Chapitre 10
Gwendolyn
L'adrénaline pulsait dans mes veines, j'avais peur que Clade ne nous rattrape. Flash galopait trop vite pour moi, j'avais envie de vomir. Nous fûmes rapidement de retour au manoir, ce qui me soulagea, notre ennemi ne tenterait rien ici.
Kaede nous rejoignit après quelques minutes, essoufflé. Je ne savais pas comment il avait pu faire aussi vite mais il y avait plus important. Nous précipitâmes à l'intérieur. J'ouvris la porte avec fracas, faisant sursauter ma tante. Celle-ci avait pleuré et j'entendis distinctement mon père et Pierre soupirer de soulagement.
— Kaede, Gwen, nous avons appris l'arrestation des Danvers, m'informa mon père, heureusement vous n'avez rien.
Les informations circulaient très vite... J'aurais bien aimé que mon père nous interroge plus, mais Pierre ne lui en laissa pas le temps.
— Kaede, qu'est-ce donc ce rouge à lèvres sur ta joue ?
— Euh...c'est rien, s'écria Kaede, c'est.... Euh... du jus de tomate !
— Mais bien sûr, bref passons, qui est-ce ? demanda Pierre en désignant notre nouvelle « recrue ».
— Je m'appelle Julius, j'ai rencontré Kaede au village, il m'est venu en aide.
— C'est une Sentinelle, intervint Kaede, montre-nous ton tatouage.
— Kaede, enfin, le gronda Pierre.
Le ton de Kaede ne dérangea pas Julius et il releva la manche de sa chemise. Sur son poignet droit, devenu rouge, s'était imprimé un petit chevalier couleur or. Il ressemblait énormément à celui de Kaede, à la seule différence que le soldat miniature tenait des herbes médicinales.
— La Sentinelle d'or...
— Il vous faudra bien maitriser vos pouvoirs, car pour récupérer les Marques, il est nécessaire d'être maitre de sa puissance, nous dit Gerd.
— Et c'est maintenant que tu nous dis ça, m'exclamai-je.
— Julius, je crois que tu n'es au courant de rien en ce qui concerne Clade, l'Annonceuse et les Sentinelles, demanda Claire en me coupant délibérément la parole. Nous avons le temps de t'expliquer tout ceci avant le repas. Tu vas rester sous notre responsabilité, le temps qu'on libère tes parents.
Julius approuva lentement de la tête. Il semblait un peu sous le choc, comme s'il venait de réaliser tout ce qui s'était passé. Installés sur un canapé, nous écoutâmes pendant des heures, les éclaircissement des trois adultes. Je connaissais suffisamment les détails de l'histoire et ne tardai donc pas avant de m'assoupir sur l'épaule de Kaede. Je me réveillai lorsque la voix de ma tante se fit plus forte.
— Les enfants, allez-vous changer pour le souper. Julius, Kaede te prêtera des habits et Gerd ira chercher tes affaires, dit-elle.
— Très bien, le souper est à 19h30, vous avez une heure pour vous préparer. Nous aurons à discuter pendant le repas, annonça mon père, maintenant vous pouvez y aller. Ah Gerd aménagez une chambre pour Julius, car il va rester un bon moment avec nous, n'est-ce pas ?
— Je vous remercie pour l'hospitalité, dit le jeune adolescent.
N'attendant pas le réponse de mon père, je sortis rapidement de la pièce et montai rapidement les escaliers qui me séparaient de ma chambre et m'y enfermai. Les événements m'avaient bouleversée et je voulais, ne serait-ce qu'un instant, rester seule. J'entendis distraitement ma soeur m'appeler mais je ne répondis pas et filai sous la douche chaude.
Je troquai ma robe bleue ciel contre une robe noire aux manches courtes cachant les épaules. Je refis ma queue de cheval et, alors que finissais, on toqua à ma porte. C'était Kaede. Je me sentis rougir alors qu'il souriait. Il avait revêtu une chemise dont les trois premiers boutons n'étaient pas accrochés, son pantalon noir était déchiré aux deux genoux, le tissu ayant visiblement lâché à cause de l'usure.
— Kaede, tu aurais pu faire un effort pour tes habits.
— J'ai passé mes seuls vêtements à peu près correctes à Julius.
Passant une main dans ses cheveux, il dégagea ses oreilles, laissant apparaître un bijoux aux reflets couleurs pourpre.
— On m'a demandé de venir te chercher, me dit-il.
Je sortis de la chambre et suivis Kaede. Près de l'escalier, j'aperçus Alice et Julius. Je me figeai alors qu'ils se tenaient la main.
— Je crois qu'on interrompt un grand moment, s'exclama Kaede.
— Euh... En fait..., balbutia Julius en rougissant.
— Tu ferais mieux de te taire, le démon ! s'agaça Alice.
— On ferait mieux d'aller manger, déclara Julius coupant cours à toute argumentation.
