Chapitre 3
Harry marchait dans les couloirs : il était en retard. Il était allé étudier à la bibliothèque, ayant profité d'une heure de libre entre deux cours pour faire son devoir de Métamorphose. Hermione et Ron avaient préféré aller prendre l'air dehors, pour profiter du beau temps avant l'arrivée de l'hiver, qui s'annonçait très froid.
Après la Guerre, Hermione était devenue beaucoup moins impliquée dans ses études, déclarant que la vraie vie ne se passait pas dans une salle de classe. Revirement pour le moins étonnant, quand on sait que la pire peur de la jeune femme, lorsqu'elle se trouvait en première année, était de se faire renvoyer ; et absolument pas de mourir.
En voyant l'heure avec un « Tempus ! », Harry s'était mis à courir dans les couloirs, dérapant aux tournant, ses livres serrés contre son torse. Il avait l'espoir de n'arriver qu'avec une dizaine de minutes de retard, jusqu'à ce qu'il se cogne violemment contre quelqu'un, et qu'il s'échoue au sol avec la grâce d'une baleine. Ses livres s'éparpillèrent autour de lui, et il gémit de douleur en sentant ses courbatures se réveiller.
Malgré lui, un sentiment lui étreint le cœur ; depuis son agression, il suspectait chaque élève de Poudlard. Et s'il tombait nez à nez avec lui ? Et s'il devait se battre contre quelqu'un qui souhaitait finir le travail commencé ? Il n'était pas effrayé ; il avait tué Voldemort, après tout. Il aurait simplement aimé à avoir un moment de répit.
Ses yeux affolés accrochèrent ceux gris acier d'un certain Serpentard.
Étrangement, les battements effrénés de son cœur s'apaisèrent. C'était Malefoy, pas un inconnu. Malefoy, qui l'avait porté jusque l'infirmerie, qui ne lui lançait plus des regards assassins, qui agissait comme une personne civilisée avec lui.
C'était Malefoy.
Contre toute attente, le blond lui tendit la main, une lueur dans ses prunelles. Harry l'attrapa et il fut presque soulevé du sol quand le Serpentard le tira vers lui. Il se rattrapa de peu aux épaules musclées de l'autre, qui le dépassait d'au moins une demi-tête. Le Survivant sentit sa mâchoire se décrocher devant le comportement de Malefoy, et surtout lorsqu'il tâta malgré lui le torse sculpté du jeune homme.
— On ne tient plus sur ses pieds, Potter ? ricana-t-il.
Il n'y avait aucune méchanceté, aucune moquerie ; c'était enfantin, presque... amical. Comme un souvenir du bon vieux temps.
— Je... désolé, bredouilla le brun en se détachant à regret du corps de son ancien ennemi.
Étonnamment, Drago se baissa pour ramasser ses livres. Il forma rapidement une pile avant de le lui tendre, sans aucune animosité. Les joues roses, le Gryffondor reprit ses livres et le remercia à voix basse. Alors que le premier allait partir, il fut retenu par des doigts enroulés autour de son poignet. Le blond releva son regard d'acier vers lui, étonné.
— Malefoy, fit Harry en resserrant sa prise autour de son poignet, c'est toi... c'est toi qui m'a amené à l'infirmerie, pas vrai ?
Le visage de Drago s'affaissa brusquement. La seule personne ayant pu mettre Potter au courant était madame Pomfresh. La prochaine fois qu'il la verrait... il ne ferait rien du tout, à part grommeler. Il appréciait l'infirmière.
— Non, pourquoi j'aurais fait ça ? cracha le blond, les joues écarlates. On n'est pas amis !
— Ce n'est pas un reproche, tu sais...
Un léger sourire se dessina sur les lèvres de Harry en voyant sa némésis tenter de trouver des excuses. Il ne l'avait jamais vu dans cet état : les joues rouges, le regard contrôlé pour ne pas être fuyant, la respiration lourde.
— Pourquoi je t'aurais aidé ? répéta le Serpentard en fronçant les sourcils, faisant mine de ne pas comprendre. Et puis, je suis en retard, laisse-moi tranquille.
