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« Masquerade »

Auteure : taemots | Type : OS

© Le texte appartient à l'auteure.

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Rencontrer l'amour de sa vie n'avait jamais été très important aux yeux de Jeongguk. Pour lui, tomber amoureux n'était pas quelque chose qui lui paraissait essentiel à sa réussite en tant qu'être humain.

À l'âge de quinze ans, il avait compris que les relations amoureuses n'étaient pas faites pour lui. On ne pouvait pas le considérer comme quelqu'un de fataliste, mais plutôt conscient du fait de ne pas avoir besoin d'une autre personne dans sa vie pour se sentir complet. En d'autres termes, il se suffisait à lui-même.

Puis Jeongguk fêta ses dix-huit ans. Et si à cette période il se lia d'amitié avec pas mal d'autres étudiants en entrant à la fac, ce fut aussi au cours de celle-ci qu'il eût également l'occasion d'assister aux nombreux déboires amoureux de Mingyu, son meilleur ami. Il vit ce que l'amour, dans ses plus horribles aspects, pouvait causer à un homme. Autant dire que ces expériences l'avaient largement refroidi quant à l'éventualité de se trouver quelqu'un.

Jeongguk consolait son meilleur ami, qui noyait son chagrin dans l'alcool, à base de : « tu n'as besoin de personne, Gyu » ou encore de : « arrête de pleurer pour cette fille, y en à la pelle qui rêvent de pouvoir sortir avec toi, alors oublie-la ! ».

Mais comme le dit si bien le dicton « c'est plus facile à dire qu'à faire », Jeongguk se retrouva le cul entre deux chaises lorsque l'Amour frappa à sa porte. Ou plutôt, lorsqu'il envahit son espace personnel en partageant sa chambre universitaire.

Son colocataire Kim Taehyung était quelqu'un d'extraverti et d'excessivement populaire, sans faire le moindre effort qui plus est. Il ne se passait pas un jour sans qu'il y ait du monde dans leur chambre et il ne se passait pas un jour sans que Jeongguk n'ait l'envie de pester contre lui (même s'il n'allait pas plus loin qu'un simple soupir long et désespéré). Un peu comme aujourd'hui, par exemple.

Tandis qu'il tentait de bosser sa leçon d'économie avec son casque vissé sur la tête, les trois amis de son colocataire arrivaient à faire plus de bruits qu'un troupeau d'éléphants dans une basse-cour. Jeongguk commençait lentement à bouillir de l'intérieur. Cela faisait bien trop longtemps qu'il rongeait son frein. Il savait que sa soupape allait bientôt céder à la pression de ses nerfs en pelote.

— Bon, les gars, il est temps que vous partiez.

Jeongguk réprima un soupir de soulagement. Cela se voyait tant que ça qu'il en avait ras-le-bol de leur présence ? Il espérait que oui.

— Quoi ? Mais ça ne fait même pas une heure qu'on est ici, se lamenta le garçon aux cheveux roses.

— Et donc ? J'ai des choses à faire. Alors allez-vous en.

Le trio ronchonna, mais pour le plus grand bonheur de Jeongguk, son colocataire sut rester ferme avec eux jusqu'à ce qu'ils partent. Une fois seuls, Jeongguk retira son casque et se frotta le visage comme pour évacuer la tension qui engourdissait ses muscles faciaux.

— Désolé, on ira ailleurs la prochaine fois.

— Ce n'est pas ça le problème, Taehyung.

— Alors, c'est quoi ? demanda sérieusement son colocataire. Je vois bien que ça t'énerve que je ramène mes amis ici.

— Oui, parce que c'est tous les putain de jours ! J'ai besoin de silence pour étudier. On n'a pas tous la chance d'être un génie, certains doivent fournir plus d'efforts pour réussir le semestre.

— T'insinue que je ne bosse pas ?

— Je ne te vois jamais le faire en tout cas.

Taehyung eut un rictus, puis il tourna les talons et marcha en direction de son bureau. Jeongguk n'en comprenait pas tout de suite la raison, mais lorsqu'il le vit se rapprocher de lui avec quatre cahiers dans les mains, il se sentit drôlement embarrassé.

— Ce n'est pas parce que tu ne me vois pas bûcher sur mon bureau comme un taré tous les soirs, que je ne le fais pas ailleurs. Si toi, tu as besoin de silence, moi, j'ai besoin de monde en mouvement pour que je me mette à bosser.

D'un geste vif soulignant son air agacé, Taehyung ouvrit le cahier noir en premier.

— Celui-ci, c'est pour l'économie. Je passe des heures à reformuler les leçons pour que ça me soit plus compréhensible. Je retravaille aussi les exercices pour être capable de réussir le prochain examen qu'ils vont nous coller.

Il le posa, puis il poursuivit avec le cahier bleu marine.

— Comme tu peux le voir, dans celui-ci, j'étudie mon anglais. Je suis une vraie quiche et j'fais tout mon possible pour relever mon niveau, histoire de me débrouiller lorsque j'irai faire mon stage à New York.

Taehyung le fit rejoindre son acolyte sur le bureau d'un geste sec.

— Dans le cahier vert, je me retape le programme de maths de l'année dernière car j'ai encore des lacunes. Quant au cahier rouge, je potasse l'informatique pour être au top le semestre prochain. Donc ouais, je sais que certains doivent faire des efforts pour réussir parce que j'en fais partie.

Jeongguk se sentit soudainement minable et pathétique. Il n'avait pas imaginé la charge de travail que son colocataire s'adonnait depuis tout ce temps.

— Pardon, j-je ne savais pas.

— Peut-être que si tu t'étais donné la peine de faire ma connaissance, tu n'aurais pas eu ce genre de préjugé.

Jeongguk encaissa malgré lui la remarque cinglante de son colocataire. Le pire dans tout ça était que Taehyung avait raison. Pourtant, si Jeongguk ne voulait pas apprendre qui il était, ce n'était pas parce qu'il ne le trouvait pas intéressant. Mais parce qu'il lui fichait la trouille.

