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20 | 𝔻𝕣𝕒𝕡𝕖𝕒𝕦 𝕓𝕝𝕒𝕟𝕔

𝕁'arrive tout juste à mon pick-up, un peu avant 13h, quand je reçois un texto d'Akim. Chose assez rarissime en dehors de ses horaires de réunion AA.

Assez curieux quant au contenu du message, je déverrouille la voiture et ouvre la portière tout en lisant :

« Rebonjour, Séraphin. Navré de te déranger, mais pourrais-tu passer me chercher au salon de coiffure de Jacqueen s'il-te-plaît ?

J'ai bêtement oublié mon portefeuille en partant et elle est coincée avec sa clientèle...

Je peux patienter une heure ou deux, le temps que tu te libères si possible. J'aimerais seulement éviter d'être en retard à la piscine cet après-midi.

J'attends ta réponse.

Merci. »

Je souris malgré moi de son ton circonspect.

Depuis notre confrontation, le soir de l'agression de Strawberry, Akim se montre prudent et poli à l'extrême lors de nos échanges. Ça fait moins d'un mois qu'il a emménagé chez moi, alors il marche encore sur des œufs.

À dire vrai, nous tentons tous les deux de trouver un équilibre qui nous rendra plus à l'aise dans cette cohabitation. Mais contrairement à ce qu'auraient pu laisser penser ses premiers jours au Texas, il s'acclimate assez bien à sa nouvelle routine.

Après la dizaine de jours alloués à sa convalescence, suite à l'accident qu'il a eu à NOLA, il boucle tout juste sa deuxième semaine de TIG en tant que coach de natation à la piscine municipale de Fort Worth. Loin d'être rempli d'entrain, il ne s'en est toutefois pas plaint une seule fois. Il ne vient qu'en renfort, pour les premiers cours du matin et les derniers de l'après-midi. Son emploi du temps est donc assez léger, il a tout le loisir de s'adonner à la découverte de la ville. Je sais par Améthyste que le personnel est très accueillant avec lui, malgré les raisons de son ajout à leur effectif, et qu'il apprécie tout de même, comme je l'espérais, de se trouver à nouveau dans un environnement qui l'a jadis passionné.

Je vérifie le temps de trajet jusqu'au salon de sa marraine des AA quand la sensation caractéristique d'une présence dans mon dos me pousse à me retourner.

— Ranger Séraphin Beauchamp ? demande le motard élancé qui me fait face.

La grande balafre sur sa joue lui donne l'air encore moins commode que son expression fermée.

— Qui le demande ? m'enquiers-je, toujours méfiant quant aux retombés vindicatifs liés à mon boulot.

— Budd Thomson, l'avocat de la défense dans le procès pour corruption, trafic de médicaments et exportation illégale de biens contrôlés, opposant les gardiens de la prison de Raymondville à l'État du Texas. Il vous cite à comparaître.

Génial ! Manquait plus que ça...

Le motard plaque la grande enveloppe marron contre mon buste et me prend en photo avec son smartphone dans le même élan.

— Je suis le coursier chargé de vous remettre le papelard. Voilà que c'est chose faite. Bonne journée, mon vieux.

Je récupère l'enveloppe, nerfs tendus. Il se tire avec un énorme sourire caché sous son épaisse moustache.

Cette enflure sait pertinemment que ma journée n'aura plus rien de bonne après une telle nouvelle ! J'ouvre le pli et parcours la convocation, constatant avec dépit sa conformité.

Ce bout de papier me contraint à me présenter à la barre, sous peine de devoir expliquer mon refus au juge en charge du procès.

Vasilevnik m'avait pourtant assuré qu'avec l'arrestation en flagrant délit, les preuves que j'ai récolté en amont, mon rapport d'opération et les témoins qu'elle a réussi à convaincre, son dossier d'accusation était bien assez solide pour que ma présence ne soit pas nécessaire. Il n'y a qu'une seule raison pour que l'avocat de la défense veuille me faire témoigner : remettre en cause mon intégrité à cause de mon incartade avec Davonte.

— Putain de merde ! ragé-je en frappant ma voiture.

