9. Mebuki entre en action
De retour à leur chambre d'hôtel, Sakura et Shino y entrèrent avant que la porte ne se referma derrière eux. Revoir tous ses amis avait été une chose éprouvante pour la rose mais Kakashi, ça l'avait été encore plus. Malgré qu'elle ne se trouvait plus en sa présence, son cœur battait toujours aussi rapidement que lorsqu'elle s'était retrouvée seule à seule avec lui. D'une main tremblante, elle la posa sur son cou. Elle pouvait toujours sentir ce doux baiser qu'il lui avait déposé sur son cou juste avant que leurs lèvres n'étaient qu'à quelques centimètres de se toucher. La rose n'avait eût d'autres choix que de l'arrêter dans sa lancée, par respect à Juro qui l'attendait patiemment au Pays des Rivières. Puis, si elle voulait officiellement passer à autre chose, elle se devait d'apprendre à voir Kakashi, sans qu'il n'y ait de rapprochement entre eux. Après tout, Ai finirait par connaître son père et si Kakashi désirait aussi en avoir la garde, elle n'avait pas l'intention de lui en empêcher. Ainsi, ils seraient amenés à se voir souvent et ils se devaient d'entretenir un bon lien d'amitié pour le bien-être de leur fille.
Dans un soupir, la fleur de cerisier se laissa tomber sur le matelas du lit. Alors que ses yeux verts fixaient le plafond, elle sentit le matelas courbé sous l'effet d'un poids supplémentaire. Du coin de l'œil, elle remarqua que Shino s'était assis sur le matelas, les coudes appuyés sur ses cuisses. Alors qu'il avait enlevé ses lunettes noires, son regard la fixait avec intensité.
— Quoi ?
— Est-ce que tu n'aurais pas quelque chose à me dire, par hasard ?
— Je…
La jeune femme sentit ses joues se réchauffer. Honteuse, elle détourna ses yeux de ceux de son ami.
— Pas du tout. Je ne vois pas de quoi tu parles.
— Tu en es sûr ?
— Ne me dis pas que tu nous a vu ! s'exclama la rose en se relevant à l'aide de ses bras.
— En toute honnêteté… oui.
Dans un second soupir, Sakura se laissa retomber.
— Bon sang… ! J'étais loin de me douter que tu pouvais me voir de la voiture.
— Vous étiez un peu dans mon champ de vision. J'ai cru voir que vous étiez à deux doigts de vous embrasser.
— Oui mais je l'ai arrêté.
— À cause de Juro, j'imagine.
Sakura hocha de la tête.
— Ça fait du sens. Après tout, tu le fréquentes parce que tu as décidé de passer à autre chose.
La rose ne répondit pas. Ses yeux verts qui fixaient toujours le plafond trahissaient un sentiment de chagrin. Shino savait que quelque chose semblait la troubler mentalement.
— Qu'est-ce qu'il y a, Sakura ?
— Il m'a déposé un baiser sur mon cou.
— C'est vrai ?
— Hum, dit-elle en acquiesçant de la tête.
— Qu'est-ce que tu as fait ?
— Sur le coup, j'ai été choqué mais en même temps, j'ai trouvé ça agréable. Ça m'a remémorer les moments que j'ai passé avec lui, ces baisers qu'il avait l'habitude de me donner…
— Ça te manque ?
Si les baisers que Kakashi lui manquait ? Oui, dans un sens, même si elle ne pouvait plus être avec lui. Bien entendu, lorsque ses lèvres étaient sur le point de toucher les siennes, une partie de son âme avait souhaité qu'ils échangent ce baiser. Elle voulait revivre ces instants magiques qui étaient disparus, cinq ans auparavant. Or, sa logique avait été plus forte que son instinct et elle l'avait arrêté sur sa lancée. Bien qu'elle n'était pas en couple officiellement avec Juro, elle se serait mal vu embrasser son ancien copain alors qu'elle commençait tranquillement à développer une relation avec Juro.
— Je ne répondrai pas, finit-elle par dire.
— Ça veut dire oui.
— Shino…
— Sakura, tu te souviens de la discussion que nous avons eu dans la voiture, n'est-ce pas ?