Depuis qu'il l'avait vu franchir le seuil de leur porte, il n'avait pu penser à rien d'autre pendant un mois entier. Parce que son colocataire n'était pas seulement un étudiant travailleur et incroyablement aimé par la quasi-totalité du campus, il était aussi l'homme le plus beau qu'il lui avait été donné de voir.

Pour la toute première fois, Jeongguk tombait sous le charme de quelqu'un. Lui qui avait cru pendant la moitié de sa jeunesse qu'il échapperait aux filets de ce diabolique Cupidon, il n'avait fallu qu'un instant pour que ses croyances se fracassent sur le sol.

Malgré lui, Taehyung occupait la majeure partie de son esprit et c'était ce qui lui faisait peur. Parce que s'il laissait libre cours aux envies de son coeur, qu'est-ce qu'il se passerait ?

⊱♔⊰

La dernière heure de cours de la journée venait de se terminer, amenant les étudiants à ranger leurs affaires, Jeongguk y compris. Taehyung et lui ne s'étaient pas adressés la parole de toute la semaine qui avait précédé leur altercation de vendredi. Dès le week-end, à vrai dire, puisque Taehyung était parti, sans même lui dire où il allait. Certes, il n'avait pas de compte à lui rendre, mais il aurait aimé savoir s'il était en sécurité.

Mais voilà, Jeongguk ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. S'il n'avait pas suggéré l'idée que Taehyung était un mauvais étudiant, peut-être qu'il n'aurait pas passé son samedi et dimanche à se demander si oui ou non il allait bien.

Jeongguk espérait pouvoir le croiser dans leur chambre afin de s'excuser en bonne et due forme, mais il doutait fort que Taehyung soit présent. Pour cause, le conseil étudiant dont son colocataire en faisait partie, organisait un événement pour subventionner le bal qui aurait lieu le mois prochain, à l'occasion de Noël. Sachant que beaucoup d'étudiants partiraient rejoindre leur famille pour les célébrations, le bal se tiendrait la veille du week-end des départs. Du moins, à condition que le conseil étudiant récolte assez de fonds pour mener à bien le projet. Rien n'était encore sûr.

Une dizaine de minutes plus tard, il entra dans sa chambre et comme il s'y attendait, le coin de la pièce qui n'était pas le sien se trouvait vide. Malgré le fait qu'il le savait, rien ne pouvait retenir le petit pincement dans son coeur de lanciner. Ce fut alors penaud que Jeongguk s'installa à son bureau pour travailler ses leçons d'aujourd'hui. Il sortit son ordinateur, l'alluma et attendit qu'il se préchauffe pour l'utiliser. Durant ce laps de temps, il fixa les livres disposés sur son étagère et se fit la réflexion que c'était plutôt maussade d'avoir que des manuels scolaires alors que dans la chambre de Mingyu, c'étaient pratiquement que des mangas.

Soupirant son désespoir, Jeongguk se reconcentra et sélectionna à l'aide de la souris, le dossier portant le nom « ANNÉE 2 - SEMESTRE 1 »  et ouvrit le document daté du 15 novembre. Muni de son stylo, il débuta sa session qui – il le savait – allait se terminer dans la soirée à l'heure où les autres reviendraient au dortoir, après s'être amusés sur le campus grâce à l'événement du conseil étudiant.

Cependant, à peine eut-il commencé à relire le cours de M. Hammersmith, que la porte de la chambre s'ouvrit à la volée. Aussi rapide que l'éclair, Jeongguk se retourna et fut surpris de voir l'ami de Taehyung, l'air embêté comme s'il s'était fait prendre en flagrant délit.

— Merde, désolé, je t'ai dérangé ? s'excusa l'étudiant aux cheveux roses. Tae m'avait pourtant dit de faire hyper méga attention en entrant dans la chambre parce que tu serais en train de bosser.

— Non, c'est bon, je venais tout juste de commencer. Pourquoi tu es là ?

— Taehyung m'a demandé de venir lui chercher des fringues pour ce soir.

— Pourquoi ? Il ne dort pas ici ?

— Nan, il reste dans ma piaule, répliqua le rosé tandis qu'il fouillait dans le meuble de Taehyung. Avec le taf que le conseil étudiant se tape, il ne va pas finir avant des heures et il ne veut pas te réveiller, donc il squatte chez moi cette nuit.

— Oh... D'accord.

— Bon, je te laisse tranquille ! Passe une bonne soirée mon pote et si t'en as marre de bosser, viens faire un tour à la fête foraine. J'suis sûr que tu trouveras un stand qui te plaira. Bye !

Le rosé lui fit signe et quitta la chambre sans attendre, refermant derrière lui. Abasourdi, Jeongguk regarda l'endroit où l'ami de son colocataire se trouvait il y a quelques secondes. Il repensa à ses paroles et considéra l'idée de crapahuter à cette petite fête foraine remasterisée pour les étudiants. En retournant vers son ordinateur dont l'écran s'était mis en veille, Jeongguk prit ça comme un signe. Il posa alors son stylo, ferma son PC à moitié, changea sa chemise pour un pull-over noir et sortit à son tour en n'oubliant pas de verrouiller la porte.

Le conseil étudiant avait monopolisé l'entièreté de l'espace vert de la fac. Plusieurs stands étaient installés tous les dix mètres, il y en avait pour tous les goûts : de la nourriture, des jeux, des échanges sur les sujets d'actualité et même un stand à bisous. Jeongguk ne regretta pas du tout d'être venu, cela lui changeait les idées et au fond, il en avait bien besoin.

Cependant, la seule chose qui l'intéressait pour le moment était de voir Taehyung pour lui présenter ses excuses. Ainsi, tout en déambulant dans cette petite ville improvisée, Jeongguk chercha du regard son colocataire. Il croisa plusieurs de ses camarades de classe, mais aucun signe de celui qu'il voulait voir.