— Madame Pomfresh me l'a dit. Elle me l'a dit, répéta le brun d'une petite voix. Et... je voudrais te dire merci.
— Merci ?
Drago avait l'air sincèrement surpris que son ennemi le remercie, les yeux brillants de sincérité. Il n'était pas habitué à ce que leurs relations soient aussi amicales, même si celles-ci s'étaient grandement améliorées depuis le début de l'année.
— Oui, merci.
Ses joues prirent une teinte rose, et ses lèvres s'entrouvrirent. Malgré lui, voir Potter prendre du temps pour le remercier lui fit plaisir. Face à lui, Harry se dandinait sur lui-même, assez gêné. Il resserra ses livres contre sa poitrine.
— Je lui avais pourtant demandé qu'elle ne te le dise pas, marmonna-t-il en baissant les yeux.
— Pourquoi ? Tu as... honte de m'avoir aidé ?
— Non, pas du tout ! s'écria-t-il avec véhémence. Mais... je ne savais pas comment t'allais réagir.
Le Gryffondor fronça les sourcils et replaça sa pile de livre sur ses bras, étant donné qu'elle commençait à glisser sur le côté. Il trouvait Malefoy vraiment mignon, face à lui.
— Comment pensais-tu que j'allais réagir ? demanda-t-il d'une voix douce.
— Je pensais que t'allais m'accuser de t'avoir tabassé... mais ce n'est pas moi ! fit-il à toute vitesse. J'ai changé, avec la Guerre et...
— Je sais que ce n'est pas toi qui m'a agressé. La preuve, tu m'as emmené à l'infirmerie. Et puis, tu nous as aidé, pendant la Guerre. Tu as toujours été innocent.
Malefoy baissa les yeux, jouant nerveusement avec un pli de sa robe noire. À cet instant, il ressemblait au petit garçon qu'il aurait dû être. Ses genoux tremblaient, et il se demandait comment il pouvait rester debout sans tomber. La réponse était dans les prunelles émeraudes de son vis-à-vis, qui le regardait... différemment. Avec reconnaissance, sympathie... C'était la première fois que Potter le regardait de cette manière. Que quelqu'un le regardait de cette façon.
Lorsque Harry avait témoigné en sa faveur et en celle d'un bon nombre de Serpentards, il ne lui avait adressé aucun regard. Le seul contact qu'ils avaient eu, c'était lorsque le brun avait posé sa main sur son épaule en guise d'encouragement. Puis leurs chemins s'étaient séparés, et ils avaient repris le cours de leur vie, jusqu'à ce qu'ils reçoivent une lettre de Poudlard pour refaire leur septième année.
— D'ailleurs... merci, pour nous avoir innocentés, reprit timidement le blond. Sans toi, on serait sans doute en train de pourrir à Azkaban. Personne n'avait envie de nous croire.
— Je n'ai fait que dire la vérité. C'est bien un des seuls avantages à être le Sauveur : le Ministère m'écoute quand je parle. Ils savent de quoi je suis capable, de toute façon. Et Dumbledore a témoigné, aussi, comme beaucoup d'autres élèves. Je n'étais pas tout seul.
Et pour la deuxième fois, le Gryffondor posa amicalement sa main sur l'épaule du deuxième, ne quittant pas un seul instant ses yeux.
Un courant électrique sembla passer de l'un à l'autre.
Le cœur battant la chamade, Drago recula de quelques pas, avant de prendre la fuite. Ses mains étaient moites, sa vue était trouble. Que venait-il de se passer ? Comment avait-il pu être autant hypnotisé par la présence de sa némésis ? Il n'avait jamais été attiré par les hommes, mais il était certain de l'attraction qu'il avait ressentie envers Harry Potter quelques secondes plus tôt.
Celui-ci l'avait également ressentie. Il était resté figé en plein milieu du couloir, les yeux posés à l'endroit où se tenait le Serpentard avant de s'enfuir. Mais contrairement à Malefoy, le brun n'était pas étonné : il avait déjà ressenti de l'attirance envers des hommes.
Et bizarrement, l'idée de sortir avec son ennemi de toujours ne lui déplaisait pas : au contraire, cela le fait sourire.
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