Chapitre 10
— Sainte-Mangouste a prévenu la famille Weasley de l'état de leur fils, commença Rogue en s'asseyant. Les médicomages m'ont dit que monsieur Weasley confondait la réalité et son imaginaire. C'est notamment pour cela qu'il pensait que sa sœur était toujours vivante.
Harry passa la main dans ses cheveux, retenant de peu ses larmes. Comment tout avait pu dégénérer à ce point ? Comment avait-il pu ne rien remarquer ?
— Pour l'instant, il a été plongé dans un sommeil magique pour éviter qu'il ne se fasse du mal, ou qu'il en fasse aux autres. Il semblerait que monsieur Weasley ait été dans le déni du décès de sa sœur trop longtemps. Il lui faut énormément de repos et surtout un suivi psychologique.
Hermione fondit en larmes et enfouit son visage dans ses mains. Elle ressentait la même culpabilité que Harry. Ils n'avaient pas su voir que leur meilleur ami allait mal. À ses côtés, Blaise l'attira vers lui, sans un mot.
Pansy et Théo firent leur apparition depuis les escaliers, le visage plissé par l'inquiétude. Comme tout le monde, ils avaient entendu les rumeurs propagées par les tableaux, et voir que le directeur s'était lui-même déplacé pour tenir au courant leurs amis donnait une dimension réelle à la situation. Ils s'installèrent sur le même canapé que Hermione et Blaise, laissant celui d'en face à Harry et Drago.
— Monsieur Weasley ne reviendra pas à Poudlard pour l'instant, termina Rogue. Vous pourrez lui rendre visite demain dans la matinée, si vous le souhaitez. Je ne tiendrais pas rigueur des cours que vous manquerez.
Il passa ses paumes sur sa robe pour la lisser, puis se leva. La Guerre l'avait vieilli et lui avait laissé des cicatrices. Toutefois, cela lui donnait une prestance supplémentaire et plus aucun élève du château ne lui donnait de surnoms disgracieux. Il avait naturellement pris la place de Dumbledore, qui avait rédigé une lettre de recommandation pour le Ministère, juste avant sa mort.
— Mademoiselle Granger, monsieur Potter, dit-il en se tournant vers les adolescents. Vous n'êtes pas responsables de l'état de monsieur Weasley. Le deuil est un travail à faire sur soi-même qui s'étend sur des années. Vous étiez également en deuil, et son changement de comportement n'a pu en rien aider dans la situation. Vous n'êtes que des enfants, et vous avez traversé assez de choses pour en plus endosser la responsabilité de ce qui est arrivé. Si je peux simplement émettre un conseil, pardonnez-le et montrez-vous patient envers lui. Il faudra du temps, avant que tout ne redevienne comme avant.
Hermione hocha la tête et essuya les larmes qui roulaient sur ses joues. Un léger sourire fleurit sur ses lèvres et elle remercia Rogue d'une voix cassée. Ce dernier fit un bref hochement de menton, et sortit du dortoir des Serpentards, faisant voleter sa cape derrière-lui.
Harry vida ses poumons d'air et s'installa confortablement contre Drago. La situation le minait intérieurement : il était partagé entre la culpabilité et le soulagement. Il continuait à penser que c'était de sa faute si Ron avait perdu les pédales et qu'il aurait dû se rendre compte de son état mental avant. Mais Rogue n'avait pas tord : eux aussi traversaient un deuil. Harry avait perdu Remus, Tonks, Sirius, Ginny, et une foule d'autres personnes s'étaient sacrifiées pour lui, comme ses parents.
Drago entrelaça leurs doigts ensemble. Il passa sa main libre dans ses boucles au niveau de sa nuque, et posa sa joue contre son front.
— Allons dormir, murmura-t-il. Tu as besoin de repos.
— Je sais pas si... j'y arriverais, dit-il en jouant avec les doigts du serpent.
— On va juste s'allonger au calme, d'accord ?
Il embrassa longuement le front de Harry puis les deux jeunes hommes se levèrent. Ils saluèrent leurs amis qui avaient choisi de rester, puis ils montèrent dans les dortoirs. Les élèves de huitième année avaient eu le droit d'avoir leur propre chambre ; elle n'était pas très grande, mais elle était dotée d'une petite salle de bain, ce qui leur évitait de la partager avec d'autres élèves plus jeunes.