— Bien sûr que je m'en souviens.
— Alors, tu sais ce que j'en pense. Tu refuses de voir que tu es toujours amoureuse de Kakashi.
— Je ne suis plus amoureuse de lui ! dit-elle sèchement.
Ou… l'était-elle ? Après tout, si elle ne ressentait plus rien pour lui, pourquoi son cœur s'était mit à battre rapidement dans sa poitrine, au simple contact qu'il avait eu envers elle ? Était-ce du stress ? Des sentiments d'amour plus profond qu'elle n'ose se l'imaginer ? Non ! Forcément, il devait s'agir de l'anxiété. Il n'y avait aucune autre explication.
— Je suis désolée. Je ne voulais pas que ça sorte ainsi.
— Ce n'est pas grave.
— Écoute, Shino. Je croyais que j'avais été clair lorsque j'ai dit que je voulais accorder une chance à Juro.
— Bien sûr que tu as été claire.
— Alors, pourquoi est-ce que tu ramène sur le tapis que j'aime encore Kakashi ?
Parce que c'était la vérité. De sa voiture, Shino avait pu voir sa réaction lorsque l'argenté s'était collé à son amie. De loin, il avait pu sentir tout cet amour qu'il ressentait envers Sakura. Un amour qui semblait être partagé mais dont la rose était aveuglée par la peur de franchir le cap. Le brun ne comprenait pas pourquoi la jeune femme avait si peur de Emiko. Elle était loin de faire aussi peur qu'elle le prétendait. La preuve : il avait été en mesure de lui dire le fond de sa pensée et ne lui avait pas donné l'occasion d'argumenter plus qu'elle ne l'avait fait. Bien que Emiko était une belle femme, Sakura était encore plus belle qu'elle et le brun comprenait pourquoi Kakashi était tombé sous le charme de la rose.
Par dessus tout, Shino savait que Sakura éprouvait encore des sentiments envers le père de sa fille. Ça en sautait les yeux, d'autant plus qu'elle avait trouvé agréable ce baiser qu'il lui avait déposé sur son cou, ce qui laissait signifier qu'il y avait toujours une étincelle entre eux. Au fond de l'âme de la fleur, cette étincelle se battait pour continuer à flamber, peu importe les choix que la rose choisissait. Elle avait un désir ardent de se battre pour l'amour de cet argenté qu'elle n'avait jamais oublié. Alors que Sakura disait qu'elle se sentait bien avec Juro, Shino avait le pressentiment que le jeune garçon ne réussirait jamais à rendre son amie aussi heureuse que par le passé. Malgré qu'il ne l'avait pas connu lorsqu'elle était en couple avec Kakashi, le simple fait de voir les étoiles dans ses yeux lorsqu'elle parlait de tous ces moments passés en sa compagnie lui avait fait comprendre qu'il avait été bien plus qu'un amoureux. Kakashi avait été un coup de foudre mais il était aussi bien plus que ça… si ça se trouvait, il était l'homme qui pourrait passer le restant de sa vie avec la rose. Du moins, si elle finissait par se réveiller sur ses véritables sentiments.
L'Aburame ne voulait pas être celui qui allait forcer la jeune femme à devoir s'ouvrir les yeux. Après tout, c'était à elle de le faire. Néanmoins, le brun ressentait que son amie faisait tout pour se persuader qu'elle n'était plus amoureuse de son ancien amoureux. Sakura tentait de se convaincre elle-même alors qu'elle n'était même pas certaine de ce qu'elle ressentait et c'était une chose qu'il ne pouvait se résoudre à la laisser agir de la sorte. C'était en grande de sa faute si elle en était venue au point de vouloir accorder sa chance à Juro, même si elle aurait pu refuser. Ainsi, il se devait de réparer cette erreur qu'il avait faite même si pour cela, il devait faire face aux foudres de sa meilleure amie. « Comment ? » était la question qu'il lui restait à élaborer.
— Je suis désolé, finit-il par dire. Je ne t'en parlerai plus, c'est promis.
