0 - Loi de l'attraction
Quand on cherche la définition de la malchance, on nous informe qu'il s'agit d'un ensemble de circonstances défavorables qui seraient dues au hasard et qui viennent causer du tort à la personne considérée comme malchanceuse.
Vous y croyez vous ? Parce que moi, absolument pas.
Le hasard n'existe pas. Moi, je crois en la loi de l'attraction. Du moins, j'y croyais. C'est une théorie selon laquelle nos pensées et nos sentiments pourraient avoir de l'influence sur les évènements de notre vie. C'est-à-dire qu'il suffirait de se convaincre de quelque chose, et d'y penser très fort, pour l'obtenir. Et vous alors, avez-vous foi en la loi de l'attraction ? Parce que moi, j'ai cessé de l'avoir à l'instant même où je me suis retrouvé dans cette situation atrocement fâcheuse et délicate.
C'est-à-dire, être coincé avec une vingtaine de malfrats, dans un hangar rempli de drogues et d'armes. Et pas juste quelques grammes de poudre et deux-trois flingues. Non, il y en a partout. Toutes sortes de drogues, sous toutes ses formes. Sans parler des armes, il doit en avoir suffisamment pour tout un régiment.
Fichu hasard. Et fichu loi de l'attraction. Je n'ai jamais manifesté un tel merdier moi !! Et je refuse d'admettre qu'il s'agit d'un hasard. Ma théorie à moi, ça serait plutôt que quelqu'un m'en veut atrocement. Oui, on a dû me jeter une malédiction !
Je ne suis qu'un petit journaliste qui sort de l'école. Je travaille dans une minuscule agence qui produit des podcasts d'informations et de cultures générales à peine écoutés ! Mon erreur, aurait-elle été de m'engager dans cette association locale qui recherche des personnes disparues après une fugue ? Voilà, dans quoi je me retrouve maintenant. Je voulais simplement aider des parents inquiets, et je me retrouve dans cette situation plus qu'inopportune !
Et le pire dans tout ça, vous savez ce que c'est ? C'est que je suis un idiot. Ou un inconscient, à voir. Car au lieu de m'enfuir de là d'où je viens, je sors mon téléphone, et filme.
Étant caché derrière des caissons énormes, je me permets de jeter quelques coups d'œil autour de moi. Les hors-la-loi sont suffisamment loin de moi - quelques mètres. Je filme alors, essayant de zoomer un maximum sur les tables où se trouvent les sacs de poudres, les plantations, les armes à feu, les armes blanches, les.. explosifs ?!
Je déglutis difficilement avant d'analyser les caissons. Je n'apprécie pas trop le symbole qu'il y a dessus, alors je le prends en photographie. Ça représente quoi ça au juste ? Des armes chimiques ? Nucléaires..? Mon cœur cesse de battre quand une lourde porte claque derrière moi, et je me positionne entre deux caisses, accroupie, afin de ne pas me faire repérer.
-Pourquoi personne ne surveille cette putain d'entrée ?! Hurle le jeune homme qui vient d'entrer, par la même entrée d'où je viens.
Il est accompagné par trois autres hommes. Ils sont tous vêtus de noirs, les visages fermés. Je filme une seconde fois, plaçant mes deux bras au-dessus de la caisse qui fait ma taille, zoomant sur les nouveaux venus qui s'approchent de celui qui vient de parler.
-Sont sûrement partis pisser ou fumer.
Tout mon corps se fige lorsque celui qui a hurlé sort un pistolet et tire sans pitié dans la cuisse de celui qui lui a répondu. Ce dernier cri de douleur, avant de tomber sur le côté, se tenant la jambe.
-Tu te fous de ma gueule ? Répète l'auteur du tir, dans un faible rire jaune.
Pour ma part, je suis figé, je ne peux m'arrêter de filmer, pour la simple et bonne raison que je ne peux plus bouger. Je crois même que j'ai cessé de respirer.
-Allez me les chercher, siffle-t-il en claquant des doigts, le patron va arriver.
-Le patron en personne ? Questionne l'un des malfrats qui étaient occupés à compter les fusils.
-Il veut constater par lui-même ce transfert. Les flics se sont alliés avec le NIS pour nous choper.
-Ok, on commence à charger ?
-Commencez par le liquide, maintenant. Ordonne-t-il avant de marcher jusqu'au fond du hangar, là où je ne peux pas l'atteindre avec ma caméra.
Je finis par me gifler mentalement pour me réveiller, et coupe la vidéo, avant de m'accroupir de nouveau afin de reprendre calmement ma respiration. S'ils me trouvent, je suis mort. D'autant plus que leur patron arrive, et je ne suis pas sûr que ce soit bon pour eux s'il constate qu'un intru a pénétré leur planque. Comment je suis censé sortir maintenant ? Est-ce que je dois juste courir jusqu'à l'entrée ? Et espérer ne pas me faire prendre par ceux qui viennent de sortir à l'instant ? Est-ce que si je leur demande gentiment de ne pas tirer car je me suis perdu, ils pourraient m'épargner ? Probablement pas.
