Les grilles en or de l'ascenseur s'ouvrirent avec un ding. Marek et Mag étaient entrés en premier, suivis par Hermione et Rogue. La jeune femme se tenait donc devant Marek. Quand les portes se fermèrent dans son dos et que l'ascenseur redescendit, Hermione pu sentir le regard brun de Marek sur sa nuque. S'il n'avait pas porté un foulard sur le bas de son visage, Hermione aurait pu sentir son souffle chaud sur sa nuque. Elle fit de son mieux pour l'ignorer lui et le fait qu'il se tienne aussi près d'elle inutilement.

Dans l'ascenseur, la douleur du Charme Serpentine finit par s'estomper et Hermione soupira de soulagement. Ils se trouvaient dans une semi-obscurité, excepté la lueur dorée qui entourait le sommet de la cage d'ascenseur. Dans un haut-parleur, une agréable voix de femme listait quelques règles sur un ton calme.

Hermione déglutit nerveusement. Ils semblaient descendre loin dans le sol, et elle sentit la température augmenter. Elle se racla la gorge, détestant le silence gênant qui l'entourait.

— J'admets que je suis un peu surprise de vous trouver ici, dit-elle alors.

Mag regarda par-dessus l'épaule de Rogue pour lui jeter un œil.

— Vraiment ?

— Nous sommes ici pour le grand prix, répondit la jeune sorcière.

— Autant pour vous, répondit Mag avec un sourire dans la voix.

— Que je vais gagner, reprit Hermione, ce qui lui valut un regard de Rogue et un rire de Mag.

— De belles paroles pour une belle sorcière, grinça Mag. Je n'ai aucun doute là-dessus.

— Donc, la question est... Pourquoi vous et votre compagnon silencieux êtes ici ? demanda Hermione.

— Ça suffit, la coupa Rogue.

— C'est bon, Sev, répondit Mag sans détourner son regard d'Hermione.

Rogue grimaça sous le surnom comme si Mag l'avait frappé.

— Nous sommes ici pour la foule, expliqua ensuite Mag. Vous ne savez jamais dans qui vous allez vous heurter dans ce genre de choses. Après tout, nous avons bien eu la chance de vous rencontrer, n'est-ce pas ?

Hermione tourna la tête pour regarder le Mangemort par-dessus son épaule.

— Donc, vous venez recruter, c'est ça ?

— Oui, entre autres choses, répondit Mag, haussant les épaules.

Il opina pour Marek.

— Et mon silencieux compagnon est un peu duelliste, une arme secrète, direz-vous. Je parierais un sac de Galions que vous vous retrouverez face à face en finale, tous les deux.

— Vraiment ? demanda Hermione en pivotant pour regarder le sorcier dans son dos.

Comme prévu, il la fixait. Pourquoi ne clignait-il jamais ? Cela mit Hermione mal à l'aise. Elle déglutit, la gorge sèche.

— Eh bien, j'accuse tout défi. Que le meilleur gagne, dit-elle en levant la main.

Marek regarda la main un moment avant de tendre le bras et de la serrer.

Au même moment, les portes de l'ascenseur s'ouvrirent. Hermione fut parcourue d'un frisson comme si elle avait été contrainte à avaler un éclair d'électricité. Elle pivota alors et regarda les environs. Ses yeux s'agrandirent quand elle réalisa que ce que Rogue avait dit était vrai, quand il avait dit que tout le monde serait là.

La foule de sorciers et de sorcières était impressionnante, mais ils n'étaient pas pour autant tous serrés comme des sardines. Les murs s'étiraient sur des centaines de mètres, suffisamment grand pour que tout le monde se trouve une place dans l'espace à revendre.

Au centre de la pièce se trouvait une plate-forme rectangulaire de dix ou vingt mètres de long ; ce devait sans doute être le lieu des duels. Deux duellistes étaient d'ailleurs en train de se défier au même moment. La lueur de leurs sortilèges éclairait momentanément les visages de la foule.

Un large groupe de gens se trouvait tout au bout de la zone des duels, et Hermione nota un long bar accolé à une piste de danse. La musique était forte et rapide avec des basses profondes qui bourdonnaient dans la poitrine de la jeune femme.

Hermione fit un pas hors de l'ascenseur et les lumières s'allumèrent soudain au-dessus de la zone des duels. La jeune femme eut un sursaut quand les lumières formèrent un nom qui vola dans toute la pièce. Hermione regarda alors vers la zone des duels et vit l'un des deux duellistes les bras en l'air en signe de victoire ; son opposant gisait sur le dos, inconscient. Hermione regarda de nouveau le nom dans les airs et réalisa que c'était le nom du vainqueur.

Mon nom va briller comme ça quand je vais gagner, songea-t-elle avec appréhension. Ce sera là et tout le monde pourra le voir.

Hermione sortit de l'ascenseur et resta à la limite de la foule. Elle sentit Marek s'approcher dans son dos comme lui et Mag l'imitaient.

Les yeux de centaines de sorciers et sorcières se tournèrent alors elle comme si elle avait été magnétique. Hermione les regarda sans un mot. Elle s'imaginait aisément de quoi elle devait avoir l'air, flanquée de deux Mangemorts...

Rogue se pointa alors.

— Nous devons trouver l'organisateur des duels pour savoir quand vous allez concourir, dit-il près de son oreille, suffisamment fort pour couvrir la musique et les conversations.

Hermione hocha la tête et le laissa prendre la tête.

— Ça ne vous dérange pas si l'on reste près de vous, n'est-ce pas ? demanda alors Mag avec une grimace avant de s'éloigner.

Rogue pivota soudain face à Mag.

— Vous ne l'emmènerez nulle part, gronda-t-il.

Mag leva les mains en défense.

— Parole de sorcier. Je respecte l'ensemble des lois de la Compétition Clandestine, grimaça-t-il. Des lois qui ne vous protégeront plus à l'instant où vous aurez mis le pied hors d'ici, ajouta-t-il avec un sourire mauvais.

— Nous serons loin bien avant que vous ne puissiez m'attraper, répondit Hermione.

Elle regarda Marek. Il ne disait toujours rien et continuait à la regarder. Mais à présent ses yeux étaient rétrécis, comme s'il regardait quelque chose ou souriait. Hermione eut le sentiment que c'était la seconde option.

— On verra bien, dit Mag.

Hermione décrocha son regard de Marek et Mag haussa un sourcil à son intention.

— Vous ne savez pas ce que la nuit va apporter, n'est-ce pas...

Hermione ne répondit rien. Un endroit où les Agents du Ministère et les Mangemorts agissaient comme si de rien n'était, pouvait apporter pas mal de surprises, mais cela ne signifiait pas qu'ils allaient pouvoir avoir ce qu'ils voulaient pour autant.

La jeune sorcière tourna alors les talons et suivit Rogue à travers la foule. La mer de gens se séparait devant eux comme si une quelconque force les y obligeait. Tous les regards se tournaient vers Hermione, et ils la fixaient comme si ce simple fait pouvait la blesser. Son Charme Serpentine l'irradiait, et ce n'était qu'un rappel pour lui signaler qu'elle était toujours en danger, toujours sur le fil du rasoir s'il n'y avait pas les lois régissant la rencontre clandestine.

Hermione s'obligea à regarder chaque personne qui regardait dans sa direction. Elle gardait à l'esprit que ça n'avait rien à voir avec la Célébration de Serpentard, tant de mois plus tôt.

Ça n'avait rien à voir non plus avec le club de duel de Poudlard. Pour une fois, il n'y avait aucune règle dans la zone de duels ; c'était dix fois plus dangereux que les duels à Poudlard. De plus, elle ne portait plus son foulard, comme avant, son identité était donc connue de la moindre personne présente dans la pièce, à présent.

Tout le monde savait qui elle était. Oui, elle était la fille qui s'était tenue près de Voldemort, et oui, aussi une amie de Harry Potter. La question qui taraudait Hermione, cependant était : que voyaient-ils en la regardant, tous ces gens ? Voyaient-ils une grande et terrible sorcière, destinée à distiller la peur dans leurs cœurs ? Ou bien voyaient-ils une jeune femme terrifiée, écrasée sous une responsabilité qu'elle ne pouvait même pas endurer ?

Hermione se sentait les deux. Elle n'était d'aucun côté en particulier, ni bon, ni méchant, juste coincée entre les deux. Elle avait été bonne, fut un temps. Mais ses besoins et ses désirs pour Voldemort étaient indéniables. Son cerveau, ce muscle à qui elle avait tellement l'habitude de faire confiance, la prévenait pour le mal, mais son cœur disait autre chose. Lord Voldemort n'était pas juste une période de sa vie. Leurs âmes étaient à présent entremêlées.

