2 - Coup monté
Dix mois après l'issu du procès qui a mené à l'arrestation de Kim Taehyung et de certains des hommes travaillant pour son compte, je ne pensais pas remettre un jour les pieds dans un tribunal. Encore moins sur le banc des accusés.
Le pire dans tout ça, c'est que le procureur qui a requis contre moi, était ce fichu Kim Seokjin. Il a demandé cinq ans d'emprisonnement ferme, pour détention de substances illicites, et trafic de drogues. Grâce à mon avocat, toujours le même par ailleurs, il n'y a que la détention qui a été retenue. Maître Cha Eunwoo m'a permis d'éviter cinq ans d'emprisonnement ferme.
Malheureusement pour moi, il n'a pas pu m'éviter les un an et demi de prison, dont six mois avec sursis.
Un an ferme. Et qu'est-ce que ce j'ai fait pour mériter ça ? Ah oui, c'est vrai, j'ai été pris avec une vingtaine de kilos de drogues. J'ai un rire nerveux rien que d'y penser. Moi qui n'ai jamais fumé, ni même bu de l'alcool - hormis une bière à ma majorité que j'ai fini par vomir. C'est plutôt ironique, n'est-ce pas ? Le procureur qui ne me croyait pas à l'époque, lorsque j'étais sous l'identité de Jong Jungho, m'a cru auteur d'un tel délit.
Fichu loi de l'attraction, encore une fois. Un an ferme. Je ne sais pas encore si je réalise bien.
-C'est notre dernière entrevu Jungkook, après, vous serez envoyé à la prison de Chungju. Concernant l'appel, êtes-vous sûr de vouloir y renoncer ? Le regard dans le vide, fixé sur le mur derrière mon avocat, je hausse les épaules.
-C'est vous, qui m'aviez dit que je n'avais aucune chance d'avoir une meilleure peine.
-Les juges en appel sont réputés pour être plus durs qu'en première instance, en effet.
-Même lorsque l'on est innocent ? Cette fois-ci, je jette un coup d'œil à Maître Cha, qui semble désolé pour moi.
-Ce sont les preuves qui prévalent dans un tribunal, Jungkook.
Je ressasse sans cesse cette journée, celle de mon arrestation. Tout s'est déroulé si vite.
La police qui débarque dans l'immeuble de la rédaction où j'étais fraîchement embauchée. Je me souviens qu'ils m'ont annoncé rapidement avoir un mandat de perquisition pour mon bureau. Les agents ont tout fouillé, littéralement, tout. Ils ont retourné brusquement mon bureau, renversant les casiers et vidant les tiroirs. Et leur travail acharné a payé, puisqu'ils ont découvert une quantité massive de drogue qui était dissimulée dans mes affaires. Plus de vingt kilos, vous y croyez vous ? Parce que moi, non.
Évidemment, j'ai tenté de protester, mais j'étais bien trop abasourdi par leur découverte pour me défendre de façon cohérente.
Je me rappelle, du regard de jugement que porté mon supérieur sur ma personne, lorsque les officiers m'ont passé les menottes pour m'amener au poste. C'est la dernière fois que je voyais le couloir de mon bureau.
Au poste de police, j'étais totalement impuissant. J'avais beau revendiquer mon innocence, dire que cela n'était qu'une erreur, un coup monté, je n'avais aucun élément de preuve pour attester de la véracité de mes propos. Les preuves font foi, Maître Cha a raison. J'ai été piégé, je le sais, mais par qui ? Sûrement un collègue envieux, ou sur le point de se faire chopper. Quoi de mieux que de faire accuser le petit nouveau qui venait d'être nommé rédacteur en chef de la une d'un des journaux les plus populaires de Corée ?
-La justice est aveugle face à de telles preuves matérielles. M'avait alors dit mon avocat, lorsqu'il a analysé les éléments du dossier.
Il me croit, mais nous n'avons aucun moyen de prouver mon innocence face à de telles preuves accablantes. Alors j'ai dû avouer. Encore quelque chose qui me ferait presque rire, si la situation n'était pas réelle. J'ai avoué la possession de ces drogues. Mais pas le trafic. C'est ainsi que Maître Cha a pu obtenir une peine si "minime" selon lui.
