[PDV Kim Taehyung]

Jeon Jungkook, n'a pas l'air d'un idiot.

Même s'il peut sembler naïf, quelque peu inconscient, et surtout, insouciant, il est très loin d'être bête. Il peut comprendre certaines choses, qu'il n'est pas censé savoir. Il peut également m'entendre. Me voir. C'est inévitable, il est mon codétenu. Et ce, encore pour longtemps. J'ai simplement accepté l'idée, d'autant plus qu'il peut m'être utile, en tant que divertissement journalier.

Mais je dois rester prudent. Yoongi n'a pas tort, il reste un inconnu, malgré toutes les recherches que l'on a pu mener sur sa vie. On ne le connaît pas. On ne sait pas comment il peut réagir, face à certaines situations. Il fait partie de ce groupe de la population, qui respecte les règles de la société - en général. Il n'a jamais commis de réel crime. Contrairement à moi. Jungkook sait probablement pourquoi je suis en prison, les bruits de couloirs ne sont pas toujours très discrets.

Cependant, il ignore beaucoup de choses sur moi.

Alors, si cela change un jour, je dois être sûr que sa réaction ne sera pas disproportionnée. Je dois m'assurer, qu'il est un minimum digne de confiance. C'est pourquoi, il a toujours ce couteau dans sa poche. Il m'obéit, c'est indéniable. Mais c'est uniquement parce qu'il me craint. S'il finit par craindre quelqu'un d'autre, peut-être qu'il retournerait sa veste. Ce pourquoi, la meilleure solution, est de lui faire passer un test, un simple test.

Mon bras droit a proposé de lui couper la langue. Je suis évidemment contre. Non pas que sa langue m'importe, quoique, il ne pourrait plus me faire de fellation.

C'est uniquement parce que le contrôle mental que j'ai sur lui n'a pas besoin de devenir physique. Le blesser ne m'est d'aucune utilité, au contraire, ça briserait peut-être même ce que j'ai créé entre lui et moi. Il est déjà suffisamment terrifié par moi, pourquoi devenir violent ? Et puis, j'accepte la violence uniquement lorsque celle-ci est nécessaire, c'est-à-dire contre un traître, un ennemi, ou quelqu'un de violent également.

Jungkook n'est en rien agressif.

-Tu vas faire quelque chose pour moi. Déclaré-je lorsque l'on se retrouve finalement dans ma cellule.

Le journaliste sursaute presque à mes dires. Il relève doucement ses yeux brillants vers moi, avant de déglutir difficilement. Il est en plein combat intérieur. Il essaie de deviner ce que je vais lui demander. Et au vu de la soudaine rougeur de ses joues, je comprends qu'il pense à quelque chose de physique, entre lui et moi. Je réprime un léger sourire à cette pensée, avant de tirer légèrement le drap tacheté pour que l'on puisse entrevoir le couloir, derrière les barreaux.

Je l'attrape par la nuque, et il se pince vivement les lèvres pour ne laisser s'échapper aucun son de sa bouche. Je le rapproche ensuite jusqu'à moi, afin que nos torses soient collés, et j'observe l'extérieur de la cellule, à travers le passage que je viens de former. Il finit par faire de même, et je sens sa respiration devenir erratique.

-Tu vois la cellule dans le coin, en bas à gauche ?

-Mhm, oui.

-Le couteau que tu as dans ta poche, tu vas aller le mettre sur le lit d'en bas, sur le coussin.

Face à la consigne, le plus jeune pousse un léger hoquet de surprise. Puis il cligne plusieurs fois des yeux, avant de tourner la tête vers moi. J'en fais de même, puis l'observe d'un regard autoritaire, presque froid.

-Maintenant..?

-A ton avis. Je le relâche alors, puis m'éloigne de lui pour aller jusqu'à mon bureau afin de m'y appuyer.

-Mais c'est.. Il y a beaucoup de passages dans les couloirs, à cette heure-ci.. Et je- Il y a peut-être des détenus qui vont me voir, ou.. des gardiens..

-Ne te fais pas prendre.

Jungkook semble déboussolé, il ne sait plus quoi répondre, ni quoi penser. La panique envahit ses iris noisettes, et son visage devient livide. Il n'est clairement pas bien, peut-être même sur le point de faire une crise d'angoisse. Et je me contente de le détailler, au loin, attendant patiemment qu'il accomplisse la mission que je viens de lui donner.

