Chapitre 5
Je sortis de la chambre une fois que j'eus vêtu les vêtements que Rafael m'avait fait passer. Ils étaient assez simples, un tee-shirt gris, un jean et des baskets. Je refermai soigneusement la porte derrière moi et observai les alentours. Je me trouvais toujours dans un couloir ancien avec des torches aux murs. Et bien évidemment un ascenseur au bout de celui-ci. Bizarre quand même. Je me dirigeai vers l'élévateur et sortis le pos-Tit que Rafael m'avait laissé. Rejoins-moi étage 6. Je mexécutai et l'ascenseur commença aussitôt à monter. Il afficha d'abord -2. J'en déduisis que la chambre dans laquelle j'avais dormi se trouvait étage -3. La machine gravit les étages à une vitesse normale, ce qui me déçut un peu. Une fois arrivé à l'étage 6, l'ascenseur émit un petit Cling et la porte s'ouvrit sur une grande pièce. Pourquoi est-ce que j'avais l'image de la salle sur demande en tête ? Mon côté cinéphile prenait le dessus au mauvais moment des fois. Je m'avançai et observai mieux. Des meubles à armes étaient répartis aux quatre coins de la pièce et le sol était recouvert de tapis à certains endroits. Au fond, j'apercevais des cibles de tir à larc. Et enfin, au centre de ce que je supposais être la salle d'entrainement, m'attendaient Christelle, Rafael et Yüna. Cette dernière me regardait froidement. Je l'ignorai et m'avançai en fixant mon regard sur la femme blonde. J'attendis qu'elle entame la première la conversation.
-Rafael m'a parlé de votre soi-disant vision, commença-t-elle en appuyant bien sur le mot « soi-disant ».
Déjà, ça partait mal.
-Et du coup ? demandai-je.
-Vous avez rêvé.
Je lui jetai un regard abasourdi.
-Mais... Ce que Rafael m'a appris de votre enquête colle avec ce que j'ai vu.
-Vous vous étiez cogné la tête. Vous vous trompez surement.
-Non, je suis sûre de moi !
-Une simple coïncidence alors, dit-elle en haussant les épaules.
J'ouvris la bouche pour répliquer mais le regard que Rafael me lança m'en dissuada.
-As-tu réfléchi à notre proposition ? me demanda le vampire pour changer de sujet.
-Celle de recevoir une formation de Sentinelle, précisa Yüna. Proposition absurde je trouve.
-On ne te demande pas ton avis Yüna, grogna Raf.
Celle-ci se tut aussitôt. Enfin ! Il était tant quelle ferme son clapet.
-Je pense que je vais accepter mais à deux conditions.
-Je vous écoute, soupira Christelle.
-D'un, je veux être au courant de toutes les avancées sur les affaires de ma famille, que ce soit ma mère ou ma soeur.
-Cest faisable.
-Et ensuite, j'aimerais faire mon stage de basket-ball en août.
La belle blonde haussa un sourcil, étonnée. Elle ne s'attendait sûrement pas à ce genre de requête. Yüna me jeta un regard noir et Rafael ne bougea pas d'un pouce. Je lui en avais déjà parlé plus tôt dans la journée.
-Je pense que c'est également possible, dit Christelle. A condition que quelqu'un vous accompagne, pour continuer votre entrainement une fois là-bas.
Je me crispai. Que quelqu'un m'accompagne à mon stage de basket ? Euh...
-On n'y est pas encore, intervint soudain Rafael en sentant mon désarroi.
Je le remerciai du regard et il me sourit gentiment. Yüna nous observait mais je décidai de l'ignorer et me rencontrai sur Christelle.
-Tu dois être sûre de toi. Veux-tu vraiment être une Sentinelle ?
Techniquement, ce n'était pas vraiment comme si j'avais le choix. Je devais apprendre pour retrouver ma soeur. Mais il y avait autre chose. Comme si j'avais longtemps attendu ça. J'en avais envie. Et puis je ne pouvais pas reprendre ma vie d'avant comme si de rien n'était ! C'était trop tard maintenant !
-J'en suis sûre, répondis-je d'une voix décidée.
La femme esquissa un petit sourire qui s'évanouit presque aussitôt. Elle sortit de sa poche un petit anneau de couleur argent qu'elle me tendit. Je le pris et l'observai. Il était assez simple avec pour simple inscription « vigila ».
