Chapitre 14
Quand je rouvris les yeux, je remarquai que j'étais toujours dans le magasin. L'adolescent qui avait attaqué Yüna était aux prises avec les deux autres vampires. La croisée était toujours agenouillée aux côtés de la jeune fille. Je la rejoignis.
-C'est qui ce mec, sérieux ? demandai-je en pointant du doigt le garçon que j'avais envoyé contre un mur. Il est avec ou contre nous ?
-On s'est expliqués et il a enfin compris que ce sont eux qui ont attaqué sa soeur.
C'était sa soeur ? Voilà qui expliquait bien des choses...
-Depuis quand tu parlementes ? m'étonnai-je.
Mais je voyais bien aux traces de sang sur son visage qu'avant, elle s'était bien battue avec lui. J'en avais même aperçu une partie. Alors avant qu'elle ne réponde, je repris la conversation.
-Il faut qu'on fasse quelque chose, dis-je en montrant la blonde.
-J'ai laissé ma pierre de secours chez ta tante, grogna Yüna. On a deux options. Soit je cours la chercher, soit on trouve un téléphone et on appelle des renforts.
-Les deux propositions sont bien trop longues.
J'hésitai un long moment.
-Je vais lui donner mon sang, dis-je. Hioelle ma dit qu'il faut que les vampires boivent du sang pour se régénérer.
Alors que Yüna allait rétorquer par un non catégorique (je commençais à la connaître), une voix retentit derrière nous.
-Quand Hioelle a dit ça, ce n'était pas pour que tu donnes ton sang dix minutes plus tard.
Yüna et moi nous retournâmes comme une seule personne. Hioelle nous faisait face en fronçant les sourcils.
-Mais sinon elle mourra ! m'indignai-je.
-Techniquement elle est déjà morte.
-C'est toi qui m'as dit qu'elle peut quand même mourir ! Définitivement !
Yüna soupira.
-Elle a raison. Et puis c'est dangereux. Imagine qu'elle n'arrive pas à se maîtriser et qu'elle te vide de ton sang. Celui des mystiques et des humains est bien plus addictif.
-Si c'était Rafael, tu le ferais ? lui demandai-je d'une voix dure.
Elle se tut.
-C'est bien ce qu'il me semblait.
J'entrouvris la bouche de la fillette et plaçais mon poignet juste sous ses canines. Mais rien ne se produisit.
-Allez... Mords-moi !
-C'est bien la première fois que j'entends quelqu'un dire ça, murmura Hioelle.
Je l'ignorai.
-Peut-être que tu devrais te faire une petite entaille. L'odeur du sang la réveillera peut-être, me suggéra Yüna.
-Ne l'encourage pas ! la rabroua ma cousine.
-Je fais comment pour me couper ?
Yüna m'attrapa le poignet, prit l'un de ses couteaux et me coupa. Je grimaçai puis réavançai mon poignet devant la bouche de la vampire. Ses narines remuèrent, ses lèvres frémirent, et soudain, elle planta ses crocs dans mon bras. Je poussai un petit cri, surprise, et me préparai à la douleur. Qui ne vint jamais. A la place, j'eus la sensation d'être anesthésiée. Je commençai à me sentir fatiguée et je sentis Yüna me retenir pour que je ne m'écroule pas. La jeune fille ouvrit lentement les yeux. Ceux-ci étaient aussi bleus que l'océan. Elle m'observa un long moment, puis, remarquant ses canines plantées dans mon bras, elle se recula précipitamment.
-Je... Désolée... Je ne voulais pas, bredouilla-t-elle.
-Non c'est moi, répondis-je faiblement.
Hioelle me fit m'allonger.
-Attends un peu que l'anesthésiant se dissipe, me dit-elle.
Je me détendis en sentant le contact de sa main sur mon bras. A côté, les bruits de bagarre avaient cessé.
-Tu ne les as pas tués au moins ? demanda la fillette.
