Chapitre 76
Je finis par lui proposer de regarder un film. Je me moque du film, c'est juste un prétexte pour continuer de le séduire. Il le choisit, je le lance tandis qu'il s'installe sur mon lit. J'éteins la lumière et me glisse près de lui. Mon cœur s'emballe à nouveau et j'entends sa respiration s'accélérer. Parfait. Au moins, je ne suis pas le seul ici à être nerveux. Je dois me faire violence pour ne pas poser ma tête sur son épaule, pour ne pas l'enlacer et le serrer contre moi. Doucement, je dois y aller doucement.
J'ai peur qu'il reparte ce soir. Je ne veux pas. Je veux qu'il soit là, je veux qu'il reste avec moi. J'ai tellement souffert de son absence que je ne supporte plus de le savoir loin de moi – même s'il n'est qu'à deux studios du mien.
Je me redresse et, ce faisant, mon bras frôle le sien. A dessein, évidemment. Je le sens se tendre à nouveau et s'éloigner de moi – une fois de plus. Je m'efforce de respirer calmement. Il est déjà suffisamment paniqué comme ça, pas la peine d'y ajouter ma propre peur.
Je cesse de me rapprocher de lui et tente de me concentrer sur le film. A-t-il fait exprès de choisir ce film ? Une comédie musicale remplie d'amour et d'homosexualité entre des garçons. Comment veut-il que je cesse de le séduire face à un tel film ? Le jeu des acteurs me donne envie de me coller à Erwan, je dois lutter de plus en plus contre le désir qui monte en moi.
Doucement, le plus doucement possible, tellement doucement que j'en oublie presque de respirer, j'approche à nouveau mon pied du sien et l'effleure en gardant mes yeux rivés sur l'écran. A peine écarte-t-il son pied que je remets le mien à sa place initiale comme si rien ne s'était passé. J'attends. Je laisse son souffle se calmer.
Le film continue, je ne bouge pas d'un pouce. Erwan est tendu près de moi, je le sens sans même avoir besoin de le toucher. Il faut à tout prix que je parvienne à le séduire. Lui faire accepter mon contact. Lui montrer que je ne ferai jamais rien susceptible de le blesser. Du moins plus jamais, étant donné que le jeu a déjà fait ses ravages.
Lorsque j'effleure son pied pour la troisième fois en le rassurant, en lui répétant que je ne suis pas Thibault, je ne sens plus de résistance. Il a laissé son pied contre le mien. Il s'est enfin laissé faire.
Je ne bouge plus. Je lui laisse le temps de s'habituer – se réhabituer – à mon contact. Puis, doucement, tout doucement, j'approche mon genou du sien. Il l'écarte, sans pour autant retirer son pied. J'attends. La séduction m'a appris à être patient. Et je recommence. Mon genou contre le sien, il l'écarte. Je lui répète, encore et encore, que je ne suis pas Thibault, que je ne lui ferai jamais aucun mal. J'accentue mes caresses verbales, je le rassure, le réconforte. Il hoche la tête et s'excuse, les larmes aux yeux. Le voir ainsi me fait mal, je dois me faire violence pour continuer de le séduire. Ma jambe frôle à nouveau la sienne, il l'écarte, avant de s'excuser, encore et encore. Ses mots me brûlent, je ne supporte pas de le voir si mal. Je lui demande qu'il veut que je continue, il hoche la tête et me supplie, me dit qu'il veut être avec moi, que je lui manque trop. Mon cœur rate un battement, je colle à nouveau ma jambe contre la sienne. Lorsqu'il reste immobile, nous lâchons tous les deux un profond soupir.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro