Les rayons du soleil transperçait doucement les rideaux de la chambre du Serpentard. Dans le lit, deux silhouettes étaient lovées l'une contre l'autre, profondément endormies. 

Harry reposait sur le torse de Drago, ses cheveux bouclés totalement emmêlés sur son crâne. Dans la nuit, il avait repoussé la couette à leurs pieds, dévoilant ses jambes nues. Les bras du blond avaient pris possession de ses hanches pour le coller contre lui.

Le jeune homme ouvrit doucement les paupières, s'étirant comme un chat. Sentant des bras enroulés autour de lui, il se figea ; puis les souvenirs de la veille commencèrent à remonter progressivement dans son esprit. 

— Déjà réveillé ? murmura une voix délicieusement rauque à son oreille.

Un long frisson remonta le long de la colonne vertébrale de Harry. Oh mon dieu. Il se trouvait dans les bras du blond. Qui avait une voix diablement sexy au réveil, par ailleurs. 

Le brun roula sur le côté, les bras étirés au-dessus de sa tête, se tournant vers le Serpentard. Un sourire étirant ses lèvres, il déposa un léger baiser sur la mâchoire du blond. 

— Cela fait des années que je n'ai pas aussi bien dormi, murmura Harry. 

— Pas de cauchemar ?

— Aucun, confirma-t-il. 

Ses cheveux blonds étaient complètement décoiffés au réveil. Ils ondulaient, reposant sur son front. Il était magnifique. Un vrai ange tombé du ciel. 

— Je me dévoue pour devenir ta peluche, alors, murmura le serpent. 

Il n'avait pas l'habitude d'être aussi niais. Un Malefoy n'était pas censé être romantique, ni même tendre. Ni même amoureux. Les sentiments aveuglaient, dans leur monde.

Mais Drago n'avait plus envie de suivre les préceptes de son père. 

Harry rougit furieusement et cacha son visage en l'enfouissant dans le cou du blond. Ce dernier rit tendrement, accentuant la prise de ses bras sur ses hanches. Pour la première fois de sa vie, il était apaisé. Il n'avait plus la menace du Mage Noir au-dessus de sa tête, ni la pression de son père sur les épaules...

— Comment tu te sens ? demanda Malefoy. 

— A peu près bien, répondit le plus petit en haussant maladroitement les épaules. J'essaie de me convaincre que ce n'est pas ma faute, mais... c'est compliqué.

— Mais tu vas y arriver, avec le temps. Tu ne peux pas sauver tout le monde. Et puis, ce n'est pas ton rôle. Tu as dix-huit ans, il est temps que tu profites de la vie, Harry.

Comme réponse, le Survivant l'embrassa avec passion, une nuée de papillons s'envolant dans son estomac. 

Finalement, les deux jeunes hommes se levèrent et se préparèrent rapidement pour rejoindre la Grande Salle. Le petit brun rougit lorsque son amant le parfuma avec son eau de Cologne, hors de prix, signe assumé de possession. Les cours avaient déjà commencé, mais Rogue avait dit qu'il ne leur en tiendrait pas rigueur.

Assis à la table des Gryffondors, leurs amis déjeunaient tranquillement. Le directeur était debout à leurs côtés, discutant à voix basse avec eux.

— Voilà les marmottes, s'exclama Blaise avec un grand sourire.

Harry s'installa aux côtés de Hermione, qui fronça le nez en sentant l'eau de Cologne sur les vêtements de son ami. Un sourire malicieux prit place sur ses lèvres, et elle garda le silence.

— Monsieur Malefoy, monsieur Potter, les salua Rogue. Nous partons pour Sainte-Mangouste dans un quart d'heure. Dans la nuit, monsieur Weasley s'est réveillé. Les médicomages ont réussi à poser un diagnostic et lui ont prescris un accompagnement adapté. 

— Ils savent... ce dont il souffre ? demanda doucement Harry, la tête basse.

