Chapitre 3
Some Way - NAV ft. The Weeknd
Point de vue de Timaël :
Cela fait à présent un peu plus d'une semaine que les vacances d'été sont finies et qu'une deuxième année de faculté débute. Tout du moins la première pour moi dans cette université. New-York est la ville où je vis, mais pour certaines raison, l'année dernière, j'ai dû aller étudier dans le Minnesota.
Depuis cette rentrée, Juliette m'ignore totalement pendant qu'Amy me tape sérieusement sur les nerfs. Elle commence à s'attacher et pourtant, elle sait tout aussi bien que moi que nous ne sommes pas véritablement ensemble. Je ne compte aucunement faire ma vie ou quoi que ce soit d'autre avec elle, et elle était supposée penser la même chose. Cependant, elle semble avoir oublié tout ceci ces derniers temps.
Mais ce qui m'agace plus qu'Amy, c'est l'attitude de Juliette.
Celle-ci agit comme si j'étais un étranger, ce qui est tout compte fait, un peu le cas. Mais il y a eu cette sorte de connexion, d'étincelle lors de notre première rencontre. Rien d'amoureux, seulement un lien profond et fragile. Et je sais très bien qu'elle l'a ressenti aussi. Néanmoins elle ne me porte plus aucune attention particulière. Elle me dit bonjour mais ça s'arrête là. Elle m'est complètement indifférente et le pire, c'est que je pourrai presque croire qu'elle ne le fait pas exprès. Sa manière de faire est si naturelle qu'elle paraitrait vraie.
C'est depuis la dernière fois que son comportement a radicalement changé enfaite. Quand elle a rencontré Amy. Pas vraiment étonnant quand on y pense, puisque je suis censé être en couple avec elle et donc aimer la personne qu'elle est. Chose impossible.
Je ne peux dire ce que j'ai provoqué en elle avec certitude, mais une chose est sûre, ce n'est pas un sentiment positif. A vrai dire elle ne laisse transparaitre aucune émotion, son regard vif est certain. Elle ne le détourne jamais trop tôt ou bien trop tard. Rien qui pourrait refléter une quelconque émotion. Elle est effroyablement forte pour dissimuler ce qu'elle ressent. Si je n'étais pas si sûr de moi, je douterais que ce soit véritablement intentionnel.
Je ne suis pas vraiment du genre à courir après une fille, ou après qui que ce soit d'ailleurs. Mais Juliette m'attire comme un aimant. Je ne comprends pas vraiment pourquoi. Elle n'est pas la plus belle femme que j'ai rencontrée. Elle n'a rien à voir avec Amy ou avec toutes celles qui m'ont plût jusqu'à présent. Ce n'est pas du tout mon type de fille habituel. Je préfère les femmes voluptueuses, sans que ça ne devienne vulgaire non plus, bien entendu.
Juliette n'a pas une poitrine qui m'a interpellé ou bien des hanches qui ont attiré mon attention. Elle est fine et grande alors bon, il serait effectivement un peu difficile qu'elle est plus de courbe. Mais chez elle ce n'est pas même la finesse de son visage, ses yeux pétillants ou bien sa bouche charnue qui m'attirent.
C'est la première fois de ma vie qu'une fille me captive ainsi, et ce sans regarder son corps, bien qu'elle ne soit pas déplaisante à observer non plus.
Mais j'ai cette impression qui persiste, celle de la connaître, de l'avoir déjà vu. Comme si on avait été des amis d'enfance. Ou bien comme si elle avait réussi à heurter mon esprit par ses dires.
Je ne sais pas ce que je lui trouve réellement en fait. Je n'en ai aucune idée et je pense que je ne le saurais jamais. Tout ce que je peux affirmer c'est qu'elle a quelque chose de bouleversant. Elle me transcende, me donnant pour impression de revivre un souvenir à chaque fois que j'entre en son contact.
Cette fille a réussi à me séduire seulement avec ce qu'elle émane et pour cela, elle m'attire d'autant plus.