Tout juste quand Jeongguk s'apprêta à baisser les bras pour retourner à sa chambre, la silhouette gracieuse de Taehyung apparut au stand à bisous. Il l'observa alors de loin et le vit s'amuser avec ses amis. Jeongguk remarqua que le rosé était aussi là, en plus des deux autres de la dernière fois. Peut-être que venir ici juste pour s'excuser, au lieu de profiter de ce que le conseil étudiant avait organisé, était égoïste. Mais sans Mingyu, qui était reparti en catastrophe dans sa ville natale suite au décès de son poisson rouge (oui, c'était quelque chose de dramatique pour son meilleur ami), il avait du mal à profiter pleinement de ce que la vie lui offrait.

— Tu vas rester planter là, à le regarder ou tu vas enfin te décider à tenter ta chance ?

Jeongguk sursauta, frôlant la crise cardiaque, à l'arrivée subite de celui qu'il pouvait considérer comme un ami. Un vrai, pas de ceux qui le côtoyaient dans l'espoir de se rapprocher de son colocataire.

— Bordel, Eunwoo, ça t'arrive jamais de prévenir quand t'arrives ?

— C'est pas de ma faute si t'es à ce point obnubilé par Kim Taehyung que tu ne remarques rien de ce qui se passe autour de toi.

— Je ne suis pas obnubilé par lui, ne dis pas n'importe quoi.

— Mmh, bien sûr, c'est pour ça que t'es pas là à le fixer comme un putain de stalker. J'ai sûrement des hallucinations.

— La ferme.

— Et si tu faisais la queue ? À défaut de ne pas lui dire qu'il te plaît, tu pourrais te faire embrasser par lui et mourir avec ce souvenir gravé dans ta mémoire pour toujours.

— Eunwoo, t'es complètement taré.

— Et toi, complètement lâche.

Jeongguk roula des yeux et croisa les bras sur son torse. Il aimait mieux quand Mingyu était son seul ami, au moins lui, il prenait des pincettes pour lui dire les choses. Cependant, Eunwoo marquait un point. Il n'avait rien à perdre à faire ce stand à bisous, dans le pire des cas, il se faisait embrasser par une fille, dans le meilleur, il aurait ses lèvres scellées à celles du garçon qui le tourmentait depuis le début du semestre.

— D'accord, je vais le faire. Mais si ce n'est pas lui qui m'embrasse, je vais te haïr jusqu'à la fin des temps.

— La fin des temps ? répéta Eunwoo. T'es vache. Disons un mois.

— Un mois ? Pourquoi ?

— C'est le temps que tu mettras avant de te rendre compte que sans moi, les choses avec Taehyung ne bougeront jamais.

— Tu te prends pour qui ? Docteur Love ?

Sur cette réplique plus que pathétique, le noiraud se joignit à la file et pria tous les dieux pour qu'il ne tombe pas sur la seule fille du groupe qui se chargeait du stand. Le temps s'écoulait étonnamment très lentement, Jeongguk eut l'occasion de réfléchir à ce qu'il allait faire et d'envisager un moyen de se défiler. Mais en voulant se débiner, il vit Eunwoo le regarder d'un air amusé, comme s'il s'attendait à ce que Jeongguk abandonne. Alors, il resta derrière la brune aux longs cheveux, perchée sur des bottes à talons de cinq centimètres, bien décidé à embrasser quelqu'un.

Après de longues minutes d'attente interminable, ce fut enfin le tour de Jeongguk. La jeune fille l'accueillit et lui demanda de mettre le bandeau sur ses yeux.

— Pourquoi ? Je pensais que c'était l'inverse.

— On a changé les règles pour plus de fun, si ça t'embête tant, tu peux toujours partir. Personne ne t'en empêche.

— Non, c'est bon. Je vais le faire.

Avec une légère appréhension, Jeongguk noua le tissu noir sur ses yeux et attendit que quelque chose se passe. Privé d'un de ses sens, il pouvait entendre les chuchotis derrière lui s'intensifier, l'odeur des crêpes s'exacerber et le noeud dans son ventre se resserrer. Jeongguk commença à ressentir l'angoisse lui mordre les entrailles, mais elle se volatilisa au même titre que le bon rythme des battements de son coeur lorsque deux mains glissèrent sur son visage. Avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, des lèvres à la texture douce et au goût surprenant de fraise se posèrent sur les siennes dans un mouvement délicat.

À cet instant, l'envie irrémédiable de retirer le bandeau le démangeait, mais il n'en fit rien. Hypnotisé par la tendresse de cet échange, Jeongguk laissa tomber toutes les forteresses de son château pour se plonger dans ce baiser avec cet inconnu. Il n'entendait plus rien si ce n'était le chant de son coeur qui lui hurlait de ne pas s'arrêter. Malheureusement, il n'avait aucun contrôle là-dessus et bientôt, l'air frais de la nuit recouvrit ses lèvres mouillées. Jeongguk porta ses mains au bandeau, mais on le stoppa vivement.

— Pas tout de suite cow-boy, attends une minute.

Ce fut la minute la plus longue de sa vie. Est-ce qu'il avait embrassé Taehyung ? Est-ce qu'il s'agissait de sa bouche ou celle d'un autre ? Le noiraud mourrait d'envie de le savoir, mais il craignait que cela soit à jamais un mystère puisqu'en ayant l'autorisation d'enlever le tissu noir de ses yeux, Eunwoo n'était plus là.

En rentrant dans sa chambre, Jeongguk n'eut pas le courage de se changer, il s'affala directement dans son lit, s'enveloppant dans ses couvertures. Ses doigts se posèrent sur sa bouche, il pouvait encore sentir les picotements du baiser et ça le rendait fou. Que ce soit parce qu'il ne saurait jamais si c'était Taehyung, ou encore parce qu'il en voulait encore. Il en voulait plus. Beaucoup plus.

