était totalement franc avec lui, il continu de me tenir la main et d'envisager un avenir avec moi. Et cela m'émeut.
« - J'ai falsifié mes résultats de codes. J'ai fait exprès de faire des fautes pour qu'on continue à y aller. »
Sa main se retire de la mienne comme si elle l'avait brûlé et je ressens immédiatement ce manque viscéral, ce besoin insatiable de le sentir à nouveau contre moi.
« - Tu peux répéter ? exige-t-il, le visage fermé.
-Je faisais des fautes volontairement pour que tu sois obligé de continuer à m'aider. »
Dis comme cela, on dirait vraiment que mon comportement est horrible. Il l'est peut-être, mais de mon point de vue c'était plus une attitude désespérée, une preuve que je suis un homme éperdument amoureux et maladroit. Tout ce que j'avais entreprit, même si c'était fondamentalement mauvais et bancale, c'était par amour.
« - Tu te rends un peu compte de ce que tu as fait ? chuchote-t-il tout bas. »
La colère dans ses yeux a laissé place au chagrin. Et c'est encore pire. Je préfère mille fois qu'il me hurle dessus et me fasse des tonnes de reproches, qu'il extériorise sa haine sur mon dos et qu'il exprime son désaccord plutôt que cette mine qui me ravage le cœur. Son regard est fixe sur la table, déjà brouillé des larmes que je devine pointant sous ses paupières. Sa lèvre inférieur tremble, il déglutit bruyamment pour empêcher un premier sanglot de s'échapper.
« - Je suis tellement désolé Yoongi-hyung, je m'empresse de le rassurer. Vraiment, je m'en veux d'avoir dès le départ abattu notre relation à grand coups de mensonges...
-Ce n'est pas le fait que tu m'ais menti qui me blesse Taehyung. »
Sa voix tranche dans l'air. Telle la plus affutée des lames, elle coupe ma respiration et me paralyse. Son ton est chargé de toute l'humidité que ses yeux retiennent.
« - A la rigueur je m'en fiche de cela. C'est même presque mignon cet entêtement à vouloir à tous prix me garder à côté de toi. »
Je me permets à nouveau de remplir mes poumons en dioxygène. Ce qu'il dit me rassure, éloigne un instant le froid qui avait engourdis mon corps. Si il me trouve encore mignon, même après ça, c'est bien qu'il me pardonne au moins un tout petit peu, non ?
Mais il y a un mais, il y en a toujours un.
« - C'est ton manque de confiance que je te reproche, m'assène-t-il. Alors quoi ? Tu penses que je ne tiens à toi ou quoi ? Tu penses que pour moi tu es seulement une aventure le temps que je passe mon permis ? Que je vais me barrer à la première difficulté ? Merde Taehyung, j'ai des sentiments pour toi ! C'est pas juste de la distraction qu'il y a entre nous, je ne m'amuse pas avec toi, tu n'es pas un passe-temps à mes yeux. Tu es mon petit-ami et je me voyais rester longtemps avec toi. Mais tu as tout gâché, je suis perdu... »
Sa voix n'est plus qu'un murmure, une confession faite à moi ou bien à lui-même. Ce qu'il raconte finit de m'achever et je tente une dernière fois de rapprocher de lui en passant ma main le long de son bras. Mais il s'écarte brutalement et me regarde comme si j'étais le dernier des insectes.
« - Le pire c'est que tu n'as même pas eu le cran de me l'avouer, crache-t-il. Tu as préféré, tel le lâche que tu es, te planquer derrière une technique sournoise et inutile, t'enfermant dans la spirale du mensonge alors que j'aurai pu comprendre tes peurs et te rassurer. Tu as si peu confiance en moi ? Ou alors tu crois que je suis tout simplement incapable ? »
Ses mots me blessent, parce qu'ils lui font du mal. Je vois comment sa propre confiance s'effrite, et comment les reproches qu'il me fait lui-même s'adressent aussi à sa propre personne.
« - Non, je lui assure. Ce n'est pas ça, pas du tout... Je... »
Il interrompt mon pathétique bredouillage en se relevant d'un bond. Il récupère son manteau et l'enfile d'un mouvement sec et rageur. Puis me cloue sur place par son regard de glace, méprisant.
« - Je pense que tu en as assez fait comme ça. Laisse-moi seul un moment. Salut. »
Il se retourne et je n'ai pas la force de le retenir. Je suis sa silhouette des yeux alors qu'il dépasse le bar de Jungkook et qu'il règle sa commande puis quand il sort de la boutique sans un regard dans ma direction. Mon cœur se serre et mes yeux se remplissent de larmes.
« - Oh la Taehyung, mais qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi est-ce que tu pleures encore ? »
Jungkook s'approche de mon pauvre corps meurtris et tremblotant avec son ton rassurant et ses bras grands ouverts. Je me blottis dans ses derniers et laisse libre court à ma peine. Pourquoi suis-je toujours entouré de personnes aussi adorables ? Pourquoi je n'arrive pas à leur rendre le réconfort et l'affection qu'ils me donnent sans contrepartie ?
« - Calme-toi Tae... Ça me fait de la peine de te voir dans cet état, qu'est-ce qui s'est passé ? s'inquiète-t-il.
-Tu avais raison, je bredouille. J'ai- ai tout gâché avec Yoongi... »
Les bras entourant ma nuque me serrent avec deux fois plus de vigueur, transmettant tout le soutien que Jungkook me porte. Je le sens touché par cette révélation, lui qui a suivi notre relation depuis ses prémisses se trouve forcément concerné par notre dispute, ajoutez à cela qu'il est devenu un de nos amis proche et que notre querelle s'est déroulée sur son lieu de travail, et voilà qu'il se retrouve lui aussi les larmes aux yeux.
« - Allez, je suis sûr que ce n'est pas si grave que tu le crois, renifle-t-il.
-Si ça l'est, je geins.
-Mais non Taehyung, ne dis pas n'importe quoi...
-Je dis pas n'importe quoi, je suis qu'un raté et Yoongi va plus m'aimer. »
Bon, OK, j'avoue, j'exagère un peu. Et je ressemble un peu à un gamin faisant un caprice aussi. Mais merde ! Yoongi viens de se barrer du café en me disant qu'il voulait plus me voir, il y a de quoi être effondré, non ?
« - Tu vas t'arrêter te t'apitoyer sur ton sort un peu ? me rabroue-t-il en s'écartant et en essuyant délicatement les larmes roulant sur mes joues. OK, ça va mieux ? »
Je hoche la tête dans un reniflement disgracieux.
« - C'est bien, sourit-il. Tu peux me raconter ce qu'il se passe maintenant ? Parce que je suis largué là...
-Et bien... Je... Tu te rappelles quand je t'ai appelé juste après notre baiser et que tu m'as conseillé de lui confier mes doutes ? – Jungkook acquiesce en silence – Et bien il se pourrait que je n'ai pas tout à fait suivit tes conseils...
-Je m'en doutais, soupire-t-il. Mine de rien, je commence à bien te connaître... Et alors, quelle idiotie tu as bien pu inventer pour mettre notre sucre international en rogne ?
-J'ai peut-être fait exprès de rater tous mes test de code pour rester auprès de lui...
-Mais non Taehyung ?! T'as pas fait ça j'espère ?! »
Il se frappe le front à l'aide de sa paume, halluciné par ma stupidité. Je détourne le regard, honteux de mon comportement. C'était puéril de réagir de la sorte, je sais bien. Justement parce que Yoongi est ma première vraie relation j'aurais dû me comporter en adulte et communiquer avec lui au lieu de me renfermer dans mes délires paranoïaques. Mon ami à côté de moi ne fait que renforcer ce sentiment.
« - Mais t'as absolument rien dans le crâne ma parole... Tu m'étonnes que Yoongi soit vexé, il a pas du bien apprécier le fait de sortir avec un gamin pareil.
-Il me l'a bien fait comprendre effectivement, je souffle.
-Oh Taehyung désolé ! J'aurais pas dû le dire comme ça, c'était indélicat de ma part. »
Et me voilà de nouveau embarqué dans une étreinte made in Jeon Jungkook. Je suis pratiquement étouffer contre son torse (plutôt musclé il faut l'avouer) mais je ne m'en plains pas. J'ai besoin de cette proximité pour apaiser les tourments de mon cœur et les doutes de mon esprit.
« - Il t'a dit quoi exactement ?