Il semble peser le pour et le contre. Hoche quelque peu la tête négativement. Cherche une issue de secours du regard. Réfléchit à comment sortir de ce pétrin. Malheureusement pour lui, il est enfermé entre ces murs, avec moi. Et il a plutôt intérêt à réussir le test.

Si ce n'est pas le cas, la curiosité que je porte à son égard s'éteindra totalement.

-Et si.. si jamais.. Si je ne réussis pas..?

Mes paupières se plissent face à ce nouveau voile d'effroi qui couvre son visage. Il ne semble plus avoir peur de se faire prendre, mais plutôt, d'échouer. Oui, il est en train d'imaginer ce que je pourrais bien lui faire s'il subit un échec. C'est tant mieux, c'est tout ce que j'attends de son cerveau.

-Tu n'as pas envie de le savoir.

-Quoi..?

-Tu n'auras pas à le savoir, Jungkook. Tu vas déposer ce couteau sur ce coussin. Et tu vas revenir ici. N'est-ce pas ? Terminé-je sur un ton rhétorique, ne lui offrant aucune possibilité de me répondre.

Finalement, après de longues secondes d'hésitation, le brun acquiesce doucement, les mains légèrement tremblantes. Il recule d'un petit pas, signe qu'il va y aller, qu'il va le faire.

-Si tu y parviens, ta récompense sera à la hauteur de ta réussite.

Ma dernière phrase le perturbe encore plus, et il passe plusieurs fois de mes yeux à mes lèvres, avant de s'enfuir, un peu trop rapidement à mon goût. Son esprit doit être dans un état de confusion total.

C'est ce que je voulais.

Une fois qu'il a quitté la cellule, je m'avance à mon tour pour en sortir. Il est déjà au niveau des escaliers, en train de descendre marche après marche, les épaules renfrognées sur lui-même. Du mouvement sur ma droite m'indique que mon bras droit vient de sortir de sa cellule, pour assister lui aussi à ce qu'il va suivre. Le cendré croise les bras avant de tourner la tête vers moi, attendant un commentaire de ma part.

-Il va réussir. Déclaré-je sans le quitter du regard.

-Je n'y crois pas une seconde.

-Ne sois pas si pessimiste Yoongi.

-Il n'a jamais été confronté à ce genre de situations, ça se voit.

Une troisième personne nous rejoint, et je devine qu'il s'agit de Jimin.

-Qu'est-ce que tu en penses ? Demandé-je à l'intention du rosé.

-Il va réussir. Sa réponse me fait sourire.

-Tu as du nouveau sur lui ?

-Pas vraiment. Il est très faible mentalement, en ce moment. Je le sens plus fébrile qu'au début. Mais il semble toujours honnête avec moi, je crois qu'il commence à me faire confiance.

-Tant mieux.

-Commence pas à vouloir te lier réellement d'amitié avec lui. Ajoute le cendré sur un ton bourru.

-Je fais ce que je veux. Râle le rosé en fusillant sûrement son copain du regard.

Jungkook est arrivé en bas, il observe ce qui l'entoure, comme si de rien n'était. Mais c'est tout, sauf naturel.

-Taehyung ne t'a pas dit de t'en faire un ami.

-Il m'a littéralement dit de devenir ami avec.

Le brun s'appui contre le mur, entre deux cellules, avant de s'abaisser pour refaire son lacet. Son comportement est aussi amusant que la dispute chuchoté entre le couple à ma droite.

-Pour de faux.

-Je l'aime bien.

-Et si jamais le patron t'ordonne de le tuer, mh ?

Cette fois-ci, j'envoie tout de même un regard réprobateur à Yoongi, voyant qu'il extrapole encore une fois. C'est le seul défaut qu'il a. Lorsqu'il s'agit de Jimin, il est bien trop dans l'excès. Heureusement, ça n'a jamais influé sur son travail, mais ça pourrait bien arriver.

-Tu sais très bien qu'il ne fera jamais ça. Le rosé me jette un petit regard timide, et je décide de me reconcentrer sur Jungkook, toujours en train de faire son lacet.

