"L'amour véritable n'est pas dans les commencements qui se ressemblent tous, mais dans l'élaboration lente d'un lien particulier".
Un lien particulier? Y a-t-il ce lien particulier entre lui et moi? Peut-être bien. Parce que nous ne sommes que deux âmes perdues et tourmentées par la vie, on a chacun notre douloureuse histoire occulte. Et c'est ça qui nous rend toxique.
Mais malgré tous je suis attirée par ce mystère. C'est si beau le mystère. Si éphémère et violent de douceur, cet échange silencieux entre deux personnes. L'une qui arrive, l'autre qui attendait.
J'étais censée haïr l'amour, mais que faire quand votre cœur en miette s'obstine à rechercher ce qui est vouer à l'échec. À rechercher la souffrance.
Je ne vois même pas pourquoi je me rappelle de ces mots que j'ai lu dans un livre. Ma situation actuelle est déjà assez compliqué.
Il est là devant moi, si proche, trop proche. Mes prunelles dans les siennes et les siennes dans les miennes.

-Pourquoi moi?

Je romps le silence.
Dans ma tête c'est le big bang, mais la seule question qui revient tout le temps c'est celle-ci. "Pourquoi moi?"
Il fronce ses sourcils ne semblant pas comprendre le but de ma question mais finit par répondre:

-J'ai pas choisi. Ça m'est pas tombé sur la tête non plus, mais simplement j'aime ta façon de parler, j'aime ta façon de regarder, de me regarder aussi. J'aime tes doutes, tes faiblesses, et je crois que je suis tombée sous ton charme quand j'ai compris que tu étais aussi magnifique intérieurement qu'extérieurement malgré tes tourments et ta joie factice.

Ses mots ébranlent mon cœur. Mais... il reste toujours ces doutes, cette peur. Cette peur de finir comme ma défunte soeur. J'ai entendu dire que l'amour ce n'est pas pour les faibles. Bah moi, je suis faible.

-Les mots n'ont aucunes valeurs quand les actes sont à l'opposé.
Je déglutis avant de m'éloigner de lui.

L'homme ténèbreux en face de moi se décompose.

-Kayla écoute moi...

-Non. Toi et moi ce n'est pas possible. Tu es une tempête et moi un coquillage qui subit juste la force des vagues. Je ne vais pas te rendre heureuse et toi non plus.

C'est dur, mais il le faut.

-Comment tu peux affirmer une chose pareille!? Comment peux-tu déjà prédir la fin de quelque chose qui n'a même pas encore commencé!? Arrête de toujours refouler tes émotions! Tu n'es pas un putain de coquillage Kayla! Tu es humaine! Laisse moi te montrer que je peux te rendre heureuse, laisse nous une chance.

Il saisit mes poignets et je me libère aussi tôt. Je sens la détresse et l'agacement dans sa voix. Il est à bout.
Il passe son temps à s'ouvrir à moi, mais sans aucun retour de ma part. Je passe mon temps à le repousser. Mais pourtant la personne qui essaye le moins de souffrir dans cette histoire finira bien par le regretter. Remord ou regret?
J'en ai marre d'autant réfléchir.

-Si tu es en état, tu peux rentrer chez toi.

Je n'ose même pas le regarder, car j'ai peur de céder. Mais je sens son regard insistant sur moi. Il essaye sûrement de savoir si je blague ou pas. Mais je suis bel et bien sérieuse. Il faut qu'il s'en aille.
Il tourne les talons en clopinant et furibond, tout en prenant bien soins de frapper son poing contre le mur avant de sortir de la pièce. Il se fait tard, mais j'ai besoin qu'il s'éloigne de moi. Pour mon bien. Pour son bien.
Quand j'entends la porte d'entrée se refermer furieusement mon cœur se serre. Il vient de sortir de ma vie.
Et ça fait mal, très mal, mais j'essaye de faire abstraction de ces sentiments qui me tortures, et m'assoie par terre mes genoux contre ma poitrine.
Oui, je suis méfiante. Oui j'ai du mal à m'ouvrir aux autres. Oui je fais difficilement confiance. Parce que c'est ce qui arrive à force d'être blessée. On se renferme sur soi-même. On se met à détester tout le monde, mais au fond, la personne qu'on déteste le plus, c'est soi-même...

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Entre Tyron et Kayla c'est très compliqué.
Kayla a peur de souffrir...
Et Tyron lui il semble prêt à assumer ses sentiments.
Vous croyez que Kayla a bien fait?