Enfin le taxi arriva. Liliane monta dedans.
Son intérieur sentait l'essence et l'encens, deux odeurs qui se mariaient très mal, et dont l'alliance était suspecte. Le conducteur était un homme noir d'apparence bénigne, le visage d'une rondeur accentuée par des lunettes noires en cul-de-bouteille dont les branches disparaissaient dans le tumulte de foulards, aux couleurs vives et innocentes, qui enrubannaient son crâne et ses épaules. Il observa sa passagère quelques secondes puis, après un bref salut appuyé d'un long sourire, sans prononcer un mot, il réorienta son regard vers la route et démarra. Tout en lui annonçant sa destination d'une voix fébrile, Liliane inspecta la voiture d'une ronde d'œil. 

Les tapis étaient jonchés de bâtons de bois luisants, comme s'ils avaient été trempés dans de l'huile, et de petites images de saints catholiques, qui semblaient avoir été découpées dans des catalogues. Une coffret en bois acajou, ouvragé et vernis, était posé sur le beau cuir noir du siège arrière. Une petite serrure en fer le perçait, mais il était impossible de voir à travers elle.