Je ne demanderai jamais à Jimin de tuer. En effet. Car ce n'est pas son rôle. Il ne l'a jamais fait, il ne veut pas le faire, et il ne le fera jamais. Clair, net, et précis.

-Et si je dois le tuer ? Insiste mon bras droit, toujours en chuchotant, malgré sa contrariété.

-Il n'y a aucune raison pour que tu le fasses.

-Et si ça arrive ?

-T'es chiant Yoongi. Jungkook n'est pas quelqu'un de méchant, ça se voit. Il t'a rien fait. Tu l'harcèles pour rien.

-Il ne m'a rien fait ? Ce gars est maladroit comme tout, il a fait tomber une arme de mon pantalon.

-T'avais qu'à mieux la ranger.

-Tu défends ce gars que tu viens de rencontrer Jimin ? Sérieusement ? Tu veux aller sur ce terrain là ?

-N'essaies même pas de-

-Tu veux que je te rappelle ce que t'a fait le dernier gars que tu trouvais "gentil" ?

-Tu gâches toujours tout. Soupir le rosé avant de tourner les talons pour rentrer dans la cellule.

Mon homme de main renifle bruyamment, avant de se rapprocher de nouveau vers moi pour observer à son tour mon codétenu qui vient de se redresser.

-Tu cherches. Déclaré-je simplement, sans trop vouloir m'étaler sur le sujet.

-Mais j'ai raison.

-Oui, peut-être. Mais il n'est pas né dans ce monde, comme nous. Je te rappelle que ça ne fait que quelques années. Il a ce fond bienveillant, que nous n'avons plus depuis longtemps. Tu ne peux pas le lui reprocher éternellement.

-Je fais ça pour le protéger.

-Je le sais.

La conversation étant finie, on se contente une fois de plus de garder un œil sur Jungkook, qui après plusieurs minutes à se tourner les pouces, finit par passer devant la cellule en question, puis jeter l'arme blanche à travers les grillages. Malheureusement pour lui, le couteau glisse du coussin et s'échoue au sol.

-Quel incapable.

-La précipitation. Enoncé-je en regardant le jeune homme s'accroupir, en panique, avant de passer sa main pour essayer de récupérer le couteau.

Et ce qui devait arriver arriva. Un détenu s'approche de lui, le bouscule, avant de l'accuser de l'index. Mon codétenu secoue la tête, se redresse, puis essaie de se défendre verbalement, les deux mains en avant. Puis un agent pénitentiaire arrive jusqu'à eux, écoute les deux hommes, puis entre dans la fameuse cellule pour y découvrir l'arme.

Nous y sommes.

-Il va flancher.

-C'est ce qu'on verra. Je conclus tout en détournant mon regard pour rentrer dans ma cellule, alors que le journaliste est emmené par le maton.

[PDV Jeon Jungkook]

Comment est-ce que ça a pu déraper aussi vite ?

J'ai raté. Totalement. Royalement. En beauté. Je suis nul. Est-ce que Taehyung le sait ? Oui, probablement, je l'ai vu m'observer, de là-haut, comme perché sur son estrade, dominant les lieux. Il va me tuer ? Ou alors, est-ce que c'est le directeur qui va s'en occuper ?

Kim Namjoon, le directeur de cette prison, me détaille longuement, installé confortablement sur sa chaise de bureau qui doit valoir une petite fortune, puis il prend une grande inspiration avant de soupirer. Moi, je suis tout tremblant, sur ma chaise, alors que le garde vient d'expliquer la situation au chef de l'établissement. Dans les moindres détails. Il sait maintenant tout, je n'ai rien à ajouter. Je ne peux même pas me défendre, dans une pareille situation.

C'est horrible.

Je n'avais jamais commis de délit. Tout a changé aujourd'hui. Parce que j'ai décidé d'obéir volontairement à Taehyung. Qu'est-ce que je voulais, au juste ? Sa gratitude ? Son admiration ? Son intérêt ?

Sa récompense ? Bon sang, à quoi est-ce que je pense, au juste ?!

-Vous pouvez disposer. Je vais discuter avec notre cher Jungkook.

L'agent se contente de saluer le directeur avant de quitter la pièce. J'ose à peine croiser le regard de l'homme imposant face à moi. Il n'est pas effrayant, comme l'est Taehyung, mais il aspire le respect. Je manque de sursauter lorsqu'il frappe ses mains entre elles, avant de se pencher en avant, s'appuyant sur la plateforme en bois.