— Ça ne fait rien. Dit Shino, tu crois que nous pourrions nous mettre en route ?
— Quoi, maintenant ? Je croyais que nous devions dormir ici cette nuit avant de repartir demain matin.
— En théorie, oui, mais je ne me sens pas très bien… j'ai envie de retourner à la maison.
— Très bien. Alors, ramassons nos effets personnels et nous nous mettrons en route.
— Merci.
Le brun lui fit un petit sourire avant de partir préparer son sac. Le regard triste, la rose porta son regard sur la baie vitrée qui donnait une vue sur la ville parsemée de ses arbres fleurs de cerisiers. Les pétales qui se détachaient des arbres volaient au gré du vent avant de se déposer avec douceur sur le sol. D'une main, elle ouvrit la porte coulissante et sortit sur le balcon. Ses yeux refermés, elle huma l'air pur et doux qui possédait une légère teinte florale des fleurs qui parsemaient la ville de leurs parfums. Ses cheveux roses qui dansaient dans tous les sens, le regard émeraude de la rose s'était perdu dans le vague.
— Sakura ?
La voix de Shino la sortit de ses songes. Elle secoua sa tête vivement afin de se ressaisir avant de se retourner vers son ami. Son sac à la main, celui-ci l'attendait à la porte.
— Tu n'as pas préparé ton sac ?
— Je suis désolé, j'y vais de ce pas. Tu n'as qu'à m'attendre dans le hall d'entrée.
— Très bien.
Sur ces mots, le brun sortit de la chambre tandis que la jeune femme se mit à paqueter ses effets personnels qu'elle avait sortit de son sac de voyage. Une fois le tout terminé, elle déposa la gance sur son épaule avant de s'emparer de la carte magnétique qu'elle donna à la réceptionniste, lorsqu'elle fut arrivée dans le hall.
— Tu es prête à y aller ?
— Oui.
Les deux adultes sortirent du bâtiment afin de regagner la voiture de Shino. Une fois qu'ils furent installés, l'Aburame démarra le moteur de son véhicule. Les mains posées sur le volant, il se mit en route en direction de la sortie de la ville pour retourner au Pays des Rivières.
Après une journée et demie de route, la voiture de Shino entra dans le quartier dans lequel sa meilleure amie habitait. Devant la maison de la rose, il gara le véhicule sur le bord de la route. Alors que Sakura commençait à se détacher, au loin, la porte de la maison s'ouvrit rapidement pour laisser une petite fillette bien enthousiaste de retrouver sa mère.
— Maman !
Un sourire radieux sur ses lèvres, Ai courut à grands bras ouvert vers sa mère avant de se jeter dans ses bras, dans un rire enfantin et joyeux.
— Tu m'as tellement manqué, maman !
— Toi aussi ma chérie, dit la fleur en lui déposant un baiser.
Lorsque Sakura déposa sa fille sur le sol, la fillette entra dans la voiture par la portière ouverte et vint serrer Shino, à son tour.
— Toi aussi tu m'as manqué ! lui dit-elle avec un large sourire.
— C'est réciproque, ma belle !
Le brun ébouriffa ses cheveux argentés avant qu'elle ne rejoigne sa mère.
— Merci de m'avoir accompagné.
— Tu le sais que ça me fait plaisir. On se reparle plus tard.
Sakura lui fit un signe de main et referma la porte de la voiture. Alors que la voiture de Shino s'éloignait peu à peu, Ai s'empara de la main à sa mère et la tira vers la maison.
— Grand-maman t'attend dans le salon !
— C'est vrai ?
— Oui !
La rose entra dans sa maison et elle referma la porte derrière elle. D'une main, elle déposa son sac de voyage sur le sol avant d'enlever ses chaussures et de rejoindre sa mère, en la compagnie d'Ai.
— Maman est arrivée !
— Je vois ça, dit la blonde avec un sourire. Je ne croyais que tu devais arriver que demain.
— En théorie, c'était le cas mais j'ai demandé à Shino de partir directement après les funérailles. Disons que je me sentais plus ou moins à l'aise.
— En parlant de funérailles, comment ça s'est passé ?
