La lumière chaude s'introduisant des brèche des planches de bois formant l'habitation chatouillant son visage.  Ses  paupières tressautant un moment, peinant à  porter leur propre poids, il finit par ouvrir les yeux, découvrant alors le visage de son coéquipier proche du sien, très proche du sien.

Comme si on lui avait versé un seau d'eau sur la tête,  il hoqueta de surprise en se redressant rapidement en s'éloignant de son aîné.

- Mais qu'est-ce que tu fou bon sang?!  S'écria le rouquin, le visage crispé.

Fay s'empressa de poser ses mains sur ses oreilles dans l'espoir de protéger un tant soit peu ses tympans de cette nuisance sonore qu'était son compagnon de route.

- J'attendais simplement ton réveil.

- à dix centimètres de mon visage ? dis plutôt que tu voulais m'égorger.... rétorqua Olinar avec méfiance en posant les mains sur son propre cou.

- Oh crois moi petit bonhomme,  si j'avais voulu le faire je l'aurai fait il y a déjà longtemps.  Souffla l'aîné, un terrifiant sourire au visage.

- hein? c'est qui que tu appel petit bonhomme là ?-

Avant qu'il n'ait eût le temps de lui passer un savon pour cet affront, trois léger coups furent assénés à la porte. Olinar pu directement voir le plus grand se diriger vers l'entrée mais il lui attrapa la main et le tira vers l'arrière afin de pouvoir le devancer.

Si il y avait bien une chose qu'il redoutait durant ce voyage,  c'était bien de passer pour un faible et être traité comme un enfant,  et pourtant, c'était exactement ce qu'il se passait. C'était décidé, il fallait absolument qu'il renverse cette dynamique qui s'était installée !

D'ailleurs,  ce fut sans surprise que la porte en bois grinçante dévoila devant eux  une Aliyana bien moins confiante que la veille.

En effet, la jeune femme avait le regard  rivé sur les solerets  protégeant ses pieds, les doigts tripotant l'assiette en terre qu'elle tenait fermement.

- B-bonjour.

Malgré la détresse audible dans sa voix tremblotante, Olinar s'apprêtait à lui fermer la porte au nez mais cela sans compter sur le pied d'acier de la jeune femme aux cheveux verdâtres qui vint s'interposer.

- Je ne vous demandes pas de faire amis-amis! Je... s'il vous plaît,  veuillez nous écouter ! Vous ne le regretterez pas! S'enquiert elle.

Devant ces supplications, le rouquin leva le regard vers Fay qui se tenait à ses côtés, l'interrogeant du regard sur ce qu'il devait faire. Il eût pour réponse un haussement d'épaule qui l'encouragea donc à lui laisser une chance.

- pour...nous excuser en quelque sorte, nous avons apporté de la nourriture.  Poursuit la dénommée Aliyana avec hésitation,  écœurée de devoir s'abaisser à ce genre de discours.

N'ayant guère envie de blesser l'aventurière en refusant ce présent,  Olinar le prit sans aucune hésitation  mais, le coupant dans ses remerciements,  Fay, jusque là silencieux, le poussa sur le coté afin de pouvoir faire face à leur visiteur .

- Que voulez vous? Grogna l'aîné en plantant ses mirettes sombres dans celles sournoises de la plus petite de taille.

-  Aw bel étalon sait que la gentillesse n'est jamais gratuite, hm? Et bien... Elle marqua une pause, un étrange sourire au coin des lèvres alors qu'elle  chantonna un moment la dernière lettre de sa phrase avant de finalement reprendre: Venez nous voir après mangé,  nous avons une proposition à vous faire.

- qu'importe ce que c'est,  notre réponse est non.

Le minois de la jeune femme aux cheveux courts fut peint d'un air fort vexée alors qu'elle semblait chercher un moyen de convaincre ses interlocuteurs,  en vain.

- mais- argh. Très bien, mais sachez que nous sommes ouvertes à la discussion si jamais vous changez d'avis.  Cracha-t-elle dédaigneusement .

Et alors que, les bras croisés sur son torse d'un air hautain, elle tourna les talons afin de rejoindre à nouveau sa compagne, les deux jeunes hommes se firent face à nouveau.

- Tu ne compte vraiment pas les écouter ? Questionna le bourgeois les sourcils froncés.