-Je vais aller en prison. Marmonné-je en étant soudainement pris d'un vertige, heureusement que je suis assis.
Malgré les menottes fermement bouclées sur mes poignets.
-Je viendrais vous rendre visite, ne vous inquiétez pas. Est-ce que vous souhaitez que je prévienne quelqu'un de votre famille ? Je me contente d'hocher négativement la tête.
-Comment je vais tenir une année, Maître Cha ?
-Je vais continuer les recherches Jungkook. Le véritable coupable pense qu'il est tiré d'affaire, il va baisser sa garde.
-Mais.. je suis ruiné. Je n'ai plus de quoi vous payer maintenant..
-Vous pourrez travailler en prison, ne vous inquiétez pas pour ça. Je me suis engagé à défendre les victimes, et vous en êtes clairement une Jungkook. Je ne vous abandonnerais pas.
Cet avocat, est littéralement, mon dernier espoir.
[...]
La prison de Chungju me semble immense. Tout ce béton, qui m'entoure, je ne saurais dire combien il y a de bâtiments différents. Avant d'entrer dans "ma nouvelle maison" comme l'a si bien dit l'agent pénitentiaire, j'ai été fouillé de la tête au pied, et j'ai dû changer de vêtement, délaissant mon pantalon confortable et mon pull pour une espèce de combinaison kaki, uniforme. On a également pris toutes les affaires personnelles que je gardais sur moi, bien que je n'avais pas grand chose. Et finalement, on m'a amené à une policière, assez jeune, et j'ai vu dans son regard qu'elle ne comprenait pas ce que je pouvais bien faire ici.
Et moi non plus, je ne comprends toujours pas.
-Possession de substances illicites, alors. Déclare la jeune femme en soupirant, avant de poser la pochette devant moi puis de me tendre un crayon.
-Qu'est-ce que c'est ? Demandé-je peu confiant.
-Faut que tu signes en bas de la feuille, c'est pour finaliser ton entrée ici.
-Oh. D'accord, merci. Je prends le crayon tout en lisant brièvement quelques lignes, avant de signer, la main tremblante.
-Si je peux te donner un conseil, sois un peu plus sûr de toi.
-Pardon..?
-Ouais, essaie au moins de faire semblant quoi.
-Est-ce que.. les prisonniers qui sont ici, ont.. enfin. Ils ont commis des délits comme les miens ?
-La plupart ont commis des délits comme les tiens, ouais. Mais il y a de tout, c'est une prison quoi. Je cligne plusieurs fois des yeux alors qu'elle récupère la pochette et la feuille avec.
-Donc.. il y a aussi des personnes qui ont commis des crimes ?
Je le savais probablement, au fond de moi, mais j'ai besoin d'une confirmation.
-C'est une prison, alors c'est plutôt évident, nan ?
-Mhm, je suppose.
-Écoutes, t'as vraiment pas l'air méchant comme gars, tu t'es probablement laissé influencé par le mauvais type. Alors, tâches de ne pas faire la même erreur une deuxième fois et de bien t'entourer, sinon, tu vas pas survivre plus d'une semaine là-dedans. Je déglutis difficilement face à son conseil, bien que mal dit, elle a raison.
-Ouais, merci, je vais essayer de m'en souvenir.
-Ok, tiens, ce sont tes affaires pour ces prochains jours. Tu peux en avoir plus, évidemment, mais faudra que tu les achètes avec ton propre argent. Mon collègue va t'amener jusqu'à ta cellule. Je lui offre un bref sourire avant de récupérer le bac grisâtre qu'elle me montrait.
Il n'y a pas l'air d'avoir grand-chose. Quelques sous-vêtements que j'avais le droit de ramener. Deux espèces de draps plus très blanc. Ce qui ressemble à une serviette, toute rêche. Une brosse à dent dans un plastique, accompagné d'un minuscule tube de dentifrice et pour finir, un savon solide. Oh, et un rouleau de papier toilette. On peut dire que je ne vais pas être encombré..
-Merci. Marmonné-je en avançant vers la porte de sortie, ou devrais-je dire, la porte d'entrée, celle de mon enfer sur terre.