— Plutôt bien… hormis le fait que j'ai attiré tous les regards sur moi.
— Parce que tu t'imaginais passer incognito ?
— Non, bien sûr que non.
— Ils devaient tous être heureux de te revoir. Particulièrement Temari.
— Elle était très heureuse que j'ai pu venir la voir. Je crois que ça lui a fait du bien.
— Et les autres ?
— Disons qu'en une fraction de seconde, Shino et moi, nous nous sommes retrouvés entourés de tous mes amis. Je n'arrêtais pas de me faire bombarder par toutes sortes de questions.
— Et Kakashi ?
— Lui, il était resté dans son coin…
— Est-ce que tu lui as parlé ?
— Oui. Je me suis excusé auprès des autres et je suis allé lui parler en privé. Du moins, nous avons été coupés rapidement par Temari qui a commencé son discours en l'honneur de Kankuro.
— Comment est-ce qu'il va mon papa ? demanda Ai de sa petite voix.
Sakura déposa une main sur les cheveux argentés de sa fille avant de les caresser avec douceur.
— Il va bien. Ne t'inquiète pas.
— Est-ce que vous avez eu une autre occasion de parler ? lui demanda Mebuki.
— Oui, à la fin des funérailles mais devine qui était aussi présente.
— Ne me dis pas que tu parles de Emiko.
— Oui, elle était présente en chair et en os. Pire, elle était attachée à Kakashi comme un petit chien.
— Est-ce qu'ils seraient ensemble ?
— Non, je lui ai posé la question. Il m'a assuré que rien ne se passait entre eux.
— Pourquoi est-ce que je sens une petite teinte de jalousie en toi ? demanda Mebuki avec un petit sourire sur les lèvres.
— Quoi ? Non ! (La rose se leva du canapé et croisa les bras sur sa poitrine.) Pourquoi est-ce que tout le monde croit que je suis jalouse ou que je suis toujours amoureuse de Kakashi alors que ce n'est pas le cas ?
— Tu ne l'aimes plus ?
— Je l'aime mais pas de la même manière qu'avant. Je l'aime parce qu'il est un ami mais aussi le père d'Ai.
Assise sur le canapé, la fillette regardait sa mère argumenter avec Mebuki, ses yeux verts agrandis par la soif de curiosité.
— Tu en es bien certaine ? Sakura, tu ne crois pas que cette relation avec ce jeune homme est un peu précipitée ?
— En quoi la serait-elle ? Cela fait cinq ans que je ne suis plus avec Kakashi, donc je suis disponible à avoir une nouvelle relation avec un autre homme. Je ne veux tout de même pas rester célibataire toute ma vie.
— Le problème, c'est que tu refuses de voir que tu n'as jamais oublié Kakashi. Comment est-ce que tu peux engager une relation avec un autre homme si tu n'as pas réussi à oublier le père de ta fille ?
— Ça y est, c'est reparti, lâcha la rose dans un rire d'exaspération.
— De quoi c'est reparti ?
— Toi aussi tu vas me donner une leçon, tout comme Shino l'a fait, il y a quelques jours ?
— Si c'est ce qu'il faut faire pour te réveiller, alors oui ! Sakura, je croyais que tu ne voulais pas suivre mes traces. Je croyais que tu voulais éviter de vivre ce que moi j'ai vécu.
— C'est vrai et c'est ce que je fais.
— Non, pas du tout ! Tu es en train de faire les mêmes erreurs que moi. Tu dis vouloir fréquenter Juro parce que tu te sens prête et que tu crois que Kakashi n'est plus dans ton cœur. Tu te dis qu'aimer un autre homme va t'aider à tourner la page. Tu crois que je ne me suis pas dit la même chose, lorsque j'ai rencontré Kizashi ? Bien sûr que si ! Je pensais être amoureuse de lui et je me suis mariée à lui. Pour moi, c'était une preuve irréfutable que j'avais tourné la page et que mon coeur n'était plus à prendre. Pourtant, je ne pensais pas que lorsque je reverrais Takumi, les sentiments que j'éprouvais pour lui referaient surface ce qui fut un échec monumental. Ce sont grâce à ces sentiments que tu es ici aujourd'hui, sur cette Terre et je ne regrette pas du tout ce choix que j'ai fais bien que j'aurais voulu changer le passé.