-Alors dites-moi, pour commencer, comment ça se passe ici ? Votre intégration ? Votre nouveau job ?

Wow, alors je m'attendais à tout, sauf à ça. Il ne me crie pas dessus ?

-Euh.. Bien.

-Mh, je vois. Alors, dans ce cas là, pourquoi avoir fait une telle bêtise ?

Je me pince les lèvres, nous y voilà. Il m'a posé ces questions pour en venir à ce que j'ai fait. C'était évident, au final.

-Je n'ai pas réfléchi.

-Qui l'a fait pour vous, dans ce cas ?

Mal à l'aise, je me tortille sur ma chaise, ne souhaitant pas donner le nom de Taehyung. Encore moins de Yoongi. Il serait capable de venir m'étouffer dans mon sommeil.

-Personne..

-Jungkook. Je suis directeur depuis très longtemps. Je connais ce mode de procédé. Qui vous a envoyé déposer cette arme ?

-Je l'ai fait de moi-même..

-Très bien. Alors où avez-vous trouvé le couteau.

-Dans les douches. Je l'ai trouvé.

-Vraiment ?

-Oui.

Je ne sais pas d'où me vient cette soudaine inspiration. Bien que mon excuse ne soit pas exceptionnelle, au moins, je n'ai pas bégayé.

-Et pourquoi l'avez-vous déposé dans la cellule de ce pauvre détenu qui n'avait rien demandé ?

-Je voulais me débarrasser de l'arme. En fait, je voulais la mettre dans la première cellule qui venait..

-Pourquoi ne pas l'avoir simplement donné à un agent ?

-J'avais peur..

-Peur de..?

-Qu'on m'accuse d'avoir fait cette arme..

-Mhm, je vois. Vos excuses tiennent la route. Maintenant, dites-moi la vérité Jungkook.

Il ne démord pas.

-Mais, c'est la vérité Monsieur le directeur.

-Je ne vous crois pas, voyez-vous. L'acte que vous avez commis est un grave délit. Le détenu peut porter plainte, et s'il ne le fait pas, je peux décider de prévenir la justice pour qu'il y ait un procès. Vous êtes ici pour une année Jungkook, n'aggravez pas votre peine.

Sa menace, car j'ai l'impression que c'en est bien une, me fait froid dans le dos. Je dois bien avouer, que je n'ai aucune envie de rester plus longtemps entre ces murs. Et encore moins d'ajouter un tel délit sur mon casier judiciaire. Jamais je ne pourrais retrouver du travail..

Mais l'idée que Taehyung me torture pour avoir vendu son nom, ou celui de Yoongi, est encore pire.

-J'ai agi seul. Déclaré-je d'une petite voix, peu fier.

-Je vois. Si vous ne dites rien, vous irez en isolement pendant plusieurs jours. C'est ce que vous voulez Jungkook ?

-Non. Mais je le mérite. Alors envoyez-moi là-bas..

-Vous êtes sûr de votre décision ?

-J'ai agi seul. Répété-je simplement en évitant une fois de plus son regard.

-Qui vous effraie à ce point ? Vous pouvez me le dire, vous savez. C'est moi qui fait régner l'ordre ici.

En réalité, c'est Kim Taehyung. Mais je ne peux pas lui répondre ça.

-Je.. J'ai agi seul.

Le directeur de la prison soupir longuement, avant de se lever de son siège pour appeler un gardien. Ce dernier entre alors dans le bureau, prêt à recevoir un quelconque ordre.

-Accompagnez Monsieur Jeon à l'isolement. Il n'en sortira pas avant d'avoir donné le nom que je réclame.

La sentence tombe, et mes mains se mettent à trembler. L'isolement. Je n'ai aucune envie d'y aller. Est-ce que c'est si horrible que ce qu'on peut voir à la télévision ? Je serre vivement mes cuisses pour m'empêcher de trembloter comme un gamin, avant de baisser la tête pour éviter de croiser le regard de Kim Namjoon.

-Bien Monsieur. Allez, debout. Machinalement, je me lève, puis suit l'agent.