-Qu'il était blessé parce que d'après lui, je n'ai pas assez confiance en lui, je lui réponds d'une voix étouffée. Et qu'il aurait voulu que je me confie parce qu'il m'aurait rassuré, exactement comme tu l'avais prédit. Il a aussi dit que je comptais beaucoup pour lui et qu'il se sentait trahis de mon manque de confiance. Puis quand il est parti, il m'a ordonné de le laisser seul un moment.
-Bon, le point positif, c'est qu'il t'a dit qu'il tient à toi, c'est le principal non ? »
Je m'écarte de sa poitrine beaucoup trop agréable pour croiser ses yeux des miens brouillés de larmes et acquiesce.
« - Et maintenant tu vas lui laisser un peu d'espace pour que la colère retombe et que vous preniez tous les deux du recule, OK ? »
Je suis soulagé qu'il prenne les choses en main et lui fait savoir par un petit sourire. Mon peu de confiance en moi s'étant barré en courant, ça me rassure de savoir que quelqu'un sait quoi faire dans cette situation. C'est tellement plus simple de suivre des directives que de les créer soi-même.
« - Du coup interdiction de le bombarder de messages avant au moins trois jours, compris ? – Je lui confirme dans un mouvement de tête – Après, tu lui proposes un rendez-vous, ici ou ailleurs, comme tu veux. Et tu t'excuses platement, tu lui dis que tu regrettes et tout le reste, qu'il compte plus que tout pour toi, ce que tu veux je m'en fiche mais c'est à toi de faire le premier pas. »
Son doigt s'approche dangereusement de mon nez et je ne peux m'empêcher de loucher dessus. Il en est tellement menaçant que je m'empresse d'hocher la tête frénétiquement en déglutissant bruyamment.
« - Et là, maintenant c'est à toi de faire travailler tes méninges. Tu vas devoir trouver un moyen de lui prouver que tu as confiance en lui. Un truc spécial entre vous, et pour ça je ne peux pas t'aider. C'est à toi de sauver ta relation. »
Mon regard se baisse instinctivement. Je sens d'ores et déjà le stresse me gagner et les battements de mon cœur s'accélérer. Je déteste prendre des initiative, avancer dans le flou. J'ai l'impression que quoi que j'entreprenne ce sera forcément nul et raté, un peu comme moi. Que je ne serai jamais à la hauteur de ce que l'on me demande. Et pour ça plus que n'importe quoi d'autre, tout repose sur mes épaules.
Mais Yoongi le mérite. Notre relation mérite que je sorte de ma zone de confort et que je me batte pour la récupérer. Même si je ne suis pas sûr de moi et que mes idées sont encore brumeuses et bancales, je vais y aller jusqu'au bout parce qu'il y a enfin quelque chose que je désire vraiment, et je me donnerai les moyens de l'atteindre.
Je relève enfin le regard et le plante dans celui du brun. Il semble déchiffrer mon âme à travers mes iris et discerner lez feu qui m'anime dorénavant et la volonté qui me pousse à aller de l'avant. J'essuie les restes de mes larmes en me jurant que se seront les dernières que je verserais aussi bêtement, et annonce d'une voix forte et déterminée :
« - Merci infiniment Kook, tu m'aide énormément. »
Je sers ses mains dans les miennes et le sens ému de mes paroles. Lui aussi a besoin de se sentir utile et apprécié. Je note dans un coin de mon esprit qu'à l'avenir il faudrait que je lui dise plus souvent combien il compte pour moi.
« - Je vais y aller maintenant, il me reste pas mal de choses à faire du coup, je dis en rassemblant mes affaires. Combien je te dois pour les conso ? »
Il me regarde un instant déstabilisé avant de murmurer :
« - Mais enfin, Yoongi m'a déjà réglé toute la commande... »
Comment fait-il pour que même lorsqu'on se dispute il soit toujours aussi parfait et irréprochable ?
***
Je pianote nerveusement sur la table avec mes doigts tout en frappant du pied contre le carrelage du Déliçacafé. Il faut avouer que pour le coup, je n'ai pas été bien original pour notre rendez-vous que j'espère pouvoir nommer à l'avenir « réconciliation ». Il y a cela trois jours je lui avais proposé de but en blanc que l'on se retrouve à notre café habituel pour s'expliquer. J'avais été surpris de ma propre initiative et du message si direct. Mon style aurait plutôt été de tergiverser cent cinquante ans avant de lui envoyer un message incompréhensible, puis de le corriger, le recorriger et m'embrouiller totalement les pinceaux. Alors que là, je lui avais juste envoyé un « Samedi 17h au Déliçacafé. J'ai besoin de te parler. » clair et précis. A croire qu'à force de trainer avec lui, son swag et sa confiance en lui avait déteint sur moi. Mais j'avais encore plus halluciné en recevant sa réponse. D'accord, c'était un simple « OK. » mais il avait accepté ma proposition et cela, moins de cinq minutes après que je lui ai envoyé le message.
Cependant, je n'avais pas pu résister à l'envie de lui envoyer des dizaines de messages entre temps, tous plus niais les uns que les autres auquel il n'avait accordé aucune attention. J'avais un peu honte de me montrer aussi dépendant et vulnérable à ses côtés, mais paradoxalement j'étais persuadé qu'il n'utiliserait jamais ces informations pour me nuire.
Toujours est-il que mon téléphone indique maintenant 17 h 15 et qu'il n'est toujours pas arrivé. Ajoutez à cela que je suis arrivé avec 15min d'avance et voilà, ça fait une demi-heure que je l'attends et autant de temps à stresser comme un crétin à me ronger les ongles. J'imagine toute sorte de scénarios dans ma petite boîte crânienne, comme le fait que finalement il se soit rendu compte que je ne lui plaisais pas tant que ça, ou bien que je l'avais tellement déçu qu'il ne voulait jamais me revoir. Ou bien pire ! Qu'il ait rencontré quelqu'un d'autre.
Je gémis à cette pensée et fourra ma tête entre mes bras. Le sucre dans mon sang provenant des quatre chocolats chauds que j'ai commandé durant mon attente prolongée ne fait qu'accentuer mon malaise et me donne juste envie de frapper un grand coup dans la chaise désespérément vide en face de moi. Je suis tellement pathétique.
« - Salut Tae... Désolé pour le retard, mon petit frère a choppé la grippe et j'ai dû aller lui chercher des médocs en quatrième vitesse. »
Cette voix me fait immédiatement relever la tête et dévisager la personne qui vient d'arriver comme si c'est la première fois que je le vois. Son look totalement noir me fait fondre, comme d'habitude, et l'écharpe grise qu'il a ajoutée donne un côté plus doux à l'ensemble, cependant très largement contrebalancé avec le bonnet vissé à sa boite crânienne. Mon regard remonte le long de sa silhouette et tombe sur son regard fuyant et ses joues rosies. Je ne sais pas si il est mal à l'aise d'être de nouveau devant moi ou bien désolé d'être en retard. En tout cas, il est absolument adorable et je me sens toute chose de le revoir enfin en chair et en os.
« - Je... C'est rien vraiment ! Je ne t'attendais pas depuis longtemps. Et puis il vaut mieux s'occuper de son frère, c'est plus important. Euh... Il- il va bien ? »
Yoongi a dû remarqué mon empressement et ma panique puisqu'il se met à sourire, sûrement se moquant de moi et prend place sans que je ne l'y ai invité.
« - Oui, il va s'en sortir sans problème. C'est juste que ça met ma mère en panique et qu'elle ne veut absolument pas quitter son chevet. Résultat des courses, c'est le brave Yoongi qui se charge de tout.
-Oh tant mieux alors ! je m'exclame avec un peu trop d'entrain. Enfin pas que tu t'occupes de la maison mais que ton frère aille bien. Enfin qu'il soit en voie de guérison... Bref tu m'as compris. »
Cela m'avait manqué, ces discussions sans grand intérêt, son air moqueur et mes rougeurs spontanées. Je me crois presque retourner à l'époque pas si lointaine où tout allait bien, où je n'avais pas fait tous ces faux pas, à la douce époque de la découverte et du flirt.
Malheureusement, Jungkook vient briser ce moment de douce tranquillité pour prendre la commande du grisé (qui ne diffère pas de d'habitude). Après le départ de notre ami, un silence pesant vient à flotter dans l'air et tendre mes membres, bientôt coupé par mon vis-à-vis.