Point de vue de Juliette :
L'année dernière nous avons décidés d'entrer à sept dans un club de natation et aujourd'hui, nous devons nous y rendre afin de renouveler notre inscription.
Mais le problème se révèle être qu'ils ont tous au moins encore trente minutes de cours. Ce qui fait que je dois attendre avec la seule personne qui comme moi finit à 17 heures aujourd'hui, Timaël.
Le silence qui règne depuis plusieurs minutes est comme on pourrait l'appeler, vraiment pesant. Cependant, je suis bien. Ces silences ne me rendent absolument pas anxieuse, ils me permettent de réfléchir en profondeur à ma vie. J'établie par exemple mon emploi du temps, qui s'avère être particulièrement chargé. Nourriture, douche et séries sont au programme, une soirée haute en couleur.
Timaël en revanche, a l'air bien moins à l'aise. Triste pour lui mais j'ai encore pas mal de choses à planifier. Je ne compte pas rompre ce silence. Mais si tôt dit, si tôt fait, ce n'est pas moi mais lui qui vient entacher le doux bruit du vent.
- Juliette ?
C'est bien moi, oui. Il croit peut-être que je suis atteinte de perte de mémoire ? Ou bien il veut me prouver qu'il se souvient de mon prénom ?
- Mmh ?
- Je ne te voyais pas comme ça. Me dit-il sur un ton pensif et neutre.
Euh ... Ok ? Cette remarque est-elle négative ou positive ? Je dirais négative, même si son ton n'évoque aucune déception particulière. Mais d'après moi, un sourire aurait accompagné sa bouche si cela supposé un compliment.
Il veut peut-être me faire culpabiliser ? Peut-être qu'il est un psychopathe qui m'observe ! Il est au courant de mes péchés si c'est cela. J'assume l'entière responsabilité d'avoir fait semblant de ne pas voir que le lave-vaisselle était à vider hier soir. Ou encore d'avoir perdu un livre qu'on me réclame depuis plus de quatre mois à la bibliothèque. Ou encore ... Fin bref ! Pas de quoi aller en enfer. Si ?
- Ah. Et bien comme ça, nous sommes deux.
- Mais à la différence de toi, j'ai de quoi te juger.
Ben bien sûr.
- Ah bon ? Et en quoi ?
- Tu me juges sans connaitre mes raisons.
Mon procès vient de commencer on dirait. Allons-y. Peut-être que cette heure sera moins longue que prévue. Quoi que, dépendamment la tournure de cette conversation elle peut s'avérer encore plus ennuyeuse. Je préfère ne pas imaginer le pire.
- D'un je ne te juge pas, et de deux je me fiche pas mal de tes raisons.
- Justement, le problème est là. Tu fais des conclusions hâtives puisque mes raisons ne t'intéressent pas.
- Aucune conclusion hâtive en vue, désolée.
- Juliette, je ne suis pas débile. Ton comportement envers moi a complètement changé
depuis ta rencontre avec Amy.
- Je te vois différemment c'est tout.
- J'ai remarqué. Tu me prends pour un mec pas très fiable ? Un bad-boy comme on dit.
En plein dans le mille. Mes oreilles ne peuvent s'empêcher de frétiller face à ce mot affreux.
- Je n'ai pas vraiment d'avis te concernant pour tout te dire.
Il lève les yeux au ciel dans un mi sourire, mi soupir. Et oh ! Un peu de respect pour mon petit mensonge qu'il a apparemment deviné, pas si imbécile que ça le coco. Remarque je viens de me contredire, il ne faut pas un QI de 180 pour comprendre.
- Amy n'est pas véritablement ma petite amie. Je n'ai jamais vraiment désiré être avec elle.
- Tu es doté d'un grand sens de générosité dans ce cas. Tout à ton honneur.
Face à ma remarque il rit. Décidément si un jour je doute de mon humour, je viendrais le voir, histoire de reprendre confiance en mon ironie.
