Il l'a violé, je n'en reviens pas. Séquestré, violé et menacé de mort. Il faut que j'agisse. Il faut que je fasse quelque chose. Mais si ça se retourne contre lui ? Si Thibault lui fait vraiment du mal en se sentant menacé ? Que dois-je faire ? Que dois-je faire ?

-Clara ?

-Oui, T ?

Je ferme les yeux et prends une profonde inspiration avant de les rouvrir.

-Appelle la police. On n'a plus le choix. Il faut le sortir de là.

-Tu es sûr ?

Elle me regarde, les yeux emplis de doute et de désespoir.

-Oui. C'est le seul moyen de le sortir de cet enfer.

Je la vois hocher la tête à son tour et saisir le téléphone. J'ai la gorge sèche.

-Allô ? Oui, bonjour monsieur. J'appelle pour signaler une séquestration accompagnée d'un viol et de coups répétés...

Je cesse d'écouter et vais dans ma chambre. Je ne parviens pas à penser à autre chose qu'à Erwan. Maudit soit-il et maudit soit le jeu !

-T ?

-Oui ?

Je me redresse et dis à Clara d'entrer.

-Ils vont intervenir. Viens, il faut qu'on y aille.

Je me lève aussitôt et nous repartons vers l'immeuble de Thibault. La police a fait vite, elle est déjà sur place. Je vois également un couple que je suppose être les parents d'Erwan.

-C'est vous qui m'avez appelé, dit un policier à Clara.

Elle hoche la tête et décline son identité. Le policier la remercie et donne l'ordre d'entrer dans l'immeuble. J'attends, blotti contre Clara, l'estomac noué. Le couple s'avance vers nous.

-Vous êtes T ?demande l'homme.

-Oui. Et voici Clara, ma mère adoptive.

Nous nous serrons la main.

-Nous sommes les parents d'Erwan. Nous voulions vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour lui.

-Nous avons...conscience de ne pas avoir été beaucoup présents auprès d'Erwan, avoue sa mère. Mais jamais nous n'aurions imaginé une telle situation. C'est par trop horrible.

-Il va sûrement lui falloir du temps pour s'en remettre, j'admets, encore honteux d'être le responsable de toute cette violence.

Notre conversation est interrompue par l'arrivée de Thibault, menotté, qui me lance un regard noir avant de monter dans la voiture de police, et d'Erwan qui s'approche de nous tout en restant à distance. Il est pâle, tremblant et son visage est couvert d'hématomes. Mon cœur se serre lorsque je le vois dans cet état. Ses parents s'avancent vers lui, mais il recule aussitôt en mettant les mains devant lui.

-Ne m'approchez pas, je vous en supplie.

Ses parents se figent, visiblement bouleversés. Une ambulance arrive et l'infirmier s'approche de lui.

-Il faut que vous montiez dans l'ambulance, nous devons vous examiner.

Nos regards se croisent.

-Est-ce que tu m'autorises à monter avec toi ?je demande lentement. Je ne te toucherai pas, je te le promets.

Je le vois hocher la tête. Je serre Clara dans mes bras, salue chaleureusement les parents d'Erwan et monte avec lui dans l'ambulance.