Le son d'une notification sans intérêt détourne mon attention vers mon téléphone, encore serré dans ma main. Sur un coup de sang, je le déverrouille, bien décidé à contacter Anya Vasilevnik de vive-voix. Je retombe alors sur le message d'Eliakim.

— Eh, merde. Je l'avais oublié, lui.

Je réponds un simple « OK », grimpe en vitesse dans ma caisse et entre l'adresse de Jacqueen sur l'écran de bord avant de lancer l'appel sur la ligne directe de la procureur.

— Évidemment, que je tombe sur sa messagerie, pesté-je en raccrochant en plein accueil chaleureux de sa boîte vocale.

Rongé de frustration, je mets en route vers le quartier de StopSix. L'idée de cette foutue citation à comparaître continue à me bouffer l'esprit tout le trajet.

Une vingtaine de minutes plus tard, je pousse les portes du salon de coiffure Afro Queen. Je me décale in-extremis pour laisser sortir la mama qui quitte les lieux, en riant à gorge déployée, sans faire grand cas du fait que je sois sur son chemin.

— Merci mon beau, lance-t-elle toutefois.

La moindre des choses puisqu'elle passe la porte alors que je la tiens encore.

— Mais de rien, gromelé-je.

À l'intérieur, des éclats de rires surplombent la musique latine qui braille en fond sonore. Pas étonnant qu'Eliakim n'ait pas entendu le message que je lui ai envoyé pour lui dire que j'étais sur le parking. L'endroit, bien que de taille modeste, est bondé de monde. La grande baie vitrée de la façade inonde la pièce de lumière naturelle, mettant en valeur quelques plantes et peintures murales au milieu d'une décoration sobre.

Je balaie la salle d'un regard attentif, cherchant Akim parmi ces gens. Je le repère assis à discuter gaiement avec Jacqueen et son client. À côté d'eux, les deux femmes qui patientent sous ces grosses machines chauffantes semblables à des engins de torture conversent, tandis que cinq autres personnes se font tresser.

Quelques-unes des coiffeuses, appréciant manifestement l'ambiance, improvisent de petits pas de danse chaloupés derrière les sièges de leurs clientes. Plus loin, des enfants s'amusent à courir le long de la pièce, sous les remontrances lassées d'un barbier. Le seul qui paraît souffrir du tumulte ambiant.

Subir tout ce désordre suffirait aussi à me titiller si je n'étais pas déjà de mauvais poil.

— Oh, voilà Séraphin ! se réjouit Jacqueen en croisant mon reflet dans le grand miroir.

Celui-ci longe les multiples îlots où les clients se font tripoter la tête. Ainsi puis-je observer les traits d'Eliakim passer de la franche camaraderie à une surprise un peu penaude, juste avant qu'il se tourne vers l'entrée.

Je relève, avec une satisfaction bien dissimulée, qu'il est rasé de près et s'est refait couper les cheveux. Jacqueen s'en était déjà occupée il y a deux semaines, lorsqu'il a commencé ses TIG. Grâce à elle, Akim paraît beaucoup moins se négliger. Petit à petit, il recommence à prendre soin de lui, de son apparence. Il a regagné de l'appétit et même du poids, pour le plus grand plaisir d'Améthyste.

En parlant d'elle, ça m'étonne qu'elle ne soit pas aux côtés de son veuf. Non que je compte m'en plaindre ! Une pause avec l'Au-delà est toujours bienvenue. À défaut de ne pouvoir m'empêcher de remarquer les nombreux esprits errants de la ville, j'ai au moins la largesse de les ignorer. Une opportunité que je n'ai guère avec Améthyste et Nehemiah, puisqu'elles sont au courant pour mon don et en profitent pour me parasiter à leur gré.

— Comment vas-tu, mon grand ? s'exclame Jacqueen, abandonnant son client pour venir m'accueillir.

Je lui retourne un sourire poli et lui adresse à peine une réponse de courtoisie qu'elle enchaîne en levant la main pour toucher mes locks, qui tombent librement sur mes épaules.

— Je me répète, mais elles sont vraiment belles !

J'esquive ses doigts d'un léger mouvement de tête.

— Merci.

— Je t'en prie, sourit-elle en se ravisant sans s'offusquer. Je suis assez prise, comme tu le vois, mais si tu cherches quelqu'un pour tourner tes locks* ou les coiffer, tu as mon numéro. Les amis d'Eli sont les miens.

Je me garde de souligner que nous ne sommes pas amis et lui sert encore un sourire de façade.

— C'est gentil, Jacqueen, mais je préfère m'en occuper moi-même.

Elle opine, un sourire bienveillant toujours fiché sur son visage aux traits marqués.

Je suis conscient qu'elle ne pensait pas à mal, plutôt à son gagne pain. Sauf que je n'aime pas que des étrangers se permettent de me tripoter les cheveux, ou quoique ce soit d'autre...

Pas sans mon consentement, du moins.

En temps normal, je m'efforce de me montrer un minimum sociable afin d'éviter de heurter la sensibilité des autres. Je ne suis toutefois plus d'humeur à édulcorer mon tempérament depuis que j'ai reçu cette fichue citation à comparaitre.

Mes yeux se braquent machinalement sur Akim qui avance vers nous, un tantinet nerveux.

Rien de bien inhabituel.

— Salut.

Je hoche simplement la tête.

— Désolée que tu aies dû te déplacer jusqu'ici, reprend Jacqueen. J'aurais ramené Eli chez vous après le déjeuné si ma nièce n'avait pas eu une urgence à la crèche avec son dernier. J'ai repris ses clients à la dernière minutes.

— Pas de soucis, assuré-je d'une voix neutre. On y va ?

Akim acquiesce. Il salue sa marraine d'une accolade affectueuse, bien qu'il la reverra à la réunion de ce soir. De mon côté, je lui adresse un léger signe de main.

— Merci d'être venu me chercher, commence Eliakim alors que nous nous dirigeons vers mon RAM d'un pas tranquille. Je suis parti avec du retard ce matin, et j'ai complètement oublié avoir sorti mon portefeuille de mon sac la veille.

Pensant sans doute que je suis en rogne après lui, Akim s'acharne à se justifier pendant qu'on s'installe à bord.

— Je ne m'en suis rendu compte qu'une fois chez l'opticien, au moment de payer la réparation de mes lunettes de lecture. Queen m'y a accompagné et elle a insisté pour avancer les frais. Je ne voulais pas qu'elle propose aussi de me payer un Uber après m'avoir offert le déjeuné, alors je lui ai dit que tu passerais me chercher. Je m'excuse si-

— Ça me dérange pas, soupiré-je en démarrant. T'en fais pas.

Akim opine et se détourne vers la vitre. Il commence à se ronger tantôt l'index, tantôt la lèvre.

Les tics liés à son anxiété, ou l'inconfort crée par ma compagnie, n'ont pas miraculeusement disparu grâce à son traitement. Leur fréquence et leur intensité semblent juste avoir diminué.

L'autoradio se met en marche alors que je quitte le parking, diffusant un beat énergique qui emplit l'habitacle. Soulagé par la fraîcheur de la clim, je m'accoude nonchalamment à ma portière, laissant ma main libre glisser dans mes cheveux.

Mon esprit, lui, reste absorbé par ma putain de citation à comparaître.

Quelques minutes s'écoulent avant que la sonnerie de mon téléphone ne remplace la musique. Un rapide coup d'œil à l'écran de bord m'indique que l'appel provient d'un numéro non enregistré dans mes contacts. Je décroche pourtant, espérant qu'il s'agisse de Vasilevnik ou d'un membre de son cabinet, mais reste silencieux en attendant que l'appelant parle en premier.

— Allô ? Ranger Beauchamp ?

— Qui le demande ?

Le type se présente comme étant l'un des agents de Raymondville ayant aidé sur ma dernière enquête. Son nom fait vaguement écho dans ma mémoire.

— Je conduis et je ne suis pas seul, l'informé-je. S'il s'agit d'un sujet confidentiel, je vous rap-

— Pas tout à fait, et je serais concis. Mon unité doit conclure des mois d'enquête par un gros coup de filet. Il est prévu incessamment sous peu et, disons que les compétences spécifiques et le profil lié à votre précédente mission nous seraient bien utiles.

— Ah... Malheureusement, je ne suis pas disponible en ce moment.