- A vrai dire, c'est totalement égoïste. Je le fais pour moi. Mes parents ne me lâchaient pas. Et je n'avais jamais penser qu'Amy pourrait développer des sentiments.
Pourquoi il commence à me raconter sa vie ? L'ai-je poussé à se confier ? Il ne me semble pas. Il faut que je l'arrête, je ne suis vraiment pas une oreille attentive surtout lorsqu'il s'agit de me compter sa vie. En plus, il me prend pour une imbécile.
- Pas de ça avec moi Timaël. J'ai une cervelle.
- Je le sais et c'est pour cela que je me justifie. Je suis sérieux.
Ah ! S'il se justifie, peut-être vais-je passer à côté du déballage de sa vie.
- On est au XXIème siècle, en plein New-York. Permets-moi de douter de ton histoire de mariage arrangé.
- Je n'irai pas jusqu'au mariage. Mais nos parents se connaissent depuis toujours et nous savoir ensemble les rends heureux alors ...
- Tu fais ça pour voir tes parents heureux ? Tu sors avec elle, sans l'aimer, juste pour les beaux yeux de tes parents ?
Je ne peux m'empêcher de rire face à son histoire qui ne tient pas la route.
- J'ai dit que c'était égoïste. Je ne fais rien pour eux, ça, tu peux me croire. Ils me fichent la paix comme ça.
- Ah ! Encore mieux. Tu sors avec elle seulement pour que tes parents te lâchent ?
- En gros, oui.
Je hoche la tête et nous nous taisons. Ce garçon est, je dois l'avouer, intriguant. Aujourd'hui, il ressemble davantage à celui que j'ai rencontré. Malgré tout, son visage agressif de la dernière fois me refroidi toujours. Mais au fond, peut-être était-il de mauvaise humeur ? Lorsque je le suis, je me comporte bien plus méchamment. Et puis je ne connais pas sa vie, ni sa relation avec Amy. Je l'ai jugé trop vite sans même le connaitre un tant soit peu. Pourtant je ne juge jamais sans raison, simplement parce que je ne perds pas mon temps à critiquer les fautes des autres. Je n'en ai rien à faire. Alors pourquoi l'ai-je jugé lui ? Pourquoi je n'ai pas été indifférente comme à chaque fois ? Pourquoi je n'ai même pas remarqué mon comportement ? Pourquoi réagir comme ça m'a semblé la chose la plus sûre à faire ?
Pour la première fois depuis cinq ans, je n'ai pas su m'analyser. Et cela me fait peur, car si je n'arrive plus à être claire avec moi-même, comment pourrai-je comprendre les autres afin de les repousser plus aisément ?
L'odeur du chlore a toujours cet effet nostalgique sur moi. C'est une des seules choses, voir la seule, que je n'ai pas su éloigner de moi. Toutes les activités que je pratiquais dans, comme j'aime l'appeler, mon ancienne vie, ne font plus parties de moi. Elles faisaient ressurgir des souvenirs trop agréables, tant qu'ils ont tous finis par me donner la nausée. Mais la natation a résisté. Elle fait partie de moi plus que tout. Elle me définit. Le seul moment de faiblesse que je m'accorde est lorsque je laisse l'eau m'engloutir. Faire tomber mes barrières pendant quelques heures me rend plus forte surtout lorsqu'il est temps de revenir sur la terre ferme et de les reconstruire. Elles sont plus solides et il y en découle une énergie nouvelle.
C'est le seul moment, le seul endroit où je me sens en paix avec moi-même. Tout laisser tomber était impossible malgré ces millions de souvenirs qui surgissaient dans mon esprit à chaque fois que mon corps pénétré l'eau. Ils ont bien failli me noyer, plusieurs fois, sans mauvais jeu de mot.
J'avais dix-huit mois lorsque j'ai pris mon premier cours de natation, fin je ne sais pas vraiment si l'on peut véritablement appeler ça un cours.