« - Du coup, qu'est-ce que tu avais à me dire Taehyung ? me demande-t-il avec cet air sérieux que je ne lui connais pas. »
Je déglutis, mal à l'aise, sentant de nouveau l'anxiété venir grignoter mon estomac. La peur de gâcher définitivement notre relation est forte, mais celle de le voir repartir sans rien n'avoir pu mettre au clair domine tout le reste. C'est finalement cette partie de moi, celle de la vérité et du regret qui prend la parole :
« - Je voulais m'excuser. Pour ce que je t'ai caché et ce que j'ai inventé futilement et sournoisement. Je me suis rendu compte combien mon comportement avait pu te paraître blessant et irrespectueux, et de combien je m'étais trompé sur ton compte. J'avais cru, à tort, que je ne comptais pas pour toi et que je n'étais pas important à tes yeux c'est pourquoi j'avais trouvé le moyen de rester le plus longtemps possible à tes côtés. C'était juste stupide, complètement con et... »
Je me coupe dans mon monologue, à court de mots. Son regard sur moi me déstabilise totalement. Il n'a jamais pris un air aussi fermé, tant et si bien que je n'arrive pas à décrypter ses pensées et cela m'inquiète au plus haut point.
« - Cette semaine a été la plus longue de toute ma vie. Je me suis fait violence pour ne pas t'appeler trois fois par jour pour te dire que j'étais désolé et que je voulais que tu reviennes. Maintenant... Maintenant j'ai bien compris la leçon et je ne recommencerai pas. Excuse-moi Yoongi-hyung. »
Voilà, j'ai enfin fini d'exposer ma pensée. Même si je n'ai pas pu dire tout ce que j'ai soigneusement préparé (ma mémoire s'étant fait la malle au moment où son regard s'est posé sur moi) j'ai tout de même réussis à lui dire le principal. Chacun de mes mots, je les pense réellement et j'espère avoir pu atteindre un petit peu le cœur de mon argenté, qu'il ait vu en moi la sincérité que je porte à ce monologue.
Je relève alors le regard vers celui occupant chacune de mes pensées. Il a toujours ce visage aussi fermé, ses mains croisées sous son menton, ses sourcils froncés et ses yeux opaques. Il n'a pas l'air de vouloir accepter mes excuses. A cette réalisation, je sens les larmes venir titiller ma cornée. Est-ce que ça allait vraiment se terminer comme ça ? A cause d'une erreur aussi bête que j'essayais en vain de réparer ?
Contre toute attente mais pour mon plus grand bonheur, il semblerait que non. Yoongi pousse tout à coup un grand soupir avant de se cacher le visage d'une main et de se mettre à rire doucement.
« - C'est pas possible, je l'entend souffler. »
Une mine d'incompréhension se peint sur mon visage, effaçant toutes les larmes qui étaient en train de s'y former. Je ne sais pas si il n'arrive pas à me prendre au sérieux et se fout de ma gueule ou alors si il me trouve totalement pathétique de m'accrocher à lui alors qu'il y a plus rien à espérer. Et je ne sais pas laquelle des solutions je préfère, alors je lui demande directement :
« - Qu'est-ce qu'il y a ?
-Il y a que je suis qu'un idiot qui manque totalement de force mentale. »
Après cette phrase pas plus compréhensible, il se remet à rire. D'un rire franc et joyeux, un de ceux que j'ai rarement entendu sortir de sa gorge. Et instantanément, un large sourire rectangulaire vient étirer mes lèvres. Qu'importe qu'il soit peut-être en train de me rejeter, le voir rire est la chose la plus attendrissante qu'il m'ait été donné de voir. Alors je souri, tout simplement.
Ses gloussements s'estompent au fur et à mesure pour ne devenir plus que, comme moi, un large sourire. On reste un temps comme cela, avec le même air un peu stupide mais tellement agréable, avant qu'il ne reprenne ses explications :
« - En venant ici, j'avais préparé toute une liste de reproches à te faire et je comptais bien te laisser mariner quelques jours avant de t'accorder mon pardon mais il faut croire que ta bouille m'a beaucoup trop manqué, tes hésitations m'ont attendris et que tes mots ont atteint mon cœur. »
Je sentis alors le mien commencer une embardé dans ma poitrine et mes yeux papillonner à droite à gauche, trop heureux et choqué de ce qu'il venait de dire.
« - Ca veut dire que... Que... Que tu me pardonnes ?
-Oui.
-Et que... Qu'on sort encore ensemble ?
-Oui Tae.
-Et que... Que je vais encore pouvoir te tenir la main ?
-Oui, sourit-il.
-Et qu'on va encore s'embrasser ?
-Autant de fois que tu le voudras.
-Alors je peux te faire un bisou maintenant ? »
Pour toute réponse, l'argenté ouvre grand ses bras et je n'hésite pas plus longtemps avant de m'y jeter. Qu'est-ce qu'ils m'avaient manqué ! Ces bras qui me protègent et me font sentir comme la plus importante des personnes sur cette Terre. Son odeur aussi m'a manqué, son parfum qui affole mes sens, elle semble partout, immuable et invincible. Ses caresses aussi. Ses grandes mains qui lissent mes cheveux comme elles le feraient avec le pelage d'un chat. Un peu plus et je me mets à ronronner. Au final, tout en lui m'a manqué et je me sens de nouveau complet, là, au creux de ses bras. Je ne sais comment il a fait pour me rendre accro à ce point, mais il a bien réussis son coup.
Je relève timidement le visage afin de pouvoir l'observer de près, d'encore plus près. Ses grands yeux ne sont plus fermés mais laissent transparaître tous les sentiments. Et cette avalanche me bouleverse, cette aura protectrice qui m'entoure et me berce, cette confiance qui, lui, n'a jamais perdu, cet amour qui me transcende. Je ne résiste pas plus longtemps à l'appel de ses lèvres bien trop tentatrices et leur vole une simple caresse. Suivie d'une deuxième, d'une troisième avant d'enfin totalement les liées des miennes. Je redécouvre le plaisir et le bonheur d'embrasser. Mais pas n'importe qui, Yoongi, le premier et le seul homme que j'aime, celui qui m'a invité et embarqué dans le monde splendide de la vie de couple. Ma langue se fraie un passage entre mes deux lèvres et vient, tendrement, gouter à celles de mon vis-à-vis. Je me délecte de leur texture et de leur présence avant de m'écarter. Il ne faut pas abuser des bonnes choses. Je garde cependant mes yeux fermés, profitant le plus longtemps possible de l'empreinte laissée par mon petit-ami. Petit-ami... Rien que cette appellation me fait vibrer.
Son front vient alors se coller au mien et le son mélodieux de son rire parvient jusqu'à mes oreilles.
« - Tu es décidemment trop mignon, comment voulais-tu que je résiste à t'accorder mon pardon ? »
Mes yeux se rouvrent et je me mets à le fixer, un air taquin qu'il reprend à la perfection.
« - Je ne voulais pas que tu me résiste justement, je lui chuchote. »
Il se rapproche de mon visage et vient cueillir mes lèvres, m'emportant à nouveau dans ce pays magique de sensations où mon ventre fourmille et mon cœur tambourine un peu trop vite pour que cela soit conseiller. Mais qu'est-ce que j'y peux, j'aime vivre dangereusement.
Je passe l'une de mes mains derrière sa nuque et me sépare de sa bouche. J'ai enfin trouvé le courage de lui proposer mon ultime idée pour celer notre réconciliation.
« - Est-ce que tu voudrais rencontrer ma famille ? »
Ses mains se crispent sur ma taille et je le vois effectuer une grimace. Il n'a pas l'air d'apprécier ma surprise et je ne cache pas que cela me blesse un peu.
« - Tu ne trouves pas que c'est un peu tôt ? avance-t-il.
-Je... Je sais que ça ne fait qu'un mois qu'on sort ensemble, et en plus on vient de sortir d'une période de pause mais... »
Mon souffle se bloque au milieu de ma gorge sous le coup de l'émotion. C'est dur pour moi de lui proposer de rencontrer ma famille. Je suis l'aîné de trois garçons, celui qui n'a jamais eu de quelconques aventures alors que mes petits frères ont tous eu une amoureuse dès la petite section. J'ai toujours complexé, sans vraiment m'en rendre compte, d'être le seul à ne pas avoir trouvé de pair, d'être l'éternel célibataire alors que je suis le plus âgé et celui sensé avoir le plus d'expérience. J'ai, depuis toujours, comblé ce manque de confiance par une attitude un peu excentrique et bruyante, alors que tout ce que j'espérai était d'être accepté. Mes parents forcément au courant de ce trait de caractère, me demandent très régulièrement si je n'ai pas quelqu'un, et dernièrement il a été difficile pour moi de mentir alors qu'enfin j'étais en couple. C'est pour cette raison, et bien d'autres, qu'il est important pour moi de leur présenter Yoongi.
