Chapitre 37
Lorsque j'ouvre les yeux, je reconnais aussitôt le plafond décoré du studio d'Antoine. Et quand je tourne la tête, je les vois.
Tous mes amis sont là. Antoine. Lisa. Sam. Ambre. Camille. Et ma famille : Clara. Cependant, mon bonheur n'est pas total : il manque une personne.
-Comment suis-je arrivé ici ?
-Sam, Antoine et Lisa t'ont porté, me répond Clara.
Je referme les yeux. Le noir me ronge et me tue à petit feu. J'étouffe et je veux sortir, je veux respirer et voir la lumière, mais l'obscurité m'enveloppe chaque jour un peu plus. D'abord à cause de lui. Maintenant à cause de Thibault. Je n'en peux plus.
-Que s'est-il passé, T ?me demande doucement Antoine.
J'inspire profondément et rouvre les yeux.
-Erwan m'a dit que j'étais pire que lui.
A ces mots, j'entends tous mes amis retenir leur souffle – ils savent ce qu'il m'a fait subir – et je vois Clara se raidir brusquement.
-Ce n'est pas possible, souffle Antoine. Il n'aurait pas osé te dire ça, pas Erwan.
Ses mots me brûlent tant j'aurais aimé qu'ils soient vrais.
Tu ne me perdras jamais, je te le promets.
-Il m'avait promis que je ne le perdrais jamais. Et à cause de Thibault, il a rompu son serment.
-Mais il n'a pas pu te dire que tu étais pire que Doyen !s'exclame Antoine.
-Si. Si, il l'a dit.
-Tu as sans doute mal entendu ou mal compris, me rassure Clara.
Si seulement...
Tu es mauvais, dangereux, tu es comme Doyen, voire pire et j'aurais dû le voir avant ! Dégage !
Je me souviens de sa phrase mot pour mot. Et lorsque je la répète à Clara et aux autres, je vois qu'ils ne parviennent plus à douter de mes propos. Clara pâlit brusquement, Antoine m'enlace, Sam pousse un juron, Lisa donne l'impression d'avoir envie de vomir, Ambre se met à trembler et Camille demeure bouche-bée.
-Tu penses qu'il a été conditionné par Thibault ?me demande lentement Lisa.
Je hoche la tête.
-J'en ai peur. J'aimerais pouvoir t'affirmer le contraire, mais je connais trop Thibault pour ça. Je suis certain qu'il l'a conditionné pour qu'il me haïsse.
Je me souviens des phrases que Thibault m'avait dites lorsqu'il avait découvert le jeu.
« Tu me le paieras ! Un jour ou l'autre, je me vengerai, sois-en sûr ! Tu paieras pour tout ce que tu as fait, T ! »
Ensuite, bien évidemment, il avait recommencé à faire le gentil. Mais j'étais resté sur mes gardes et j'avais bien fait. Tous mes partenaires m'avaient trompé avec lui. Tous sans exception. Ils me trompaient bien avant que les deux mois se soient écoulés et je devais me battre pour garder le jeu actif jusqu'à la fin. Ils m'insultaient comme Erwan l'a fait et lorsqu'ils se rendaient compte de la vraie nature de Thibault, ils revenaient pleurer dans mes bras sitôt délivrés. J'étais – je l'avoue honteusement – déjà passé à quelqu'un d'autre, mais cela ne m'empêchait pas de les réconforter et de les rassurer.
Je ne sais pas ce que Thibault leur dit pour qu'ils en arrivent à me détester ainsi. Sûrement que je suis dangereux, que je suis un monstre, que je suis faux, que je me sers d'eux et j'en passe. Je suis presque sûr qu'il se sert de ma violence contre lui pour obtenir leur confiance et leur pitié.
Mais une chose demeure certaine et j'entends bien la prouver une fois encore : les « deux mois » sont sous la coupe d'un pervers narcissique.
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