— Monsieur Weasley souffrirait de stress post-traumatique, annonça Rogue d'un ton étrangement compatissant. Cela expliquerait son déni ainsi que sa confusion autour du décès de mademoiselle Weasley ainsi que son comportement particulièrement agressif. Rassurez-vous, monsieur Potter, monsieur Weasley est parfaitement pris en charge. Sa situation va grandement s'améliorer.

— Merci, professeur.

— Et arrêtez de penser qu'il s'agit de votre faute, reprit-il d'une voix plus dure. Vous ne pouvez pas être responsables de tout. Vous avez vos propres démons, monsieur Weasley également. Bien, il est temps pour moi de m'éclipser. Bon appétit.

Harry le regarda tourner les talons et s'éloigner, bouche bée. Il savait que Rogue ne le détestait plus, s'il l'avait réellement détesté un jour, mais son comportement s'était presque métamorphosé, à son égard. 

Pansy siffla en voyant le directeur partir, tout aussi étonnée que lui.

— Tu vois ? Je t'avais dit que tout allait s'arranger, murmura Drago en prenant la main du brun, sous la table. Weasmoche... pardon, Ron, va aller mieux. Il ne va pas redevenir comme avant, mais presque. 

Les garçons se sourirent, et Harry déposa un rapide baiser sur sa joue douce. Le blond rougit et toussota pour masquer sa gêne, tandis que Blaise le regardait avec un immense sourire.

— Je suppose que c'est officiel, entre vous deux ? dit-il, jouant avec sa baguette.

— Il était temps, s'exclama Théo en roulant des yeux. Potter par ci, Potter par là... et ça fait des années que ça dure, pitié.

— Putain, Théo, grogna Drago en pinçant l'arête de son nez. T'aurais pu te taire.

— Ah non ! C'est fini, ça. J'ai supporté pendant des années que tu nous parles de Harry en boucle, maintenant j'ai le droit de me venger. Harry, il t'a raconté la fois où tu as gagné le Tournoi des Quatre Sorciers ?

Sous la table, Malefoy donna un coup de pied à Théo, dans l'espoir qu'il se taise une bonne fois pour toutes. Néanmoins, le Serpentard continua à raconter des anecdotes sur leur scolarité, mettant volontiers Drago dans un état de mal à l'aise. Pour sûr, il avait parfaitement sa place dans la maison des serpents.

Un quart d'heure plus tard, Rogue les rejoignit à nouveau. Il était l'heure d'aller rendre visite à Ron. Hermione se leva en silence, épaulée par Pansy qui crocheta son bras au sien.

Harry et Drago fermaient la marche vers le bureau du directeur. Le blond n'avait pas rouvert les lèvres depuis la vengeance de Théo, et fusillait du regard la nuque de ce dernier, qui marchait devant avec Blaise.

— Alors comme ça, t'étais obsédé par moi ? murmura le Gryffondor avec un léger sourire.

— Oui, bon, pas la peine de te moquer de moi, grommela le plus grand.

— Moi aussi, tu m'obsédais. Tu te souviens, quand je te suivais partout, en cinquième année ? Et puis, toutes ces années à vouloir attirer ton attention... 

Le brun se gratta la nuque, gêné. Même s'il s'agissait de son amant, il avait honte d'avouer tout ce qu'il avait fait durant leurs sept années à Poudlard.

Malefoy posa son bras autour de ses épaules, un rictus en coin. Il était content de voir que son obsession était réciproque, surtout durant autant d'années.

Ils arrivèrent devant le bureau de Rogue, anciennement celui de Dumbledore. Harry y avait beaucoup de souvenirs, malheureusement pas que des bons. Le petit groupe y entra, et regarda Rogue préparer la cheminée. Ses gestes étaient méticuleux, comme toujours. Enfin, il leur fit signe de s'approcher, et de se diviser en binômes. 

Hermione lança un regard à Harry, qui lui sourit avec tendresse. Le Trio d'Or allait bientôt être réuni.