« - Mais je me disais que c'était une bonne idée, enfin que ça te prouverait que je prends notre relation très au sérieux. Enfin, si tu trouves ça trop rapide ou que t'as pas envie de les rencontrer ou que ça te stresse trop ou n'importe quoi d'autre, on peut reporter à plus tard, je m'empresse d'ajouter en secouant les mains devant mon visage pour cacher mes rougeurs comme un enfant le ferrait. »
J'ai incroyablement honte de réagir de la sorte, d'être aussi ridicule. Bien sûr qu'il va me prendre pour un faible sentimentaliste, niais par-dessus bord ! Mais qu'est-ce que je peux être con parfois, je n'aurais pas pu fermer ma bouche ?
Très vite, Yoongi attrape mes mais qui gigotent toujours misérablement devant mon visage pour entrelacer nos doigts et ainsi, calmer la course effrénée de mes pensées. Je rouvre les yeux, hésitant, mais le sourire que m'offre mon petit ami vaut l'effort que je viens de fournir.
« - Bien sûr que j'ai envie de rencontrer ta famille, m'avoue-t-il. Ma réaction était juste... Spontanée ? Mais ça me fait chaud au cœur de savoir que je compte autant pour toi, au point de m'intégrer aussi rapidement dans ta famille. Du coup, oui.
-Oui quoi ? je demande, bêtement.
-Oui j'ai envie de rencontrer ta famille. »
Un tendre sourire vient retrousser la commissure de mes lèvres alors que Yoongi couvre mon visage d'adorables bisous papillons.
« - On y va maintenant ?
-Maintenant ? s'étonne-t-il.
-Oui, maintenant ! Je suis tellement impatient que ma mère te voit, elle va te trouver trop mignon et te gâter comme jamais, je pouffe. »
Précipitamment, je me redresse sur mes deux jambes et l'entraine à ma suite, hilare. Mon rire à l'air communicatif puisque je sens Yoongi derrière moi se détendre considérablement.
On s'arrête au comptoir de Kookie et il observe nos mains entrelacées tout sourire.
« - La réconciliation s'est bien passée à ce que je vois, nous taquine-t-il.
-Oui, comme sur des roulettes, je lui réponds avec un clin d'œil.
-Pff... Avec tout ça j'ai pas osé vous déranger et ta commande est prête depuis longtemps et j'ai même pas pu te l'apporter, râle le brun.
-Désolé Kook, mais tu vas pouvoir la garder, dit Yoongi. Avec Tae, on est pressé. »
Jungkook nous regarde un instant avec étonnement avant d'un sourire qu'on pourrait qualifier de pervers ne vienne déformer ses traits.
« -Oh ~ Pressé dans quel sens ? »
La danse qu'effectuent ses sourcils est autant ridicule qu'équivoque.
« - Y-Yah ! je m'exclame, le rose aux joues. Arrête avec tes allusions, on va juste chez moi. »
Les deux garçons explosent alors de rire sans que j'en ne comprenne la raison, avant que le sous-entendu involontaire de ma phrase ne me saute au visage.
« - Mais- Mais pas dans ce sens là ! Vous êtes vraiment des gros beaufs ! Rhôo et puis zut, je vous embête, je conclus alors que leurs rires de hyènes ne se stoppent pas. »
Je croise les bras sur ma poitrine tout en gonflant les joues et me dirige vers la porte de sortie pour bouder. Non mais ! Ils ont réussis à me rendre mal à l'aise. Et j'ai horreur d'être mal à l'aise.
Des pas me rattrapent alors que j'accélère ma cadence sur le béton. Son bras fin vient entourer ma nuque et mon irritation disparait aussi vite. Comment pourrais-je seulement faire semblant d'être en colère contre lui ?
« - Taehyung ! Faut pas le prendre comme ça, c'était juste une blague.
-Oui bah elle était de très mauvais gout. »
Je tourne mon visage de moitié et lui tire la langue. Nous restons un instant stoïque de mon enfantillage avant d'éclater de rire. On est toujours sur la même longueur d'onde, c'est aussi fou qu'agréable. Ce lien qui s'est créé au fil du temps entre nous est certainement la chose auquel je tiens le plus au monde et ce que je crains le plus de perdre, mais à contrario c'est ce qui risque le moins de disparaître. Les sentiments sont aussi longs à s'installer qu'à s'éteindre.
Main dans la main, sa paume diffusant une douce chaleur tout le long de mon bras, nous continuons d'avancer vers mon appartement tout en discutant de choses et d'autres, futiles discussions des gens heureux. Car c'est ce que nous sommes, heureux de s'être retrouvé, heureux de s'être ouvert l'un l'autre, heureux de pouvoir avancer de nouveau ensemble.
Et bien que je sente l'appréhension monter progressivement dans ses gestes et dans sa voix à mesure que la distance entre lui et ma famille se réduise, son sourire rassurant me confirme que j'ai fait le bon choix. Je peux être fier de moi.
Finalement la façade de mon immeuble apparait devant nos yeux. Je tape rapidement le code d'entrée et m'engouffre dans la cage d'escalier un petit peu vieillotte, Yoongi sur mes talons. Je le sens déglutir dans mon dos et sa main vient instinctivement rejoindre la mienne. Je la sers furtivement et continue mon ascension jusqu'au troisième étage, au numéro 7. La poignée émet un « clac » inquiétant lorsque je l'abaisse, signe qu'il faudrait peut-être penser à la faire réparer un jour, et j'envoie un sourire au grisé qui me le rend difficilement avant de m'éclairer la voix pour lancer :
« - Coucou je suis rentré ! »
Je retire mes converses usées et fais signe à Yoongi de m'imiter, puis les range dans le meuble prévu à cet effet alors que la chaude voix de ma mère se fasse entendre depuis sa chambre.
« - Coucou mon poussin, ça s'est bien passé ton après-midi ? »
On peut dire qu'elle s'est effectivement fort bien passée, même mieux que dans mes rêves les plus fous.
« - Oui, très bien même, je lui répond. D'ailleurs j'ai quelqu'un à te présenter... »
Un remue-ménage s'enclenche alors que ma mère semble descendre difficilement d'un tabouret et s'empresse de venir nous rejoindre dans l'entrée.
« - Quelqu'un... ? Quelqu'un comment ? Proche, très proche ou... Oh ! »
Elle vient d'apparaître au bout du couloir et s'est immédiatement arrêtée dans son cheminement en apercevant la personne à mes côtés, et certainement nos mains entrelacées. Sa bouche forme un O parfait alors que son regard monte et descend le long de la fine silhouette de mon compagnon, le détaillant sous toutes les coutures. Elle semble impressionné par son style caractériel (je suis absolument certain que c'est la première fois qu'elle rencontre quelqu'un avec autant de boucles d'oreilles) et ma poitrine se gonfle de fierté. Ce garçon charismatique et beau à tomber, c'est le mien ! Je le sens d'ailleurs commencer à se tendre et se balancer de droite à gauche, mais bien heureusement cet instant gênant ne dure guère plus que quelques secondes puisque ma génitrice s'approche de lui les yeux brillant et le sourire lumineux.
« - Enchanté, Mme Kim, s'incline mon petit-ami, toujours aussi poli et bien élevé (parfait en somme, mais je pense que vous l'avez compris depuis le temps). Je m'appelle Min Yoongi.
-De même Yoongi, mais appelle moi Minhae et tutoies-moi sinon ça va devenir gênant parce que je suppose que ça ne va pas être la dernière fois que tu viens à la maison, l'accueille-t-elle dans une étreinte chaleureusement avant de se tourner vers moi. Et toi tu ne m'avais rien dit petit cachottier ! »
Sans que je m'y attende, sa main insidieuse vient rencontrer mon point sensible, c'est-à-dire le milieu de mes côtes. Et le résultat est immédiat, je commence à me tortiller dans tous les sens et explose d'un rire incontrôlable.
« - Je m'excuse haha... Je suis désolé ha, je recommencerai plus... j'arrive à articuler difficilement.