Intimidé, le Gryffondor se laissa guider dans les couloirs sombres par son amant, habitué des lieux. Il avait instinctivement attrapé sa main, et il sourit doucement en sentant les battements effrénés de son cœur. Ils entrèrent dans la chambre de Drago, décorée avec soin.
Un grand lit trônait au milieu, entouré de bibliothèques murales. Dans un coin se trouvait une commode, ainsi qu'une table basse et deux fauteuils. Une porte était dissimulée derrière un lourd rideau vert.
— Est-ce que... tu veux que je dorme par terre ? lui demanda Malefoy, un pli soucieux entre les yeux. Je ne veux pas te forcer si tu n'en n'as pas envie.
— On a déjà dormi ensemble, Dray, à l'infirmerie, sourit malicieusement Harry. Par contre, je n'ai pas de vêtements de rechange.
— Fouille dans mon armoire et prends ce qui te plaît, répondit-il avec un clin d'œil.
Avec un léger rire, le lion se dirigea vers la commode et l'ouvre en grand. Derrière-lui, le Serpentard laissa tomber son pantalon à pince ainsi que sa chemise, enfilant son bas de jogging, soigneusement plié sur son lit.
Harry piocha un large t-shirt au hasard, appréciant les effluves de la lessive du blond. Il se tourna, les lèvres entrouvertes comme s'il s'apprêtait à parler, et resta figé devant la vision qui lui était offerte. Drago, torse nu, les cheveux blonds ébouriffés. Il lâcha le t-shirt, le visage écarlate.
— Oh, lâcha-t-il, les yeux écarquillés.
Effectivement, il avait raison : Malefoy avait pris du muscle durant la Guerre. Sa peau était marquée par les cicatrices, tout comme la sienne.
Le blond s'approcha de lui à pas lents, posant ses mains sur les hanches fines de son amant.
— Ma proposition de dormir au sol est toujours d'actualité, tu sais, dit-il d'une voix rauque.
— Hors de question, se précipita Harry avant de piquer un far.
Il posa une main sur le torse de Drago avant de se rapprocher de lui, les pupilles dilatées.
— On peut très bien... dormir ensemble, murmura-t-il.
— Si ça te va, ça me va aussi, répondit l'autre avec un léger sourire.
Harry enroula ses bras autour de sa nuque, sur la pointe des pieds. Il frôla son nez avec le sien, fermant doucement les paupières lorsque son amant posa ses lèvres sur les siennes. Le baiser était lent et tendre, tout ce qu'il fallait au brun pour l'apaiser.
— Au lit, reprit-il en embrassant le bout de son nez.
Les deux garçons firent un rapide aller-retour dans la salle de bain pour se laver les dents, et pour que le lion puisse se changer, avant de se coucher dans les draps de soie du Serpentard.
Drago ouvrit les bras et se sentit enfin complet lorsque Harry posa la tête contre son torse. Ils se pelotonnèrent l'un contre l'autre, silencieux. Ils n'avaient pas besoin de parler entre eux pour se comprendre. Toutefois, le blond lui chuchota à l'oreille d'une voix tendre :
— Rien n'est de ta faute, Harry, tu m'entends ? Le monde entier s'est reposé sur un enfant d'onze ans pour tuer un homme. Tu n'as pas à t'en vouloir, tu... tu as déjà tant fait pour le monde magique. Il est temps qu'on prenne soin de toi à présent. Je vais prendre soin de toi, tu peux me faire confiance.
— Je t'aime, Drago.
Cette phrase lui échappa sans même qu'il ne s'en rende compte. Les paupières closes, il s'endormit sans plus de cérémonie, la joue écrasée contre le torse de son amant.
De son côté, Drago s'était figé. Personne ne lui avait jamais dit ces mots, auparavant. Et le fait que le Gryffondor lui dise aussi naturellement... Son cœur s'était décroché dans sa poitrine.
— Moi aussi je t'aime, mon ange, dit-il d'une voix cassée, et seule la respiration endormie de Harry lui répondit.
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