Chapitre 5
Une impression de déjà-vu s'empara d'Hermione quand elle pénétra dans la Chaumière aux Coquillages. Ses souvenirs s'étaient arrêtés à sa nuit si intense passée ici avec Voldemort ; elle pouvait encore se l'imaginer nu sur le lit, le drap ne remontant que jusqu'à ses hanches...
Le groupe la conduisit vers des chaises à quelques mètres du lit où elle avait couché avec Voldemort. Ça n'aidait pas du tout la jeune femme d'avoir ça sous les yeux, là maintenant... Ça avait été sa première fois, elle pouvait encore sentir la peur, l'inquiétude, et l'euphorie. Au plus profond d'elle-même, elle savait que c'était quelque chose qu'elle avait voulu et qui allait lui manquer.
Avec espoir, Hermione détailla chaque personne en face d'elle. Si elle leur disait qu'elle avait couché avec Voldemort, ici, dans cette chambre, la croiraient-ils ? Elle secoua inconsciemment la tête. Bien sûr que non, Voldemort est incapable d'aimer, diraient-ils.
Quand tout le monde eut trouvé un siège, Hermione fut invitée à parler, à raconter son histoire depuis le début et, de là, elle décrivit toutes ces semaines passées avec Lord Voldemort. Elle leur expliqua que Dumbledore voulait plus d'espions parmi les Mangemorts et que Rogue l'avait guidée afin d'éviter de sortir du lot.
— J'étais terrifiée à l'idée de mourir au bout de quelques jours seulement, commenta la jeune femme après leur avoir raconté sa première rencontre avec les Mangemorts, Bellatrix et Barty, et comment Voldemort voulait lui enseigner son savoir.
Pendant qu'elle expliquait ce qu'il lui avait appris, elle laissa volontiers de côté tous ces moments qui avaient contribué au lien qu'elle partageait avec Voldemort. Comme lorsqu'il lui avait raconté l'histoire de sa famille, et quand il avait décidé qu'elle dormirait avec lui. C'était déjà bien qu'ils puissent accepter qu'elle soit une espionne auprès du Lord ; ils n'avaient pas besoin d'en savoir plus.
Lorsqu'Hermione en arriva au moment de la mission pour récupérer l'Armoire à Disparaître, Tonks l'interrompit.
— Oui, je me souviens de toi, dit-elle en fronçant les sourcils. Oui, avec ton visage caché, c'est ça ? Tu restais près de Voldemort.
Elle regarda Lupin et Fol'Œil.
— Souvenez-vous, on nous a dit qu'il avait un nouveau Mangemort et on devait garder un œil sur lui.
Tonks reporta son attention sur Hermione.
— Bon sang, tu étais là, au milieu de la bataille, pourquoi par Merlin, tu n'as pas demandé de l'aide ?
— Je le voulais, crois-moi, répondit Hermione. Rogue m'avait dit que ce n'était pas encore l'heure de tout révéler donc je ne pouvais pas risquer de faire tomber ma couverture.
Elle esquissa un mince sourire.
— Et puis vous étiez tous là à essayer de me tuer, alors c'était un peu compliqué...
L'histoire devint de plus en plus dure à raconter au fil des heures et à mesure qu'elle arrivait aux derniers événements. Ce fut difficile de leur parler du Charme Serpentine sans révéler comment ledit charme les reliait, elle et Voldemort, physiquement et psychologiquement. Lorsqu'elle en vint à la raison qui avait poussé Voldemort à lui infliger ce charme, la raison pour laquelle il lui enseignait son savoir et la gardait près de lui, elle fut incapable de continuer.
Le silence s'installa dans le cottage. Des mots rebondissaient dans l'esprit d'Hermione encore et encore : « Tu es l'Héritière de Voldemort. Tu es l'Héritière de Voldemort. » C'était comme s'ils faisaient partie intégrante de son imagination, comme s'ils avaient été conjurés par les plus ténébreuses parties de son esprit. Elle ne pouvait pas saisir le sens exact de ces mots, et elle reconnut qu'elle ne les comprendrait sans doute jamais.
Elle sauta le reste de cette partie de son récit et en vint à ce qu'il s'était passé tout de suite après.
— Avant que Voldemort ne se rende à Poudlard avec ses Mangemorts, nous discutions et Drago a entendu et reconnu ma voix. Il a tout découvert et a dit à Voldemort qui j'étais, mon véritable nom et que j'étais une Née-Moldue.
Molly et Tonks eurent un hoquet en entendant ça et Ron marmonna une insulte dans un souffle.
— Au début, il ne croyait pas Drago, clamant que les Nés-Moldus n'étaient pas capables d'une telle puissance magique comme j'avais, repris Hermione. Mais, je n'ai rien nié. Je lui ai dit que c'était la vérité.
Le groupe se mit à bruisser.