-Tous les voyants de la justice en apprentissage en ont un. Vigila signifie sentinelle en latin, m'expliqua Rafael.
-Cool ! Vous ne m'aviez pas dit que j'allais intégrer la communauté de l'anneau ! m'écriai-je en rigolant.
Malheureusement personne ne comprit.
-Rien, laissez tomber, grognai-je.
Il va falloir que je chasse cette mauvaise habitude que j'avais de lancer des références à des films à tout va. Je mis la bague mon doigt et relançai la conversation.
-Alors... Quoi d'autre ?
-On vous a déjà expliqué que les Sentinelles sont réparties par groupes un peu partout dans le monde. Mais il faut bien que quelqu'un guide tout ce beau monde. Je suis moi même la chef des Sentinelles de New York.
Comment me mettre le stress ? Et ben voilà. Je me mis à tripoter nerveusement mon anneau tout en l'écoutant.
-Je suis ta supérieure, tu ne peux rien faire sans mon autorisation.
Je hochai vigoureusement la tête.
-Et... C'est vous qui allez m'entrainer ?
-Non. Tu auras trois professeurs.
-Trois ?
-Un qui t'enseignera tout ce qu'il y a à savoir sur les créatures mystiques et nos origines, un qui s'occupera de ton entrainement physique, qui t'apprendra le maniement des armes et l'art du combat et un dernier qui pourra t'aider à maitriser, disons... Ta puissance lupine. La prochaine pleine lune est dans une semaine.
-J'avais oublié ce détail, soufflai-je.
J'eus du mal à m'imaginer en train de me transformer en une grosse bête poilue. Je revins rapidement au sujet principal.
-Et qui sont mes professeurs ?
Rafael et Yüna se tournèrent vers Christelle. Elle les avait surement déjà informé, et vu l'air furax de la fille aux cheveux blancs, elle avait dû la choisir.
-Rafael se chargera de ton apprentissage intellectuel tandis que Yüna s'occupera de t'entrainer physiquement.
Je tournai la tête vers Yüna, dépitée. Elle me lança un regard meurtrier et un frisson me parcourut l'échine.
-Nous n'avons pas encore trouvé de loup-garou mais nous cherchons. Rafael, Yüna, laissez-nous s'il vous plaît.
La jeune femme ne se fit pas prier et sortit de la salle en me bousculant. Je n'y prêtai pas attention et me concentrai sur ce que Rafael me chuchota.
-Je t'attends dans ta chambre.
Et sur ce, il sortit. Christelle et moi enfin seules, elle entama la conversation.
-Maintenant, voudriez-vous bien me décrire votre mère pour que je puisse la trouver ? demanda-t-elle en sortant son téléphone.
J'hésitai. Après ce que j'avais vu, je n'avais plus aucune raison de la couvrir, même si Christelle ne cessait de répéter que ce n'était pas réel. Je lui décrivis alors ma génitrice. Elle pianotait sur son écran à une vitesse hallucinante. Elle esquissa un petit sourire puis tourna l'appareil dans ma direction. C'était la fiche d'identité dune femme. Une femme que je connaissais bien. Enfin, que je pensais bien connaitre.
-C'est elle, dis-je d'une voix tremblante.
La belle blonde hocha la tête, satisfaite, mais un peu troublée.
-Qu'y a-t-il ? demandai-je.
-C'est que... Votre mère n'est pas une voyante.
-Je le tiens peut-être de mon père.
-Non, ce n'était qu'un humain.
Était. Ce mot me blessa plus que je ne le pensais.
-Comment est-ce possible ?
-Elle a surement caché ses pouvoirs de voyante. Je ne vois pas d'autres explications.
Ce ne serait pas la première fois qu'elle cache quelque chose de toute façon
-Son nom est donc Louise Reps, poursuivit Christelle. Elle est connue de nos troupes de Sentinelles pour avoir essayé de créer une rébellion contre nous. Elle a étrangement disparu il y a environ 20 ans.
-Une rébellion ? Pourquoi ?
-Elle déteste les Sentinelles. Il y a surement une seconde raison qui nous est inconnue.
-Je vois
Nous restâmes dans le silence un court moment.
-L'entrainement pour devenir une Sentinelle est dur. Encore plus pour vous. Les voyants de la justice commencent leur entrainement vers l'âge de 10 ans. Avant ça ils ont déjà commencé à étudier les lois et les créatures mystiques. On peut dire que vous avez un sacré retard.