— Mais ce ne serait que l'histoire d'un ou deux jours, le temps de vous briefer pour l'interpellation en flagrant délit.

— Écoutez, je comprends bien, seulement des impératifs familiaux me retiennent dans ma ville. Je suis sûr que vous trouverez quelqu'un d'autre, de tout aussi compétent.

— J'entends. J'entends, abdique-t-il enfin. C'est bien dommage, vous êtes un peu devenu une référence en la matière. Excellente fin de journée, Ranger Beauchamp.

— Merci, à vous aussi.

La musique reprend dès qu'il raccroche. Lèvres pincées, Eliakim me lance de brefs regards, avant de balbutier timidement :

— Si tu veux... accepter cette affaire, ne t'en fais pas pour moi. Je devrais... Je devrais réussir à survivre un ou deux jours sans ta présence à la maison.

Risque que je ne suis pas prêt à prendre.

Malgré son ton badin, je sens que lui-même n'en est pas sûr.

— D'autant plus que Queen est là pour moi en cas de besoin, insiste-t-il toutefois.

— C'est très avenant de ta part, mais non.

Une œillade à sa mine vexée me pousse à développer pour éviter que ma réponse, un peu sèche, ne soit mal interprété.

— En toute transparence, je n'ai pas la moindre envie de me taper sept heures de route pour retourner à Raymondville. Mon enquête là-bas est bouclée depuis des mois et je suis déjà bien assez occupé ici... Avec le boulot, je veux dire, précisé-je encore afin d'éviter tout malentendu.

— D'accord... Il est vrai que tu as l'air exténué. Tu as passé une nouvelle nuit blanche sur le dossier qui te tiens éveillé ces derniers jours ?

— Oui, et ça commence à porter ses fruits. C'est le principal.

Nouveau flottement. Puis Akim reprend, visiblement plus enclin que d'habitude à me faire la conversation.

— Sans vouloir paraître intrusif, ou même irrespectueux...

Quand ça commence comme ça, je m'attends à ce que ça prenne rapidement ce cours-là. Mais je le laisse poursuivre, voir s'il se met à marcher sur des braises ardentes.

— ... toutes ces informations que tes pairs et toi partagez par téléphone, en ma présence, qui plus est, ne sont-elles pas censées être... soumises à votre discrétion ?

— Exact. Mais la vie étant ce qu'elle est, on finit par apprendre à échanger avec nos collègues se limitant aux grandes lignes quand on n'est pas seuls. Nos infos confidentielles ne doivent être identifiables ni par nos proches, ni toute autre personne extérieure au dossier.

— Je vois... Tu te confiais cependant à Ami, souligne-t-il prudemment.

— Jamais en détail. Autant pour sa sécurité que la mienne.

— Je suppose qu'il en allait de même avec... ton ex fiancé.

Il termine sa phrase deux tons plus bas, sans doute mal à l'aise d'évoquer ma vie amoureuse.

— Tu supposes bien.

Akim se mâchouille un instant la lèvre, puis souffle :

— Cela doit être autrement difficile de bâtir une relation durable lorsque l'on est amené à cacher des choses importantes à son partenaire.

Il doit le savoir mieux que personne !

J'ignore sur quel terrain Akim tente de m'emmener, mais il vaut mieux pour son bien ne pas me chercher des noises aujourd'hui.

— Si tu veux vraiment savoir, grogné-je entre mes dents, il n'y avait pas que ça comme fondation branlante dans notre couple.

Akim finit par comprendre qu'il est à deux doigts de me pousser à déchiqueter le drapeau blanc planté entre nous ces trois dernières semaines. Il opine en silence, se tortillant légèrement dans son siège, sans chercher à prolonger cette conversation impromptue.

Le reste du trajet jusqu'à la maison se déroule dans un calme relatif, uniquement rythmé par l'autoradio en fond sonore.

___

Tourner les locks* : processus consistant à intégrer les repousses de cheveux (ayant la texture originale) aux mèches déjà formées.

NB - Les locks (ou dreadlocks) sont des sections de cheveux tournées sur eux-mêmes de manière régulière jusqu'à prendre forme.

Puisque les cheveux continuent de pousser, il faut donc continuer à "tourner les locks".

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