Chapitre 5
XO - Eden
Les clefs en main, je prends la route.
Lorsque je pénètre à la lisière du sous-bois une voix masculine m'interpelle. Timaël.
- Juliette, attend je viens avec toi.
Il a peur que je me perde ou quoi ? Ou ... Oh non ! S'il est du genre à toujours vouloir sauver des demoiselles qui n'en n'ont même pas besoin, par principe, je m'en vais en courant.
- J'espère que tu n'es pas là pour porter les sacs de glaces au retour, sinon tu peux retourner t'asseoir avec les autres.
- Je me demandais seulement si tu allais avoir assez de muscles pour toute cette glace.
Je m'arrête et le regarde abasourdie. Non mais il est gonflé lui ! Le pire c'est qu'il l'assume ouvertement !
- Tu me prends pour un cornichon ou quoi ? Bien sûr que j'ai suffisamment de muscle !
Bon l'expression n'est pas la plus appropriée mais c'est vrai quoi, je ne suis pas faite en sucre ! Après avoir ri à mon humour toujours aussi exquis visiblement, il reprend contenance et dit :
- Je dois juste chercher un truc dans ma voiture.
- Mouais, tu te rattrapes bien. Souris-je soulagée, consciente que cette excuse est la véritable raison de sa venue.
- Mais si tu as besoin d'aide au retour ...
Je lui fais un sourire forcé comme pour lui dire « vraiment drôle ». Puis nous commençons à marcher côte à côte dans ce sentier, silencieux. Le coin est vraiment apaisant avec le ruisseau qui s'écoule un peu plus bas.
Soudain je sens Timaël tituber à mes côtés. Ah ben génial, un trajet dans une forêt avec un mec bourré, quoi de mieux ?
- La bière fait déjà son effet on dirait. Dis-je à moitié amusée et à moitié agacée.
- J'ai seulement un peu la tête qui tourne ! Un ventre vide et de l'alcool ça ne fait jamais bon ménage.
- Hein ? Tu es au régime ?
- Non, seulement parfois j'oublie de manger.
- Tu es sérieux là ?
Il se contente de confirmer en secouant la tête.
C'est bien la première fois que je rencontre quelqu'un qui oublie de se nourrir ! Est-il possible d'être atteint de perte de mémoire à seulement 19 ans ? On dirait bien. Ou alors il a une vie trop chargée et n'a pas le temps ? Plutôt triste de ne pas prendre un moment pour manger ... Inconcevable même.
- Ah, et bien plutôt problématique. Heureusement que le premier Homme sur terre n'était pas comme toi, sinon l'espèce humaine n'aurait jamais existé.
Je perçois son sourire amusé dans la faible lumière provenant de la lune et des quelques lumières qui jonchent le sol du sentier.
- Tu fais quoi là ?
D'un coup Timaël sort du sentier et descend sur une pente d'herbe au bord de l'eau.
- Je m'allonge quelques instants. Continue si tu veux et si tu n'as toujours pas besoin de mes bras. Dit-il malicieusement.
- Tes bras sont des flageolets, bien heureusement que je ne comptais pas sur toi. Dis-je en le rejoignant.
Je m'allonge près de lui sur l'herbe pleine d'humidité et après quelques instants dans le silence de la nuit, je prends la parole et brise les bruits apaisants de la forêt. Que m'arrive-t-il ? Est-ce que je serais entrain d'engager une conversation ? Impossible. Pourtant ...
- Je peux te poser une question ?
Timaël allongé sur le dos tourne simplement la tête de telle façon que nos regards se retrouvent face à face.
- Oui.
Il a vraiment des yeux captivants. La lune les rend translucides et brillants. Ils sont presque effrayants tant leur couleur est claire. Ils sont ... intrusifs.
- D'où vient ton prénom ?
Il réfléchit et répond à ma question simplement, malgré son apparence étrange. Je pense que je ne pourrais jamais dire pourquoi une question aussi stupide m'est venue à l'esprit et surtout, pourquoi je l'ai exprimé à voix haute. Note à moi-même : tourner une quinzaine de fois ma langue dans ma bouche avant de l'ouvrir. Si cela ne suffit pas, glisser un rouleau de scotch dans mes poches.
