Avant même de tourner la tête, je sais qui m'attendant au seuil de la porte. Je reconnaîtrais malheureusement cette voix froide et amère entre mille. Severus Rogue...

Mon frère fusille Mcgonagall du regard.

- Vous n'aviez pas insonorisé la pièce ?! Mais vous êtes irresponsable ou c'est volontaire ?!

La directrice se redresse, nullement impressionné par ce sorcier de 17 ans en colère.

- Je vous demanderais de me témoigner un minimum de respect Mr. Zabini. Je suis votre professeur qui plus est votre directrice.

- Le respect ça se mérite, rétorque-t-il froidement.

En temps normal j'aurais sans doute tempérer Blaise avant qu'il ne dise des paroles qu'il pourrait regretter. Mais j'étais beaucoup trop aberrée. Comment Mcgonagall avait-elle pu faire une telle erreur ?

- Ne blamez pas votre protectrice Miss Boréas, elle avait bel et bien insonorisé cette pièce, m'assure Rogue. Mais la magie noire dépasse de très loin les limites de votre compréhension à tous.

- Que comptez vous faire à présent ? demandé-je d'une voix tremblante. Me livrer à Voldemort ?

- Il faudra nous passer sur le corps ! intervient Drago en se positionnant devant moi.

- Ne soyez pas ridicule Drago, vous n'avez pas la moindre chance contre moi, siffle le professeur de potion.

- Seul peut-être mais avec nous oui, réplique mon frère en rejoignant son meilleur ami avec Pansy.

- Je suis également de la partie, ajoute Harry.

Leur unité aurait dû me réchauffer le coeur. Serpentard et Gryffondore, serpent et lion. Les voir ainsi lié avait toujours été mon rêve. Mais je ne peux apprécier cette vision. Car jamais, au grand jamais, je ne les laisserais recevoir un sortilège pour moi.

- Vous avez de la chance d'être toujours bien entouré Miss Boréas. Mais tout vient à point à qui sait attendre. Un jour où l'autre vous commettrez une erreur, c'est obligé, c'est humain, et sachez qu'il y aura toujours quelqu'un pour guetter ce moment.

D'un mouvement de cape, il tourne les talons et quitte la pièce, nous laissant dans le silence. Je pose la main sur l'épaule de Drago. Il avait toujours clamé haut et fort l'innocence de son parrain.

- Il m'a élevé... Comment ai-je pu me tromper autant sur lui ? murmure-t-il sans quitter du regard l'endroit ou le prof avait disparu.

- La vérité d'un homme réside dans ce qu'il cache. Tu ne pouvais pas savoir...

- Comment peux-tu avoir autant de mansuétude ?! s'emporte-t-il. J'ai fait une erreur Hermione ! Une erreur qui va peut-être de coûter la vie ! Si j'avais deviné qui il était, j'aurais pu...

- Tu aurais pu quoi Drago ? m'énervé-je. Allez l'affronter en duel singulier ? Le dire à Dumbledore qui serait peut-être encore en vie ? Qui sait peut-être que même ta mère serait en vie !

Aussitôt que mes mots franchirent mes lèvres, je les regrette. J'aimerais les rappeler, les annuler mais rien de tout cela n'est possible. Je m'approche doucement du blond qui me fusillait du regard. Ses yeux gris invoquent une mer tourmentée par une tempête.

- Avec des si, on refait le monde, Drago.

- Et avec des erreurs, on détruit des vies, réplique-t-il avant de quitter la pièce en claquant la porte.

Je soupire, le cœur envahit par le regret. Je déteste me disputer avec lui. Mais l'entendre le voir s'infliger une telle culpabilité pour quelque chose qu'il ne pouvait changer m'avait mise hors de moi...

- Ne t'inquiète par Herm, dans deux heures, il aura tout oublié, me rassure Pansy.

- Tu connais Dray, il ne sait pas t'en vouloir, ajoute Blaise

Je n'étais pas si convaincu... Je n'avais jamais vu une telle rage dans ses prunelles ou du moins jamais elle n'avait été dirigé contre moi. Mais je hoche quand même la tête.

- Il faut organiser des tournantes, propose Mcgonagall. Vous ne devez jamais vous retrouvez seule. M. Zabini, vous prendrez le soir et le matin car vous habitez les même appartements. M. Potter assurera les entre-cours car je me suis arrangée pour vous ayez le même emploi du temps.