-Non, bien sûr que non ! s'écria son frère.
Ma tête se mit à tourner, et le sang me monta aux oreilles. Je n'entendis plus rien de ce qu'ils disaient. Quand mon ouïe revint, j'entendis mon nom.
-Ophélie ! cria Rafael en me secouant.
J'ouvris brusquement les yeux et me redressai. Je ne m'étais même pas rendu compte que je les avais fermés.
Je n'étais plus dans le magasin. J'étais chez Léa, allongée sur le canapé.
-Est-ce que tu vas bien ? me demanda Raf.
-Oui, ça va. Que se passe-t-il ? demandai-je.
Son expression changea immédiatement et devint plus dure.
-Il se passe que tu es totalement irresponsable !
Je fronçai les sourcils.
-Quoi ?
-Tu m'as très bien entendu, gronda-t-il. Ce que tu as fait est dangereux et totalement irréfléchi.
-C'est ce que tu penses ?
-Comment ça ? s'énerva-t-il.
Je me redressai jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres de son visage.
-Va te faire voir Rafael Tenack. Je n'allais pas laisser quelqu'un mourir juste parce que vos lois stupides m'empêchent de la sauver. Alors si tu n'es pas de mon avis tu peux dégager.
Je n'avais pas peur de lui. Peut-être aurait-il préféré.
Il me fixa encore quelques secondes puis se recula. Il se dirigea vers la porte d'entrée.
-Les règles sont faites pour être transgressées, dis-je.
-J'en ai marre de tes références de merde, cria-t-il.
Je n'eus pas le temps de répliquer. Il claqua la porte avant.
-Ce n'est pas une référence mais une citation, murmurai-je entre mes dents.
Le silence était pesant, et je me rendis enfin compte que je n'étais pas seule dans le salon. Léa, Hioelle, Nicolas, Xavier et les deux jeunes vampires avaient assisté à la dispute entre Rafael et moi.
-Désolée, dis-je, embarrassée.
-Ne t'excuse pas ! me dit Léa en s'asseyant à côté de moi. Depuis le temps que j'attends que quelqu'un tienne tête au grand Rafael Tenack !
Un petit sourire se dessina sur mes lèvres. La vampire que j'avais sauvée quelques temps plus tôt s'avança.
-Je voulais te remercier de m'avoir sauvé la vie, dit-elle. Tu ne me connais pas et rien ne te forçais à le faire, surtout que peu de personne donnerait son sang à un vampire. Alors merci.
Ma bouche resta fermée. Je ne savais pas quoi répondre à ça. J'avais fait ce que je trouvais juste de faire.
-De rien, dis-je simplement.
Son frère s'avança et me dévisagea.
-Tu ne ressembles pas à une louve-garou. Tu es trop maigre. Et pourtant, tu sens le chien.
Peut-être aurais-je dû me vexer, ce qui ne fut pas le cas. Je préférais l'observer lui et sa soeur. Oui j'aime bien observer les gens, et alors ?
Leur ressemblance était frappante. Pourtant, il était bien visible qu'ils avaient au moins 2 ans d'écart. Malgré ça, ils se ressemblaient beaucoup. Tous les deux avaient des cheveux blonds et plus ou moins bouclés, des yeux bleu océan, et ils étaient aussi petits l'un que l'autre. Ils avaient tous deux la peau pâle à force de ne pas voir le soleil. Hormis toutes ses ressemblances, le garçon était plus musclé que la fille, et celle-ci était bien plus timide que l'autre.
-Peut-être que mon côté voyante atténue mes gènes de louve, suggérai-je.
Il ne dit rien de plus et se contenta de me dévisager une nouvelle fois. La porte d'entrée s'ouvrit brusquement et une Yüna furieuse fit irruption dans le salon.
-J'ai parlé avec Rafael et c'est plus grave que ce que je pensais, dit-elle gravement.
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