Chapitre 42
-Tu es un incapable ! Un incapable, tu m'entends ? Ta mère a eu raison de t'abandonner !
Je me réveille en sursaut, trempé de sueur, une fois de plus. Je n'en peux plus de ce cauchemar sans fin. Quand mon inconscient consentira-t-il à me laisser en paix ?
La lumière s'allume : et merde, j'ai réveillé Antoine !
-T ? Est-ce que ça va ?
J'enfouis mon visage dans mes mains.
-Oui. Encore ce maudit cauchemar...Je crois que je ne m'en débarrasserai jamais.
Je me rallonge en poussant un profond soupir.
-Je suis vraiment désolé de t'avoir réveillé.
-Ne t'inquiète pas. Es-tu sûr que ça va aller ?
-Oui, je murmure.
La lumière s'éteint et, après avoir regardé l'obscurité pendant un certain temps, je finis par me rendormir.
Une fois de plus, il m'a attaché pour m'empêcher d'agir. Et ils s'acharnent sur lui à tour de rôle. La ceinture passe de ses mains à celles de Thibault pour venir frapper le visage et le corps d'Erwan. Il hurle et je hurle aussi, contre leur violence et contre mon impuissance. Je vois Thibault sourire en battant Erwan. Cette vision m'est tout simplement insupportable. Et leurs propos me vrillent le crâne en même temps que leurs coups.
« C'est ta faute. »
« C'est ta faute. »
« C'est ta faute. »
Je me réveille à nouveau, haletant. Et soudain, je n'y tiens plus : il faut que je sorte. Que je prenne l'air et que je sache s'il va bien.
Le plus silencieusement possible pour ne pas réveiller mon ami, je me lève et enfile mon tee-shirt. Je mets mes chaussures, mon manteau, laisse un mot à Antoine et sors sans un bruit.
Je marche. Mes pieds frappent le bitume. Je piétine la route et mes problèmes en cherchant à les voir fuir devant moi. En vain. Je suis la voie du tramway éclairée par les rares lampadaires éparpillés ça et là. Centré sur mon intériorité. Rage. Désespoir. Impuissance. Je déteste me sentir impuissant. Concernant Erwan, la situation m'échappe et cette fuite me fait peur.
Tu es comme Doyen, voire pire.
Sa phrase me hante encore. Putain, je ne peux pas laisser Thibault le monter contre moi, c'est impossible.
Erasme.
CHU Hôpitaux.
Parc des Sports.
Grésilles.
Poincaré.
Auditorium.
République.
Godrans.
Darcy.
A Darcy, j'emprunte la rue de la Liberté. Je sais que Thibault habite au numéro 3. Je longe les immeubles tout en examinant les numéros.
15...
13...
11...
9...
7...
5...
3. J'y suis. Et par un miracle absolu, un garçon entre au moment où j'arrive. Il me tient la porte et me laisse entrer à sa suite. Je le remercie et gravis les marches jusqu'au troisième étage. Je marche à grandes enjambées jusqu'à l'appartement et frappe à la porte.
-Erwan, je t'en supplie, ouvre-moi.
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