Jeongguk avait les yeux fermés et sous ses paupières, se matérialisait un Taehyung assis à califourchon sur lui dans une tenue des plus provocantes. D'une main un peu maladroite, il se caressa le torse en imaginant celle de son colocataire à la place. Il ne sut pas exactement pourquoi il se mettait à penser à ce genre de choses, ni si c'était correct ou non. Il oublia tout à la sensation exquise qui bouillonnait dans son bas-ventre, dès lors que ses doigts frôlèrent son entrejambe (pendant que le Taehyung irréel se faufilait entre ses cuisses, en cambrant le dos pour mettre en lumière la rondeur parfaite de ses fesses).

Son pénis dans la main (imaginairement dans la bouche de son coloc), Jeongguk commença des va et vient, tout d'abord de manière très lente avant d'augmenter peu à peu la cadence. Des frissons parcouraient de part en part son corps, les battements de son coeur n'arrivaient plus à suivre un rythme stable. Tout était devenu chaotique. Son esprit. Son âme. Ses émotions. C'était comme si son univers venait d'entrer en collision avec le sien. Celui de Taehyung.

Jeongguk n'était plus qu'à deux doigts d'atteindre son orgasme lorsqu'une voix s'éleva inopinément dans les airs.

— La prochaine fois, ferme la porte.

Jeongguk lâcha immédiatement son érection et resserra les couvertures sur son corps, complètement mort de honte. De tous les scénarios possibles, il avait fallu que ce soit celui où Taehyung le surprenne en train de se marturber. Les joues en feu et la gorge sèche, Jeongguk eut envie de pleurer. Pourquoi tout se passait si mal, ces derniers temps ? S'il le pouvait, il disparaîtrait tout de suite pour ne plus jamais refaire surface. Qu'allait-il penser de lui ? Ce fut bien trop lourd à supporter. Alors doucement, les larmes qu'il retenait avec force coulèrent sur ses joues.

— Jeongguk, tu pleures ?

Et bien évidemment, il fallait qu'il l'entende pleurnicher comme un enfant. Jeongguk se mordit l'intérieur des joues pour s'empêcher d'émettre un nouveau sanglot. Mais la tâche s'avérait plus compliquée qu'il ne l'aurait voulu. Premièrement parce que ça faisait mal, deuxièmement parce qu'il avait toujours été bruyant quand il pleurait.

— Hey, c'est pas grave, tu sais ? T'es majeur et vacciné, tu fais ce que tu veux. Je ne vais pas te juger pour ça. Puis pour information, je le fais aussi quand je vais sous la douche. Ça relâche la pression, c'est cool. Alors ne te flagelle pas pour un acte aussi humain.

Jeongguk ne répondit pas, mais se sentit soulagé que son colocataire ne le prenne pas pour un pervers. Sans doute parce qu'il ne savait pas qu'il était à l'origine de cette situation délicate.

— Je suis venu chercher un sous-vêtement, Jimin a oublié de m'en prendre un. Bref, salut !

Dans un silence plutôt inconfortable, Jeongguk attendit qu'il parte pour se rhabiller en vitesse et sortir de la chambre pour l'interpeller. Taehyung était presque au bout du couloir quand il atteignit la porte.

— Attends !

Taehyung se retourna et lui offrit un regard confus. Jeongguk marcha jusqu'à lui avant de s'arrêter pour laisser une distance raisonnable entre eux.

— Je... Je voulais m'excuser pour l'autre fois. Je n'aurais pas dû dire ça, j'ai été con.

— Non, c'est bon. Je comprends que tu aies pensé ça. Après tout, j'ai jamais un bouquin dans les mains quand je suis dans la chambre, fit-il sur un ton amusé.

— Même, je n'aurais pas dû. Alors, je te demande pardon.

— T'es mignon, dit le plus âgé d'une voix presque inaudible. Allez, je te pardonne. Bonne nuit, Jeongguk.

— Bonne nuit, Taehyung.

Il lui sourit, puis il partit enfin. Jeongguk retourna dans leur chambre, non sans un sourire idiot plaqué sur la trombine suite au petit compliment qu'il venait de recevoir. Certes, il aurait voulu que ses excuses se fassent dans de meilleures conditions, mais au moins il l'avait fait et il se sentait plus léger.

Une fois de retour dans son lit, Jeongguk rougit au souvenir de ce qu'il faisait avant que Taehyung n'entre et se traita d'imbécile pour ne pas avoir fermé la porte. La prochaine fois (si tant est qu'il y en ait une), il s'assurerait que celle-ci soit verrouillée à double tour.

⊱♔⊰

En se réveillant le lendemain, Jeongguk eut l'impression de s'être fait rouler dessus par un bulldozer. Pour la première fois en deux ans, un mal de crâne insoutenable le clouait au lit. Les migraines ne lui avaient pas manqué, pas le moins du monde. Il détestait en avoir une parce qu'il ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre que ça se passe. Le seul moyen pour lui de se rétablir plus rapidement était de dormir. Cependant, il avait encore ses affaires de la veille et s'il voulait être plus à l'aise, il n'avait pas le choix que de se lever, de prendre une douche vite fait et de se vêtir de vêtements confortables.

D'une motivation approchant le zéro, Jeongguk s'extirpa de ses couvertures et se leva à l'aide du peu de forces qu'il possédait. Il mit au moins une bonne demi-heure avant de se recoucher dans une tenue propre. Pile au moment où il commença à s'endormir, la porte de la chambre s'ouvrit et Jeongguk était bien trop abattu pour voir de qui il s'agissait. Heureusement pour lui, la voix de son colocataire lui donna la réponse.

— Wow, ça va ? On dirait que tu reviens du pays des mort-vivants.

— Merci Taehyung, c'est sympa, marmonna-t-il faiblement.

— Je t'en prie. Qu'est-ce que tu as ?

— La migraine, je vais dormir toute la journée et demain ça ira mieux.

— Merde... Bah repose toi bien, je te passerai mes notes.

Bien que l'envie de le remercier était là, Jeongguk n'eut pas le temps de le faire. Le sommeil l'emporta sans crier gare.

