Mercredi : L'arroseur arrosé
Chloé écoutait ses camarades de classe raconter leur week-end et une chose était certaine, elle n'aimait pas ce qu'elle entendait.
« Sabrina, comment se fait-il que je n'aie pas été inviter à leur espèce de fête et que Marichose Dupain-Cheng y était. »
« Euh Chloé, c'est que c'était justement une fête pour l'anniversaire de Marinette. »
« QUOI ? C'est ridicule ! Et pourquoi est-ce qu'ils ne m'en ont pas faite une à moi aussi. Après tout, c'est moi la fille la plus populaire de la classe. »
« Je... je sais pas Chloé. Je...enfin moi j'étais à ton anniversaire. Et... et Adrien aussi. »
La blonde fit un sourire satisfait, peu importait que la fille du boulanger ait eu une surprise d'anniversaire, elle avait eu Adrien. Marinette ne pouvait décemment pas s'attendre à ce qui lui accorde de l'attention. Malheureusement pour la fille du maire, ses illusions furent vites détruites alors que Marinette et Alya entraient dans la classe.
« Non mais tu te rends compte Alya, Adrien a fait cela juste pour moi... et il a gardé le mien, c'est pas incroyable. »
« Tout doux Marinette ou tu vas encore te prendre les pieds quelque part. »
À la mention du nom de son ami d'enfance, Chloé avait porté son attention sur le nouveau duo. Elle jeta un œil à ce que Marinette prétendait être le cadeau de son bel Adrien. La déception qu'elle avait ressenti en apprenant qu'Adrien était à la fête fut rapidement éclipsée par cette nouvelle bribe d'information.
« Non mais vraiment. Tu te contentes de si peu Marinette Dupain-Cheng. »
Elle se rua vers les deux adolescentes et lui arracha le porte-bonheur des mains.
« Chloé rends le à Marinette tout de suite. »
Alya était totalement hors d'elle.
« Une petite seconde, je fais qu'examiner le travail. Quelques billes sans intérêts sur du fil de basse qualité. Ma pauvre Marinette, tu appelles ça un cadeau. Dis plutôt qu'il a fait le ménage de ses fonds de tiroirs et a préféré te refiler la camelote. Tu vas tout de même pas t'imaginer qu'il s'intéresse à toi. »
Marinette n'avait pas l'intention de se laisser intimider. Elle était parfaitement consciente de l'intention derrière le cadeau d'Adrien et cela valait beaucoup plus que n'importe quelle babiole hors de prix qu'il aurait pu lui donner. Elle réussit à reprendre son bien d'un geste sec.
« Tu vois Chloé, il y a les choses qui s'achètent à gros prix, et celles qui ne s'achètent pas. Ça, tu ne le trouveras nulle part dans tes grands magasins. »
Elle se tourna et rejoint sa place en compagnie d'Alya, satisfaite d'avoir fermé le caquet à cette prétentieuse insupportable.
Mais il y avait des choses que Chloé Bourgeois ne pouvait pas comprendre sans aide, et ce qui venait de se passer en faisait partie.
« C'est ridicule, ça ne veut absolument rien dire. »
Un rire s'éleva derrière elle, c'était Alix.
« Quoi, pourquoi tu ris comme ça toi ? »
« Pauvre Chloé, y'a de ces choses que tu comprendras jamais. »
« Je ne vois vraiment pas de quoi tu parles. »
« Le cadeau d'Adrien, c'est symbolique. »
« Et alors ? »
« Ok, qu'est-ce qu'Adrien t'a donné comme cadeau d'anniv.? »
« La dernière robe de la collection de son père évidemment. »
« Classique. Tu es tellement facile à satisfaire. »
« Pardonne-moi, mais je n'accepte que le meilleur. »
« Justement. »
« Quoi justement ? »
« Pas besoin de se casser la tête pour te faire plaisir. Adrien s'est contenté de te donner quelque chose hors de prix et tu es heureuse. »
« Et alors ? »
« Alors, c'est tout le contraire avec Marinette. Elle se laissera pas avoir par le prix d'un cadeau. C'est ce qu'il représente qui compte. »
« Un paquet de billes moisies sur un fil, laisse-moi rire. »
Alix se tapa le front, Chloé ne comprendrait jamais la vraie valeur des choses. « C'est pas juste un paquet de billes, Chloé. Adrien a dû chercher longtemps avant de trouver le cadeau qui plairait à Marinette et après cela, il l'a fait lui-même. Je parie que tes fringues, il y a pensé en une fraction de seconde et l'a simplement commandé à l'assistante de son paternel. Il devait même pas savoir ce qu'il y avait dans l'emballage cadeau. »
Chloé réalisait tranquillement la différence entre son cadeau et celui de Marinette. Elle se tourna vers sa rivale qui regardait le porte-bonheur d'un air béat. Elle devait s'avouer qu'un coup la boite ouverte, elle avait classé sa nouvelle robe dans son placard avec les autres. Jamais ne il lui était arrivé de savourer un cadeau comme la franco-chinoise le faisait. Mais elle ne montrerait sûrement pas à quel point cela l'affectait.