— C'est là que tu te trompes, maman. Si j'ai décidé d'accorder ma chance à Juro, c'est parce que je sais que j'ai oublié Kakashi.
La rose marcha en direction de la sortie du salon. Au moment où elle s'apprêtait à franchir les portes, Mebuki se leva du divan.
— Jure moi que tu ne l'aimes plus ! Jure moi que tu n'as rien ressenti lorsque tu l'as vu aux funérailles.
Lentement, Sakura retourna son visage en direction de sa mère. Bien que son cœur s'était emballé lorsqu'elle s'était retrouvée face à l'argenté ou encore qu'elle avait appréciée ce baiser qu'il lui avait déposé sur le cou, Sakura s'était dit que le tout avait été provoqué par le stress. Puis, elle ne voulait pas divulguer de telles informations à sa mère. C'était pour ces raisons qu'elle décida de lui répondre :
— Non… je n'ai rien ressenti. Tout est mort et enterré.
Sur ces mots, Sakura partit prendre son sac avant de monter à l'étage afin de s'enfermer dans sa chambre. Dans le salon, Mebuki retourna son visage en direction de sa petite-fille dont ses yeux verts trahissaient toute la tristesse qui s'était emparé d'elle.
— Oh, ma chérie…
Dans un geste de réconfort, la blonde vint s'installer près d'elle et la serra fortement.
— Je croyais que ma maman aimait encore mon papa…
— Ai, les sentiments amoureux sont des choses bien difficiles à expliquer. Tu es encore trop jeune pour comprendre.
— Grand-maman, je voulais que mes parents se réunissent.
— Je sais, ma chérie. Je sais…
— Pourquoi maman ne veut plus aimer mon papa ? Pourquoi… ?
— Je ne sais pas.
Mebuki referma ses yeux. La rose lui avait à maintes reprises expliqué qu'elle ne souhaitait plus être dans un triangle amoureux et que c'était majoritairement pour cette raison qu'elle avait décidé de quitter l'argenté. Elle en avait marre de toutes ces relations complexes, des anciens partenaires qui faisaient tout pour briser son couple avec le bad boy. Par dessus tout ça, elle ne s'était pas senti pas capable de surmonter tous ces obstacles qui s'étaient dressés face à elle. En réalité, le seul obstacle qui l'empêchait de rester auprès de Kakashi, aujourd'hui, était Emiko. Au fond d'elle, Mebuki ressentait que sa fille avait peur de cette fille. Elle avait déjà été en mesure de jouer avec l'esprit de la fleur de cerisier, peut-être avait-elle peur que cela se reproduise de nouveau ? Or, ce que la blonde ne comprenait pas, c'était pourquoi sa fille refusait de se battre pour l'amour de Kakashi. Si elle décidait de retourner auprès de lui, comme elle l'avait déjà pensé par le passé, il ne faisait aucun doute que l'argenté l'accueillerait à grands bras ouverts. Voulait-elle donc céder sa place à Emiko aussi facilement ? Est-ce que cela voulait dire que Sakura disait la vérité sur le fait qu'elle n'était plus amoureuse de Kakashi ?