Ce fut quelques heures plus tard qu'il rouvrit les yeux. Il se sentit bien plus en forme, du moins, le mal de tête s'était évanoui à son plus grand soulagement. Jeongguk se détourna du mur et fut étonné de voir Taehyung, un casque sur les oreilles en train de bosser sur son lit, un bol de chips posé à côté de lui. Pourquoi est-ce qu'il était ici ? N'avait-il pas besoin de bruit pour travailler ?

Sans doute que le regard de Jeongguk devait le brûler puisque son colocataire leva le sien dans sa direction. Taehyung fit descendre son casque dans son cou, avant de recapuchonner son stylo.

— Oh, t'es réveillé ! Tu te sens mieux ?

— Oui, acquiesça Jeongguk d'une petite voix. Pourquoi t'es là ? Je veux dire, t'as pas besoin d'être entouré pour travailler ?

— Oui, mais je suis resté avec toi au cas où ça n'irait pas.

— Ah... Merci, c'est gentil.

— Tu as faim ? J'ai l'intention d'aller me chercher une pizza. Ça te dit ?

— Je veux bien, merci.

— D'acc, je t'en prends une moyenne ?

Jeongguk hocha positivement de la tête avant de se redresser pour prendre son téléphone. Il fit un virement instantané via PayPal à Taehyung, qui lui fit les gros yeux.

— Je ne t'ai pas demandé d'argent, réfuta le blondinet.

— Je sais, mais je n'allais pas te laisser tout payer non plus. Chacun paye sa part.

— Ouais, fin tu m'as envoyé plus qu'il ne le fallait.

— C'est pour la dernière fois.

— Jeongguk, ce n'était qu'une brique de lait à la banane, je n'allais pas me ruiner.

— Tais-toi et accepte. J'en veux une au chorizo, s'il te plaît.

Taehyung soupira, puis il enfila sa veste et se dirigea vers la porte. Avant qu'il ne sorte, il se retourna vers lui. Les deux étudiants se dévisagèrent pendant quelques minutes, laissant l'atmosphère se charger d'une drôle d'impression électrique. Jeongguk crut qu'il allait lui dire quelque chose lorsque Taehyung ouvrit la bouche, mais à la place il partit, laissant le noiraud un tantinet confus.

⊱♔⊰

Le temps était mauvais depuis que les deux colocataires s'étaient réveillés en ce samedi matin. Il pleuvait des cordes et ni l'un ni l'autre n'avait envie de quitter leur cocon douillet qu'étaient leurs lits respectifs. Sans crier gare, la sonnerie du téléphone de Taehyung brisa le silence devenu roi. Le blondinet répondit à l'appel pour faire cesser la mélodie.

— Allô ? ... Non, j'ai pas envie... Je crois que je vais rester ici à regarder un film... OK, à plus, Chim.

Taehyung raccrocha et reposa son téléphone sur sa table de chevet. Jeongguk l'observa discrètement, feignant d'être plongé dans le livre qu'il tenait dans ses mains. Mais toute personne censée verrait qu'il n'y avait rien de si intéressant dans l'histoire de l'économie sud-coréenne.

— Jeonggukie ?

Tiens, c'était la première fois qu'il l'appelait de la sorte et ce n'était pas pour le déplaire. Jeongguk baissa son bouquin pour diriger son attention sur son colocataire.

— Tu veux regarder un film avec moi ? Je ne sais pas encore quoi, mais si t'as des propositions, je suis preneur.

Jeongguk fit mine de réfléchir alors que sa décision était déjà prise dès qu'il l'avait interpellé. Il reposa son livre sur son bureau, puis rejoignit Taehyung en s'asseyant sur le sol, à côté de son lit.

— Qu'est-ce que tu fais ? La manche ? Tu me diras, avec ton physique de dieu grec tu pourrais vite devenir riche sans problème.

Le noiraud espéra du plus profond de lui que son rougissement ne se voyait pas. Ce n'était pas la première fois que Taehyung le complimentait sur son physique, mais Jeongguk ne s'y habituait pas. Il avait toujours le coeur qui battait la chamade et l'impression d'être l'homme le plus chanceux au monde.

— Viens dans mon lit, tu ne vas pas regarder le film assis par terre.

Jeongguk s'exécuta alors et se glissa sur la place que lui octroyait Taehyung, qui se colla près du mur. À présent qu'ils étaient tous les deux allongés sous la couverture, le blondinet ouvrit son MacBook et lança Netflix.

— Alors, une idée ?

Voyage vers la Lune, mon meilleur ami m'a dit que c'était super bien.

— Adjugé vendu.

Taehyung fit glisser son doigt sur le pavé tactile, puis sélectionna Voyage vers la Lune et le film se lança. Il posa ensuite son ordinateur sur le petit renfoncement du mur face à eux où il avait déjà exposé des figurines d'Albert Einstein et de Pikachu.

Jeongguk n'osa faire aucun mouvement lorsque la jambe et le bras de Taehyung vinrent l'emprisonner dans une douce étreinte.

— Si ça te gêne, tu peux me le dire.

— Non, c'est bon.

Il aurait été sacrément idiot de le repousser alors que ce serait peut-être la seule fois où leurs deux corps seraient aussi proches l'un de l'autre. Jeongguk mesurait la chance qu'il avait d'être là, près de Taehyung, dans une proximité aussi intime.

Cependant, quelques minutes plus tard, il se surprit à chasser les idées peu catholiques qui traversaient son esprit au fur et à mesure que la chaleur de son colocataire l'enveloppait. D'autant plus lorsque l'index de Taehyung s'amusait à lui chatouiller la peau au niveau du col de son tee-shirt.

Le film continuait de jouer sur l'écran, mais il avait perdu l'attention de ses spectateurs, qui étaient bien trop perdus dans leurs pensées. Jeongguk finit par dévier le regard de l'ordinateur pour le poser sur le garçon qui l'enlaçait depuis une bonne demi-heure déjà.

