Journal local du 15 juillet :

« La fin du cauchemar ?

La police a procédé hier matin à l'arrestation de Giani E. à son domicile de Saint Martin, non loin du parking de la Courtine.

L'homme, âgé de 31 ans, est suspecté d'être impliqué dans l'agression dont ont été victimes il y a trois jours les deux jeunes campeuses le long du littoral à Châtellaillon.

On aurait retrouvé son ADN sur un préservatif abandonné sur les lieux et qui aurait été utilisé dans le viol de la jeune Louna A..

Le mis en cause était déjà connu des services de police pour une affaire de détournement de mineure ayant eu lieu il y a deux ans. Il avait été remis en liberté sur décision de classement du procureur, les faits n'ayant pu être clairement établis... » etc...

- Comment est-il ? demanda le commissaire.

- Il est absolument fou furieux, il nie tout en bloc, dit Servant.

- Enfin, et le préservatif trouvé dans la tente, ce n'est pas son sperme peut-être ?

- Il dit qu'il ne comprend pas, que c'est un complot, bref, les trucs habituels du mec qui est coincé, quoi. Il a un alibi bancal : il est sorti de son travail au resto vers 23 heures et est parti boire un verre au Bastion, son lieu de drague habituel. Des clients l'ont vu là-bas mais personne ne peut préciser jusqu'à quelle heure. Il a parfaitement pu aller jusqu'à Châtellaillon et tuer les campeuses. On est en train de se farcir les bandes vidéos du péage de l'Ile de Ré mais ça ne marche que pour le retour sur l'Ile, la sortie n'étant pas payante et donc pas filmée, expliqua Servant.

- Et la perquisition ?

- On a eu la commission rogatoire du juge d'instruction. Il faudrait perquisitionner en présence du mis en cause, or je préfèrerais qu'on n'interrompe pas l'interrogatoire tout de suite : avec l'évidence du préservatif, il peut très bien craquer...

Le commissaire parut soudain pris d'une infinie lassitude. Enfin, il saisit un stylo, ce qui ne laissa pas d'inquiéter Servant.

- C'est lui, dit le commissaire. Embarquez-moi ce mec sur place et mettez sa tanière à sac.

- Chef...

- Vous en pensez quoi, Mlle Balard ? demanda le commissaire.

- M. le commissaire, ok il y a le préso, ok ce mec a au moins un antécédent qui colle, mais bon, psychologiquement parlant, je sens ça plutôt mal : il est célibataire, je veux dire un vrai, il a toutes les nanas qu'il veut... Je l'ai vu cet après-midi... Ou alors il fait exception à tout ce que l'on sait. Non. En plus, si l'on considère les autres victimes, il n'y a rien contre lui.

- Bien, il faut en avoir le cœur net : perquise demain matin chez lui. Servant, on enquête sur toutes ses relations, les voisins, je veux tout.