Super, ça fout pas du tout la pression, merci.
-Je serais à la hauteur, je vous le promets, répliquai-je en me redressant.
Elle hocha la tête, satisfaite.
-Allez-y, Rafael vous attend.
Je la remerciai d'un signe de tête et me dirigeai vers la porte. Alors que je m'apprêtais à l'ouvrir, Christelle m'interpella.
-Ophélie !
Je me retournai.
-Oui ?
-Tu peux me tutoyer. Je m'appelle Christelle.
-Je sais.
Et sur ce, je sortis. Je gagnai rapidement l'ascenseur et rejoignis Rafael qui m'attendait bien sagement sur mon lit. A peine j'eus posé un pied dans la pièce qu'il releva la tête et me sourit. Je lui souris en retour, tout en m'asseyant à mon tour sur le lit.
-Combien de temps vais-je rester ici ? demandai-je.
-Pourquoi, tu comptes rentrer chez toi ? demanda-t-il.
Sa remarque me fit l'effet d'une douche froide. Rafael le remarqua et son sourire s'évanouit.
-Désolé, ce n'est pas ce que je voulais dire En tout cas se serait plus simple pour toi de rester ici.
Je hochai la tête, la gorge nouée.
-Je serai dans la chambre d'à côté. Si tu as besoin de quoi que ce soit viens me voir.
-Merci. Pour tout d'ailleurs.
Il me prit la main, un geste qui me surprit beaucoup. Il serra mes doigts, ainsi que mon anneau d'apprentie dans les siens.
-Je sais que ce que tu traverses est difficile, et je tiens à te faire savoir que je serais toujours là pour te soutenir, quoi qu'il arrive.
Je fus émue par ses belles paroles mais me ressaisis rapidement, une question me taraudant l'esprit.
-Pourquoi tu fais ça ?
-Comment ça ?
-Pourquoi es-tu aussi gentil avec moi alors qu'avant tu me traitais de petite chose.
Il me lâcha lentement la main.
-Je ne sais pas vraiment. J'avais déjà commencé à t'apprécier avant. Mais je pensais toujours que tu étais humaine. Jusqu'à la fête. J'avais déjà quelques doutes mais ils se sont intensifiés. Et puis j'en ai eu la certitude. Je pense que savoir que tu es une créature mystique m'a offert la possibilité d'être ton ami.
-On aurait aussi bien pu être amis si j'avais été humaine, lui fis-je remarquer.
-Peut-être. Ou peut-être pas. On nous enseigne dès le plus jeune âge que les humains sont faibles et sans intérêt. Je ne sais pas si c'est vrai. Je n'ai pas assez d'expérience pour me faire mon propre avis. En tout cas, maintenant j'ai l'impression de te redécouvrir.
-C'est pareil pour moi. C'est comme si je te rencontrais pour la première fois.
-On est partis sur de mauvaises bases au lycée. Il est temps de se rattraper, pas vrai ?
J'acquiesçai et il tapa dans ses mains.
-Bien, il est temps de travailler.
-Je vous écoute professeur Latouche !
Oups. Rafael me regarda en fronçant les sourcils.
-C'est qui ce Latouche ?
-C'est dans Ducobu. Un film adapté d'une BD.
-Pourquoi tu m'as appelé comme ça alors ?
-C'est juste une référence. J'aime bien en dire des fois. Je le fais sans m'en rendre compte à certains moments. Désolée.
Il sourit.
-C'est pas grave. Mais ne t'étonnes pas si je ne comprends pas.
-Même pas celles en rapport avec Harry Potter ?
-Connais pas.
Je fis les yeux ronds.
-Tu connais pas Harry Potter ? Mais c'est ultra connu !
-Les Sentinelles ont très peu de temps pour eux. Je n'ai pas l'occasion de voir des films.
Je restai sans mots. Etant une vraie cinéphile, je ne pouvais pas imaginer ma vie sans films. Ce fut Rafael qui brisa le silence gênant qui s'était installé.
-Je vais commencer par te parler des voyants de la justice, des lois et des missions des Sentinelles. D'abord les lois.
Rafael passa la fin de l'après-midi à réciter toutes les règles du monde mystique. Les créatures ont l'interdiction de s'attaquer aux humains. Cela peut être gravement puni. Je ne retins que l'essentiel et vins le moment de parler des voyants de la justice.