En tant que journaliste, les situations extrêmes sont excitantes. Mais dans ce cas là, ce n'est pas une situation extrême, mais mortelle. Ok, si la loi de l'attraction marche un temps soit peu, est-ce qu'il est encore temps de manifester pour ma survie ?
Je sursaute en entendant la porte de nouveau claquer, et malgré tout, ma curiosité me pousse à me redresser, aussi lentement que je le peux, la main crispée sur mon téléphone, au point de me couper la circulation sanguine. Et mon souffle est de nouveau coupé lorsque je tombe sur le visage de la personne qui vient de pénétrer les lieux. Les personnes à sa suite n'attirent même pas mon attention, tant je suis captivé par ce nouvel arrivant.
C'est sans aucun doute lui, le patron. Il impose une telle prestance, une telle dangerosité, que j'ai envie de baisser le regard, presque par soumission. Alors que je ne le connais pas. Et pourtant, il impose le plus grand des respects, tout en aspirant la crainte.
Tous les criminels présents se sont légèrement inclinés quand il est entré dans la pièce, sans dire un mot, observant simplement, sondant la pièce, sa marchandise, ses hommes.
Maintenant qu'il est de dos, je reprends quelque peu contenance, et de mes doigts tremblants, je relance une troisième vidéo, filmant de nouveau la scène dans le plus grand des silences. Mes mains sont tellement moites, que j'ai peur que mon téléphone ne me glisse des mains et n'attirent leurs attentions. Ou plutôt, son attention. Il faut que je me calme. Une main dans la poche de son long manteau noir, le patron fait le tour du hangar, s'arrêtant quelques secondes ici et là, transperçant du regard quiconque oserait relever la tête vers lui. Jusqu'à ce que celui qui a tiré tout à l'heure ne s'avance.
-Tout est là, certains sont déjà en train de déplacer l'argent.
Le patron est de nouveau de face, alors je peux correctement le filmer. Sa peau très légèrement bronzé ressort parfaitement bien à la caméra, grâce à sa chevelure de jais ainsi qu'à sa tenue sombre.
-Et lui ? Deux mots, et pourtant, sa voix est si profonde, qu'un léger silence s'impose.
-Il n'a pas été assez attentif, je l'ai corrigé.
Le jeune homme à la chevelure noire jette un œil à l'homme à terre, qui semble perdre beaucoup de sang.
-Ils sont en route, je veux que toute la marchandise soit transférée dans les cinq minutes. Aussitôt ses ordres donnés, tout le monde s'attelle à la tâche, afin de vider toutes les tables, allant vers le fond du hangar, où je devine qu'il doit y avoir des camions, ou quelque chose pour transporter toutes ces choses illégales.
-Et pour lui ? Demande l'auteur du tir en désignant l'homme troué d'une balle.
-Inutile. Après le dernier mot du patron, ce dernier quitte le champ de ma caméra, et cette fois-ci, je ferme brutalement les paupières, avant d'entendre le coup de feu.
Tremblant de toute part, mon fessier tombe à terre, et j'ouvre les yeux, fixés sur la caisse face à moi. Un homme vient de mourir. Un homme est mort. Un homme s'est fait tirer dessus. "Inutile". Et il mort. Rien qu'avec un mot, sa vie a pris fin. Je coupe difficilement la vidéo, avant de reculer maladroitement, jusqu'à me retrouver dans le coin du mur, caché par un caisson, mais jusqu'à quand ?
Je peine à réfléchir correctement, le bruit de la balle résonne encore dans ma tête. Je me recroqueville sur moi-même, comme si cela allait me protéger, alors que les larmes coulent par automatisme sur mes joues. Il fait soudainement froid, tellement froid.
-Putain, ils sont là !!
-Il reste les deux caisses d'armes au fond !
-On a pas le temps Lee, on bouge !
La prochaine chose que j'entends, ce sont les sirènes assourdissantes, et puis des bruits de tirs, beaucoup, de tirs. Je laisse mon téléphone tomber au sol, avant de plaquer mes mains sur mes oreilles, sanglotant de toute part, suppliant je ne sais trop quoi, pour qu'on m'accorde la vie sauve. Et ce, durant de long instants. Jusqu'à ce que finalement, la mort ne décide de m'agripper le bras. Et de me relever brutalement pour me coller face contre mur.
-Déclinez votre identité !! La mort parle ?
J'entends finalement de nouveau, il n'y a plus de coups de feu, plus de hurlement, juste celui qui vient d'atteindre mes tympans au final.
-Votre identité !! Répète la personne qui me maintient fermement contre le mur.
-J-Jeon.. Jun.. Jun.. Jung- Jungkook.. Déclaré-je dans un bégaiement incontrôlable.
-Plus clairement !