Non ! Mebuki ne pouvait y croire. Bien que sa fille lui disait qu'elle ne ressentait plus rien pour l'argenté, Mebuki connaissait sa fille mieux que quiconque. Elle savait que sa fille tentait de se convaincre elle-même qu'elle n'avait plus aucun sentiment face à son ancien amoureux. Or, la blonde se doutait du comment toute cette histoire allait se terminer. Les deux jeunes adultes finiraient par accorder leur cœur à une autre personne, prétendant qu'ils avaient tourné la page. Cependant, lorsqu'ils seraient amenés à se voir pour Ai, ils ne pourraient s'empêcher de succomber à leurs désirs et leurs instincts. Ils consumeraient une relation interdite dans le dos de leur partenaire, ce qui les mèneraient à un éventuel divorce, une fois leur secret découvert. La réalité étaient qu'ils n'allaient jamais cesser de s'aimer, exactement comme Takumi et elle. Ils étaient bien plus que de simples adolescents qui découvraient l'amour pour la première fois où la seconde fois. Leur relation était bien plus que ça : c'était un coup de foudre. Ces deux âmes perdues se devaient de se retrouver, car elles ne pourraient vivre l'une sans l'autre. Kakashi et Sakura avaient développé un lien solide qui les uniraient pour toujours et la présence d'Ai ne ferait qu'aider ce lien à devenir plus fort, de la même manière que ce fut son cas avec Takumi. C'était pour cette raison qu'elle n'allait pas laisser la fleur continuer à fréquenter Juro, par respect à ce jeune garçon qui ne méritait pas de tomber amoureux d'une femme qui, au fond de son âme son cœur appartiendrait toujours qu'à un seul homme. Elle se devait de faire en sorte d'ouvrir les yeux de sa fille ainsi que de s'arranger afin que Emiko lâche son emprise sur Kakashi. C'était à cette fille de se faire à l'idée que sa relation avec l'Hatake était terminée, pas à Sakura.
Puis, au travers de toute cette histoire d'amour compliquée se trouvait Ai qui attendait patiemment le jour où sa mère finirait par prendre son courage à deux mains et d'affronter ses véritables sentiments envers l'argenté. Elle attendait le jour où la rose serait fière de présenter sa fille à ses amis ainsi qu'à Kakashi, qui ignorait toujours l'existence de celle-ci. La seule chose que la petite demandait, c'était d'avoir deux parents qui s'aimaient bien plus que par de la simple amitié. Mebuki ne pouvait supporter de voir Ai si triste, à cause des décisions que sa mère prenait. Il était temps pour elle d'entrer en action et de réparer cette erreur qu'elle avait commise il y a cinq ans : ne pas forcer Sakura de se battre pour son couple. Jamais elle n'aurait dû accepter le fait que sa fille ne voulait plus avoir aucune nouvelle de l'argenté. Elle aurait dû forcer la rose à se battre contre Emiko, pour l'amour qu'elle portait au bad boy, Mais comme une lâche, elle avait laissé sa fille tomber dans la même situation qu'elle. Elle avait osé demander à Sakumo de dire à Kakashi qu'il devait tourner la page, alors que ce n'était pas ce qu'elle voulait. Si elle avait dit tout ça, c'était uniquement pour Sakura parce que c'est ce qu'elle lui aurait demandé de dire mais aujourd'hui, c'était terminé. Mebuki savait qu'il n'y avait qu'un seul moyen de faire réunir ces deux âmes perdues…
— Ai, ça te dirait qu'on aille faire un tour ?
— Un tour ? Où ça ?
— Si je te le dis, tu me promets de garder ça secret ?
— Oui !
— Écoute-moi bien. Tu veux que tes parents reviennent ensemble, n'est-ce pas ?
— Oh, oui !
— Je ne cacherai pas que moi aussi, c'est ce que je veux. Je crois que ta maman aime toujours ton papa.
— Tu crois ?! dit la fillette excitée.
— Oui mais ça doit rester entre toi et moi.
— Mais si elle aime toujours mon papa, pourquoi elle dit qu'elle ne l'aime plus ?
— Parce que ta maman croit qu'elle n'est plus amoureuse de lui mais moi, je sais que c'est faux. N'oublie pas que ta maman, c'est ma fille et je la connais aussi bien qu'elle te connaît toi.
— Mais qu'est-ce qu'on va faire ?
— Ce qu'on va faire ? On va descendre à Konoha. On va aller voir ton papa.
Instantanément, les yeux émeraudes de la petite fille se mirent à briller de bonheur.
— On va aller voir mon papa ?
— Oui. On va te présenter à lui et lui expliquer pourquoi ta maman te tenait loin de lui.
— Et maman ?
— Ai, si ta maman venait à apprendre ce qu'on se prépare à faire, elle va être de très mauvaise humeur. Tu comprends ? Tu ne dois pas lui en parler !
— D'accord mais qu'est-ce qu'on va lui dire ?