Le directeur n'ajoute rien, alors nous quittons les lieux pour marcher dans ce long couloir vide. Un frisson me parcourt l'échine lorsque je me souviens qu'un des frères Ziegler se trouve également à l'isolement. Je ne vais pas me retrouver avec lui, n'est-ce pas ? Ça serait vraiment l'ironie du sort. Me retrouver avec l'homme que Taehyung a envoyé en isolement. Pour quelques jours après, être à mon tour envoyé en isolement par la même personne.

Enfin, ce n'est pas réellement de sa faute.

J'ai merdé. C'est tout.

Perdu dans mes pensées, je ne remarque pas tout de suite qu'au loin, face à nous, se trouve un détenu, lui aussi accompagné d'un garde. Ils semblent marcher vers nous, se dirigeant vers le bureau du directeur Kim. Puis finalement, je croise un regard que je connais bien. Celui de Jimin.

Il échange un simple coup d'œil, avant de fixer de nouveau droit devant lui, sans s'arrêter. Son visage semble si impassible, que ça me donne presque le vertige. Je l'ai déjà vu prendre un air sérieux, mais jamais, il ne m'a paru si froid. Si distant. Comme si l'on ne se connaissait pas. Jimin semble tout autant impassible que l'est son fiancé, en cet instant.

Par réflexe, je tourne la tête par-dessus mon épaule lorsque l'on se croise, et je l'observe s'éloigner, allant vers là d'où je viens.

J'ai un étrange pressentiment.

[PDV Park Jimin]

Lorsque j'ai croisé Jungkook, ç'a été compliqué de conserver ce masque d'indifférence. Sa silhouette semblait tendue, ses épaules étaient voûtées, son visage empli de désarroi. C'était presque douloureux à regarder. Mais je n'ai rien dit, rien laissé paraître, comme on me l'a appris.

Comme Taehyung l'a demandé.

Evidemment, que c'est lui qui m'envoie. Il est un fin calculateur. Jungkook est en quelque sorte, son jouet du moment. Et de ce fait, il n'a pas envie de le briser si tôt. Pas avant d'avoir exploité tout ce qu'il peut tirer de lui, je présume. Taehyung est comme ça, il se sert des gens, jusqu'à ce qu'il n'en est plus besoin, ou qu'ils ne soient plus utiles pour le faire avancer, lui ou son organisation.

Il n'est pas comme ça avec Yoongi. Ni avec moi. C'est plus spécifique, plus complexe.

Quoi qu'il en soit, je dois finir d'accomplir ce qui était prévu. Jungkook n'a pas flanché. Puisqu'il est en route pour l'isolement, comme l'avait dit le patron, finalement. J'avais espoir qu'il ne donne pas le nom de Taehyung. Il le craint, mais il y a également une sorte de lien qui les unit, bien qu'aussi étrange cela puisse paraître, Jungkook a l'air de trouver du réconfort chez son codétenu.

-Jimin, que me vaut le plaisir ?

Durant un court instant, je comprends qu'il semble surprit de me voir ici. Mais il réadopte son sourire habituel, celui qu'il offre à tout le monde.

-Je suis désolé de venir sans prévenir, Monsieur le directeur, mais je pense que vous devriez entendre ce que j'ai à dire.

-Quel est ce ton grave. Dites-moi ?

-Cela concerne Jungkook. Les sourcils du directeur se froncent légèrement, et il se recule légèrement dans son fauteuil, croisant les bras sur son torse important.

-Je vous écoute.

-Il n'a pas agi de son propre chef. Il a été menacé par un autre détenu.

Namjoon plisse les yeux, visiblement sceptique vis-à-vis des propos que j'avance. Il doit sûrement savoir que je passe beaucoup de temps avec le journaliste. Il se demande sûrement si je n'essaie pas de mentir pour protéger mon ami.

-Quel détenu ?

-Est-ce que vous pouvez me promettre que Jungkook n'en subira aucune représailles ? Le blond hoche la tête, décidé.

-Evidemment, je protège tous les occupants de cette prison qui ont besoin de protection, vous devriez le savoir.

Je ne relève pas la - presque - pique qu'il m'envoie, tout comme son sourire en coin.

-Ji-ho. Lim Ji-ho.