« C'est totalement ridicule. »
À ce moment, Alix battit en retraite. « Si tu le dis. » Avec un dernier rire, elle alla rejoindre Nathaniel pour discuter des progrès de sa bande dessinée.
Chloé, de son côté, s'assit silencieuse à sa place. Elle était tellement perturbée par ce qu'elle venait de réaliser qu'elle ne se rendit pas compte du moment où Adrien entra en classe. C'est Sabrina qui, inquiète du peu d'exubérance de sa meilleure amie, finit par la ramener à la surface.
« Euh, Chloé... ça va bien dit ? »
Elle se tourna un peu perdue vers sa copine et commanda son sourire le plus artificiel.
« Bien sur voyons. Comme si les cadeaux de cette... moins que rien pouvaient m'intéresser. »
Au moment de prononcer ces paroles, elle jeta un regard vers la personne concernée. Marinette était entourée de camarades qui discutaient des bons moments passés durant le week-end. Mylène, qui venait d'entrer avec Yvan, était même passé lui faire la bise et prendre de ses nouvelles. Nino parlait de lui transférer sur son téléphone le mix de chansons qu'il avait joué ce soir-là et la jeune fille discutait de la possibilité d'aller chercher les parts de gâteau restantes sur l'heure du midi pour les partager avec tous. Cette dernière nouvelle mis un sourire sur toutes les lèvres et au moment où la cloche annonçait le début des classes, Chloé entendit même Juleka souffler une invitation pour le lendemain à la demoiselle.
Elle se rendit compte alors que jamais tout cela ne lui arrivait à elle. Il n'y avait jamais de foule attrouper autour d'elle. Enfin, pas une foule de gens de son entourage. Il y avait bien quelques admirateurs qui l'entouraient parfois, lorsqu'elle faisait des sorties mais jamais il ne lui était arrivé d'avoir autant de ses camarades qui viennent discuter avec elle. Maintenant qu'elle y pensait, lorsqu'elle approchait de ce genre de réunion, les gens avaient surtout tendance à se disperser. Ce qui était ridicule bien sûr puisqu'elle était tellement adorable. Comment Marinette Dupain-Cheng faisait-elle pour s'attirer la sympathie d'autant de personne en levant à peine le petit doigt ?
Chloé n'avait jamais cru en la magie, mais en ce moment, elle se demandait si sa rivale n'était pas une sorcière. Bon elle devait être rationnelle, il y avait sûrement quelque chose que Marinette faisait de plus qu'elle et c'était probablement gratuit. Elle se donna dès lors la mission d'analyser les gestes de Marinette Dupain-Cheng. Ce que cette impertinente faisait, elle-même était sans aucun doute capable de le faire aussi.
Pendant plus d'une semaine, elle entreprit de scruter les moindres faits et gestes de la noiraude. Plus elle s'intéressait à son cas, plus les frustrations se multipliaient. Frustration de voir comment elle n'avait jamais besoin d'avoir à se forcer pour sourire sincèrement. Frustration de la voir arriver avec des pâtisseries fraîchement cuisiner par son père pour tous ses camarades, elle y compris. Frustration de la voir venir tout naturellement en aide à Nathaniel pour son manque d'inspiration. Frustration par rapport aux nombres d'invitations qu'elle recevait de diverses personnes, y compris d'Adrien. Frustration de la voir sortir de chez elle en embrassant et étreignant ses deux parents avec un rire franc et un « bonne journée » chaleureux. Frustration de voir que c'est vers elle qu'allait plusieurs de ses compagnons de classe lorsqu'ils avaient un problème à soumettre. Bien évidemment, c'était elle la déléguée de la classe mais elle n'avait pas souvenir d'avoir reçu autant de requête du temps où elle tenait ce rôle.
