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•Prologue•

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« You found me dressed in black»

• Sia •
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La vie est faite de moments imprévisibles. De rencontres impensables. D'évènements déconcertants. De paroles saugrenues. De choix inimaginables. Pourtant, ce soir, c'est de mon propre chef que ma vie va prendre ce tournant. C'est ma décision qui m'a menée ici. C'est pour enfin avoir la main sur ma vie que j'ai fait ce choix. C'est pour ne plus souffrir que je suis là.

Assise sur le rebord du pont, les pieds dans le vide, je fixe les lumières de la ville qui brillent à l'horizon. La nuit est calme et une brise fraîche vient caresser mon visage. Elle emporte mes dernières larmes, alors que mes maux, eux, sont toujours là. Ils continuent toujours de me brûler l'esprit et de me tordre le ventre. Je sais qu'il n'y a qu'un seul remède à cela.

À côté de moi, un inconnu est venu s'assoir, il y a de cela bien dix minutes. Il est monté sur le muret de façon nonchalante. Il s'est installé à environ un mètre de moi. Il a allumé une cigarette, puis a regardé droit devant lui.

Il n'a pas parlé. Il n'a pas eu un seul geste envers moi. Je fais comme si je ne le voyais pas, souhaitant garder le silence et mûrir mes pensées. Pourtant, en réalité, je l'ai déjà étudié en détails. J'ai remarqué qu'il avait posé une bouteille de Whisky neuve entre nous. J'ai remarqué qu'il crachait sa fumée et balançait ses pieds dans le vide d'un air détaché. J'ai remarqué qu'il ne me regardait pas. Et surtout, j'ai remarqué qu'il s'en fichait d'être à plusieurs mètres au-dessus de la Seine. Contrairement aux apparences, ce n'est pas lui qui est là pour mettre un terme à tout, alors pourquoi est-il à mes côtés ? Qu'est-ce qu'il fait là ? Est-ce encore une personne aux yeux de qui je suis transparente ? Ma vie est-elle insignifiante au point que l'on ne me voit pas, assise là ?

Comme pour répondre à mes interrogations, je vois du coin de l'œil qu'il me tend sa cigarette. Son regard est toujours rivé droit devant lui, silencieux. Je ne comprends pas son geste. Je ne comprends rien, comme d'habitude.

– C'est pour toi.

Sa soudaine prise de parole me surprend. Sa voix rocailleuse, teintée d'un légère accent, est calme, presque chaleureuse. Ça fait longtemps qu'on ne m'a pas parlée ainsi et, pourtant, il n'a prononcé que trois mots.

Je lui jette un rapide coup d'œil, hésitante. Pour ne pas faire mourir la braise, il tire sur sa cigarette, puis me la tend à nouveau, ses yeux ne se portant toujours pas sur moi. Les doigts tremblant, je l'attrape et la porte à mes lèvres, avalant avec fébrilité la fumée. Ça ne me fait pas me sentir mieux, mais ça me détend.

Entre l'inconnu et moi, un silence s'installe. On se fait passer la cigarette, comme si nous étions de vieux amis ; comme si nous avions l'habitude d'être ici, à contempler la nuit. Ce n'est pas mon cas. Je n'ai pas l'habitude d'être accompagnée, c'est la première fois que je viens ici et j'ai peur des ténèbres. Je me suis habituée à cette solitude, au silence, seulement jamais je n'ai appris à l'apprécier. Au contraire, elle m'a toujours pesée et c'est de pire en pire chaque jour, au point d'en devenir insupportable ; insurmontable.

D'une pichenette, j'envoie le mégot dans les airs, avant de le suivre du regard, jusqu'à ce qu'il se perde dans la nuit. Je l'imagine tomber dans les eaux de la Seine, comme je m'apprête à faire. Il n'y a rien de compliqué, il suffit de se projeter en avant et la gravité fera le reste. Le premier geste est le plus difficile, le reste est simple, il faut simplement se laisser faire et subir une dernière fois, avant d'être englouti.

Un léger craquement me pousse à détourner mon attention de l'eau. À ma droite, l'inconnu est un train d'ouvrir sa bouteille, une nouvelle cigarette posée entre ses lèvres. Je l'étudie un peu plus en détails, cherchant à comprendre ce qu'il fait là et à savoir qui il est.

Il est habillé simplement : un polo clair, un jean sombre et des baskets usées. Il n'est pas très grand, pas plus de dix ou quinze centimètres de plus que moi. Il est massif et semble musclé. En revanche, les lampadaires sont trop éloignés pour que je distingue clairement les traits de son visage. À le voir comme ça, je lui donnerais une dizaine d'année de plus que moi, pourtant son comportement me laisse supposer qu'en réalité, il ne doit pas avoir plus de vingt ans. Par contre, je ne comprends pas pourquoi il s'est installé à côté de moi et encore moins pourquoi il reste. Je ne suis pas une agréable compagnie, surtout pas ce soir.