Face au nom, Namjoon se redresse, prend une grosse inspiration, avant d'acquiescer lentement. Il sort au passage un dossier d'un de ses tiroirs, puis un crayon, avant de fouiller dans le porte-document.

-Je vois. Et est-ce que vous avez des preuves de ce que vous avancez ?

-Non, enfin, pas de preuves officielles. Mais j'ai entendu des rumeurs. Vous savez, ici, les bruits circulent vite. Ji-ho a ordonné à Jungkook de déposer l'arme dans cette cellule, sous peine de représailles. Jungkook n'avait pas d'autre choix. Il n'est pas habitué à ce milieu.

-Donc cette arme, totalement créée, avec les moyens du bord, on doit pouvoir retrouver des traces dans la cellule de Monsieur Lim. Ou dans ses affaires. N'est-ce pas ?

-J'imagine que oui.

-Bien. Dans ce cas là, j'espère pour vous, et pour Jungkook, que ces bruits de couloirs sont la vérité. Si nous trouvons des preuves accablantes, j'ordonnerai son retour. En attendant, il restera à l'isolement.

J'ai un petit sourire, qui sonne comme un remerciement envers le directeur. Mais en réalité, c'est uniquement parce que je sais qu'il va trouver ces preuves, dans la cellule de cette pourriture de Ji-ho, dans l'heure qui suivra.

Quand je suis de retour dans notre aile, je me dirige immédiatement vers la cellule du patron. J'entre doucement, et y trouve Taehyung, ainsi que mon fiancé. Les deux me lancent des regards interrogateurs, attendant mon compte rendu suite à mon passage chez le directeur Kim Namjoon. Je prends un air satisfait, avant de parler.

-C'est fait.

-Bien.

[PDV Jeon Jungkook]

L'air glacial de l'isolement me colle encore à la peau lorsque je franchis la porte, escorté par un garde. Mes jambes sont atrocement lourdes, et ma tête tourne légèrement, après ces heures interminables passées dans cette boîte sans lumière. J'ai l'impression d'avoir perdu la notion du temps. Juste une sensation de vide et d'un poids qui m'écrase douloureusement la poitrine.

L'isolement n'est pas une expérience que j'ai envie de retenter.

J'ai vraiment cru que j'allais y passer plusieurs jours, et même si je ne sais pas combien de temps j'ai pu être enfermé dans cette minuscule cellule, je ne pense pas que cela fait plus de 24 heures. Je n'ai pas croisé l'adepte des idéologies du nazisme, heureusement. Je ne voyais personne. Je n'entendais personne. Je ne sentais rien d'autre que le métal froid, tout autour de moi. Je n'avais ni lit, ni lumière. Juste le sol dur et congelé.

J'ai eu le temps de beaucoup penser. A Taehyung. A Jimin. Et même à Yoongi. Ils devaient me haïr d'avoir échoué. Peut-être même qu'ils ne pensaient déjà plus à moi, et que Taehyung allait avoir un nouveau codétenu. Un remplaçant. L'idée était aussi douloureuse que mon dos courbé, appuyait contre ce mur rugueux. Mais je n'ai pas pleuré. Même si mes yeux me piquaient vivement. Je n'arrivais pas, en réalité. J'étais bien trop perdu.

Le directeur Kim Namjoon voulait quelque chose que je n'aurais jamais pu lui donner. Puis tout s'est arrêté lorsqu'un agent pénitentiaire est venu me chercher, me libérant de ma nouvelle prison désagréable. Il a brièvement mentionné que le directeur levait ma sanction, et que tout était rentré dans l'ordre, en quelque sorte. Mais que je devais me méfier à l'avenir, et ne pas faire confiance à n'importe qui.

Ironie du sort, il m'a mis dans la même cellule que le criminel le plus dangereux de la prison de Chungju.

Rapidement, on m'abandonne dans l'aile principale, là où se trouve la cellule que je partage avec le noiraud. Une immense boule au ventre m'apparaît. Finalement, je crois que je n'étais pas si mal, à l'isolement. Je n'ai plus autant envie de revoir Kim Taehyung. Qu'est-ce qu'il va me faire, au juste ? Je ne l'ai jamais vu être violent, ni envers moi, ni envers quiconque. Mais je sais qu'il peut l'être, ça se sent, ça se voit. Je ne suis pas ignare.