Peut-être que ce n'est pas si pire que ça ? Non ? Des drogués, des dealers, des voleurs. C'est pas si mal ? Ce qui m'effraie le plus, c'est de découvrir mon futur colocataire. Pitié, que je ne tombe pas sur un pédophile ou un violeur. Maître Cha m'a dit que ce genre de personnes étaient rarement en communauté, et qu'ils préféraient les isoler dans des quartiers sécurisés, mais ne sait-on jamais.
-Les règles sont simples ici. Plusieurs fois par semaines il y a l'appel, les détenus ne savent jamais quand ça arrivera. Les gardes font chaque cellule pour vérifier que tout le monde est là. A midi et à dix-neuf heures, faut que t'aille manger. Toute façon, tu vas vite t'y faire, suffit de suivre le mouvement. Le matin t'aura parfois des corvées à faire, ça tourne, donc tu peux être à la laverie, d'autres fois en cuisine, y'a pas mal de boulot ici. L'aprèm' t'auras plus de choix, balade à l'extérieur, bibliothèque, sport, sieste. Bref, tu t'occupes. Et le soir, extinction des feux à vingt-et-une heure, donc faut que tu sois de retour dans ta cellule avant, sinon tu vas avoir de gros problèmes. Au bout de trois avertissements, c'est l'isolement, et crois-moi, vu ta taille et ton poids, t'as pas envie de t'y retrouver. M'explique alors le garde qui doit avoir une trentaine d'années, il répète son discours machinalement, presque saoulé.
Je jette un coup d'œil à mon corps, tout en soulevant légèrement le bac. Je ne suis pas si petit que ça, bien que cet agent soit plus grand que moi. Et je pèse mon poids, même si je ne suis pas musclé. Il est où le problème ?
-On m'a dit que je pouvais aussi avoir un travail, rémunéré. C'est possible ? Le maton tourne sa tête vers moi, avant de mâcher son chewing-gum d'un air las.
-Ouais, faudra voir avec l'administration.
-Et, c'est où ?
-Tu verras demain, là on a pas le temps de faire un détour, le match de hockey va bientôt commencer. Ma bouche s'entrouvre mais je ne dis rien, comprenant que ce gars en a rien à foutre de ce que je lui dis, il se contente de m'amener à ma cellule, et c'est tout.
Ça va donner, un an ici.
Après avoir traversé plusieurs couloirs, on arrive finalement dans un des fameux quartiers, digne d'un documentaire sur le milieu carcéral. Deux étages, des longs et larges couloirs qui séparent les différentes cellules, les lumières déjà tamisés, signe qu'il est bientôt l'heure du couvre-feu, je suppose.
Je n'ai encore croisé aucun détenu, comme s'ils étaient déjà tous rentrés dans leurs "chambres". Je peux sentir l'humidité froide des murs et l'odeur de métal rouillé qui flotte dans l'air. On monte alors au premier étage, et en grimpant l'escalier, le trentenaire tourne de nouveau la tête vers moi, parlant soudainement moins fort.
-J'ai oublié de te dire, mais y'a trop de prisonniers en ce moment, on a quasiment atteint les quotas. Donc tu vas être en cellule avec un gars, qui aime bien être seul, de base. Alors simple conseil, si tu tiens à être toujours en vie demain matin, le provoque pas, et il te laissera tranquille, fin j'crois. J'ai l'impression d'avoir rêvé ces derniers mots tant il les a prononcés bas.
Je fronce les sourcils, m'apprête à répliquer, mais il s'arrête devant une cellule, où l'on ne voit pas à l'intérieur, d'une part car il fait très sombre, et d'autre part car l'entrée de la cellule est recouverte d'un drap épais. Et tâché de sang. Je hoche négativement la tête tandis que le maton pousse sa main dans mon dos, comme pour me faire entrer.
-Allez, fais pas chier, je veux pas louper mon match.
-Non mais attendez-là, je suis pas venu ici pour mourir, je croyais que les détenus de même peines étaient mis ensemble. Chuchoté-je en résistant pour ne pas pénétrer cette cellule.
J'ai l'impression que la mort m'y attend.