-Comme nous te l'avons dit quelques heures plus tôt, commença Rafael, nous sommes plus rapides, plus agiles et plus forts que les humains.
-J'avais cru remarqué.
-Ensuite nous pouvons voir des esprits, des fantômes. Et des ombres.
-Je ne vois rien du tout, grommelai-je.
-Je vais te montrer.
Il se rapprocha de moi et prit mes mains dans les siennes. Je me sentis rougir mais ne bronchai pas.
-Respire lentement. Essaye de te concentrer sur ce que tu ne vois pas. Je sais que ça peut paraître bizarre mais imagine que tu cherches à voir les molécules d'eau dans l'air.
Je m'exécutai. J'observai le vide à m'en faire loucher.
-Tu respires trop vite, me dit Rafael en me pressant le bras.
Je ralentis les battements de mon coeur et me concentrai sur mon souffle. Il s'atténua et je crus apercevoir quelque chose. Je fronçai les sourcils. La pièce s'assombrit et les murs furent recouverts d'ombres. Elle semblaient danser. Dans l'air je voyais comme des trainées de lumière.
-Ouah. soufflai-je. C'est magnifique.
-Je suis bien d'accord. Et pourtant ce que tu vois ce sont des morts, ou plutôt les esprits des morts.
Je me sentis frissonner.
-Comment est-ce possible ? demandai-je.
-Nous ne savons pas vraiment d'où viennent les créatures mystiques. Il en existe 13 espèces, en comptant les anges et les démons. Les voyants sont arrivés après et on a remplacé la 13. Les banshees. Ce sont nos ancêtres, leur sang coule dans nos veines.
-Il n'en existe plus ?
-Non, elles ont toutes disparues il y a des milliers d'années. C'est d'elles qu'on tient nos pouvoirs de vision.
Je me concentrai pour récupérer ma vue normal et réussis avec brio.
-J'ai compris. Mais ça fait beaucoup d'informations d'un coup.
-Je le consens. Je pense que c'est assez pour aujourd'hui. Reposes-toi. Je viendrais te chercher demain matin vers 9h.
-D'accord.
Le jeune homme se leva et se dirigea vers la porte.
-Rafael ?
-Oui ?
-Quel âge as-tu ?
Il hésita.
-Désires-tu vraiment le savoir ?
J'acquiesçai.
-156 ans, soupira-t-il.
Je crus que les ombres étaient revenus car ma vision s'assombrit.
-Ophélie ? demanda Rafael en ne me voyant pas répondre.
-Tu... Tu es vieux !
Je crus l'avoir vexé mais il éclata de rire.
-C'est toi qui le dis. Chez les vampires on est considérés comme vieux vers 200 ans. Chez les sorciers vers 400 ans et chez les fées et les elfes plutôt 1000 ans. J'en suis encore loin.
Je ravalai ma salive. Ne me voyant pas répondre, Rafael ouvrit la porte.
-Rafael, attend !
Il se retourna. Je crus voir un éclat brillant dans ses yeux bleu nuit. Mais il disparut presque aussitôt.
-Merci, dis-je.
Il me sourit.
-Bonne nuit Ophélie.
-Bonne nuit Rafael.
Il sortit de la chambre, définitivement cette fois-ci. Je me dirigeai nonchalamment vers la salle d'eau. Rafael m'avait laissé un pyjama sur le rebord de la baignoire. Je l'enfilai rapidement et allai me coucher aussitôt. Je pensai d'abord à Rafael, puis à mon père et ma mère. Mes pensées auraient dû se diriger vers Jennifer. Pourtant, ce fut le visage d'une tout autre personne qui s'afficha devant moi alors que le sommeil m'emportait. Bruno.
***
Je me réveillai de bonne humeur. Je remis les vêtements de la veille et attendis bien sagement Rafael. Il entra à 9h pile, le sourire aux lèvres.
-Alors, bien dormi ? me demanda-t-il.
-J'étais très excitée mais oui. Bon alors on va faire quoi aujourd'hui ?
-Quel enthousiasme !
Il ouvrit la porte de ma chambre.
-Suis-moi.
Il sortit dans le couloir et je m'empressai de le suivre. Nous montâmes dans l'ascenseur. Rafael appuya sur le bouton 2 et l'élévateur commença immédiatement à monter.