Taehyung sentait extrêmement bon la noix de coco. Plus le parfum venait lui titiller les narines, plus Jeongguk se mettait à prendre de grandes inspirations comme s'il voulait capturer le souvenir de cet instant dont il se remémorerait dès lors qu'il respirerait cette odeur. Il ne saurait dire pour quelle raison, mais ce moment qu'il partageait avec le plus âgé le rendait profondément heureux, ça l'apaisait même.

— Gukkie ?

Encore un surnom que Jeongguk entendait pour la première fois et tout comme le précédent, il l'adorait.

— Oui, hyung ?

— C'est quoi ce tatouage de Lune sur ton poignet ?

Le noiraud sourit bêtement, stupéfait que son colocataire se soit amusé à le détailler sur toutes les coutures comme lui le faisait chaque jour. Bien que discrètement.

— Pour me rappeler mes grands-parents. Quand j'étais petit, mon grand-père maternel me racontait toutes sortes d'histoires sur les étoiles et la Lune. Je n'ai pas connu ma grand-mère maternelle, mais grand-père me promettait qu'elle m'aurait aimé de tout son coeur si elle m'avait connu.

Jeongguk se tut un instant, se voyant de nouveau aux côtés de son grand-père alors qu'il n'avait que dix ans.

— Du côté de mon père, je les ai connus tous les deux et si j'étais intimidé par halabeoji, ce n'était pas le cas avec halmeoni. Elle était quelqu'un de génial et de foncièrement gentil. Ils nous arrivaient parfois de regarder le ciel à la nuit tombée et elle me disait que lorsque Dieu la rappellerait à lui, elle Lui demanderait de séjourner dans les étoiles pour qu'elle puisse veiller sur moi.

Sous ses paupières, il revit nettement les visages de ses grands-parents. Influencés par la nostalgie, les souvenirs qu'il partageait avec eux refirent surface dans son esprit. Jeongguk savait qu'ils lui manquaient, mais il ne s'était pas douté à quel point.

— Je ne sais pas où ils sont à l'heure actuelle, mais quand je regarde en direction de la Lune, j'ai cette impression qu'ils sont tous près de moi. Ce tatouage me permet de rester connecter à eux pour toujours.

— C'est beau et si triste à la fois, s'enquit Taehyung d'une petite voix. Ils te manquent beaucoup ?

— Plus que ça. Je ne pense pas que la douleur de leur absence ne pourra un jour se dissiper.

— Je te comprends, je vis la même chose. J'aimerais tellement pouvoir remonter le temps et les prendre dans mes bras, leur dire que je les aime.

— Si c'était possible, crois-moi que je le ferai à chaque fois que leur souvenir me hante.

C'était étrange pour Jeongguk de parler de ça avec une telle facilité. Étant quelqu'un de très secret concernant sa vie privée, il ne s'épanchait pas avec tout le monde. Mais Taehyung n'était pas n'importe qui. Sans doute était-ce pour ça qu'il ne trouvait aucune raison de ne pas être honnête.

— Le film est fini, commenta le blondinet à voix basse.

— Oui, effectivement, ajouta Jeongguk. Merci de m'avoir invité à le regarder avec toi, je vais retourner dans mon lit maintenant.

Jeongguk tenta de se dégager de l'étreinte de Taehyung, mais sans succès.

— Reste, s'il te plaît.

— D'accord, hyung.

Jeongguk ne savait pas pourquoi il devait le faire, mais il percevait quelque chose dans la voix de son colocataire qui le poussait à accepter sa requête. Il avait l'impression que Taehyung avait besoin de ça et ses soupçons se confirmèrent lorsqu'il vit son corps faire des soubresauts.

— Hyung, je ne sais pas ce qu'il t'arrive, mais je suis là. Tu peux me serrer aussi fort que tu en as besoin.

Taehyung ne répondit rien, en revanche il se blottit un peu plus contre lui. Cette fois-ci, Jeongguk se permit de plonger ses doigts dans la chevelure blonde de son colocataire, lui administrant de légères caresses sur le crâne. Il ne pourrait dire si cela aidait Taehyung ou lui-même, mais il trouva dans cette expérience une sorte de réconfort.

Tout comme la Lune gravée sur son poignet, la présence de son colocataire venait de prendre une place conséquente dans son univers. Taehyung devenait peu à peu sa Lune personnelle qui le connectait avec nul autre que lui-même.

⊱♔⊰

Deux semaines plus tard.

Jeongguk avait enfin terminé ses examens, il pouvait enfin sortir la tête de l'eau et reprendre son souffle. Mieux encore, il avait désormais le loisir de profiter de ses amis Mingyu et Eunwoo sans regret. Mais ce qui prenait le haut du classement était le fait de pouvoir passer plus de temps en compagnie de Taehyung.

Depuis leur petit moment confession, les deux colocataires se retrouvaient souvent devant un film (sans jamais le regarder en entier), enlacés dans les bras l'un de l'autre. À vrai dire, c'était même Taehyung qui initiait cet échange et Jeongguk suivait le mouvement sans se plaindre. Il arrivait parfois qu'ils se rejoignent dans une étreinte chaleureuse sans qu'il n'y ait un fond sonore pour braver le silence paisible qui les enveloppait.

D'ailleurs, en parlant de Taehyung, il le vit en compagnie de Jimin et des autres membres du conseil étudiant. Jeongguk s'approcha d'eux d'un pas incertain, il n'avait pas envie de les déranger. S'il avait encore la possibilité de s'échapper il y a quelques secondes, ce ne fut dorénavant plus le cas puisque l'étudiant aux cheveux roses venait de l'interpeller. Le noiraud se dirigea alors vers le côté de Taehyung et du rosé.

Si son regard s'était d'abord posé sur l'ami de son colocataire, qui était tout aussi beau que le Taehyung, il s'attarda finalement sur le seul garçon qui occupait encore et toujours la moindre de ses pensées.

— Salut, fit-il d'une petite voix.

— Salut Gukkie, lui répondit Taehyung sur le même ton avant de baisser le regard, un sourire sur les lèvres.

— Okaaay, j'sais pas ce qui se passe entre vous deux, mais y a des chambres pour ça, intervint Jimin sans une once de tact. Enfin bref, dis-moi beau gosse, t'as pris ton billet pour le bal ?

— Euh non, je ne sais pas si je vais y aller.

— Pourquoi ? T'as peur de ne pas trouver de cavalière ? Beau comme t'es, je suis sûr que les demandes vont pleuvoir dès que la nouvelle aura fait le tour du campus.

— Je ne sais pas... hésita le noiraud en jouant avec le piercing à sa lèvre.

À sa réponse, Jimin leva les yeux en l'air avant de tendre le bras pour attraper un ticket dans une des piles présentes sur la table. Muni de ce dernier, il le brandit vers Jeongguk.

— Tiens, cadeau de la maison.

— Jimin, il faut qu'il paye pour qu'on puisse savoir combien de personnes il y aura, le rabroua la jeune femme qui tenait le stand de bisous, la dernière fois.

— Toi et ton souci sur le protocole, vous me pompez l'air, Jeongyeon. Tu devrais te faire prendre un bon coup, ça te rendrait peut-être plus aimable.

— Et toi, de te faire remettre à ta place par une gonzesse, ça te rendrait peut-être moins irrécupérable.

Jeongguk suivit leur échange houleux à bonne distance. Il remarqua une certaine tension émaner d'eux. C'était à croire que Jimin était prêt à soulever la jeune femme sous les cuisses pour la plaquer sur le mur. Et si la vision de cette hypothèse le rendait mal à l'aise, l'idée que ça se passe entre lui et Taehyung en revanche ne le laissait pas indifférent. D'ailleurs, ce dernier semblait accaparé par ses pensées. Il ne parut pas faire attention à ce qu'il se passait autour de lui Cela se confirma par la suite lorsqu'il sursauta quand l'eau lancée rageusement par Jeongyeon en direction du rosé, finit par atterrir sur lui.

— Merde, Tae, je suis désolée !! s'excusa hâtivement la jeune femme qui poussa hors de son chemin l'étudiant aux cheveux roses qui rigolait à gorge déployée.

— C'est pas grave, je vais me changer.

Taehyung retira son polo trempé sous l'oeil spectateur de Jeongguk qui ne perdit pas une seule miette de la scène. Il admira la couleur caramel de sa peau, ses tétons qui pointaient sous le froid, le fin tracé de poils qui descendait de son nombril pour continuer plus bas, là où Jeongguk n'osa pas poser les yeux. Taehyung était beaucoup trop beau pour être réel. Même les courbes de sa taille criaient la perfection. Aphrodite perdait toute légitimité à côté de lui.

— Jeongguk ? Hé ho ?

— Hein ? Quoi ? s'enquit le noiraud, l'air déboussolé.

— Tu prends le ticket, oui ou non ? lui demanda Jimin.

— C'est comb-

— C'est bon, Taehyung te l'a payé.

Jeongguk déglutit, ne sachant plus où se mettre. S'était-il à ce point perdu dans sa contemplation pour ne pas avoir vu que son colocataire s'était chargé de lui payer son billet pour le bal ?

— Oh... Merci hyung.

Du bout des doigts, Jeongguk attrapa le papier sur lequel figuraient les informations pour le bal et le fixa durant quelques minutes avant de se souvenir qu'il devait rejoindre Mingyu et Eunwoo à la cafétéria.

— Je vais y aller, on se voit tout à l'heure, hyung ?

— Oui, Gukkie.

— D'accord, à bientôt alors.

Puis il tourna les talons et s'en alla en direction de la fac. Il allait se rendre au bal, mais il ne savait pas s'il pouvait le faire sans qu'il soit accompagné. En toute honnêteté, la seule personne qui l'intéressait était sans aucun doute déjà prise par quelqu'un d'autre. Au pire des cas, il irait avec Mingyu si sa copine le larguait avant, sinon Eunwoo s'il voulait bien.

⊱♔⊰

De nombreuses guirlandes lumineuses étaient suspendues dans les allées qui menaient vers le château. Le conseil étudiant avait fait les choses en grand pour le bal. Respectant le thème imposé qui n'était autre qu'un bal masqué, ils avaient réussi à louer un domaine pour l'occasion. Ainsi, les étudiants étaient reçus comme des aristocrates des temps modernes. On avait l'impression qu'une nouvelle ère victorienne venait de voir le jour.

— Wow, ils y sont pas allés de main morte sur la déco, lança Mingyu, qui replaçait sa veste de costume sur ses épaules.

Jeongguk ne répliqua rien, bien trop abasourdi par la splendeur des lieux.

— Tu n'peux pas juste profiter et te taire ? ronchonna Eunwoo, qui apparut à sa gauche.

Pour le coup, Jeongguk était d'accord avec lui. L'endroit était trop somptueux pour que son meilleur ami ne fasse une remarque inutile. C'était déjà énorme d'être là, alors qu'il ne restait plus qu'une dizaine de billets quand Mingyu avait accepté de venir.

— Bon, bah on va pas rester plantés là comme des arbres,  je n'ai pas claqué mes économies pour rien. Allons-y !

Mingyu ouvrit la marche, Jeongguk et Eunwoo sur ses talons. Le trio se dirigeait en silence vers l'entrée du château devant laquelle des agents de sécurité étaient postés pour veiller à ce qu'aucun intru n'entre à l'intérieur. Les trois amis montrèrent leur billet d'invitation au vigile, qui les laissa passer.

Dès lors qu'ils furent à l'intérieur, Jeongguk fut stupéfait de voir que tout le monde avait joué le jeu. Tous étaient munis de masque et habillés soit d'une robe, soit d'un smoking. Si Jeongguk n'était pas venu avec ses amis, ils ne les auraient pas reconnus dans cette multitude de personnes à l'identité cachée.

Délaissant son observation du monde présent dans la salle de réception, Jeongguk admira la beauté du décor qui lui donnait l'impression d'être dans un de ces films sur la haute aristocratie. C'était incroyable. Si bien qu'il se sentit presque intimidé d'être là, se faisant la réflexion de ne pas être à sa place.

— Je vais au bar, l'avertit Eunwoo. Gyu est déjà parti jouer au Roméo.

Jeongguk acquiesça, aucunement surpris par la seconde partie de la phrase. Désormais seul, il s'aventura dans la salle, jouant des coudes pour se frayer un chemin jusqu'à l'aile droite qui donnait une vue imprenable sur le jardin du domaine. Il s'agissait d'une grande baie vitrée dont la plupart des carreaux de verre étaient décorés d'autocollants en forme d'étoiles.

En y arrivant, Jeongguk aperçut l'entrée qui menait à l'extérieur. Piqué de curiosité, il l'emprunta et se retrouva dehors, frappé par le tableau époustouflant qui dépeignait le paysage environnant. C'était absolument magnifique. Cependant, sa contemplation ne dura qu'un très court instant car la pluie se mit à tomber follement. Alors, avant qu'il ne se fasse tremper jusqu'aux os, Jeongguk se rua à l'intérieur. Au même instant, les premières notes de la chanson Be My Mistake de The 1975 détonnèrent.

Jeongguk resta figé sur place. C'était celle qu'il écoutait lors de sa rencontre avec Taehyung. Il le revoyait franchir la porte de la chambre avec cette attitude désinvolte, presque détestable, mais Jeongguk l'avait trouvée intimidante. Il avait encore les cheveux noirs à cette période et c'était fou à quel point il aimerait le revoir comme ça.

La chanson poussa son dernier souffle, emportant avec elle les insécurités de Jeongguk. Ce soir, il le lui dirait. Il lui avouerait qu'il l'aimait depuis la première fois que leurs yeux s'étaient croisés. Stimulé par cette piqûre d'adrénaline, Jeongguk retrouva ses esprits et se mit à la recherche de son colocataire qu'il n'avait pas vu depuis hier.

Mais avec tous ces masques, c'était mission impossible pour lui. Jamais il ne pourrait retrouver Taehyung. Alors, Jeongguk s'écarta de la foule et commença à s'en vouloir de ne pas s'être confessé avant.

Puis quand Astronomy de Conan Gray s'éleva dans les airs, une main se présenta à lui. Surpris, Jeongguk leva le regard vers l'individu qui se tenait devant lui, visiblement sur le point de l'inviter à danser. Dans un accord silencieux, il accepta la demande muette de l'inconnu. Celui-ci le mena jusqu'à la piste de danse. Délicatement, il plaça ses mains autour du cou de Jeongguk, tandis que lui mit les siennes au niveau de la taille de son cavalier.

Là, à ce moment exact, Jeongguk se laissa emporter par la magie qui les liait. Avec une attention toute particulière, il observa les yeux du garçon qu'il enlaçait et sans qu'il ne sache pourquoi, il eut la forte impression de les avoir déjà vus. Sans doute que son cavalier se sentit mal à l'aise face à son regard, car ce dernier se blottit contre lui, posant sa tête sur son épaule. Jusqu'à la dernière seconde, les deux étudiants dansèrent l'un contre l'autre, sans émettre le moindre mot.

Puis la musique toucha sa fin. Jeongguk s'apprêta à dire quelque chose, mais l'inconnu s'éloigna de lui en courant. Déterminé à prouver son hypothèse, Jeongguk se mit à sa poursuite du mieux qu'il le put. Avec toutes ces personnes, c'était difficile de ne pas perdre sa trace. Arrivé dans un couloir désert, il ne sut pas où aller. Il observa les alentours et vit deux portes battantes, dont l'une d'elle semblait mal refermée. Sans attendre une minute de plus, le noiraud se dépêcha vers les portes qu'il ouvrit d'un geste sec.

Face à lui, plongé sous les rayons lunaires, son bel inconnu le dévisageait, essoufflé. Jeongguk retira son masque et s'approcha de l'autre dans l'idée de retirer le sien. Cependant, celui-ci l'arrêta dans son geste.

— Ne le fais pas.

— Pourquoi ?

— Parce que tu risques d'être déçu.

— Je ne pense pas.

— Comment peux-tu en être si sûr ?

Jeongguk haussa les épaules. À vrai dire, rien ne lui disait qu'il s'agissait de la personne qu'il aimait. Pourtant, son intuition ne l'avait jamais déçu. Il était persuadé que cet individu masqué n'était autre que son colocataire.

Dans un silence de roi, Jeongguk regarda avec attention l'autre étudiant. Celui-ci était habillé d'un smoking noir, tout comme lui, mais son masque était tout particulièrement sublime. La lune et les étoiles brillaient sous la lumière de la nuit. Cependant, c'étaient ses yeux qui le troublaient. Ses beaux yeux marron qui lui paraissaient comme les deux plus beaux joyaux du monde.

— La lune est magnifique, n'est-ce pas ? fit-il en délaissant l'inconnu pour le ciel étoilé.

— Très.

— Mais elle n'est pas aussi belle que toi, Taehyung.

On entendit le bruit de la musique, le chant des cigales et les battements infernaux de deux coeurs. Jeongguk se retourna face à lui, le défiant de lui mentir.

— C-c-comment tu as su ?

— Je pourrais reconnaître tes yeux entre mille, hyung.

Taehyung retira alors son masque avant de plonger au cou de Jeongguk pour l'embrasser. Au contact de ses lèvres, il retrouva ce goût particulier de fraise qu'il avait testé lors du stand à baiser et cette constatation le rendit doublement heureux. Enhardi par ses émotions, Jeongguk intensifia leur échange, laissant tomber sa timidité au profit de son amour qui ne demandait qu'à s'exprimer.

Tous deux privés de leur souffle, ils mirent fin au baiser.

— Taehyung, on peut rentrer ?

— Avec plaisir, mon amour.

Comme si l'on lui avait demandé, la lune rayonnait de plus belle dans le ciel, éclairant le chemin des deux étudiants qui couraient pour enfin vivre leur amour. Laissant derrière eux, deux masques sur le sol.

FIN

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