Erwan : Je suis sorti, T.

Mon cœur bondit, avant de battre à grands coups dans ma poitrine. Il est sorti ! Enfin !

T : Je suis heureux de l'apprendre. Tu dois être soulagé. Comment te sens-tu ?

Erwan : Ça va mieux, même si je ne supporte toujours pas d'être touché. Je suis chez mes parents pour l'instant, mais je rentre demain à la résidence.

Mes doigts tremblent lorsque je tape ma réponse.

T : Est-ce que je pourrai passer te voir ?

Sa réponse tarde à venir et l'angoisse me ronge soudain. Finalement, mon portable bipe à nouveau. Mes mains tremblent tellement que je manque de le faire tomber.

Erwan : Tu sais, je crois que tu avais raison en me faisant comprendre notre rupture définitive. Je pense qu'on a besoin de passer du temps loin l'un de l'autre.

A ces mots, mon cœur s'arrête de battre. Non ! Putain, non ! Mais qu'est-ce qui m'a pris de lui dire ça ? Ah bravo, beau travail ! Je n'ai que ce que je mérite, finalement. Merde, ce que je peux être con, parfois ! Pourquoi ? Pourquoi je lui ai dit ça ?

De rage et de désespoir, j'envoie de toutes mes forces mon portable contre le mur opposé. Il ricoche et tombe sur mon lit – heureusement, parce que je crois que je l'aurais regretté par la suite.

Je ne veux plus voir personne. Ni Clara. Ni Antoine. Ni aucun de mes amis. Encore moins Erwan. Je ne peux plus supporter de le voir, ni même de lui parler, pas après ce qu'il vient de m'écrire. C'est trop dur.

Et une fois de plus, tout est ma faute...

Je pense qu'on a besoin de passer du temps loin l'un de l'autre.

Comment ? Comment lui expliquer que je ne peux pas passer du temps loin de lui ? Comment lui dire que je préférerais mourir plutôt que d'être loin de lui ? Et putain, pourquoi est-ce que je lui ai fait comprendre que nous devions rompre ? Qu'est-ce qui cloche encore chez moi ?

Je tremble et la pièce tourne. Le cœur battant à tout rompre, je m'allonge sur mon lit, enfouis mon visage dans mes mains et éclate en sanglots. Je n'arrive plus à être fort depuis que j'ai rencontré Erwan. Son absence et sa souffrance me rendent fou. Faible et fou. J'ai besoin de lui. Besoin de lui à en devenir dingue. Parce qu'il est devenu l'air dont j'ai besoin pour respirer. La vitamine qui m'aide à rester éveillé. Sans lui, je m'endors. Sans lui, je suis mort.

Tu as conscience de ce que ça signifie...

Qu'est-ce qui m'a pris de lui dire ça ? Je frémis : je suis vraiment aussi monstrueux que lui. Avec un défaut supplémentaire qu'il n'avait pas : la lâcheté.

Oui, je suis mauvais et lâche.

Mauvais parce que j'ai séduit des garçons en les quittant au bout de deux mois sans rien leur expliquer.

Mauvais parce que j'ai battu Loris et Thibault quand ils ont tenté de prévenir Erwan.

Mauvais parce que j'ai détruit tous mes partenaires avec le jeu.

Lâche parce que je n'ai pas su me défendre face à lui.

Lâche parce que j'ai voulu me suicider au lieu de me battre contre Thibault.

Lâche parce que je ne suis même pas capable de lutter pour garder Erwan près de moi.