La façon dont les gens la regardaient donnait à Hermione l'impression de pouvoir lire dans leurs pensées. Des regards haineux aux regards méfiants et anticipant. Mais ce n'était pas juste la façon dont ils la regardaient, elle pouvait aussi entendre certaines conversations dans le bourdonnement des gens. Elle réussit à capter quelques mots comme « Serpentine », « amie de Potter », « Traîtresse ». Elle entendait ce dernier mot bien plus souvent. Elle s'attendait presque à se faire insulter, recevant des mots qui lui mettraient le cœur en pièces, et si elle avait été la Hermione d'il y a un an, cela aurait sans doute fonctionné. Mais à présent, elle était Harmony Hangleton, pour toujours cachée derrière ce pseudo, et elle gardait le menton relevé, laissant les mots glisser sur elle sans l'atteindre.

Rogue et elle finirent par trouver l'organisateur des duels, entouré d'une petite foule, et ils se frayèrent un chemin jusqu'à lui. Il ressemblait à un fonctionnaire sorcier et tenait dans ses mains devant lui une liste, comme les gardes à l'entrée.

Hermione jeta un œil sur le parchemin et vit que c'était une liste complète de noms, dont certains apparaissaient et disparaissaient, affichant les nouveaux duellistes.

— Harmony Hangleton, dit Rogue à l'organisateur avant que quelqu'un ne puisse leur passer devant.

Pas même dérangé par le nom, l'homme chercha sur son parchemin, ses yeux allant et venant, survolant les noms. Il finit par pointer son index sur le parchemin.

— Hangleton, dit-il. Vous êtes juste à l'heure. Vous êtes la prochaine.

Il jeta un œil vers la zone de duels.

— Votre premier adversaire ne s'est pas encore montré. Allez attendre dans la tente des duellistes et nous vous l'enverrons quand il sera là.

Rogue hocha la tête et prit la tête à travers la foule qui entourait l'organisateur. Hermione découvrit que la tente des duellistes était une toute petite structure au bout de la zone de duels.

Quand ils furent, Rogue repoussa un lourd rideau de velours rouge et la jeune femme le franchit. C'était quasiment vie à l'intérieur, il n'y avait que deux duellistes qui patientaient en silence. Rogue et Hermione prirent place sur un banc loin des deux autres.

Rogue pivota alors sur son banc pour faire face à Hermione, et il pencha la tête vers elle. Elle perçut les relents de leur dîner dans son haleine quand il parla.

— Ne soyez pas nerveuse, vous savez que vous êtes plus que capable de gagner ça, mais ne prenez pas la grosse tête. La dernière chose dont nous avons besoin, c'est que vous commenciez à vous montrer, comme d'habitude.

Hermione serra les lèvres, agacée. Après ça, elle n'écouta plus que d'une oreille les conseils que lui donnait le professeur.

Comme elle prétendait écouter, hochant la tête de temps en temps, elle songea aux duellistes qu'elle allait bientôt affronter. Combien allait-elle en affronter ? Seraient-ils faciles à anticiper ou bien allait-elle tomber face à un sorcier qui n'hésiterait pas une seconde à jeter un Sortilège Impardonnable ? Un simple mouvement de baguette et elle pouvait être frappée par le Sortilège de Mort. Et, quoi alors ? L'âme de Voldemort allait-elle émerger à travers elle ?

— Hé ! gronda soudain Rogue.

Hermione eut un léger mouvement et le regarda.

— Est-ce que vous m'écoutez, seulement ? demanda-t-il. Pourquoi est-ce que vous persistez à rendre les choses encore plus difficiles ? C'est comme si je parlais au banc.

— Désolée, marmonna Hermione, remuant nerveusement sur son siège.

Au même moment, la toile de la tente fut repoussée et la tête de l'organisateur apparut.

— Votre adversaire est arrivé, dit-il à Hermione avant de disparaître.

Il laissa retomber le rideau, mais il fut retenu par une autre main, pâle et délicate. Le rideau de replia comme un rideau de théâtre, dévoilant l'adversaire d'Hermione. Quand elle le reconnu, sa mâchoire s'ouvrit toute seule. Ses yeux rencontrèrent alors le regard de la dernière personne qu'elle s'imaginait voir dans une telle compétition : le pâle et blond platine Drago Malefoy.

Quand Drago regarda Hermione, il cligna et ses épaules s'affaissèrent.

— Merde, souffla-t-il.

À suivre...