-Ouais, bah t'iras te plaindre du sureffectif au directeur demain si ça te chante, t'as rendez-vous avec lui à la première heure.
-Le.. le quoi-ah ! Je suis violemment poussé à l'intérieur de la cellule et je traverse le drap, tombant bruyamment sur le sol atrocement dur de ma future demeure pour cette année.
Mon bac se renverse avec fracas, et je grimace de douleur en me rendant compte que je vais sûrement avec des bleus aux genoux ainsi qu'à l'épaule. Fichu garde pénitentiaire. Un frisson me parcourt l'échine lorsque je sens un regard brûlant sur ma personne, et la température de mon corps grimpe brutalement, à la fois dû à la honte, et à la trouille. Du coin de l'œil, je remarque alors un bureau, ainsi qu'une lampe peu lumineuse sur ce dernier, éclairant légèrement l'homme debout, à quelques mètres de moi.
Je me racle discrètement la gorge puis me redresse, essayant de reprendre contenance. Toujours à terre, je rassemble mes affaires pour les remettre de nouveau dans le bac, tentant vainement d'ignorer mon colocataire.
Le silence est étouffant, et le temps semble s'être suspendu, avant qu'une voix profonde et glaciale ne décide de briser cette bulle.
-Qu'est-ce que tu crois faire ici ?
La voix de cet homme résonne dans mon esprit, elle est basse et contrôlée. Mon cœur rate un battement lorsque tout mon être se sent écrasé par cette autorité naturelle. C'est un sentiment que j'ai connu, il y a dix mois. Cette voix, cette prestance, cette fascination qui en ressort. Une seule personne m'avait fait sentir autant misérable de toute ma vie. Mais ce n'est pas possible. Non, l'univers ne peut pas autant me détester, pour m'avoir mis dans la même prison, que dis-je, la même cellule que lui.
Que cet homme qui a tant hanté mes pensées, mes nuits, et même mes journées, durant des mois. Non.
Je peine à reprendre ma respiration, alors que difficilement, je redresse mon visage jusqu'à lui. Et je me prends comme un coup de massue, lorsque je rencontre de nouveau son regard perçant. Celui que je n'ai jamais pu oublier. Je ne peux me détacher de son regard, tant ce dernier me paralyse. Toute cette domination autour de moi, je peux la ressentir, ça m'étouffe. Je me sens comme au beau milieu de l'océan, peinant à maintenir mon visage à la surface, tandis qu'un poids invisible me tirerait au fond des abysses océaniques.
Immobile, droit comme un mur et imposant comme une statue, il m'observe crûment. Son visage est impassible, glacial. Mais ses yeux brillent d'une intensité telle, que j'en suis tout chamboulé. Une lueur perçante et atrocement dangereuse anime ses pupilles sombres. Je sais qu'il la ressent aussi, cette tension électrique, qui semble nous relier. Alors que moi, je reste là, paralysé, sur mes genoux, les mains tremblantes. C'est comme si, tout mon corps refusait de me répondre, de m'obéir, car il est déjà soumis à l'homme face à lui, qui dégage tant de prestance.
Moi qui pensait ne jamais le revoir, on m'avait assuré, que jamais plus, je ne le recroiserai. Malheureusement pour moi, Kim Taehyung, celui qui j'ai envoyé en prison, est mon codétenu pour une année.
Son regard sur ma personne est d'une telle froideur, que la chaleur qui irradiait alors mon visage retombe nette, laissant place à un froid polaire. C'est comme s'il essayait de lire en moi, de me disséquer, pour aspirer mon âme et mes pensées. Chaque seconde qui passe rend l'air autour de moi plus dense, devenant alors totalement irrespirable. Comme si c'était lui, qui prenait tout l'oxygène de la cellule.
La question de Kim Taehyung résonne encore dans ma tête, et bien que cette dernière ne demande de compétences spécifiques pour parvenir à donner une réponse cohérente, je n'y parviens pas. Cela sonnait comme une menace sourde.
Il est, cette menace vivante.
-Je.. je.. Ne parviens pas à aligner plus de deux mots.