-J'espère bien, fait-elle en me délivrant enfin de sa torture. Tu restes manger Yoongi ? Ce sera l'occasion de faire connaissance. »
Le cendré tourne le regard vers moi avachis au sol en tentant tant bien que mal de reprendre mon souffle, et je hoche la tête pour lui signifier que je suis d'accord avec ma mère. Après tout, je ne l'ai pas emmené jusqu'ici pour juste faire un coucou à ma mère et le chasser juste après.
« - Ce sera avec grand plaisir mada- Minhae, accepte-t-il en s'inclinant encore une fois. »
Qu'est-ce que je disais : juste parfait. Et ma mère semble être du même avis que moi puisqu'elle se penche à mon oreille alors que j'ai finalement réussis à me redresser sur les fesses, pour y chuchoter assez fort pour que le principal concerné entende :
« - Comment tu as fait pour te dégoter quelqu'un d'aussi attentionné que lui ?
-Je ne sais pas, il est tombé du ciel, je lui réponds sur le même ton conspirateur. »
Je vois Yoongi rougir du coin de l'œil ce qui me réchauffe le cœur. Ma mère m'ébouriffe les cheveux en se relevant et les mains sur les hanches, nous annonce qu'elle va de ce pas préparer le repas et qu'on n'a pas intérêt, je cite « trainer dans ses pattes et tout faire rater » et qu'on devrait « aller dans ma chambre sans faire de bêtises s'il vous plait ! » Pourquoi est-ce que tout le monde pense que si on est adolescent, en couple et seul dans une chambre il va forcément se passer quelque chose ? Mais apparemment ce sous-entendu fait rire Yoongi alors je ravale ma réflexion et l'entraine jusqu'à ma chambre.
Je pousse un long soupir de soulagement à peine la porte refermée dans mon dos. Savoir que ma mère accepte, à bras grands ouverts qui plus est, Yoongi au sein de la famille enlève un poids de ma conscience. J'ai toujours été le plus proche de ma mère, le premier, un peu frêle, très timide, qu'il faut protéger et s'occuper, celui qui ne connais pas grand-chose de la vie et à qui il faut tout apprendre. Elle a toujours pris soin de moi, comme toutes les mères je suppose. Mais cela a créé un lien fort entre nous et j'avais peur qu'elle prenne mal le fait que je sois maintenant en couple, comme une envie de liberté et d'émancipation, et qu'elle en soit blessée. Mais finalement, elle a juste été surprise aux premiers abords et l'a immédiatement mis à l'aise, et rien que pour ça j'avais envie de rouvrir cette porte pour courir lui faire un câlin. Maintenant qu'elle est au courant, le reste sera bien plus simple.
« - Elle est mignonne ta mère. »
La voix basse de Yoongi me ramène à la réalité. Je ne me suis même pas rendu compte que je me suis arrêté en plein milieu de ma chambre et que le gris me regarde depuis déjà quelques secondes déjà sans rien dire. J'hoche finalement la tête et lui souris.
« - Oui, elle t'aimes déjà beaucoup. »
Toujours aussi modeste, Yoongi se contente de hausser les épaules avant de porter son attention sur l'environnement qui nous entoure. Ses yeux parcours mes murs blancs (originaux) à moitié dissimulés derrière de trop nombreux poster à l'effigie de certain grand groupe de kpop ou pop américaine, de série et animé divers et variés. Il s'arrête un instant sur mon bureau orné de nombreuses photos de ma famille ou bien de mes amis, et plus particulièrement sur une photo de nous deux bien mise en valeur, la plus au centre possible du cadre placé au-dessus du meuble. J'aime cette photo random prise au Déliçacafé, elle me rappelle à chaque fois nos nombreux rendez-vous dans ce lieu et m'aide à me concentrer quand je fais mes devoirs ou bien me remonte un peu le moral le dimanche soir avant de devoir retourner au lycée. Je le vois sourire à ce petit détail qui a tout de même son importance et continuer son inspection en direction de ma penderie, très garnie. J'ai toujours aimé m'habiller et faire les magasins. On pourrait croire au parfait cliché du gay qui passe ses journées entourées de filles au centre commerciale à faire essayage sur essayage pour trouver la pièce unique, pourtant c'était juste la vérité : j'aime m'habiller. C'est une manière que j'ai trouvé pour me donner confiance en moi, en sublimant ma silhouette. Je me sens rassuré et protégé lorsque je suis emmitouflé dans de beaux vêtements. Il passe sa main sur les nombreux tissus, palpe les matières avec concentration comme si il cherchait à en percer les mystères puis finit par remarquer le lit juste à côté. J'ai soudainement honte des nombreuses peluches qui s'y trouve, particulièrement de Titou, le bébé tigre qui me suit depuis ma naissance. Mais à cet instant, je l'aurais brûlé sans hésiter si cela aurai pu m'éviter la honte de passer pour un enfant de six ans devant lui.
« - Ne fais pas attention à ça, je le préviens en camouflant la cause de ma honte derrière mon dos. C'est rien du tout, je devrai m'en débarrasser...
-Mais non pas du tout, je trouve ça mignon. »
Je rougis encore une fois comme un crétin et repose Titou (qui est soudainement devenu mon objet préféré de l'univers entier) sur les draps avant de moi aussi m'y installer. Je ramène mes genoux tout contre ma poitrine et dissimule ma tête entre parce que zut ! En plus de m'être pris la honte en lui dévoilant mon pêché mignon voilà qu'en plus je n'ai même pas réussis à en ressortir digne. Le matelas à côté de moi s'affaisse et je relève ma frimousse lorsque je sens sa main glisser dans ma nuque.
« - Ça te dirais qu'en attendant le repas on regarde un film ? propose-t-il. »
Un film = activité sympa et ludique favorisant de forts rapprochements de type tactile et petits bisous mignons en option. Je secoue frénétiquement la tête de haut en bas, arrachant un rire moqueur de la bouche de mon amoureux, et ouvre avec empressement mon ordinateur pour voir ce que Netflix propose, et aussi pour ne pas rougir une fois de plus comme un gros crétin.
Après moulte réflexions (ou plus exactement un énorme forcing de ma part), nous nous installons devant un film à l'eau de rose bas de gamme, ce genre de film où le scénario laisse grandement à désirer mais où tu ne peux pas t'empêcher d'accrocher à l'histoire et de verser une petite larme à la fin. C'est d'ailleurs ce que je ne manque pas de faire une grande partie du visionnage, vivant à 100% l'histoire de cette jeune fille mise à la rue, recueillit secrètement par un grand riche au cœur tendre. Original, je vous l'avais dit. N'empêche qu'à chaque fois que la scène devient un peu émouvante, et que je me mets malgré moi à renifler, Yoongi me serre un peu plus contre lui, ou bien me fait un petit bisou sur le front en lançant une remarque du genre « c'est qu'un film, Tae.. » légèrement sarcastique mais tendre à la fois. Je me pris même à simuler quelques larmes pour avoir droit à une caresse de plus, un baiser en rab.
Cependant, les choses deviennent beaucoup plus compliquées au moment un peu « hot » du film. La jeune héroïne, appelons-là Andy parce que je n'ai aucune foutue idée de comment elle se nomme, vient en effet de se dévêtir de son haut et la caméra nous gratifie d'un plan plus que suggestif sur sa charmante poitrine. Ce ne serai pas un problème, ni Yoongi ni moi n'étant attiré par ce genre de chose, si seulement le mec, Brandon on va dire, ne commençait à faire de même de son côté. Et comment dire que rester insensible devant un acteur, américain, blond et foutu comme un putain d'apollon n'est pas chose aisée. Surtout quand ma tête repose depuis le départ sur la cuisse du grisé, que je sens se tendre plus la scène avance.
Vite Taehyung, une idée !
OK... Se redresser à la vitesse de la lumière, frappant au passage le menton de ton petit-ami, tout ça pour claquer d'un coup sec l'écran de ton ordinateur (qui doit être cassé à l'heure qu'il est) n'étais ni discret, ni très délicat.
Je me frotte en grimaçant le haut de mon crâne tandis que Yoongi fait de même avec son menton. Je n'ose d'ailleurs pas le regarder, étant sûr et certain d'y trouver le regard moqueur qu'il affectionne tant. Mais pour le moment, je suis mort de honte. Evidemment qu'avec ce genre de comportement il va deviner que je suis totalement novice dans ce domaine, voir absolument ignorant, et encore une fois je vais passer pour le gros bébé de service. Pourtant, ce n'est pas ma faute ! Ce n'est pas que je n'ai jamais ce genre de pensées, juste personne avec qui m'imaginer. Bien sûr, maintenant j'ai Yoongi mais...