- non. Pourquoi faire? Qui sait quelles supercheries elles nous réserveront par vengeance ? et puis, que pourrions nous avoir à y gagner?

Il médita un instant sur ses propos.

- eh bien pourquoi pas? Qui sait? Peut-être pourrons elles nous servir dans notre mission.

- hors de question de parler avec ces serpents, elles nous ont faits perdre assez de temps et d'énergie, on ne doit pas s'y attarder d'avantage.

- pourquoi devrait-tu prendre cette décision tout seul? Nous sommes sensés être une équipe ! S'offusqua le cadet.

- oh mais nous n'étions pas  une équipe quand messieurs pensait être le meneur! Je prends le relais et soudainement c'est une démocratie ?

Les yeux grands ouverts de colère,  Olinar planta ses dents dans son avant bras afin d'étouffer un long cri de frustration.

- Bonjour la répartie...

Oh qu'il voulait tuer cet homme.

N'ayant ni la force ni l'envie de tenir plus longtemps tête à son accompagnateur, le rouquin  lui faussa compagnie en allant plutôt s'asseoir sur la chaise posée au coin de la pièce,  posant le grand bol qu'il tenait sur la table, dedans se trouvait un mélange de viandes grillés et de légumes accompagnée d'une soupe verdâtre.  Ça n'était pas les plats préparés par les chefs de son manoir mais peu lui importait,  il avait terriblement faim.

Il saisit la cuillère,  qu'elle avait également apporté au passage, prêt à attaquer ce met, quand la main du plus grand vint claquer la sienne.

- tu compte sérieusement en manger ? Et si elle l'avait empoisonné? N'as-tu donc aucun instinct de survie ? Pauvre fou ! Nous n'avons pas amenés des vivres  avec nous pour manger de la nourriture offerte par des inconnus! Des inconnus ayant déjà tenté de nous tuer pardessus le marché ! Cria-t-il, paniqué .

- Pas la peine de me crier dessus d'accord ?! J'ai compris! Tu n'es pas obligé d'en faire quinze vers qour que je comprennes!

- Tu comprends? Tu en ai sûr ? Tu agis toujours si bêtement qu'importe ce que je te dis alors permet moi d'en douter.

Si la personne devant lui n'était pas cet homme moqueur aux nattes bleutés  et à la langue aussi tranchante que le sabre qu'il portait à sa taille, Olinar aurait sûrement explosé en sanglots mais hors de question, il avait bien trop d'ego pour cela. Se laisser pleurer devant Fay?Jamais de la vie! ça ne ferait que nourrir l'image enfantine qu'il se faisait de lui alors il préférait simplement avouer ses tords la tête haute sans pour autant oublier de lui rendre la monnaie de sa pièce.

-Très bien, je suis bête, naïve, stupide. C'est ce que tu veux entendre? C'est vrai que je suis un putain de bourgeois qui est loin d'avoir l'expertise d'un réel combattant ou d'un vrai aventurier mais toi, fay? Ton coeur est aussi froid que de la pierre! Tu me charrie toujours mais tu ne m'apprends jamais rien, tu appelle ça être un bon capitaine? Il est vrai qu'Aragorn a totalement raison, j'ai besoin d'aide pour pouvoir ne serait-ce qu'espérer retrouver mon ami un jour mais je ne t'ai certainement pas forcé à me rejoindre, je ne comprends vraiment pas pourquoi tu viendrais risquer ta vie avec moi alors que tu me hais tant! Je ne sais pas ce que tu as à y gagner mais je n'en ai que faire, c'était ton choix alors tu sais quoi, va te faire voir.

à la fin de son discours des plus sincères et des plus chargés en émotions, bien qu'il se soit efforcé de montrer le moins de vulnérabilité possible, le rouquin n'avait pas prit la fuite, au contraire, il était resté là, face à son aîné, attendant une quelconque réponse, une quelconque réaction, mais il n'en reçu rien .

-Laisse tomber...

Figé sur place alors qu'il voyait son protégé prendre son arme puis mettre ses chaussures avant de quitter la cabane, l'épéiste n'avait qu'une pensée en tête.

Tout juste un jour depuis le début de cette expédition et ils s'étaient déjà disputé deux fois.

" Je me suis complètement foiré..."