— Comment as-tu pu être aussi stupide ? demanda alors George, récoltant un regard noir de sa sœur.
Hermione ne put que hausser les épaules. Elle se mordit les lèvres avant de répondre. Les larmes montèrent comme les souvenirs affluaient, aussi douloureux qu'une blessure fraiche.
— Là, Voldemort a pointé sa baguette magique sur moi... Pour me tuer.
Elle savait que tout le monde pensait que ses larmes n'étaient dues qu'au souvenir de la peur éprouvée, mais ce n'était pas du tout ça. Elle n'avait jamais éprouvé autant de tristesse d'un coup. Sa seule et unique tentative pour la tuer lui avait donné l'impression d'une trahison, une cassure dans le lien silencieux qu'ils avaient construit, comme s'il avait rejeté tout ce qu'ils avaient partagé ensemble.
— Pourquoi ne l'a-t-il pas fait ? demanda Ginny doucement, serrant l'épaule d'Hermione pour la réconforter.
La jeune femme secoua la tête, incapable de répondre. En réalité, elle se demandait pourquoi, elle aussi. Est-ce que c'était à cause du charme Serpentine ? Ou autre chose ?
— De toute façon, reprit alors Hermione. Vous savez ce qui s'est passé ensuite, la bataille à Poudlard et tout le reste.
— Ce qui ne répond pas à ma question, dit Harry, parlant pour la première fois depuis qu'elle avait commencé à raconter. Pourquoi est-ce que tu l'as aidé à s'enfuir ?
Hermione regarda Harry pendant quelques secondes. Pouvait-elle lui dire la vérité ? Pouvait-elle dire qu'elle ne voulait simplement pas que Voldemort soit blessé, qu'elle voulait lui sauver la vie ? Non, car ça aurait provoqué encore plus de questions, notamment sur pourquoi est-ce qu'elle aurait bien pu vouloir lui sauver la vie, et ça aurait été bien trop compliqué pour elle de répondre.
— Je l'ai fait pour te sauver, Harry, répondit alors Hermione. Je ne voulais pas qu'il te tue.
— Il ne l'aurait pas fait, Hermione, répondit Harry d'une voix plus forte. Nous avions tout prévu ! Avec tous les Horcruxes détruits, il était enfin à notre merci ! Tu l'aurais su si tu avais été là.
— Je te l'ai dit, Dumbledore m'a demandé de partir ! Je ne pouvais pas refuser !
— Ça suffit, tous les deux, intervint alors Arthur Weasley.
Harry et Hermione se turent et chacun tourna la tête d'un côté.
— Il ne sert à rien d'argumenter sur ce qui s'est passé, reprit Arthur en regardant Hermione. Tu as traversé des moments difficiles, et nous le respectons, dit-il en dardant son regard sur Harry.
— Néanmoins, vous n'êtes pas tous convaincus, n'est-ce pas ?
Tout le monde se retourna pour identifier la personne à qui appartenait cette voix glaciale qui venait de s'exprimer du fond de la pièce. Severus Rogue se tenait sur le seuil du cottage, refermant la porte dans son dos. Fleur lui proposa de lui prendre sa cape, mais il leva une main en secouant la tête.
— Severus, le salua Bill d'une voix sans chaleur ni cruauté.
Rogue hocha la tête et se tourna ensuite vers Harry pour lui serrer la main. Hermione observa l'échange ; elle n'avait encore jamais vu Harry et Rogue s'entendre sans que des mots méchants ne fusent aussitôt. Elle regarda ensuite le visage pâle de son professeur, à demi caché derrière les mèches de ses cheveux noirs. C'était la première fois qu'elle le revoyait depuis la bataille de Poudlard, et une partie d'elle avait cru qu'il avait été tué. À vrai dire, elle aurait été désolée que ce soit le cas. Il avait été un soutien pour elle les premiers jours qu'elle avait passés chez Voldemort. Il s'était assuré qu'elle était en sécurité, et malgré la rancœur qu'elle avait pour lui avant à cause de sa cruauté envers elle, elle avait apprécié son implication pour l'aider à traverser tout ça. Si Rogue l'avait vraiment détestée, il l'aurait juste laissée se débrouiller seule avec Voldemort.
L'homme la regarda alors par-dessus son grand nez.
— Alors, est-ce que c'est Hermione ou Harmony, maintenant ? demanda-t-il.
Hermione l'ignora et regarda Harry.
— J'ai loupé quelque chose, n'est-ce pas ? demanda-t-elle en contournant la question.
Elle savait que Rogue n'était pas franchement apprécié par les gens dans cette pièce, et présentement, voilà qu'ils le recevaient sans même une invitation ? Ça a dû arriver pendant les deux dernières semaines, songea Hermione.
— Apparemment, nous avons tous une petite explication à fournir... répondit alors Rogue.
À suivre...
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