Ou, peut-être les avait-elle reçus ? De vagues souvenirs remontaient en elle et par le fait même, certaines réalisations la frappèrent. N'était-ce pas Max qui lui avait demander de faire pression sur la direction de l'école pour obtenir de l'équipement de robotique ? Pourquoi ne l'avait-elle pas fait déjà ? Ah oui, un rendez-vous chez le coiffeur. Une déléguée de classe doit aussi bien paraître non ? Ou peut-être pas... Et Alix n'avait-elle pas demandé qu'on revampe le mur d'escalade dans la cour parce qu'il commençait à devenir dangereux. Oui mais l'escalade c'est tellement ennuyeux et on finit tout en sueur. Personne de sensé ne voudrait réellement en faire. Enfin, elle ne voulait pas en faire. Était-ce seulement elle ?
Les camarades de Chloé ne l'avaient jamais vu comme cela. De toute la journée, elle n'avait pas râlé une seule fois. En fait, elle n'avait pas parler du tout. Sur l'heure du diner, elle était assise sur un banc dans la cour à observer, oui tout simplement observer comment ses camarades agissaient entre eux. Certains étaient occupés à faire des travaux en groupe, d'autres jouaient à des jeux. Dans un coin, Juleka tenait les affaires de Rose le temps qu'elle attache ses souliers. Plus loin, deux jeunes filles étaient assises sur un banc, l'une d'elle expérimentait une nouvelle coiffure sur l'autre. Droit devant elle, Alya tendait son rouge à lèvre à Marinette. Elle se rappela alors des paroles d'Adrien. « Tu pourrais pas être gentille avec les autres, c'est pas si compliqué. »
Elle se souvenait de cette journée, c'était la journée où elle avait donné une petite fête pour faire plaisir à tous. Adrien avait remarqué ses efforts et lui avait alors juré qu'ils seraient amis pour la vie. Un sourire éclaira brièvement son visage mais une autre pensée vint assombrir sa rêverie. Mais Adrien avait invité Marinette à danser durant cette fête. Pas elle, non, Marinette. Décidément, tant et aussi longtemps que cette chipie serait dans son entourage, elle pourrait être la demoiselle la plus angélique du monde, ses compagnons et surtout Adrien, continueraient à voir cette Marinette comme l'incarnation de la sainteté.
Tranquillement, alors que le sourire revenait graduellement sur le visage de la détestable blonde, un plan mijotait doucement dans son esprit. C'était un plan infaillible, elle en sortirait gagnante et éventuellement, Marinette, avec ses éternelles bourdes, ne verrait que du feu. Personne ne connaîtrait le fin mot de l'histoire, même pas Sabrina. Ce serait son moment de gloire, tout le monde pourrait voir à quel point elle peut se montrer gentille, même Adrien. Et cette fois, ses efforts ne serait pas ternis par la présence de Marinette.
Elle pensa longuement à chaque petite partie de son plan et au moment où chaque détail fut bien ficelé, les élèves de la classe furent tous surpris de recevoir une invitation de la part de Chloé pour une soirée costumé qui se déroulerait à l'école. En prélude à cette soirée, les élèves devaient tous piger dans un chapeau pour connaître la couleur qu'ils devraient utiliser pour confectionner leurs costumes. Sur ce même bout de papier se trouvait une énigme qui indiquait à chacun où seraient dissimulés le masque et le bijou (gracieuseté Chloé Bourgeois bien sûr) qui leur étaient destinés. Pour prouver qu'elle était réellement prête à mettre des efforts pour le bonheur de ses proches, Elle avait fait elle-même les recherches pour construire ses énigmes et elle avait personnellement choisi les masques et les bijoux assortis qui seraient dissimulés aux quatre coins de l'école. Elle avait elle-même été acheter et installer les décorations et choisi les bouchées et breuvages qui seraient servis. Elle avait personnellement approché Nino pour la musique. Bref, elle avait mis beaucoup de temps dans l'organisation de cet évènement et elle devait s'avouer qu'elle y avait pris plaisir.
Deux semaines avant la soirée avait eu lieu le tirage. Normalement, personne ne devait savoir ce que l'autre avait tiré, même pas Chloé. Normalement ! Cependant, pour l'achèvement de son plan, elle avait dû puiser dans sa réserve de malice. S'assurant que Marinette soit la dernière à tiré, elle échangea discrètement le dernier coupon avec celui qui était destiné à sa rivale. Elle saurait exactement où Marinette effectuerait sa chasse aux trésors.