J'ai vu, certaines preuves, au procès, l'année dernière. Je sais de quoi il est capable.

J'avance d'une démarche hésitante, mes yeux papillonnant pour s'adapter à la lumière vive, peu naturelle, au passage. Le soleil est couché ? Lentement, je commence à me diriger vers ma cellule, montant discrètement les escaliers. Il n'y a plus beaucoup de détenus ici, tout le monde semble se diriger vers sa cellule. C'est sûrement bientôt l'heure de l'extinction des feux. Ça veut dire, que je vais être enfermé avec lui ? Encore ?

Lorsque je vois ce drap tâché de sang, un haut le cœur me prend. Je ralentis instinctivement, alors que mon rythme cardiaque s'affole. Et après une dernière prière silencieuse pour l'univers, je finis par pénétrer dans la cellule, le corps tremblant de toute part. Je ne peux pas m'en empêcher. Il m'a prévenu. Il m'a dit, que si j'échouais, ça allait très mal se passer pour moi. Alors, l'heure de ma véritable sanction a sonné ?

Je m'arrête net quand je le vois, appuyé nonchalamment contre le mur, face à moi, ses bras croisés sur son torse robuste. Son expression est indéchiffrable, il me fixe de son regard intense, sans un sourire. C'est comme s'il m'attendait. Comme s'il savait que j'allais arriver. Est-ce que c'est possible que ce soit lui qui m'a fait sortir de l'isolement ? Evidemment, quelle question. Il voulait sa vengeance personnelle.

-Enfin de retour.

N'arrivant plus à soutenir ses pupilles sombres, je baisse la tête, fixant le sol, essayant de réfréner l'humidité qui naît dans mes yeux.

-C'est le moment de te féliciter. Ajoute le patron en se redressant pour se rapprocher de moi, me surprenant à la hâte.

-Comment..?

Il s'arrête à un mètre de moi, tout au plus, bloquant ma respiration au passage, comme s'il prenait tout l'oxygène de la pièce. Un demi-sourire se forme sur ses lèvres, et je cligne plusieurs fois des yeux, de plus en plus perdu par ce qu'il se passe.

Est-ce que c'était ironique ?

-La récompense. Précise Taehyung, en cherchant mon regard, voyant que je le fuis.

-Mais je.. Je n'ai pas réussi. Je me suis fait prendre. Marmonné-je en panique, peinant à parler correctement, préférant chuchoter pour ne pas pleurer.

-Et ?

-Quoi.. Et ? Tu.. tu vas.. tu..

-Le but de cette mission, Jungkook, était de voir quelle était ta réaction, si tu te faisais prendre. Est-ce que tu as donné mon nom ? Celui de Yoongi ? Malgré la menace de l'isolement.

-Je.. Non. Mais, je pensais que..

-Je sais.

-Mais alors.. J'ai réussi..?

-Mhm, et c'est admirable, sincèrement. Tu m'as impressionné, aujourd'hui.

Une soudaine chaleur grimpe en moi, un mélange d'incrédulité, de confusion, et.. d'un plaisir coupable ? Pourquoi est-ce que ça m'importe autant ? Pourquoi est-ce que mon cœur s'accélère à l'idée qu'il puisse réellement penser ce qu'il a dit ? J'en suis comme fier, comme si mes parents me félicitaient d'avoir obtenu un concours décisif pour ma future carrière. C'est si intense, que j'en reste bouche-bée.

Mon codétenu, comme s'il devinait mes pensées, pose une main sur mon épaule, m'obligeant à relever les yeux vers lui. Il incline légèrement la tête, un sourire énigmatique jouant sur ses lèvres.

-Détends-toi, Jungkook.

❝ ❞

! ALERTE PROXIMITÉ !

Le premier qui me sort des "Jungkook est faible, il bégaye tout le temps, il a tout le temps peur", je lui ATTRAPE SA VESTE ?!

OK ?!

J'essaie de rendre ça au maximum REEL même s'il s'agit d'une fiction. Je pense qu'à la place de Jungkook, on serait réellement tous en PLS.

Sinon, si jamais vous voyez des fautes de frappes, ou d'orthographes, hésitez pas à me le dire, on est humain ici :)

Alors, vous avez pensé quoi du pov de Taehyung ?

Et celui de Jimin ?