Pour mon père, il était indispensable que ses trois filles sachent nager. Il avait une formation de moniteur sportif de natation, c'est lui qui m'a enseigné toutes les bases. C'est aussi lui qui m'a poussé au collège à participer à des compétitions de plus en plus importantes. Je lui dois mon niveau actuel, je lui dois beaucoup de choses à vrai dire.
L'entrainement de deux heures est maintenant fini. Pour une reprise le coach n'y est pas allé de main morte. Je le soupçonne d'ailleurs d'être sadomasochiste. Je sais bien qu'il ne rigole pas et qu'il prend les qualifications très à cœur, moi aussi, mais à peine inscrit nous étions déjà dans l'eau.
Notre club compte vingt-trois personnes, fin vingt-cinq maintenant qu'une fille et Timaël se sont ajoutés à la liste. Hormis sa musculature, que j'ai d'ailleurs à peine vue, fin j'ai peut-être un peu regardé mais très très rapidement ... Bon peut-être que mes yeux ont un peu trainé, mais vraiment légèrement. Enfin bref, tout cela pour dire qu'il n'a pas l'air d'un débutant.
Nous sommes devant le bâtiment du club seulement depuis quelques minutes et je tremble déjà de tous mes membres. Ça m'apprendra à de pas me sécher les cheveux.
- Harry ? Qu'est-ce que tu fais là ? S'écrie Hannah.
Celle-ci court vers lui et l'embrasse amoureusement.
Ils sont ensemble depuis trois ans maintenant et c'est le couple le plus solide que je n'ai jamais rencontré. Ils ont eu des moments difficiles, comme tous les couples je suppose, mais je ne les ai vu que très rarement en conflit.
C'est aussi le seul couple qu'il m'arrive d'envier, c'est pour dire à quel point ils peuvent être mignons. Quand on les connait un tant soit peu, on a l'impression qu'ils sont inébranlables, qu'ils sont plus solides que la pierre. C'est le genre de couple que personne ne peut imaginer séparer. Et puis Hannah rayonne lorsqu'elle est à côté de lui. C'est la meilleure chose qui lui soit arrivé, il l'apaise mieux que quiconque, mieux que moi. Il pense ses plaies aussi. Elle n'a pas grandi dans un milieu familial aimant. Ses parents se consacrent entièrement à leurs travails. Je me demande comment ils ont trouvé le temps pour procréer deux jeunes filles. Hannah a une grande sœur, mais elle n'est pas d'un grand soutien émotionnel non plus.
Sa famille vise l'excellence sans compter les dégâts que cela peut engendrer. Hannah s'est déjà rendue malade pour un simple examen trimestriel, et encore aujourd'hui ses études sont une de ses priorités. Elle ne supporte pas de les décevoir, alors qu'ils la déçoivent sans cesse. Je vois ses parents comme des tyrans, ils la rabaissent sans cesse, lui donnant pour magnifique exemple sa sœur. Je détesterai qu'on me compare sans arrêt à Emma.
En résumé, Harry est un cadeau de Dieu, bien que cela fasse bien longtemps que j'ai perdu la foi. Et ce malgré, les réprimandes des parents de Hannah qui le juge comme étant un divertissement inutile pour leur fille, et qu'ils le jugent comme n'étant pas à la hauteur de leur renommée alors qu'il intègre tout de même Harvard l'année prochaine.
**
Et voici le 3ème chapitre qui a quelque peu tardé ... Je ne suis vraiment pas assidue. J'ai eu une énorme baisse de motivation mais je compte bien me battre contre elle ! Je n'arrête pas de remettre cette histoire qui, nous pouvons le dire, est cucu. Mais je l'aime pareille alors tant pis, une fois finie j'écrirai quelque chose qui me ressemble davantage :)
Sinon que pensez-vous des impressions de Timaël par rapport à Juliette ? Emettez des hypothèses !
La discussion sur la relation de Timaël et Amy est, elle aussi, assez étrange non ?
Et enfin, votre sentiment par rapport à Harry ?
A bientôt ;)
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