-Alors, qu'est-ce qu'on va faire ? demandai-je, impatiente.
-Tu verras.
Je poussai un grognement de frustration. Il eut un petit sourire amusé au moment où la porte de l'ascenseur s'ouvrit. Rafael sortit, moi à sa suite. Nous marchâmes en silence dans un long couloir pareil à celui de l'étage -3. Le jeune homme s'arrêta devant la dernière porte.
-Qu'est-ce qu'il y a derrière ? demandai-je d'une petite voix.
-Entre, tu verras.
J'agrippai la poignée et ouvris. La salle était plutôt petite. Il y avait des armoires aux quatre coins de la pièce. Et rien d'autre. Une simple ampoule enveloppait la salle dans une ambiance chaleureuse. Rafael me poussa gentiment à l'intérieur et entra à son tour. Il referma la porte derrière lui.
-Qu'y a-t-il dans ces armoires ?
J'ouvris la première à ma droite sans attendre sa réponse. Je m'attendais à tomber sur toutes sortes d'armes et fus presque déçue en voyant des piles de vêtements. Je me tournai vers Rafael, interrogative. Il me sourit gentiment, prit une pile de vêtements et me la tendit.
-Alors, ça te dirait une séance d'essayage ?
-T'es sérieux ?
-Bien sûr que oui ! Allez, regarde un peu ce que je t'ai donné.
Je soupirai et m'assis par terre. Je posai la pile de vêtements sur mes genoux et dépliai le tee-shirt sur le dessus. Il était blanc uni et à manches courtes avec une petite poche au niveau du coeur.
-C'est pour ranger notre pierre de secours, expliqua Rafael. Chaque Sentinelle en a une.
Il sortit un galet marqué d'un S, un peu trop familier pour moi.
-Il suffit de la serrer intensément pendant plusieurs secondes et ça envoie un signal d'alarme à notre base.
Il sortit de la poche de son jean une de ces pierres et me la tendit.
-Voilà la tienne. Si tu es en danger n'hésites pas.
J'obéis et la posai à côté de moi. Je regardai les vêtements restants. Une veste en cuir noire et un pantalon de la même couleur. Il comportait plusieurs lanières pour y accrocher des couteaux ainsi que de nombreuses poches devant et derrière.
-On a des bas différents selon les missions, m'expliqua Rafael. S'il faut une épée...
-Ok j'ai compris, le coupai-je.
Je n'avais pas envie qu'il me liste toutes les armes possibles et inimaginables.
-Mais c'est cette version qu'on porte le plus souvent.
Je pris la pile de vêtements dans les bras, ainsi que la pierre de secours et me relevai.
-Je t'en donnerais d'autres plus tard.
Je hochai la tête.
-Merci.
Je ne le regardai pas dans les yeux et Rafael sembla le remarquer.
-Ophélie, ça va ?
-Oui, c'est juste que... A quoi ça va servir ? A tuer ?
J'eus enfin le courage de le regarder en face. Il avait comme toujours son masque indéchiffrable.
-Tu fais encore un blocage sur la peine de mort ?
-Même les humains ont arrêté ça. Enfin, la plupart.
Rafael soupira.
-C'est dans des cas désespérés. Quand des créatures mystiques s'attaquent à trop de personnes.
-Trop de personnes ? Pourquoi as-tu essayer de tuer ce démon qui s'appelait Keln ? Je t'ai entendu dire qu'il n'avait tué qu'une personne !
-Ce n'était qu'un début. Et il fait partie d'une catégorie assez particulière. C'est un démon.
-Et ?
-Réfléchis un peu.
Je grognai en me remuant les méninges. Je répétai en boucle ce qu'il m'avait dit jusqu'à en arriver à une conclusion.
-Tu parles de lui au présent.
-Exact. Il n'est pas vraiment mort. Enfin si, mais un certain laps de temps. Il a disparu dans une sorte d'espace-temps et il reviendra à l'endroit précis où il est mort.
-Quand ?
-Cela dépend.
-Comment ça ?
-Eh bien, ça change d'un démon à un autre. Certains ont plus de facilité que les autres à trouver le chemin pour revenir. Pour certains ce sont quelques heures, pour d'autres des siècles.
-Et pour Keln ?
-Il n'était encore jamais mort jusqu'à hier. On va surement surveiller la rue de sa dernière bataille pour voir.
Je réfléchis un instant.
-Quand s'est-il attaqué à un humain ?
-Il y a à peu près 1 an. Et ce n'est pas le seul. Une grande partie des démons se sont soudainement comme réveillés. Beaucoup d'humains sont morts.
-J'en ai entendu parler. Aux infos ils parlent de meurtres un peu partout dans le monde. Mais ils n'ont jamais pensé que toutes ces morts étaient liés.
-Les démons ne tuent pas tous de la même manière.
Je sentis ma gorge se nouer.
-Et pourquoi tuer tous ces gens maintenant ?
-Je l'ignore.
-Il y a eu une cinquantaine de victimes
-Sans compter les mystiques.
Je baissai la tête en sentant mes yeux me piquer. Rafael m'attrapa le menton et me força à le regarder dans les yeux.
-On va trouver, ne t'en fais pas.
J'acquiesçai en silence. Il me lâcha le menton et farfouilla dans la poche de son jean. Il en sortit un masque noir avec un petit sigle sur le côté : un cercle et trois traits en son centre, tout en blanc.
-J'ai failli oublier : garde toujours ce masque sur toi. Mets-le dans une des poches de ton pantalon.
Je m'exécutai.
-Je sais bien que l'épidémie de Covid-19 a été rude, mais quand même, dis-je pour plaisanter.
Rafael leva les yeux au ciel.
-Idiote. Non ce masque est ensorcelé. Il protège de toutes sortes de produits chimiques dans l'air. C'est toujours utile.
-Et ce signe ? demandai-je en désignant le cercle et les traits.
-C'est le symbole des Sentinelles. Tu risques de revoir plusieurs fois ce sigle. Sur les armes il y est, si ce n'est pas le mot Sentinelle qui est gravé dessus. Tu as déjà dû t'en rendre compte mais au contact des voyants de la justice la gravure s'illumine.
-Oui j'avais remarqué, mentis-je.
Je n'y avais absolument pas fais attention mais il était hors de question que je l'avoue.
-Elle brille d'une couleur qui varie d'une arme à une autre. C'est ce qui les rend bien plus maniables. Tu verras ça avec Yüna.
L'allusion à la jeune femme me fit grimacer.
-J'ai hâte.
Rafael me sourit. Son téléphone se mit à vibrer. Il le sortit, le tapota légèrement, fronça les sourcils puis releva la tête vers moi.
-Christelle veut te voir. Elle te demande au rez-de-chaussée. A l'étage zéro si tu préfères.
-Combien y a-t-il d'étages dans votre base ?
-12 supérieurs, 12 en sous-sol plus le rez-de-chaussée, ça fait 25.
-Mais comment elle peut être cachée ?
-Personne n'a dit qu'elle est cachée. On est à New York. Un gratte-ciel parmi les autres ça passe inaperçu. Bon, ne fais pas attendre Christelle, vas-y vite.
-D'accord, à plus tard alors.
Je pris dans les bras les vêtements que Rafael m'avait donné et m'enfuis en courant. L'ascenseur arriva rapidement au rez-de-chaussée et je m'empressai de sortir. Les portes métalliques s'ouvrirent sur un grand hall lumineux. Il n'y avait aucune fenêtre, seulement une porte en métal donnant probablement sur les rues de New York et une autre porte grande ouverte sur le côté. Comme il n'y avait personne dans le hall je me dirigeai vers celle-ci. La salle qui s'ouvrait à moi était une grande salle à manger. De longues tables en bois étaient alignées. Il n'y avait personne à part Christelle et une femme de dos. Je me rapprochai et celle-ci se retourna. Elle avait des cheveux châtain foncé lisses et très courts. Ses yeux étaient d'une couleur étrange : doré. Sa peau était assez claire et elle semblait plutôt petite à première vue. Elle était par contre très musclée et montrait des biceps dignes d'une vraie sportive. Elle me sourit gentiment. Christelle se leva.
-Ophélie, je vois que Rafael t'a donné tes premiers vêtements de Sentinelles.
Je hochai la tête imperceptiblement, le regard rivé sur l'inconnue. La blonde suivit mon regard.
-Effectivement, si je t'ai fait venir c'est pour te présenter la personne ici présente.
Celle-ci se leva et je pus remarquer que j'avais une bonne déduction. Elle était vraiment petite.
-Voici Léa Fritynil, ta tante.
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