La soirée arriva très rapidement. Pour son plus grand bonheur, Marinette avait tiré la couleur rose. Elle s'était confectionné un costume exquis de fée... pas une fée comme on les voit dans les dessins animés. Non, une belle fée avec des voiles vaporeux d'un vieux rose délavé, des ailes délicates et transparentes, une jupe un usée par les années, parce qu'évidemment, les fées sont éternelles. Elle ne savait pas de quoi auraient l'air le bijou et le masque qu'elle devait trouver, mais elle ne doutait pas du bon goût de Chloé et comme le tirage avait été faite au hasard, aucune chance qu'elle sache ceux qui lui étaient destinés. L'énigme n'avait pas été facile à déchiffrer. Elle l'avait lu et relu et avait même demandé l'aide de Tikki. À mi-chemin entre le poème et les données cartésiennes, la devinette la menait tout droit à la rangée B, étagère 6 de la bibliothèque.
Tous les élèves devaient attendre patiemment que 7h00 ne sonne avant de pouvoir entamer leur chasse aux trésors. Évidemment, Marinette était en retard de quelques minutes. Lorsqu'elle arriva à la porte de l'école, c'est une Chloé affichant un air un peu étrange qui lui fit la bise et complimenta son costume avant de l'inviter à trouver ses objets précieux. Sans attendre davantage, elle se précipita vers la bibliothèque. Les grandes portes n'étaient pas totalement fermées et elle entra sans se soucier du moment où elle ressortirait. La rangée B était bien au fond de la bibliothèque, la A étant la première à partir du mur le plus éloigné. Marinette n'eut pas connaissance que la porte se referma derrière elle. Elle n'eut aucune peine à trouver ce qui lui était destiné et elle devait avouer que Chloé s'était surpassée. Son bijou était un délicat diadème en argent muni d'une pierre rose et le masque était d'un rose tendre, pas trop criard, qui s'agençait parfaitement à son costume.
Satisfaite de ses trouvailles, elle retourna vite fait à la porte qu'elle trouva fermée, pire, verrouillée. Mais Marinette ne s'avoua pas vaincue pour autant. Par réflexe, elle ouvrit sa bourse pour consulter son kwami. « Tikki, Tikki, tu peux m'aider, je crois que je me suis enfermée dans la bibliothèque. »
« Oh Marine... »
« Marinette ? »
Son cœur cessa de battre au moment de reconnaître la voix. Elle se tourna d'un coup sec en direction de son interlocuteur.
« Adrien ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ? »
Un coup d'œil vers la jeune fille avait été nécessaire pour qu'Adrien comprenne qu'elle avait trouvé son trésor à la bibliothèque. Il leva machinalement la main à la nuque.
« Je... je crois que je n'ai pas bien saisi l'énigme. Je croyais que c'était la bibliothèque mais... visiblement, c'était ton trésor qui était ici. »
Pendant qu'il parlait, elle en profita pour le détailler du regard, il avait définitivement hérité de la couleur violette. Il avait confectionné, un peu maladroitement peut-être, un habit de chevalier doté d'une cape et avait même réussi à faire un chapeau orné d'une grande plume mauve, probablement synthétique.
« Tu as ton énigme sur toi ? Je... je pourrais peut-être t'aider à la résoudre. »
Le jeune homme fouilla dans sa poche et lui remis le bout de papier chiffonné.
« Oh, je comprends comment tu as pu te tromper, mais d'après moi, ton trésor est surement caché dans la salle d'art, probablement dans le coin ou Nath fait ses bandes dessinées. »
« Mais bien sûr. Tu as tout à faire raison. Tu es vraiment épatante Marinette. »
D'un air un peu désolé elle se tourna vers la porte. « Ouais, pas tant que ça, je nous ai enfermé ici. » Puis elle réalisa ce qu'elle venait de dire et l'hystérie se déclencha dans sa tête. « Enfermée, seule avec Adrien. Oh mon dieu, oh mon dieu, oh mon dieu. Qu'est-ce que je vais lui dire ? Je vais sûrement passer pour une empotée une fois de plus. Je pourrais peut-être demander à Tikki de déverrouiller discrètement. Mais en même temps... pourquoi est-ce que je le ferais ? »
Pendant que les pensées se bousculaient ainsi dans le cerveau de le jeune fille, Adrien était allé tester les portes pour vérifier l'affirmation de la jeune fille. Ils étaient réellement enfermés dans la bibliothèque tous les deux. Il pourrait peut-être demander à Plagg de déverrouiller, mais, comment ferait-il passer cela sans qu'elle ne le soupçonne ?