Il ne sait pas, n'est-ce pas ? Il ne sait pas, que je suis Jong Jungho, le journaliste qui a permis de l'envoyer lui et bon nombre de ses hommes de main en prison ? Le sait-il ? Est-ce qu'il m'a reconnu ? Est-ce qu'il a rêvé de moi, autant de fois qu'il a hanté mes nuits ? Une erreur, un seul mot de travers, et c'en est fini pour moi.
Je le sais, je le sens. Il pourrait m'écraser d'une main. Il est bien plus grand, plus costaud, plus puissant que moi. Je ne suis qu'une petite fourmis sur son passage, tentant désespérément d'éviter que sa semelle ne finisse par m'ôter la vie.
Le criminel plisse alors légèrement ses paupières, comme pour m'analyser encore plus, me scruter de ses yeux sombres et intimidants. Et soudainement, il avance d'un pas vers moi, tandis qu'un rictus à peine visible se dessine sur ses lèvres, me coupant définitivement le souffle. Je suis obligé de redresser la tête vers lui si je veux suivre son regard, bien qu'insoutenable. J'ai la profonde impression que si je détourne mon attention ne serait-ce qu'une seconde, cela serait la dernière action que je ferais sur cette terre.
-Tu crois que tu peux tenir ici ? Murmure alors Kim Taehyung sous un ton menaçant, bien que sa voix soit extrêmement calme.
Sa question sonne comme rhétorique, comme s'il connaissait déjà la réponse à cela. Et à cette réalisation, je me pris une gifle cuisante, bien qu'invisible. Mon instinct de survie reprend alors possession de moi et je cligne plusieurs fois des yeux, laissant mes sens reprendre le contrôle sur mes émotions.
-Je.. je ne causerai pas d'ennui.
Et malgré le tremblement audible de ma voix, j'y ai mis toute mon honnêteté, espérant qu'il remarque cette dernière. Si cette première rencontre - si je peux me permettre - peut éviter de tourner au vinaigre, ça serait plutôt encourageant pour les prochains jours.
Je ne connais pas Kim Taehyung, je ne sais pas qui il est réellement, je ne connais pas son tempérament, ses goûts, ses envies, ni à quel moment la goutte fait déborder son vase. Et je ne veux pas, être la personne qui fera déborder ce vase. S'il ne m'a pas encore reconnu, c'est tant mieux pour moi. Tout ce que je dois faire, c'est survivre en attendant mon rendez-vous avec le directeur, afin de lui demander de changer de chambre.
Je n'ai rien à faire dans une cellule avec un criminel dans son genre ! Sans vouloir le vexer, le soit disant délit que j'ai commis, n'a rien à voir avec le genre de délits et crimes qu'il a pu commettre.
-Tu ne causeras pas d'ennui ? Répète alors le leader, me faisant de nouveau frissonner, tandis que je tire le bac vers moi avant de me lever doucement, comme si je me trouvais face à un loup affamé.
-Non je.. Face à l'intensité de ses pupilles, les miennes fixent brutalement le mur derrière lui.
-Tu ?
-Je ne causerai pas d'ennui.
-A toi, ou à moi ? Un courant d'air rafraîchit une fois de plus la température de mon corps et je baisse alors la tête sur mon bac.
La réponse doit être sincère.
-A vous.. et à moi..
A moi, du moins, je l'espère. Tout dépendra de ma capacité à éviter les emmerdes, je crois.
Cette fois-ci, il ne répond rien, alors j'ose lever de nouveau mes pupilles vers les siennes, tel un animal abattu et en manque d'affection. Et surtout, atrocement apeuré. Cependant, Kim Taehyung ne réplique finalement rien du tout, et se contente de me lancer un regard emplit de sous-entendus. Sûrement quelque chose qui voulait dire "t'as plutôt intérêt". Après cette menace silencieuse et pesante, le patron, ou devrais-je dire, ex-patron, me tourne les dos puis retourne s'asseoir derrière son bureau, pour y faire je-ne-sais-trop quoi.
Et c'est ainsi, que j'ai pu respirer de nouveau.