- Vous êtes en train de me dire que vous m'avez rajouté toutes les options de Hermione, s'étrangle Harry.

Je plaque ma main contre ma bouche pour dissimuler mon sourire devant son air désespéré. Le pauvre... Comme moi, les deux Serpentard se retenaient d'éclater de rire. Il faut dire que ses petit yeux de crapaud mort d'amour auraient pu convaincre n'importe qui qu'il était une pauvre enfant martyrisé.

- Non, M.Malefoy prendra le relay car il a pris exactement les même options que Miss Granger. Miss Parkinson sera là en cas de besoin.

Le Survivant soupire de soulagement et Pansy et Blaise éclate de rire. Mon sourire retombe. J'allais pouvoir m'excusez.

- De ce fait vous le préviendrez de ces nouvelles mesures. Faites très attention, surtout vous, dit-elle au Deux Serpentards, il ne faut surtout pas qu'on pense que vous êtes amis.

- On a l'habitude, ne vous inquiétez pas, déclare sombrement mon frère.

******

Mes maux de tête venaient de reprendre. Voila 5 jours, depuis la fameuse discussion et l'arrivée de Rogue que je n'avais pas ressenti ses élancements. Voilà aussi cinq jours, que le Serpentard m'évitait comme la peste. Je ne montrais rien, mais ça me touchait énormément. Jamais il ne m'avait autant ignoré. Même quand nous jouions la comédie, j'avais toujours le droit à un clin d'oeil ou un sourire malicieux.

- Tu n'aurais pas vu Cho ? demande une Serdaigle à sa voisine.

Mon estomac se noue. Je sais que je devrais leur dire mais je n'y parviens pas. Car de une, je n'ai pas de preuve si ce n'est le couteau. Et de deux, Mcgonagall pense qu'en mettant les élèves au courant on créerait un mouvement de panique qui selon elle ne jouerait pas en notre faveur.

Je cherche du regard les deux jeunes filles. Elles sont cinq tables devant moi. Je fronce les sourcils, elles pourraient faire un effort pour être discrètes.

- Elle a disparu depuis le dîner lundi, chuchote la jeune fille.

Personne ne réagit. Je n'entends que le grattement des plumes. Pourtant Rogue n'est pas du genre à laisser passer les bavardages.

La fin du cours arrive bien plus vite que prévu. Je donne mon échantillon de potion.

- Miss Granger, voulez-vous bien rester deux minutes, j'ai à vous parler.

Du coin de l'œil, je vois Drago se crisper. Les élèves quittent la salle de classe un à un. Le blond se lève et fait de même. Mais il est complètement taré ??! Ne me dites pas qu'il m'en veut au point de me laisser seul face à un partisan de Voldemort ??!

- Détendez vous Miss, je ne vais pas vous manger.

- C'est vous qui le dites, rétorqué-je.

- Sachez que si je dois vous faire du mal, je le ferrais et ce même avec un Drago Malefoy derrière la porte. Mon filleul a beaucoup progressé en occlumencie, j'ai eu bien du mal à l'obliger à quitter la pièce.

Ces paroles qui avaient pourtant comme but de m'effrayer, me rassurent. Drago ne m'avait pas laissé...

- Bien sûr que non, Miss, ça m'écorche la bouche de dire ça mais il tient beaucoup à vous. Et cela risque de causer sa perte.

Je ne réponds rien. Je savais déjà tout cela.

- Savez vous jouer au échec, Miss ?

Surprise, j'acquiesce. Ron et Harry avait toujours insister pour que je joue avec eux. A mon grand dam.

Le professeur installe l'échiquier et m'invite en face de lui. Je m'assieds. Cette conversation devenait plus qu'étrange.

Nous jouons pendant quelques minutes. Avant de faire un mouvement, j'ai une hésitation. Il se penche alors vers moi.

- Vous avez deux possibilités. Ou vous attaquez, ou vous restez à l'abri dans l'attente que je fasse un bêtise. Pensez vous je vais faire une bêtise ?

J'attaque. Il a un petit sourire satisfait.

- C'est dommage. Si vous aviez laissé le Fou derrière le Cheval, vous protégiez aussi la Tour. Et comme ça, vous étiez à l'abri. Vous vous faisiez oublié comme un caméléon. Vous ne bougiez plus et vous pouviez me surprendre. Vous n'aviez pas gagner. Mais vous n'étiez pas morte. Alors que là, échec et mat, Miss Granger.

(scène des échecs tirée du film K, qui correspond totalement à la situation)