« - Est-ce que ça va ? »
Perdu dans mes réflexions, j'ai presque failli ne pas entendre la douce voix de mon vis-à-vis.
« - Oui bi- bien sûr mais c'est toi plutôt, je ne t'ai pas fait mal ? Je suis vraiment désolé, je voulais pas te frapper comme ça, juste je suis tellement maladroit, je débite à toute vitesse tout en inspectant son menton sous toutes les coutures.
-T'inquiète pas c'est rien, vraiment. Je sais que tu n'as pas fait exprès, marmonne-t-il difficilement à cause de toutes mes manipulation autour de son visage. Mais Taehyung – il stoppa mes mouvement fébriles et inutile en enlaçant mes paumes de mains – ça te gène ce genre de chose ? »
Merde. Je m'enfuirais bien en courant mais, malheureusement ou heureusement, il me retient fermement par les poignets. La seule chose dont je suis apte, c'est de détourner le regard et le planter dans un des coins de ma chambre. Tiens, pourquoi il y a une punaise au sol ? Il faudrait que je la ramasse, ça pourrait être dangereux...
« - Regarde-moi s'il te plait, me tonne Yoongi. »
Sous son ton autoritaire étonnamment tendre, je ne peux que m'exécuter. Penaud, je fige de nouveau mon regard dans le sien et il me sourit. Ses longs doigts viennent caresser ma joue rosie et esquisser de petits cercles sur toute sa surface.
« - Tu n'as pas à être gêné d'être gêné... Cette phrase n'a aucun sens, excuse-moi, rit-il doucement. Ce que je veux dire c'est que tu as tout à fait le droit de ne pas être à l'aise avec ça, mais je préfère que tu m'en parle plutôt que tu t'affole comme tu viens de la faire, d'accord ? Tu n'as pas à te cacher, pas avec moi. »
Pourquoi arrive-t-il à chaque fois à toucher là où il faut ? Comment fait-il pour trouver à chaque fois les mots qui me rassureront à coup sûr ? Quelle sorte de sorcellerie utilise-t-il pour me faire tomber toujours un peu plus amoureux de lui ?
Je ne résiste pas plus et va plonger ma tête au creux de son cou, m'imprégnant de son odeur.
« - C'est pas que je suis mal à l'aise, enfin si mais pas parce que j'y connais rien, enfin un peu mais bref... C'est juste que... Enfin, comme on est en couple bah... C'est gênant ?
-Ca ne devrait pas l'être. Oui on est en couple, oui parfois je pense à toi sans tes vêtements, oui des fois c'est nous que j'imagine dans ce genre de scène, et alors ? C'est normal non ? »
Il a l'air tout de suite moins sûr de lui, comme si il avait peur de me brusquer. Pour contredire cette impression, j'hoche fortement la tête contre son torse.
« - Moi aussi, je... Des fois je pense à toi... Comme ça, je bredouille. »
Je le sens soupirer dans mes cheveux, certainement soulagé de savoir qu'il ne m'a pas effrayé et qu'il n'est pas passé pour le gros pervers de service par la même occasion. Mais enfin c'est normal ce qu'il dit ! Si j'avais plus confiance en moi, ça ferai longtemps qu'on aurait sauté le pas. Seulement, Yoongi, en homme parfaitement attentionné qu'il est, s'est toujours retenu d'en parler jusqu'à aujourd'hui, et attend avec une patience d'ange mon feu vert pour démarrer quoi que ce soit. Est-ce que vous avez encore des doutes sur le fait qu'il est absolument et définitivement parfait ? Moi non.
Un doigt sous mon menton, il me relève le visage toujours enfouit dans ses vêtements et me sourit, puis prend délicatement en otage mes lèvres. Mes yeux se ferment, par automatisme, et je me laisse bercer par le flot de sensations qui se déverse en moi. Chaque nouveau baiser est une découverte, toujours différent des précédents. Si je devais qualifier celui-là par une couleur, je dirais le orange du soleil levant, chargé de promesses.
La porte s'ouvre sans aucune discrétion, et en grand parce que sinon ce serai pas drôle, laissant apparaître la tête brune de Jeonggyu, mon plus jeune frère.
« - Taetaeeeeeee on maaaaaange ! s'égosille-t-il avant de nous remarquer, nous et notre échange salivaire. Oups, désolé... »
Il fait demi-tour, un petit regard espiègle en ma direction et repart fissa. Yoongi éclate de rire et descend de mon lit.
« - Il est mignon ton frère, dit-il. »
Puis il ajoute en remarquant mon expression éberluée :
« - On finira cette conversation plus tard. »
La bouche toujours grande ouverte (sexy non ?), j'amorce un mouvement bas/haut avec mon menton, alors que la voix criarde de mon frère résonne à travers tout l'appartement :
« - Maman ! Maman ! Tu devineras jamais ce que je viens de voir ! Et bin il y a Taehyung et son copain qui s'embrassait dans sa chambre, et pas un petit bisou comme ça, mignon et tout, non un bon gros roulage de pelle ! »
Je sens que ce repas va être long. Très long.
***
Finalement ça s'est mieux passé que ce que je craignais. Ma mère, comme d'habitude, a été la gentillesse et la prévenance incarnée, jonglant entre question purement subjective, ne rentrant jamais dans son domaine privé, et anecdotes amusantes sur mes frères et moi-même. Et bien que certaines de ses histoires étaient vraiment gênantes (elle n'était définitivement pas obligée de lui raconter comment je suis venue la voir en pleurant parce qu'une fille avait eu le culot de me dire qu'elle me trouvait beau), elle avait réussis à installer un climat jovial sur notre petite assemblée. Et bien que mon père soit resté tout du long dans un mutisme profond ponctué de rares sourires, et que mes frères se soient lancés dans un concours de « qui fera la blague la plus vaseuse », je suis satisfait de cette soirée. Yoongi a maintenant un bon aperçu de la vie que je mène, mes parents ont enfin pu rencontrer un de mes copains (le premier, mais chut...) et l'on accepté, ce qui ne pouvait pas me rendre plus heureux.
Et au vu du sourire qui orne les lèvres de mon petit-ami, lui aussi a apprécié ce repas.
Il est d'ailleurs en train de lacer ses chaussures sous mon regard attristé, tandis que le reste de ma famille s'affaire dans la cuisine. Ma mère m'a exceptionnellement exempté de tâches ménagères afin que je puisse raccompagner mon invité comme il se doit.
Cette journée a vraiment été forte en émotions, entre le stresse de notre rendez-vous et des excuses que je devais lui faire, le soulagement immense lorsqu'il m'a annoncé n'avoir jamais voulu réellement rompre avec moi, l'excitation de le présenter à ma famille, la honte devant le film, maintenant je me sens juste un peu vide. Comme si tous ces évènements, enchaînés les uns aux autres, m'avaient pompé toute mon énergie.
« - Ca m'a fait plaisir de rencontrer ta famille Tae, me dit-il en se relevant. C'était vraiment une très bonne idée, ils sont tous adorables et je me sens un peu plus comme faisant parti de ta vie. C'est plus, comment dire... Concret maintenant. »
Concret. Rien que ce mot fait monter en moi tout un flot d'émotion. Moi qui croyais être épuisé, je peux totalement courir un marathon en fait ! Concret. Cela veut dire que Yoongi prend vraiment notre relation au sérieux (si jamais j'avais encore des doutes). Concret. Ça veut dire que maintenant, ce n'est pas juste un flirt entre adolescents, mais bel et bien un couple qui se veut durer dans le temps. Concret, concret, concret...
« - La prochaine fois, c'est toi qui me présenteras à ta famille, je murmure.
-Je n'y manquerai pas. »
Les mains dans les poches, le bonnet vissé sur les oreilles, il est bien trop mignon et je le croquerai bien ici et maintenant si ma famille n'était pas juste de l'autre côté du mur. Malheureusement, la situation commence à devenir quelque peu gênante où ni lui ni moi ne savons donc quoi faire. Je n'ai pas envie de le quitter, pas maintenant alors que ma tête résonne encore des multiples promesses silencieuses qu'il m'a faites.
« - Oh non, ne pleure pas, s'il te plait, m'intime-t-il en passant son pouce à la bordure de mes yeux. On se voit mercredi, d'accord ?
-Oui, je chuchote, la gorge serrée par l'émotion.