Nonchalamment, il lève la bouteille et renverse la tête pour avaler le liquide ambré. Je fixe les mouvements de sa gorge, puis le plissement de son nez lorsque le Whisky lui brûle l'œsophage. Ses yeux se posent alors sur moi, tandis qu'il me tend l'alcool. Je ne bouge pas, lui non plus. On ne se sourit pas et, pourtant, je vois dans son regard une lueur presque agréable. J'ai enfin l'impression qu'on me voit.

– Prends une gorgée.

Pour accompagner ses paroles, l'inconnu secoue la bouteille, tout en portant sa cigarette à ses lèvres. Je romps alors notre premier contact visuel pour baisser les yeux sur le Whisky.

– Tu ne bois peut-être pas d'alcool ?

Pour seule réponse, j'attrape la bouteille et avale une grande lampée. Le liquide descend dans ma gorge et me réchauffe sur son passage. Ces derniers temps, l'alcool a été la seule chose à me donner un peu de réconfort et de chaleur. C'est devenu mon meilleur ami ; mon seul ami.

Easy ! Easy !

Il attrape le goulot et me retire le Whisky des mains. En déglutissant, je m'essuie les lèvres, tandis qu'il me donne sa cigarette et ajoute :

– J'voudrais pas que tu sois saoule au point de tomber dans la Seine.

Automatiquement, mes yeux se raccrochent à l'eau qui coule dessous ce pont. Je prends une taffe. La raison de ma présence ici revient me frapper de plein fouet. La fumée emplit ma bouche, avant de descendre dans mes poumons. Je me demande s'il a compris et s'il a fait exprès de dire cela. J'expulse la fumée hors de mes poumons. J'aimerai qu'il parte.

– Aller à une fête, ça te dit ?

Dans la noirceur de la nuit, je ne vois pas vraiment le courant. Je me contente de le deviner, pourtant c'est comme s'il m'appelait. J'ai l'impression que plus je regarde en bas, plus je suis aspirée par une force invisible. S'il n'était pas là, je suis sûre que j'aurais déjà sauté. Le geste a l'air si facile. Je n'ai qu'à me pencher un peu plus et je tombe. Je n'ai qu'à m'écarter un peu du mur et tout sera fini.

I know tu dois me trouver bizarre.

Il me reprend la cigarette des doigts. Je regarde toujours le vide.

– J'ai juste l'impression que tu as besoin de compagnie.

Je fronce les sourcils et tourne lentement le visage vers lui. Même s'il est presque inexpressif, la lueur dans son regard posé sur moi est toujours présente. Mon cœur manque un battement.

– J'suis pas un taré.

Il souffle sa fumée.

– Je te ferai aucun mal et my mates non plus. Ils sont cool.

Je scrute son visage, cherchant l'instant où il va me dire que ce n'est qu'une blague ; attendant le moment où il va me taper dans le dos et m'aider à chavirer. Qu'est-ce qu'il me veut ?

– Même si tu réponds non, je ne te laisserai pas seule ici.

Pour ponctuer sa phrase, il penche la tête sur le côté et hausse les sourcils. J'ai l'impression que lui aussi scrute mon visage et cherche à savoir à quoi je pense. Il ne devrait pas.

Un léger silence s'installe. Nous nous regardons droit dans les yeux. Ce sont les miroirs de l'âme et, à cet instant, l'âme que je vois en face de moi me semble bien trop gentille pour être réelle. Je devrais prendre mes distances.

– Peu importe ce que tu cherches à fuir, ce n'est pas la solution.

Vivement, je détourne le regard. Je ne cherche pas à fuir. Je cherche, pour la première fois de ma vie, à agir comme bon me semble. Sans me préoccuper des autres, en agissant seulement pour moi. Aujourd'hui, agir comme bon me semble signifie avoir le contrôle de ma vie et par là, j'entends que je veux choisir le jour et la façon dont je vais mourir. Il devrait partir.

–Viens avec moi.

Je ne réponds pas.

– Tu souffres. Ta vie est un enfer.

Pour retenir mes larmes, je déglutis.

– Oublie tout pour une nuit, en venant avec moi.

Je soupire.

– Après ça, tu décideras : si en une nuit, tu as pu oublier, on recommencera une autre, and again, jusqu'à ce que ça parte définitivement.

Une larme m'échappe et je renifle. Avec douceur, je sens ses doigts se poser sur les miens, tandis que toute ma tristesse ressort par torrent sur mes joues.

– Je suis Enda, by the way.

Entre deux sanglots, je murmure :

– Violette.

– Enchanté, Violette. On descend maintenant ?

Sans me laisser répondre, il agrippe plus fort ma main et bascule ses jambes du côté de la terre ferme. Sous son geste, je fais de même. Il ne me lâche pas une seule fois. Je ne veux plus qu'il me lâche. Je ne veux plus jamais qu'il parte.

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