- C'est simple. Ma mère voulait m'appeler Timothy et mon père Maël. Je me suis donc retrouvé avec un mix des deux.
- Tu n'as pas l'air de l'aimer.
- Pas plus que ça effectivement.
Après un court silence, je reprends :
- Moi j'aime bien... Je trouve ça original. Je n'en avais jamais rencontré, avant de te connaitre.
- C'est sûr que ce n'est pas courant. Toi, tu aimes Juliette ?
Pas la seule à poser des questions débiles finalement. Rassurant. Est-ce que lui aussi se demande pourquoi il a posé cette question ? On pourrait créer une secte : Questions stupides et sans utilité.
- Pas vraiment non plus, trop simple.
- C'est parfois bien la conformité.
- Peut-être, mais l'originalité c'est toujours mieux.
Après un court instant Timaël se redresse brusquement sur l'un de ses coudes et me regarde intensément. Je me sens un peu comme une enfant allongée de cette façon sur l'herbe. Son regard ne fait que renforcer mon envie de devenir une brindille d'herbe.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Demandais-je comprenant qu'il ne compte pas justifier son comportement bizarre.
- Tu es trop imprudente.
Son ton est devenu sérieux et son visage n'exprime plus aucune sympathie. Ok ... En tout cas si je veux casser l'ambiance un jour, je l'appellerai. Il est très efficace visiblement.
- Qu'est-ce que tu dis ? Ris-je
- Je pourrais te sauter dessus maintenant.
D'accord ... Ben super écoute. Ensuite ?
- Tu es entrain d'insinuer que tu pourrais me violer ?
- Oui.
Bon au moins il me prévient, c'est déjà ça ... Euh en fait il devient vraiment bizarre. Je suis supposée prendre mes jambes à mon cou là ? J'imagine que ce n'est pas nécessaire. C'est Timaël, pas un inconnu. Quoi que, je ne le connais pas vraiment tout compte fait.
- Ok ... Mais tu ne m'apprends rien. Je sais bien que tu as tout ce qu'il faut pour faire ça. Je ne crois pas que tu en serais capable en revanche.
Je ne comprends pas vraiment où il veut en venir. Son regard m'intimide à présent et je déteste ça. Non mais c'est vrai, qu'est-ce qui lui prend ? Avant que je puisse me redresser, il enjambe mon corps et se place au-dessus de moi en saisissant mes poignets les plaquant de part et d'autre de mon visage. Euh ... Hein ?!
- Croire n'est pas suffisant. Tu sous-estimes les hommes. On peut te toucher simplement parce que l'envie nous prend, sans ressentir aucun sentiment à ton égard.
- Je connais la définition du viol merci. Tu peux me lâcher à présent ?
- Tu ne sais rien.
Je ne sais plus où donner de la tête. Je ne sais même plus quoi lui répondre, si même ma repartie ne fonctionne plus c'est qu'il m'embrouille complètement. La seule phrase que j'arrive à formuler et sans doute la plus stupide de mon existence ...
- Je peux me débarrasser de toi dès que je le veux.
Si j'étais à sa place, je me serais ri au nez.
- J'attends.
Sans vraiment avoir le choix je me transforme en asticot géant mais, bien entendu, Timaël ne bouge pas d'un centimètre. Super ... Toute crédibilité perdue, disparue je dirais même.
- Je ne veux pas te faire mal c'est tout.
C'est dans ces moment-là que je me pose de sérieuses questions sur l'état de mon cerveau. Un truc un peu moins débile c'est impossible ? Même moi je n'y crois pas. Timaël ne perd pas son sérieux bien trop oppressant d'ailleurs. Comment fait-il pour garder cette expression avec toutes les débilités que je débite à la seconde ?
- Méfis-toi Juliette, tu ne connais pas nos réactions. Ce soir si ça n'avait pas été moi, tu aurais pu tomber sur un gros porc qui se fiche complétement de ton consentement ou non.