-Voilà, c'est mieux. Souris Tae, tu es plus beau comme ça. »
Alors c'est ce que je fais. Je lui souris parce que, qu'importe ce qu'il me demande, je le lui offrirais.
Il s'approche de mes lèvres pour y déposer les siennes et conclure cette journée symbolique pour nous. Il reste en surface, doux, comme un rêve, un mirage. Une flopée de papillons prennent leur envol dans mon estomac, remonte le long de mon corps et explose en de millions de fleurs multicolores. Je vous le disais bien que chacun de ses baisers étaient une envolée lyrique, toujours originale.
Lentement, pour ne pas briser le charme, il détache nos lèvres mais ne s'écarte pas pour autant, bien au contraire. Il colle nos joues l'une à l'autre et son souffle vient se répercuter contre mon oreille, me faisant fondre de l'intérieur. Et alors que je crois mourir d'amour, il trouve quand même le moyen de porter le coup fatal en chuchotant :
« -Je t'aime. »
Ne me laissant pas le temps de répondre ni même de réaliser ce qui vient de se passer, la porte se referme sur sa silhouette, le laissant hors d'attente de ma voix.
Encore une fois, il m'a pris de vitesse.
***
Voilà plusieurs semaines que cette soirée est dernière nous. Nous avons continué à nous rendre à l'auto-école ensemble pour prendre nos cours (bien que Yoongi n'en ai plus besoin depuis longtemps), alternant ensuite entre révision intensives au déliçacafé ou bien séance de roulage de pelles sous le regard dégouté de Jungkook.
Le monde avance, et nous aussi. J'ai arrêté de vouloir le mettre sur pause, Yoongi m'a appris à avoir confiance en l'avenir. Grâce à lui, mes notes aux examens blancs du code se sont nettement améliorées, mais ce n'est pas le seul changement qui s'est opéré en moi. Dorénavant, je ne suis plus seulement le clown de service en cours, celui qui ne sers qu'à amuser la galerie mais me suis révélée comme un élève attentif et plein de réserve, avide d'apprendre ; mais aussi au sein de ma propre famille. Il m'a appris à m'affirmer, à dire tout haut ce que je n'osais exprimer et à me sentir bien dans mes baskets. Même si le chemin est encore long jusqu'à l'acceptation totale de moi-même, en avançant sur cette route ardue avec lui à mes côtés, je suis certain d'y arriver au bout.
Demain, je passerai d'ailleurs une nouvelle étape. Difficile pour moi, anxiogène.
Demain nous allons passer le cap.
On a rendez-vous pour notre examen final du code.
Enfin me direz-vous. « Depuis le temps qu'il nous rabâche les oreilles avec ce foutu code, il était temps qu'il le passe. » D'abord, d'où vous vous permettez de dire ça ? Et ensuite, c'est vraiment une étape importante pour moi. Je veux dire, ça va bouleverser profondément notre routine à Yoongi et à moi. Ma semaine était bien réglée. Lundi : aller à l'école. Mardi : aller à l'école + cours de saxophone. Mercredi : aller en cours + rendez-vous avec Yoongi à l'auto-école qui finissait généralement autour d'un verre offert par notre précieux Kookie. Jeudi : aller en cours + garder mes petits frères. Vendredi : aller à l'école et parfois retrouver Yoongi pour une séance de code ou juste le plaisir de se voir. Week-end : plusieurs séances de code + révisions à l'aide de Yoongi et soirée tranquille avec lui. Alors évidemment, si on m'enlève un élément de mon planning, je suis totalement perdu.
En vérité, si ce n'est que mon planning qui se modifie, ce ne sera pas vraiment un problème. La véritable raison pour laquelle je suis aussi angoissé est que le code, c'est mon premier lien avec Yoongi. C'est notre rencontre, nos premiers regards, nos premières approches un peu maladroites, notre routine. Un peu tout quoi. Et si on perd ça, qui me dit qu'on ne perdra pas le reste ?
Ma peur est certainement démesurée. Yoongi m'a de nombreuse, très nombreuse fois rassuré sur notre relation. Il me dit sans cesse que ce n'est pas le code qui a permis qu'on se mette en couple, mais notre attirance mutuelle. Et que si on s'était rencontré dans le cadre le plus bateau au monde, comme dans un café ou bien une salle de classe, il se serait passé exactement la même chose. J'aurais retenu son attention, et il serait venu me parler. Je ne suis pas d'accord avec lui. Pour moi ce lieu est spécial. Je l'ai vu pour la première fois ici, ça veut forcément dire quelque chose.
Alors j'espère simplement que nous serons plus forts que ça. Et que finalement, tout ça, ce ne sont que des superstitions de ma part.
En tout cas, ça semble bien parti dans ce sens-là. Parce que Yoongi, en parfait petit ami attentionné qu'il est (je vous saoule avec ça ? Pardon...) nous a préparé une soirée spéciale pour nous deux, rien que nous deux. Il connait mes angoisses, et même si je tente de lui en parler le moins possible car je sais que ça lui fait de la peine, il sait pertinemment qu'elles sont toujours là, enfouies dans l'ombre. Alors il s'est arrangé avec ma mère (aussi étrange que cela puisse paraître, ils sont devenus hyper complices tous les deux ! Si ça ne me faisait pas aussi plaisir, j'aurais été jaloux) pour avoir mon appartement libre. Je ne sais d'ailleurs toujours pas comment il s'est débrouillé pour nous laisser quartier libre jusqu'à 1h alors que mon propre couvre-feu est à 23h... Ses pouvoirs de persuasion doivent être excellents, ou alors ma mère l'aime bien trop pour lui refuser quoi que ce soit. Personnellement, je pencherai plus pour la seconde option.
Mais bref, nous y voilà. Installé sur le petit canapé de mon salon plongé dans la semi-pénombre, collé l'un à l'autre, un gros plaid en pilou-pilou recouvrant nos jambes, la télé allumé sur un drama qu'on vient de commencer, et le meilleur pour la fin, un énorme plateau de sushi sur la table basse. C'est peut-être une soirée lambda pour la plupart des couples, mais moi j'ai besoin de ça. Juste le sentir à côté de moi dans un moment banal, ça me rassure. Parce que justement c'est banal, c'est quelque chose que l'on pourra continuer après l'examen.
Encore une fois, Yoongi est tombé juste.
De base, je n'étais pas au courant de cette soirée. Je suis juste rentré chez moi comme les autres jours, en ayant cafard en supplément. Mais depuis que j'ai découvert non pas ma famille mais bien le grisé au milieu de mon salon avec une pile de boites de sushi dans les bras et un post-it collé à son front avec les mots « embrasse-moi » annotés, le sourire ne m'a plus quitté.
Est-ce que je vous ai déjà dit que j'ai le meilleur, le plus fantastique, le plus génialissime des petits-amis ? Très certainement.
Il vient d'ailleurs de rallumer la lumière, le premier épisode de notre série terminé, afin de manger notre succulent repas sans être gêné par le bruit continu du petit écran. Pendant ce temps, je rapproche la table du canapé où je m'assois en tailleur et commence à disposer chacun des mets dans nos assiettes respectives. Je me sers généreusement de california rolls (mes préférés) tandis que Yoongi se rassoit. Je me sers de mes baguettes pour amener un des délicieux sushi à ma bouche, mais mon petit-ami m'interrompt d'une tape sur le dos de ma main. Grognon mais obéissant, je repose la nourriture et lui montre mon mécontentement.
« - Quoi ? J'ai même plus le droit de me nourrir ?!
-Non. »
Il me lance un sourire énigmatique que je n'arrive pas à déchiffrer. Sans attendre plus de réaction de ma part, il récupère les bouts de bois délaissés dans l'assiette, coince mon sushi entre et le place face à ma bouche.
« - Fais AH... »
La lumière se fait alors dans mon esprit. En rougissant comme la dernière des prudes, j'entrouvre les lèvres et il y glisse le fameux sushi. Sans savoir trop pourquoi, il a un gout légèrement différent. Il semble plus doux. C'est sûrement juste dans ma tête.
« - Trop bon, je soupire d'aise, la bouche pleine.
-Je savais que ça te plairait. »
Il a l'air vachement fier de lui alors qu'il se sert lui aussi de maki. J'oublie souvent que lui aussi a besoin qu'on le rassure, et que je ne suis pas le seul à avoir peur que notre relation s'effrite. A l'avenir il faudra que je pense plus souvent à lui dire combien je l'aime, juste pour le plaisir de voir ce genre de sourire fleurir sur ses lèvres.
