Ni une ni deux, Fay avait emboîté le pas à son coéquipier.

Il l'avait déjà laissé partir seul suite à leur première dispute et il l'avait retrouvé presque prit en otage, il n'allait certainement pas refaire la même erreur pour la seconde fois!

Mais bon, il fallait tout de même avouer que le rouquin ne lui facilitait pas la tâche.

Il était têtu, avait le sang chaud  et était terriblement imprudent. Et ça n'était certainement pas parce-qu'il le trouvait un peu mignon qu'il allait le laisser faire ce qu'il voulait ! Il devait le proteger, quittes à le vexer de temps en temps.

Enfin, c'était plus facile à dire qu'a faire car, il avait beau se répéter qu'il devait agir avec la tête et pas le coeur et qu'il n'en avait que faire de comment Olinar pouvait le percevoir, la réalité était que c'était tout bonnement faux, et de plus en plus, il était difficile d'ignorer le pincement au coeur qu'il ressentait à chaque fois qu'il croisait son regard pleins de haine à son égard.

Il ne voulait pas être détesté par le rouquin, c'était même tout le contraire mais à ce moment, il avait l'impression que c'était déjà trop tard pour changer la donne.

Malgré tout, même si il lui semblait impossible d'être un jour apprécié par le jeune homme, il était tout de même décidé à se faire pardonner.

- Olinar ! Olinar reviens là, ça ne sert à rien de fuir la conversation !

Il continuait de faire sourde oreille, continuant sa marche d'un rythme effréné, obligeant l'aîné à accélérer à son tour.

Et quand finalement il fut à son niveau et l'attrapa par l'epaule afin de le forcer à s'arrêter, Olinar se retourna subitement et le poussa dans la rivière.

- Parce-que tu pense que ça sert à quelque chose d'en parler alors que tu ne m'écoute même pas?  Cria le bourgeois, sortant enfin de son mutisme.

Il eût à peine le temps de se délecter de sa vengeance qu'il fut pris de panique en voyant son ainé, flottant sur le ventre tandis que le courant l'emmenait lentement.

- arrête de faire semblant ! Je... Je t'ai perdu du regard pendant à peine quelques secondes, tu-tu n'aurai pas pu te blesser et perdre connaissance pendant ce temps là....C'est impossible! Il finit par ajouter, de moins en moins certain de ce qu'il disait: Fay réponds moi, c'est pas drôle, je te jure que je vais te laisser là et partir.

" une minute. Il ne pourrait pas tenir en apnée depuis tout ce temps... Si? "

Voyant le temps qui passait et l'épéiste qui ne se relevait pas, il accoura en sa direction, mais à l'instant où il posa un pied à l'intérieur de l'eau, il fût violemment tiré  vers l'avant et se retrouva complètement submergé.

Après avoir sortit la tête de l'eau, il fit face à un Fay s'esclafant de rire à gorge déployée.

- je te hais Fay! Je te hais! Je te hais! Je te hais!

- vraiment ? Demanda le plus âgé, son hilarité se calmant petit à petit.

- oui, vraiment.

- vraiment vraiment ?

Doucement, Fay se rapprochait de son cadet.

- oui, je te déteste comme je n'ai jamais détesté personne.

- Ah oui? Tu me hais tellement que tu voudrais me faire quoi maintenant ? Continuait de questionner l'homme aux cheveux bleutés, d'un timbre qui fit frissonner Olinar.

Voyant que le plus grand ne s'arrêtait pas, et avançait encore et toujours vers lui, jusqu'à ce qu'ils soient pratiquement collés, il fut incapable de prononcer ne serait-ce qu'un seul mot.

- alors ? Tu dis me haïr. Alors pousse moi, frappe moi, tue moi si t'en ai capable.

Sa voix se faisait ferme, autoritaire, le rouquin n'était certainement pas sensé sentir son corps chauffer, surtout pas en baignant dans une eau glacé, mais c'était plus fort que lui, la vue qu'il avait n'aidait franchement pas à garder son calme.

Les vêtements trempés du plus âgé lui collaient à la peau et laissaient transparaître une bonne partie de son anatomie, ses joues légèrement rougies et les gouttes d'eau qui ruisselait tout le lent de son visage en dessous de la lumière qui faisait ressortir davantage chacun de ses traits, il avait tout bonnement l'impression d'être face à une oeuvre d'art.

- l-la ferme... Cracha-t-il finalement  avec dédain, reprenant ses esprits alors qu'il éloigna Fay de lui.

Un long soupir quitta la bouche du plus âgé.

- je suis désolé, vraiment , c'est sincère. J'aurai dû écouter ce que tu avais à dire et, je n'aurai pas dû insulter ton intelligence ni te rabaisser. Crois moi, tu es loin d'être bête ou faible, au contraire, tu es la personne la plus courageuse et brave que je connaisse. Et ta bonté et ta dévotion pour ceux qui te sont chers sont vraiment admirables. C'est bien facile de se méfier de tout le monde et de ne pas donner le bénéfice du doute quant aux intentions des gens, mais prendre des risques et croire encore en l'humanité est un choix difficile, un choix difficile que seuls les personnes les plus fortes continuent de choisir.

Loin de s'attendre à entendre de telles paroles venant de la part de son ainé, Olinar était resté figé, la bouche et les yeux grands ouverts alors qu'il le fixait .

Le silence ne fit qu'embarasser  Fay qui finit par sortir avec empressement de l'eau, se frottant anxieusement la nuque avant d'ajouter :

- bon je... Je retourne à la cabane faire sécher mes vêtements.

Le regard encore et toujours posé sur la silhouette du jeune homme qui, bientôt quitta complètement son champs de vision, Olinar avait finit par reprendre son souffle, souffle qu'il ne se rappelais même pas avoir retenus.

Jusqu'ici, il avait l'impression de ne rien valoir aux yeux de son guide. Il lui était si inférieure quand il s'agissait de compétences et de pragmatisme, alors il était évident et naturel que pour lui, il ne soit qu'un fardeau lors de cette aventure, alors, ce qu'il venait d'entendre lui semblait tout simplement irréel surtout venant de Fay. Si cela avait été quelqu'un d'autre, il aurait pu penser qu'on ne lui dirais cela que pour lui faire plaisir, et faire faire ses caprices, mais le bleuté était toujours si honnête  qu'il était obligé de croire en ses paroles.

Un timide sourire dessiné aux commissures de ses lippes , il courra pour rattraper l'épeiste.  Ce dernier ne marchant pas bien rapidement, ce fut vite fait et, sans trop y réfléchir, il passa ses bras autour de sa taille afin de l'enlacer.

Levant les bras de part et d'autre de son corps, Fay ne su comment réagir. Il n'arrivait même pas à se remémorer la dernière fois qu'il avait eu droit à une telle étreinte et il ne savait définitivement pas quoi faire dans ce genre de moments.

- Merci Fay... Je pense que... J'avais vraiment besoin de l'entendre... Murmura doucement le plus jeune.

- c'est rien c'est rien... Hm.... Allons... Allons manger et puis... On pourra essayer de converser avec les deux sorcières... Hm?

Olinar glousse devant cette soudaine timidité puis opina du chef.

Finalement, fay n'était pas aussi hautain qu'il le pensais...