Aurélie, elle, ça a été moins mouvementé : c'était dans l'après-midi du 1er juillet, je ne sais pas ce qu'elle fichait là, vers cette petite pinède.

J'allais à Ars et je l'ai aperçue depuis la route.

J'ai fait demi-tour tout de suite et j'ai emprunté le chemin menant là où je l'avais vue un instant plus tôt.

Elle m'a regardé arriver avec la voiture. Je ne lui ai pas laissé le temps de faire quoi que ce soit : je suis descendu, le piochon à la main, et pan !

Elle avait un short court en jean.

Même scénario que pour Marina, et même yeux bleus.

Surtout ne pas laisser de traces.

Je crois que tout cela aurait pu durer bien longtemps : je prenais décidément goût à ces jeunes fruits.

Ca me changeait d'une vie complète de fidélité, d'austérité, passée avec une femme acariâtre, sans attrait, un vrai tue-l'amour...Comment avais-je pu endurer ça ?

Heureusement, dans mon malheur, nous n'avions pas eu d'enfants et elle avait eu la décence de mourir assez jeune, me foutant enfin la paix.

Et puis soudain, catastrophe ! Deux abrutis avaient pris Stella pour un congre et remonté son corps au bout de leur ligne !

Singulière complication que je n'avais pas envisagée.

Il fallait faire le point et très vite, très très vite.

La première question que je me posai était de savoir si, après un tel séjour dans l'eau de l'océan, on pouvait encore identifier le corps de Stella.

Le journal local me fournit la réponse sans tarder : on avait identifié le corps.

La deuxième question était de savoir si, dans ces conditions d'immersion prolongée, on pouvait trouver mon ADN sur le corps de Stella dès lors que je n'avais pris aucune précaution.

Sur ce point encore je fus renseigné par le journal : le corps était tellement abîmé par l'eau qu'on ne pouvait même pas conclure au viol, a fortiori il n'y avait donc pas de traces.

Il restait cependant un problème : l'enquête, avec maintenant trois filles tuées dont Stella qui passait la moitié de son temps dans le lit de Giani, risquait de remonter jusqu'à celui-ci.

Et par la même occasion, de rapprocher la police de chez moi...

La probabilité que Giani soit soupçonné, au moins pour Stella, ne faisait guère de doutes.

Quant à moi, l'éventualité était minuscule, tout au plus allait-on me demander si j'avais remarqué quelque chose.

Mais si, pour une raison ou pour une autre, on en venait à passer certaines parties de ma maison ou le coffre de ma voiture au Blue Star...

Je décidai de ne pas courir le moindre risque.