Je profite alors du fait qu'il soit de dos pour reprendre totalement ma respiration qui s'était fait la malle. Après m'être assuré qu'il est de nouveau concentré sur la feuille sous ses yeux, j'ose détailler un peu plus la cellule. Qui par ailleurs, me semble plutôt grande, par rapport à ce que j'ai pu voir à la télévision. Contre le mur, sur ma gauche, à même le sol, se trouve des sacs plutôt grands, de couleur noir, et je devine qu'ils doivent lui appartenir. Dans le coin à gauche, il y a un bureau, où se trouvent également plusieurs affaires à lui. Ce qui me surprend, c'est qu'il y a un sachet de poudre blanche. Et je sais, ce que c'est. Ce n'est clairement pas de la farine. Est-ce qu'il a le droit ? Probablement que non.
Je déglutis difficilement avant de continuer ma visite visuelle, à côté du bureau, à peine à un mètre, se trouve un lavabo, et un miroir, juste au-dessus. Une brosse à dent et du dentifrice. C'est également à lui, je suppose. Ensuite, il y a un mur, mais qui ne monte pas jusqu'au plafond de la cellule. Et en me penchant légèrement, je devine que ce sont les toilettes. Je frissonne en m'imaginant un instant devoir aller aux toilettes. Au vu de sa position sur sa chaise, il pourait m'entrevoir. Je n'aime pas ça. Il n'y a pas d'autres options ? Je pense que non, malheureusement.
Finalement, tout le long du mur sur ma droite se trouvent l'espace nuit. Et je suis surpris une fois de plus, car ce ne sont pas des lits superposés comme on peut se les imaginer. Le lit du bas est un peu plus grand que celui du haut, c'est presque un lit deux places. Et au vu de la couverture ainsi que du coussin, je présume une fois de plus que ça lui appartient. Il y a une échelle un peu bancale, au bout du lit, à côté des toilettes.
Discrètement, je m'avance vers cette échelle et je grimpe à cette dernière, tenant fermement le bac contre ma taille de mon autre main. Une fois là-haut, je jette un coup d'œil derrière moi, mais il n'a pas bougé d'un iota, alors je commence à m'installer comme je le peux. Après avoir mis difficilement mon drap, je pose le second un peu plus loin, ça sera mon coussin pour cette nuit, tandis que la serviette rêche sera ma couverture. Je laisse mon bac au bout de mon lit et y place mes chaussures, près du papier toilette ainsi que du sac plastique contenant ma brosse à dent, le dentifrice et le savon.
Je comprends aussi que mes sous-vêtements trouveront leur nouvelle place demain. Il y a une espèce de commode, qui n'a pas l'air très neuve, entre le lit du bas et l'entrée de la cellule. Je suppose que mes futurs vêtements devront aussi se trouver là. Espérons simplement que les tiroirs ne soient pas tous remplis des affaires de Kim Taehyung. Jamais je n'oserais ranger mes affaires avec les siennes. J'aurais bien trop peur qu'il pense que je fouille.
Je dois faire semblant d'avoir confiance en moi, et ne pas montrer ma peur ? Mhm, avec un codétenu comme lui, c'est totalement impossible. Il inspire la crainte, voire même la terreur. Je pose ma tête contre mon coussin de fortune, avant de me mettre de fixer le plafond blanc. Mais il devient vite flou, brouillé par les larmes qui inondent mon regard. Ce n'est pas possible, je ne vais pas pouvoir tenir une année ici. Pas dans cette prison. Pas dans cette cellule. Pas avec cet homme. Il va finir par savoir qui je suis, il est probablement très intelligent, et calculateur.
Lorsqu'il saura, je serai un homme mort, ça n'en fait aucun doute.
❝ ❞
Première rencontre entre Taehyung et Jungkook ! Sans compter le hangar et le procès évidemment..
J'ai bien rigolé en écrivant la chute de Jungkook, la honte pour lui un peu. Imaginez vous êtes à la tête d'une organisation criminelle, vous galérez bien parce que vous êtes en prison, et là, y'a un type qui débarque de nulle part et qui tombe comme du n'importe quoi dans votre cellule, en faisant tomber tout son bac par terre...
Ouais...
Je vais introduire tout doucement les autres personnages du bouquin ! Histoire que vous soyez pas trop perdu.
J'espère que ça va vous plaire !
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