Erwan demeura un long moment figé, sous le choc. Il ne savait absolument pas quoi penser du message de Loris. Comment pouvait-il savoir si tout ce qu'il venait de lui dire était vrai ou non ?

Il se reprit aussitôt : Loris s'était montré violent envers lui ; T l'aimait. Il n'y avait pas à hésiter. Le contenu du message ne pouvait pas être vrai. C'était impossible.

Il ne parvint pas à trouver le sommeil. Il avait beau tenter de l'ignorer, le message de Loris le hantait et le troublait. Etait-ce réel ? Etait-ce un mensonge ? T avait peut-être eu une bonne raison d'agir ainsi...

Message de T.

Je passe te voir demain soir.

Erwan ne put s'empêcher de sourire, malgré ce que lui avait dit Loris.

Tu seras toujours le bienvenu, répondit-il.

Ta réponse me réchauffe le cœur, Erwan.

Erwan sentit le sien faire un bond dans sa poitrine. Loris mentait : il en était désormais certain.

Ne le crois pas.

Il a fait souffrir des gens. La plupart d'entre eux ne s'en sont jamais remis.

Tout a basculé brusquement.

Il est dangereux, Erwan.

Il te fera souffrir aussi.

Il m'a dit que tout ceci n'était qu'une erreur.

Ignore-le, tu ne t'en porteras que mieux.

-NON !

Erwan se redressa brusquement. En sueur. Haletant. Il était quatre heures du matin. Les trois voix s'étaient tellement mélangées dans son esprit qu'il avait eu du mal à les identifier. Mais peu à peu, il les avait reconnues.

Celle de Thibault.

Celle de Loris.

Et celle de T.

Il dut se répéter que Loris mentait, encore et encore. Ce n'était pas possible autrement.

Calme-toi, Erwan !

Il ferma les yeux, respira profondément le temps que ses tremblements se calment, puis il se rallongea et parvint enfin à se rendormir jusqu'au petit matin.

Durant toute la journée, il ne cessa de penser à T - et aux propos de Loris.

Je vais revoir T.

Il m'a dit que tout ceci n'était qu'une erreur.

Les voix continuaient de se disputer. Il secoua la tête pour les chasser de son esprit. Ce que Loris lui avait dit n'était pas vrai. Ce ne pouvait pas être vrai.

C'est Erwan, ton nouveau protégé, n'est-ce pas, T ?

Es-tu...

Oui.

Erwan eut envie de se gifler pour les faire taire. Et il songea soudain qu'il n'y avait pour lui qu'une seule manière de mettre fin à la folie qui menaçait de l'envahir. Le simple fait d'y penser eut pour effet d'accélérer les battements de son cœur.

Comment allait-il s'y prendre ?

Comment pouvait-il s'y prendre ?

Comment devait-il s'y prendre ?

Il n'en avait pas la moindre idée. Mais il allait trouver. Il le fallait.

Le soir, il reçut une lettre de T.

Erwan,

veux-tu toujours venir ? J'espère que ta réponse sera positive, mais je ne veux pas te forcer...

T.

Erwan n'hésita pas une seconde et prit son portable.

Bien sûr que ma réponse est positive. J'ai hâte.

Lorsqu'il arriva chez T, il le regarda droit dans les yeux.

-Prouve-moi que tout ceci n'est pas une erreur.

-Pardon ?demanda T, visiblement perplexe.

-Prouve-moi que tu ne te moques pas de moi.

Leurs regards se perdirent l'un dans l'autre.

-Ferme les yeux, Erwan.

Erwan retint son souffle et s'exécuta.

-Tu me fais confiance ?murmura son ami.

-Oui.

Alors, il sentit les lèvres de T se poser sur les siennes.