Pendant ce temps, la plupart des adolescents étaient revenus au gymnase avec leur trésor. Les costumes étaient magnifiques et les cadeaux de Chloé leurs faisaient réellement honneur. Chaque petit détail de la fête avait été pensé et organisé par la jeune femme et beaucoup passèrent la complimenter pour divers éléments de la soirée. Étant consciente qu'elle n'avait pas toujours été correcte avec le jeune homme, elle alla même inviter Kim à danser. Elle se surprit à apprécier le moment et les rougeurs qu'elle en retira durent la transformer un peu car Nathaniel osa plus tard venir l'inviter à son tour.
Juleka et Rose vinrent lui faire la conversation et elle reçut même une invitation à venir assister aux pratiques de leur groupe de musique. Lorsqu'elle passa tout près d'Alix, celle-ci l'arrêta. « Je vois que tu as bien écouté mes conseils. »
« Pardon ? »
« Bon c'était pas vraiment des conseils mais tu l'as fait quand même. »
« Fait quoi »
« Fait un effort, pour nous faire plaisir à tous. Et c'est carrément réussi. Ta soirée est juste trop hallucinante. Merci Chloé. »
Le commentaire de la rosée lui fit chaud au cœur mais elle n'était pas totalement satisfaite. Il y avait près de deux heures que la soirée était commencée et elle n'avait toujours pas vu Adrien. Elle avait demandé à tout le monde s'ils avaient aperçu le jeune homme mais personne ne l'avait même vu franchir les portes de l'école. Nino savait que son meilleur ami était là, mais le bruit autour des tables tournantes était tel que tenir une conversation était impossible. Elle le texta plusieurs fois mais ses messages demeurèrent sans réponse. Elle se rappela alors que, pour que son plan fonctionne, elle avait exigé que personne n'apporte son téléphone. C'était une soirée entre amis, sans l'intervention de la technologie. Elle avait évidemment honteusement dérogé à la règle, mais après tout, il fallait bien qu'il y en ait un dans la place ne serait-ce que pour les urgences. Elle gardait cependant un goût amer dans la bouche, elle ne pouvait pas croire que son Adrien ait boudé la fête dans laquelle elle avait mis tant d'effort. Peut-être son père lui avait-il, une fois de plus, interdit les sorties ? Mais dans ce cas, pourquoi ne répondait-il pas à ses messages ?
Alya commençait aussi à s'inquiéter. Elle était habituée au retard de sa meilleure amie mais là, c'était carrément exagéré. Elle ne pouvait pas la texter et elle n'osait pas aller sonner chez elle de peur de réveiller ses parents qui devaient être debout aux petites heures du matin. Elle interrogea tous et chacun mais personne n'avait vu Marinette.
Dans la bibliothèque, les deux adolescents tuaient le temps assis par terre dans le coin de la bibliothèque à se poser diverses questions l'un sur l'autre.
« On est presque toujours ensemble avec Alya et Nino et je ne te connais presque pas. » lui avait dit Adrien.
S'en était suivi une rafale de question passant de la couleur préférée aux meilleurs souvenirs de voyage. Ils avaient ensuite dévié sur les souvenirs embarrassants et malgré qu'au début, la timidité les freinait légèrement, ils en étaient maintenant à rire aux larmes. S'essuyant le coin de l'œil, Marinette vint pour consulter son téléphone mais se rappela qu'il était chez elle.
« Tu as une idée de l'heure qu'il est ? »
« Non, mais il faudrait vraiment trouver un moyen de sortir, Nino va s'inquiéter. »
« Et Alya aussi. Quoiqu'elle est habituée à mes retards. »
« Ouais mon pote aussi me le reproche souvent. »
« Et c'est quoi ton excuse ? »
« Quoi ? Quelle excuse ? »
« Pour être en retard ? »
« Oh... bien tu sais, mon père me tient occupé. Et toi ?»