— Laisse-moi me charger de ça. Tu ne dois qu'approuver ce que je vais lui dire, ça marche ?
Ai hocha de la tête.
— Très bien ! Vient avec moi.
La blonde tira sa petite-fille par la main et la mena jusqu'à sa chambre où, une fois à l'intérieur, la femme s'empara de la valise d'Ai et commença à y mettre des vêtements.
— Pourquoi est-ce que tu fais ma valise, grand-maman ?
— Parce que je n'ai pas l'intention que tu restes seulement deux jours à Konoha. J'aimerais que tu passes quelques temps avec ton père.
— Tu crois qu'il va accepter ? Après tout, il ne sait pas que j'existe.
— Ai, tu n'as pas à t'en faire. À la minute où il va te voir, il va t'aimer.
— Tu crois ?
— Bien sûr que oui.
Mebuki lui déposa un baiser sur le front avant de continuer à mettre des vêtements dans la valise.
— Est-ce que tu vas rester avec moi ?
— Il va de soi. Je n'ai pas l'intention de te laisser seule même si oncle Sasori va être là.
— Génial ! Quand est-ce qu'on part ?
— Nous allons partir demain matin.
Mebuki termina de paqueter la valise d'Ai avant de la refermer et de la poser dans un coin de sa chambre.
— Reste ici, je vais aller voir ta mère.
La femme sortit de la chambre et ferma la porte derrière elle. D'un pas déterminé, elle marcha en direction de la chambre de la rose puis s'arrêta. Alors que sa main s'apprêtait à cogner contre la porte de bois, elle entendit la voix de sa fille qui parlait avec quelqu'un au téléphone.
— Oui, je l'ai vu. (...) J'étais stressée mais tout s'est bien déroulé. (...) Non, je ne lui ai pas parlé d'Ai, ce n'était pas le moment idéal pour le faire. Cela dit, je lui ai glissé un mot sur le fait que je fréquentais un autre homme. (...) Il l'a bien pris, enfin je crois. C'est sûr que ça lui a fait un choc mais je crois qu'il va s'y faire.
Mebuki n'en croyait pas ses oreilles. Sakura avait annoncé à Kakashi qu'elle fréquentait un autre garçon. Elle n'osait même pas imaginer la réaction que l'argenté a dû avoir lorsque sa fille lui avait prononcé ces mots. Lui qui ne vivait que pour sa fleur de cerisier, en une fraction de seconde, la femme qu'il aimait avait dû détruire son univers tout entier.
— Tu sais bien que j'ai décidé de t'accorder une chance. Simplement, je veux que nous y allons doucement. (...) Aucun problème. Alors, on se voit demain ? (...) Super ! J'ai hâte d'y être.
Sur ces derniers mots, la blonde n'entendit aucun autre mot sortir de la bouche de sa fille. Dans une grande inspiration, elle cogna à la porte.
— C'est toi, maman ?
— Oui. Je peux entrer ?
— Bien sûr.
La main posée sur la poignée, la femme ouvrit la porte et entra dans la pièce où elle y retrouva la rose assise sur son lit. Une fois que la porte fut refermée, Mebuki s'avança près d'elle et se plaça face à elle, de toute sa hauteur.
— Sakura, je suis désolé pour toute à l'heure.
— Ça ne fait rien.
— Non, ce n'est pas rien. Je n'aurais pas dû sauter aux conclusions comme ça mais j'ai l'impression que tu ne me dis pas tout.
Alors que les yeux verts de la fleur fixaient ceux de sa mère dans les yeux, elle les baissa vers le sol.
— Tu ne veux pas m'en parler ?
— Il n'y a rien à dire.
— Je vois… enfin, ce n'était pas pour ça que je venais te voir.
— C'était pour quoi ?
— Pendant que tu étais parti à Konoha, j'ai reçu un contrat de trois semaines.
— C'est vrai ? Où ça ?
— À Konoha…
— Eh bien ! Moi j'y reviens et toi tu y pars.
— Oui !
— Un contrat de combien de temps ?