Il descend enfin de moi et c'est à ce moment-là que je réalise ce qui vient réellement de se passer. Pourquoi a-t-il fait ça ? Je veux dire on se connaît pas vraiment alors pourquoi se comporter de la sorte ? Il a eu une réaction de grand frère, mais pourquoi prendrait-il ce rôle comme ça, au milieu de rien ? Peut-être est-ce dans sa nature d'être protecteur, ou bien est-ce son ego qui se gonfle lorsqu'il se sent utile d'avertir les jeunes femmes de la réalité du monde dans lequel nous vivons ? Ou simplement un violeur qui aurait l'infini bonté de me prévenir sur ce qu'il s'apprête à faire.
Perdue dans mes profondes réflexions, je ne remarque pas qu'à présent Timaël est debout. Il me regarde avec une lueur d'inquiétude. Mon visage en pleine consternation et mon corps allongé, immobile sur le sol ne doivent pas le rassurer.
Timaël me tend la main pour m'aider à me lever et dit :
- Ça va ? J'y suis allé peut-être un peu trop fort ...
Voir ses soudains regrets traversés son visage me donne l'envie de lui dire en rigolant que non, ça ne va pas, mais je me sens comme fatiguée et lente. Une chose est sûre, je suis à deux de tensions vu le temps que je prends à saisir sa main et à me relever.
- Non ça va. Je ne m'attendais pas à ça c'est tout.
- Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça. Savoir que tu pourrais agir comme tu agis avec moi avec un autre, un parfait inconnu, ça m'a ...
Si même lui ne comprend pas le pourquoi du comment alors cela restera un mystère pour nous deux. Remise de mes émotions je le coupe dans sa tirade qui le rend visiblement assez mal à l'aise.
- T'inquiète c'est bon. On va chercher les sacs de glaces maintenant ?
Quelques minutes plus tard, dans un silence qui me permet de reprendre mes esprits, nous arrivons enfin devant la fameuse porte. J'enfonce ma main dans ma poche, puis dans ma deuxième et dans toutes les poches que je possède. Oh non... Elles sont nulle part ! J'ai perdu les clefs ! Je regarde Timaël paniquée.
- Qu'est-ce que tu as ? Me rigole-t-il au visage.
Je ne trouve absolument pas la situation amusante, elle est même catastrophique !
- Il faut qu'on fasse le trajet dans le sens inverse, viens dépêches toi !
- Quoi ? Pourquoi ?
- J'ai perdu les clefs !
Soudain j'entends un rire éclaté alors que je suis déjà en route. Timaël est plié en deux à mes côtés, qu'est-ce qui lui arrive encore ?
- Timaël arrête de rire une fois dans ta vie veux-tu ? J'ai perdu les clefs, y'a rien de drôle !
- Excuse-moi, c'est juste qu'on dirait que c'est la fin du monde.
- Ça l'est !
Tout à coup il brandi les clefs sous mon nez.
- Quoi ?! Tu ne pouvais pas me le dire avant ?
- Tu ne m'en as pas vraiment laissé le temps.
- Tu n'avais qu'à me couper ! J'ai failli faire une crise cardiaque ! J'ai cru que tout le monde aller mourir de déshydratation par ma faute et surtout que moi, j'allais mourir étrangler par Hannah !
Est-ce étonnant si je dis que Timaël est entrain de ricaner, enfin de se moquer de moi conviendrait mieux.
- Ouvre la porte et tais-toi.
- Oui madame. Ta tête aurait quand même mérité une photo.
- Abruti.
Je passe devant lui avant même qu'il est le temps de pénétrer dans l'habitacle, un sourire aux lèvres.
La soirée s'est avérée être très agréable, Mary est vraiment gentille et la musique est bonne. Je reviens m'asseoir sur les troncs d'arbres, les pieds en bouillis. On peut dire que Hannah, William et moi avant enflammés la piste de dance. Au début nous étions pratiquement seuls mais notre folie est devenue contagieuse et plusieurs personnes se sont joint à notre danse des plus sportives.
En tout cas, j'en pu conclure que William est à nouveau célibataire, puisqu'il a fait un mélange de salive assez intense avec un inconnu. J'ai d'ailleurs plusieurs fois surpris le regard d'Isaac sur eux mais à chaque fois il l'a détourné très rapidement. Je ne suis même pas sûre d'avoir bien vu.