« J'ai beaucoup de difficultés à sortir du lit. »
« Arrête-moi si je me trompe, mais je t'ai parfois vu arriver en même temps que moi en plein milieu d'après-midi alors que tu étais bien présente le matin même. Ou cette fois où je venais tout juste de m'asseoir et tu es entrée à peine 30 secondes avant l'heure du midi. Et même, cette fois où on est allé au cinéma avec Nino et Alya et qu'il y a eu un akuma et que tu t'es évaporée, j'ai fait le tour du quartier pour m'assurer que tu étais en sécurité et je ne t'ai jamais trouvée, tu... quoi ?»
Il arrêta de parler devant les yeux paniqués de son amie.
« Je ne t'ai jamais vu faire le tour du quartier. »
« Euh, normal, tu n'y étais pas. »
« Oh que si j'y étais et je faisais le tour du quartier pour TE trouver. »
« Non... tu pouvais pas, je veux dire même si moi je ne t'avais pas vu Ladybug l'aurait fait et t'aurait mise en sécurité mais elle ne t'a pas vu. »
« Comment tu sais qu'elle ne m'a pas vu ? »
« Je lui ai demandé. »
« Tu n'as jamais parlé à Ladybug ce soir-là. »
« Qu'est-ce que tu en sais, tu n'es... pas... Ladybug... »
Le déclic se fit dans la tête des deux adolescents et c'était beaucoup trop d'un seul coup. Tous les deux sentaient qu'ils devaient fuir, fuir loin pour assimiler la nouvelle, mais ils étaient tous deux enfermés dans la bibliothèque.
Ce fût Adrien qui parla le premier tout en pointant la porte. « Kwami ? »
« Bonne idée ! »
Lorsqu'ils arrivèrent au gymnase, ils furent accueillis par un duo plutôt impatient de savoir ce qui se passait.
Alya apostropha Marinette. « Hey ma belle, je te perds de vue pour la soirée et tu reviens de je ne sais où avec Adrien. Tu me dois des explications. »
« Je me suis enfermée dans la bibliothèque et Adrien y était alors... tu vois... je... »
« OK, je veux des détails... » Alya saisit sa copine par le bras. Marinette n'était pas choquée de s'éloigner un peu de son partenaire, le temps de digérer la nouvelle.
Chloé qui était venue à la rencontre d'Adrien avait tout entendu de l'histoire de Marinette. Elle rageait à l'intérieur de savoir qu'une fois de plus, c'est elle qui avait eu toute l'attention de son ami d'enfance.
« Tu t'es bien amusé au moins ? »
« Oui mais j'avais hâte de te retrouver. » Et c'était en partie vrai parce que, bien que sa coéquipière fût la femme de ses rêves, il savait que pour l'instant, elle avait besoin de temps et connaissant le caractère de sa coccinelle, il ne fallait pas qu'il se trouve dans les parages tant qu'elle ne serait pas prête.
« C'est vrai Adrichou. Oh c'est trop gentil ! »
Elle se lança à son cou et lui fit un baiser sonore sur la joue.
« C'est vraiment une belle soirée que tu as organisée Chloé. Tu dois être fière de toi, tout le monde a l'air de réellement s'amuser. »
« C'est vrai qu'elle est réussie. Mais, tu n'as pas ton masque ? »
« Non, je n'ai pas réussi à bien déchiffrer l'énigme. Mais tu peux venir le chercher avec moi ? »
« Oh oui, c'est une bonne idée Adrichou. » Elle s'accrocha à son bras.
« Et après, tu vas bien vouloir m'accorder une danse ? »
« Mais bien sûr voyons. »
Elle jeta un œil en direction de Marinette, c'était donc ça qu'on récoltait quand on semait les bonnes graines et tout cela même si elle était aussi présente. Elle fit un sourire chaleureux à sa rivale, et s'agrippa fermement au bras d'Adrien alors qu'ils quittaient la pièce. En passant devant Max, il lui fit un compliment sur l'ingéniosité de ses énigmes et l'invita à se joindre à lui pour un éventuel duel en la matière. Enfin, elle sentait que ses efforts payaient et qu'elle ne se trouvait pas dans l'ombre de la franco-chinoise.
Quant à l'héroïne, elle ne fit pas de cas à voir Chloé ainsi accrocher à Adrien. Maintenant qu'elle savait vraiment qui il était et ce qu'ils partageaient, elle pourrait dormir en paix. Enfin, aussitôt qu'elle se serait remise de la révélation.
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