« - Oui, tu commences à bien me connaître, je ris.
-Il serait temps tout de même ! Ça va faire bientôt trois mois qu'on sort ensemble.
-Autant ? je demande, étonné. Pour moi c'était hier que ta beauté m'a éblouit lorsque tu es venu t'inscrire à l'auto-école. »
Yoongi explose d'un rire franc et spontané, se moquant certainement encore une fois de ma naïveté évidente.
Pourtant, les mots qui sortent de sa bouche me laissent coi.
« - Ma beauté ? Tu as été éblouit par ma beauté ? »
Il repart alors dans un fou rire plus nerveux qu'autre chose tandis que mon cerveau tourne à toute vitesse. La façon dont il a accentué le mot « beauté » est tout sauf innocente. Il l'a jeté comme un déchet, presque craché, une chose absurde dont il veut se débarrasser, oublier. Une plaisanterie qu'il ne faut pas prendre au sérieux. Sauf que c'est du sérieux.
Comment ai-je pu passer à côté de cette facette de sa personnalité aussi longtemps ? Je ne m'en étais jamais rendu compte jusqu'à maintenant, mais avec cette réflexion pouvant être anodine aux yeux des autres, j'ai réalisé quelque chose d'essentiel. Yoongi non plus n'a pas confiance en son corps. Contrairement à moi, il a confiance en lui, en ses choix et sa façon de penser, se démarquant volontairement du reste de la population par des choix vestimentaires qui lui sont propre, mais ça n'empêche pas le fait qu'il n'aime pas son corps.
« - Oui, ta beauté Yoongi, je lui répète sur un ton doux. »
Son rire cesse et il me regarde, interdit.
« - Tu vois de la beauté quelque part là-dedans ? »
Son ton fataliste me fend le cœur. N'y a-t-il que moi pour se rendre compte qu'il est la perfection incarnée, autant physique que psychiquement ?
Je pose délicatement mes baguettes sur la table ainsi que les siennes que j'ai réussis à intercepter et me glisse sur ses cuisses, mes genoux de part et d'autre de son corps. Je capte son regard vaguement décontenancé et le fige dans le mien. Je veux qu'il me regarde droit dans les yeux quand je lui dirais ces mots qui tournent dans mon esprit.
« - Tu n'es pas beau Yoongi, c'est vrai. Tu es magnifique, éblouissant, splendide, adorable, merveilleux, sublime et définitivement parfait. Et ne crois pas que je te dis ça seulement dans le but de te rassurer ou de te faire plaisir, mais parce que c'est ce que je pense. La première fois que je t'ai vu est restée gravée dans mon esprit. Tu étais la plus belle chose que n'avait jamais vue de toute ma vie. Tes joues qu'on a envie de mordre tellement elles semblent appétissantes, ton sourire timide que tu m'as offert ce jour-là qui a éblouit ma journée, ta peau aussi pure que la neige, ton regard toujours franc et droit, reflet de la personne que tu es à l'intérieur. Oui c'est bel et bien ta beauté qui m'a agressé lors de notre rencontre. J'ai su dès le départ que tu étais parfait. Alors ne dit plus jamais quelque chose comme ça s'il te plait, en plus d'être faux, cela me fait de la peine. »
Ses pupilles n'ont pas arrêté de se dilater tout le long de mon discours, assimilant chacun de mes mots avec et émotion. Sa bouche s'ouvre sûrement pour sortir une absurdité de plus, alors je le fais taire de la meilleure façon qui soit. Il répond immédiatement au baiser avec fougue, sa langue se frayant un chemin jusqu'à la mienne, me faisant redécouvrir la joie d'échanger avec lui. Son corps aussi réagit, ses mains se glissent contre ma taille, brisant la barrière de mes vêtements pour venir se coller contre ma peau. Cette fraicheur soudaine me fait frissonner, mais cela ne dure que le temps d'une inspiration. Bientôt, elles deviennent brûlante et de cette zone s'échappent toute sortes de sensations plus agréables les unes que les autres. Je détache mes lèvres des siennes dans l'obligation de respirer, mais lui ne semble pas ressentir ce besoin. Il colle son torse bouillonnant au mien rendu anarchique par ma respiration rapide et les battements de mon cœur irréguliers, et commence à picorer mon cou de ses lèvres. Un gémissement traitre se forme dans ma gorge et je ne peux le retenir bien longtemps. Je sens Yoongi sourire contre ma peau, sans doute on ne peut plus fier de ma réponse plus que positive à ses agissements, et vient de se fait me marquer un peu plus. Sa bouche aspire la peau encore vierge de mon cou, et malgré la sensation quelque peu désagréable de cet agissement, je ne peux m'empêcher d'apprécier son action. Mes mains se glissent d'elles-mêmes entre ses mèches et les triturent quelques secondes avant de les empoigner plus fortement. L'air entre et sort d'entre mes lèvres à une rapidité affolante.
J'ai chaud, trop chaud.
Ses lèvres se séparent enfin de mon cou et c'est à mon tour de glisser mon nez contre sa peau, remplissant mes poumons de sa fragrance pour chuchoter à son oreille.
« - Ferme les yeux. »
J'ai essayé de prendre une voix sexy dont je ne suis pas sûr du résultat. Je m'écarte de lui juste assez pour voir les points d'interrogation se former dans son regard. Sans plus d'explication je m'applique à fermer ses paupières à l'aide de deux doigts et il se laisse faire sans trop résister.
Nous y voilà. Cela fait quelque temps que j'y réfléchis, et tout semble enclin à me faire sauter cette étape. Cette soirée est déjà une bénédiction en soit, l'ambiance feutré invite à ce genre de rapprochement, notre excitation est plus qu'évidente. Je ne trouverai certainement jamais des conditions aussi favorables.
Lentement, mes doigts font remonter le tissu le long de mes côtes jusqu'à retirer totalement le tee-shirt blanc un peu lâche que je portais auparavant. Je vide mes poumons de tout l'air qu'ils avaient emmagasiné et ose poser mon regard sur la personne qui se tient toujours sous moi. Yoongi a les sourcils froncés, ayant très certainement deviné mes précédentes actions.
« - C'est bon, tu peux ouvrir les yeux... je murmure. »
L'un après l'autre, ses paupières s'entrouvrent, hésitantes. Mes poils se dressent tout le long de mon épiderme. Son regard est si intense en ce moment, il laisse des traces indélébiles sur tout mon torse découvert. Ses mains se détachent de mes hanches et amorcent des caresses aériennes le long de ma taille et de mon ventre se soulevant au rythme de ma respiration erratique. Il semble comme hypnotisé de sa vision, ne pouvant se détacher de ma peau.
« - On... On n'est pas obligé Taehyung... Je ne veux pas te forcer.
-Tu ne me force pas, j'hoquète. J'en ai envie. »
Pris d'un soudain élan de courage que je ne me connaissais pas, je plaque ses mains contre ma taille, mettant fin à cette longue frustration. Son touché m'électrise. Je ne peux me contenir plus longtemps.
« - Fais-moi l'amour Yoongi-hyung. »
Il me retourne contre le canapé.
***
Le bâtiment est gris, terne, ennuyeux. Pour moi, terrifiant. Il représente tout ce que j'ai fuis durant plusieurs jours, et tout ce à quoi j'évite de penser depuis de nombreuses semaines. Il est la dernière étape, la phase finale.
« - Ça va aller ? »
Je me retourne vers l'auteur de cette voix et lui offre un sourire crispé, mais un sourire tout de même.
« - Oui, puisque tu es avec moi, je lui répond en glissant ma main dans la sienne. »
Il me gratifie d'une petite pression sur cette dernière avant de m'entrainer à sa suite dans la salle d'examen.
Je prends une grande inspiration et me laisse guider.
Expiration.
*~*~*
Félicitation à tous ceux qui ont réussis à aller au bout de cet OS beaucoup trop long x)
Avant de me poser la question, oui j'ai vraiment eu cette idée quand j'étais à une de mes séances de code (comme beaucoup de mes autres fictions). Malheureusement ou heureusement, c'est fini pour moi, j'ai réussi l'examen il y quelques semaines ^^ Du coup, bon courage à tous ceux qui vont le passer dans les jours/mois qui suivent, j'espère que cette fiction vous portera chance.
Merci encore d'être autant à me suivre et à me lire !
(ça se sent que je suis une Yoongi biased ?)
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro