Chapitre 52
J'ouvre les yeux dans ma chambre d'hôpital. Antoine et Clara sont près de moi. Je regarde mes bras, reliés aux fils qui m'alimentent : je n'ai jamais été musclé, mais là, je suis carrément filiforme.
-T, Dieu merci, tu es vivant !soupire Antoine.
-Je suis désolé, je murmure.
-Désolé de quoi ? Tu n'y es pour rien. Tout ça, c'est la faute de Thibault.
-Mais j'aurais dû être fort.
-Ne t'inquiète pas, me dit doucement Clara. N'importe qui aurait craqué bien plus tôt, à ta place.
Je pousse un profond soupir. Tout est sa faute, depuis le début. C'est lui qui m'a entraîné dans la violence. Lui qui a instauré le jeu et m'a forcé à jouer. Sans lui, le jeu n'aurait pas existé, je n'aurais pas été détruit, je n'aurais pas reproduit sa brutalité sur Thibault et Thibault ne s'en serait pas pris à Erwan. Vengeance après vengeance, il avait su tisser une toile de fureur qui s'était refermée sur moi et sur mon entourage. A présent, à cause de lui, j'avais vu mon cœur se briser lamentablement au pied d'une porte fermée et personne n'avait pu le recoller.
-Il a recommencé, déclare soudain Antoine.
Je regarde mon meilleur ami, perplexe.
-Qui a recommencé quoi ?
-Thibault. Erwan m'a appelé tout à l'heure. En affirmant que tu l'avais battu. Thibault a recommencé à se faire du mal et il tente de persuader Erwan que tu es le responsable de ses blessures.
-Oh mon dieu, souffle Clara, visiblement horrifiée.
-J'aurais dû m'en douter, je soupire en fermant les yeux. Il va tout faire pour me mettre à terre et me faire passer pour un monstre aux yeux d'Erwan.
Tu es comme Doyen, voire pire.
La phrase me frappe à nouveau et me fait frémir.
-Il a peut-être même déjà réussi...
Mon portable bipe, je le prends en tremblant.
Erwan : Je sais qu'Antoine ment, je ne suis pas stupide. Arrête de te faire passer pour la victime, T, ça ne te va vraiment pas ! C'est facile de jouer au faible, mais tu ne m'auras pas. Tu me dégoûtes.
Heureusement que la bassine était sur mon lit...Je suis soudain pris d'un violent haut-le-cœur et me mets à vomir tout le contenu que m'envoie la perfusion.
-T !
Le cri a jailli en même temps de la bouche d'Antoine et de celle de Clara. Celle-ci s'empresse de prévenir une infirmière, qui accourt aussitôt pour me procurer des soins. Je suis conscient, mais ne vois plus rien, n'entends plus rien, hormis la phrase d'Erwan qui clignote devant mes yeux.
Tu me dégoûtes.
Lorsque le monde se reforme progressivement autour de moi, je croise les regards angoissés de ma mère adoptive et de mon meilleur ami.
-Que s'est-il passé, T ?me demande doucement Antoine.
Incapable d'articuler le moindre mot, je pointe un doigt tremblant vers mon portable. Mon ami le prend et me lance un regard hésitant.
-Erwan ?
Je hoche la tête et vois son visage se décomposer à mesure qu'il lit.
-Non !souffle-t-il soudain, le teint pâle. Non, il n'a pas pu te dire ça, c'est impossible !
-Si, j'articule avec difficulté. Si, il l'a fait...
-Non...Pas lui, pas Erwan...
-Qu'y a-t-il, T ?demande doucement Clara. Que t'a-t-il écrit ?
-Fais-lui...lire.
Elle pâlit à son tour en lisant le sms.
-Oh non, ce n'est pas possible !
Il m'avait brisé une première fois. Thibault m'avait donné le second coup de machette. Erwan vient de m'asséner le coup de grâce.
Dois-je vraiment continuer de me battre pour lui ?
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