Nous descendîmes l'escalier, Isa en tête, Kaede et moi fermions la marche. J'étais absorbée par mes pensées à tel point que je me souvenais à peine de la date d'aujourd'hui. Je me souvins alors d'un détail et je me tournai vers Kaede tout en demandant :
— Ce n'est pas aujourd'hui que l'on reçoit le bulletin ?
— Maintenant que tu en parles....
Un cri s'éleva soudainement du salon. Que se passait-il ? Horrifiée à l'idée qu'il se soit produit quelque chose de grave, je m'y précipitai, très vite suivie par mes amis.
J'aperçus ma tante, assise dans un fauteuil, hocher de la tête en parcourant une feuille de papier, le bulletin d'Alice. Mon père semblait également satisfait de mes résultats et de ceux de ma soeur. Seul Pierre paraissait au bord de la crise de nerfs. Nous entendant entrer, il releva la tête, et fixa son regard dans celui de son fils.
— Kaede, bon sang, qu'as-tu fait cette année pour avoir des notes pareilles ? s'énerva-t-il.
— Comment as-tu eu ce bulletin ?
— Je suis allé le cherché à la poste ce matin ! Je peux commencer les festivités : 3 en français, 2 en maths, 5 en anglais, 4 en sciences et 3 en latin, sans compter l'histoire où tu as 1, encore heureux que tu aies 6 en géo. Ce qui fait une moyenne générale de 3,43 sur 10, tu te moques de moi ?
— C'est déjà mieux que rien, répondit le jeune homme en haussant les épaules.
— Comment vas-tu faire à Welton ? Tu ne passeras pas l'année !
— Merci de ta confiance, papa. Et puis je t'ai déjà dit que je ne voulais pas aller dans cette école !
— Il est trop tard pour contester, votre demande d'inscription a été acceptée.
Un long silence s'installa dans la pièce. Je ne sentais que mon coeur battre, peut-être allait-il trop vite ? Que devais-je ressentir ? De la colère, de l'excitation ou de l'anxiété ? Je n'en savais rien, mais l'aura de rage que dégageait Kaede semblait annihiler la moindre de mes émotions.
— Pourquoi ne jamais tenir compte de notre avis ? marmonna le jeune démon.
— Vous serez en sécurité là-bas. Clade ne pourra pas vous attendre.
Pierre répondait calmement à son fils. Pourtant ses yeux lançaient des éclairs, il était contrarié par l'attitude de Kaede. J'aurais voulu défendre mon ami, mais je savais qu'il avait tort. Nous ne pouvions prendre aucun risque, cela pourrait avoir des conséquences désastreuses. Personne ne parlait, le repas se passa silencieusement sous les regards incendiaires des démons.
Je n'arrivais pas à réfléchir, ou plutôt je ne voulais pas penser à tous les soucis que j'avais. Ma vie avait trop changé en si peu de temps. J'avais fait de nouvelles rencontres qui me seraient utiles dans cette traque sans précédent.
J'attendais de voir ce que Welton pouvait m'apporter, si j'arriverais à contrôler mes pouvoirs d'Annonceuse grâce à cet apprentissage. Alors que mes réflexions me menaient sur un chemin tortueux, ma tante se racla la gorge et demanda :
— Connaissez-vous déjà vos pouvoirs ?
— Pas vraiment, répliquai-je alors qu'Alice et Isabelle secouaient négativement la tête.
— Je ne voudrais pas être impertinent, mais je pourrais reconnaitre la nature magique de quelques personnes, annonça Julius.
— Kaede, prends en de la graine, marmonna Pierre pour lui-même.
Ma tante, d'un geste de main, invita le nouvel arrivant à dire ce qu'il savait.
— Eh bien Alice est une Aphrodisiaque, grâce à son pouvoir elle attire les hommes et peut lire dans leurs pensées, elle peut ensuite les manipuler à sa guise. Isabelle doit être une nymphe du feu, elle peut le manipuler et en créer. Kaede, si je ne me trompe pas, tu es un démon, ainsi que ton père, affirma Julius.
— C'est exact, tu es vraiment doué, s'extasia Pierre. Sais-tu au moins ta propre nature ?
— Je ne suis qu'un mage, décréta-t-il, les pommettes rougies.
— Belle diversité magique, déclara ma tante. J'espère que ça ne sera pas trop difficile à gérer pour apprendre les bases.
Gerd secoua la tête et m'adressa un sourire compatissant. Je ne savais pas quelle était ma nature magique, sûrement celle d'Annonceuse... Le repas se finit dans une ambiance légère mais silencieuse.
Un entrainement était prévu dès le lendemain. Les adultes ne voulaient perdre aucune seconde, Clade n'en perdrait pas. Je finis par me lever et me diriger vers ma chambre. Affable, je souhaitais bonne nuit à tout le monde et m'enfermai dernière le panneau de bois. Je n'avais qu'une envie : dormir.
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