Chapitre 20
Erwan frémit en entendant sa voix. Le voir dans cet état lui faisait toujours aussi mal.
-Je suis désolé, murmura-t-il d'une voix rauque.
Il vit T ouvrir les bras.
-Viens là.
Erwan s'avança en tremblant de plus en plus et vint se blottir contre lui. Il sentit ses bras se refermer sur lui. Son contact lui avait manqué.
-Je suis désolé, gémit-il. Je n'aurais jamais dû te dire ça. Mais j'avais peur...
-Chut, calme-toi, Erwan, ce n'est rien, je t'assure.
Erwan savait qu'il mentait. Qu'il avait autant souffert que lui, voire plus.
-Je suis vraiment désolé.
-Ne t'inquiète pas, ça va.
Erwan le serra doucement contre lui.
-Que s'est-il passé, T ?
-Il continue de me battre et il a souillé mon passé déjà sombre avec des mots cruels.
A ces mots, Erwan poussa une exclamation d'horreur.
-Comment peux-tu me dire que ça va ? C'est affreux !
-Je vais finir par m'y habituer.
Erwan frissonna.
-Ne dis pas ça...
Il sentit les bras de T le serrer plus fort.
-Je n'ai pas le choix, Erwan. Si j'avais pu partir, je l'aurais fait. Mais je ne peux pas. Si je pars, où que j'aille, il me retrouvera. Je le sais.
Il y eut un silence.
-Ce que Thibault m'a dit...est-ce vrai ?
-Que...Que t'a-t-il dit ?balbutia Erwan.
-Que tu ressentais la même chose que moi, murmura T.
-Oui, c'est vrai.
Les mots flottèrent entre eux et Erwan sentit T se détendre légèrement.
-N'as-tu pas peur que les appels recommencent ? Il t'avait demandé de te tenir éloigné de moi, non ?
-Si, souffla Erwan, répondant aux deux questions à la fois. Mais mon état est pire quand tu n'es pas là. Je préfère affronter ses menaces plutôt que de mourir.
-Je comprends...Je n'aurais jamais imaginé te retrouver dans cet état. Je me doutais que notre rupture allait t'affecter, mais je ne pensais pas que ce serait à ce point.
-C'est ma faute, T. Je n'aurais pas dû tenir compte de ses menaces.
-Si. Il est dangereux, Erwan, plus encore que Thibault. Ou plutôt, non, il n'est pas dangereux : il est fou. En ignorant ses menaces, tu n'aurais fait qu'aggraver les choses. Tu as bien fait de t'éloigner de moi. Mais j'aurais dû être capable de te protéger.
-Tu n'aurais rien pu faire, assura Erwan.
Ils s'écartèrent doucement l'un de l'autre et Erwan se sentit vaciller. Les bras de T vinrent le soutenir.
-Depuis combien de temps n'as-tu pas mangé ?
-Trois jours, avoua Erwan. Je n'ai rien pu avaler, hormis un jus de fruits et de l'eau.
-Sers-toi, lui dit T en indiquant le réfrigérateur d'un signe de tête.
-Merci.
Il mangea en silence, lentement, savourant les arômes qui envahissaient sa bouche. Il n'aurait jamais pensé qu'une simple assiette de pâtes pût lui faire plaisir à ce point.
-Je suis vraiment désolé pour tout...
-Tu t'excuses encore une fois et je te mets dehors.
Erwan regarda T, mais celui-ci souriait. Alors, il lui rendit son sourire.
-Désolé, dit-il.
-Erwan !
Ils éclatèrent de rire, mais celui de T fut interrompu par une grimace de douleur. Le sourire d'Erwan s'effaça.
-Est-ce que ça va ?s'inquiéta-t-il.
-Oui. Ne t'inquiète pas. Tout va bien. La douleur finira par passer.
Erwan aurait tellement voulu savoir ce qui s'était réellement produit...
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