-Jeon.. Jung.. Jungkook.. Jeon Jungkook.. Je répète, toujours aussi faiblement, et après quelques temps d'attente, la pression sur ma nuque et sur mon bras devient moins dure.
-Jeon Jungkook, vous êtes en état d'arrestation pour suspicion de crimes en bandes organisés.
-Qu-quoi..?!
-Vous êtes libre de garder le silence, mais sachez que tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous si une action publique est engagée à votre encontre. Nous allons vous passer les menottes et vous amener au poste de police.
-Mais.. je-
-Avez-vous consommé de l'alcool ou de la drogue ?
-Je- non.. non..
-Minjun, tu t'en occupes ? Toujours aussi perdu, j'aperçois la silhouette du second policier s'approcher.
-Oui, je l'emmène.
-Attendez.. attendez ! Mon téléphone ! Il y a des.. des p-preuves ! J'ai.. j'ai filmé ! Les deux policiers observent dans la même direction que moi, et l'un d'eux allume sa lampe torche pour éclairer le coin où ma vie à failli s'arrêter.
Failli. Mais je suis en vie. La police est arrivée à temps !!
-C'est une pièce à conviction, les scientifiques le récupéreront.
-Allons-y.
[...]
Ce ne fût qu'après des heures d'interrogatoires et de garde à vue, de vérifications d'identité et d'informations, ainsi que de visionnage des vidéos de mon téléphone, que j'ai été innocenté. Je n'ai pas demandé d'avocat, juste de l'eau, et une dizaine de minutes de silence dans ma petite cellule, pour remettre mes idées au clair. Le sentiment de terreur était encore là. Et il l'est toujours d'ailleurs.
-Très bien Monsieur Jeon. Vous pouvez récupérer vos affaires personnelles. Votre téléphone ne vous sera pas rendu tout de suite, afin que l'on récupère les preuves. Un juge va se prononcer pour votre mesure de protection, en tant que témoin majeur de cette affaire, vous en aurez besoin, bien que pour l'instant, l'organisation criminelle n'a pas l'air d'être au courant de votre existence, et c'est mieux pour vous. Vous pouvez signer ici. Et, aussi, vous obtiendrait probablement une convocation, pour témoigner de ce que vous avez vu, lors d'un procès. Je serai vous, je prendrais également un avocat, juste pour vous conseiller dans toute cette procédure. Je prends le crayon, fébrile, avant de signer ma déposition, comportant dix pages.
Dont l'une est essentiellement dédiée à la description physique du patron. Je ne saurais dire pourquoi, mais c'est quelque chose qui m'a frappé.
-D'accord euh.. donc je vais pouvoir rentrer chez moi..?
-Oui, avant de partir, vous devriez passer par l'accueil, nous avons une cellule psychologique gratuite qui aide les victimes, pour ce genre d'événements.
-Oh, euh.. oui, merci.. Je me lève, encore perturbé par tout ce que je viens de vivre en moins de vingt-quatre heures.
Je n'ai pas dormi de la nuit, et je n'ai toujours pas sommeil.
-Merci à vous Monsieur Jeon. Vous venez d'aider la police et le NIS à démanteler un réseau criminel que nous traquions depuis des années.
-Et bien.. de rien ? Je suppose..
-Oh, et pour finir, signez juste ici. J'observe l'énième papier qu'il me tend.
Confidentialité, déposition, attestation, et j'en passe, qu'est-ce que c'est encore que ça ?
-C'est pour quoi..? J'observe la feuille blanche, avant de récupérer le crayon que le policier me tend, tout sourire.
-Je voudrais juste un autographe, vous serez dans les archives officielles des dossiers top secret, j'y tiens.
-Ah, si vous voulez.. Je signe une dernière fois, avant de saluer ce policier puis de me rendre à l'accueil du poste de police.
La cellule psychologique. Je pense que c'est une bonne idée, mais je suis tellement fatigué..
-Mh, bonjour, on m'a dit que je pouvais passer pour.. enfin, la cellule psychologique, qui est.. mh, gratuite ?
La vieille policière m'accorde un bref regard avant de me tendre un formulaire. Encore.
-Remplissez-ça, et venez le redéposer. C'est pour vos disponibilités.
-D'accord.. merci, je- je repasserais.
Oui, maintenant, j'aimerai juste aller dormir. Et oublier ce regard perçant. Et dire qu'il n'a même pas croisé mon regard, je n'imagine même pas ce que cela aurait produit en moi si cela était arrivé..
❝ ❞
Voilà pour le chapitre introductif ! Hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé :)
Le premier chapitre sortira officiellement courant novembre.
L'attente sera certes un peu longue, mais utile pour moi (je dois organiser mes idées haha).
Pour les nouveaux, bienvenue ! Si vous avez la flemme d'attendre, n'hésitez pas à visiter ma page wattpad, j'ai une dizaine de bouquins à mon actif :') Je fais partie des reliques de wattpad je crois :')
Allez, à bientôt !
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