J'en ai aussi conclu que Hannah et Harry sont toujours aussi amoureux et que moi, je suis seule. À mon plus grand bonheur, un copain s'est encombrant et ça fait toujours mal au final.
Nous sommes tous assis en rigolant aux remarques d'Ethan, lorsque j'entends une voix que je reconnais que trop bien. Merde.
- Juliette !
J'entends déjà Ethan et Nate qui sont à veille de se faire dessus tant ils s'amusent de la situation.
- Louis ...
- Tu ne me dis pas bonjour ?
- Bonjour.
- Je parlais d'un bonjour plus ... affectueux.
Euh ? Est-ce que j'ai bien entendu là ? Ark ! Rien que l'image fait monter ce liquide acide dans ma gorge. Jamais de la vie ! Plus jamais du moins ...
- Tu devras te contenter du bonjour à très longue distante.
- Pourtant la dernière fois, la distante tu l'as vite parcourue.
Il n'en faut pas plus pour que Ethan lâche un rire profond, au bord de la crise de larmes. J'aimerais vraiment rire de la situation avec lui, je suis même à deux doigts d'éclater d'un rire jaune. Il est sérieux ? Il en a tout l'air ...
- La distance s'est parcourue parce que j'ai trébuché. J'avais définitivement trop bu, alors oui effectivement j'ai pris un peu plus de temps à retirer mes lèvres des tiennes mais je t'assure que ce n'était pas un baiser.
Louis se contente de me faire un sourire qui dit « t'inquiète je sais, tu es gênée parce qu'il y a du monde ». Oui, ce genre de sourire qui veut dire vraiment beaucoup de chose. Je lui réponds par un haussement un sourcil comme pour « non, toujours pas ».
- Timaël ?
Tout à coup Louis se retourne pour faire face à Timaël. Ils se connaissent ? Ne me dites pas qu'ils sont amis, j'avais pourtant commencé à sympathiser avec lui.
- Comment tu vas ? Ça fait longtemps que l'on ne s'est pas vu.
Timaël lui fait un regard noir. Ok ils n'ont pas l'air si amis finalement. Il l'a peut-être lui aussi embrassé sans faire exprès ?
- Vous vous connaissez ? Demande Nate, tout aussi curieux que moi.
- Ben oui. Rigole Louis, comme si c'était évident. On traînait ensemble avant.
- Sérieusement ? Interroge une fois de plus Nate en s'adressant exclusivement à Timaël.
- Juste une vague connaissance.
- Vague connaissance, tu exagères. Tu connaissais tous mes goûts, et puis les rendez-vous étaient quand même réguliers.
Après un réel regard meurtrier, Louis toujours sourire aux lèvres s'éloigne en lançant un simple « à bientôt ». Je n'espère pas non ...
- Ethan, Isaac vous pouvez me ramener chez moi ? Demande Timaël.
Après un simple hochement de tête les trois silhouettes se perdent dans l'obscurité.
Que vient-il de se passer ? Est-ce que Louis a insinué qu'ils avaient des rapports ... intimes ? Timaël ne peut pas être gay, je veux dire ce genre de chose se ressente habituellement non ? Peut-être qu'il n'est pas d'un bord défini ? Non, il a vraiment l'air d'aimer les femmes, il n'y a qu'à voir comment il les regarde, rien de pervers seulement son œil est instinctivement attiré par les courbes féminines, jamais son regard a trainé sur un garçon. Je suis perdue, peut-être que Louis chercher cette confusion, il avait l'air d'apprécié de le faire chier en restant vague tout en insinuant une quelconque attirance. C'est bien son genre de faire ça.
**
Le chapitre 5, qui, miraculeusement n'a pas trop tardé !
Le 6 et le 7 vont arriver très vite aussi et je ralentirai la cadence après 😬😂
Sinon, que pensez-vous de la réaction de Timaël ? Quelque peu excessive non ?
Et alors, la rencontre avec le Fameux Louis ? Avez-vous réussi à le cerner ?
En espérant que ça vous a plu,
A bientôt !
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