— De trois semaines voir peut-être plus. Ils font rénover plusieurs de leurs pièces et il risque d'y avoir de la démolition à faire.
— Je vois. Ça ne fait rien.
— Mais ce n'est pas tout. Lorsque j'ai appris la nouvelle, Ai semblait surexcitée. Elle m'a demandé si elle pouvait m'accompagner.
— Il en est hors de question !
Face au ton sec que sa fille venait d'employer, la blonde fronça les sourcils.
— Je peux savoir pourquoi ?
— Tu sais très bien pourquoi ! Kakashi vit là-bas et Emiko aussi et dois-je te rappeler que vous ne pourrez pas aller voir Sasori ou Kizashi parce qu'ils habitent à côté de chez Sakumo ?
— Je sais très bien tout ça.
— Alors, pourquoi tu me demandes si Ai peut venir avec toi ? Tu devais bien te douter de ma réponse, non ?
— Sakura, personnellement, je ne vois pas où est le problème ! Je vais à Konoha pour le travail et non pour aller rendre visite à la famille où des amis. Les seuls endroits que je vais fréquenter, c'est un hôtel et la demeure dans laquelle je fais les rénovations, c'est tout.
— Je n'aime pas cette idée.
— Allez, Sakura ! Elle veut venir, alors laisse-la m'accompagner.
— Si vous y allez, j'y vais aussi.
— Tu viens tout juste d'y revenir. N'as-tu donc pas confiance en moi ? As-tu si peur qu'elle tombe sur l'un de tes amis ou Kakashi ?
— Je…
La rose s'arrêta de parler. Bien sûr qu'elle lui faisait confiance, il s'agissait de sa mère. Depuis le début, elle l'avait épaulé et avait divulgué la naissance de Ai à personne. Elle avait toujours été là quand elle avait besoin d'elle et avait joué son rôle de grand-mère à la perfection, depuis le début. Néanmoins, l'idée que sa fille se rende à Konoha, bien qu'elle serait accompagnée de Mebuki ne lui plaisait guère. Ai était une petite fille curieuse et elle se doutait qu'en dehors des tournages, celle-ci demanderait à sa grand-mère de sortir de l'hôtel pour visiter la ville. Connaissant Mebuki, elle se doutait qu'elle ne pourrait rien lui refuser et si elles venaient à trop s'éloigner de l'hôtel, il y avait des chances qu'elles puissent tomber sur ses amis ou encore Kakashi.
— Je ne sais pas…
— Sakura, fais-moi confiance. Tout va bien se passer. Elle est curieuse et elle veut voir c'est quoi mon métier et toi, tu reviens tout juste de Konoha. Tu avais demandé à Shino de partir plus tôt parce que tu ne te sentais pas bien là-bas. Je préfère que tu restes ici et que tu t'amuses.
— Très bien, dit-elle à contrecœur. C'est d'accord mais jure moi que tu ne vas pas aller lui faire rencontrer Kakashi. Elle n'est pas encore prête.
Le cœur de la blonde se serra. Elle qui supportait sa fille depuis le début, elle s'apprêtait à la trahir en emmenant Ai à Konoha pour lui faire rencontrer son père, et cela lui faisait mal. Cependant, la blonde ne partageait pas l'avis de la fleur. Au contraire, après ce dessin qu'elle avait dessiné, Mebuki jugeait que sa petite-fille était prête à rencontrer son père. Un jour où l'autre, il fallait que cette rencontre se fasse et bien que Sakura n'était pas prête à cela, Mebuki l'était. Par dessus tout, la femme espérait que la rencontre entre Ai et Kakashi puisse faire raviver la flamme des deux anciens amoureux. C'était ce qu'elle souhaitait le plus. Ai était la clé qui pourrait réunir ses deux parents.
— C'est promis, finit-elle par lui dire.
Mebuki fit demi-tour pour sortir de la chambre de sa fille. Au moment où elle s'apprêtait à franchir l'entrebâillement de la porte, elle retourna son regard en direction de la fleur.
— Merci d'accepter qu'elle m'accompagne. Tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir.
Un sourire s'installa sur les lèvres de la femme, puis, elle quitta la pièce en refermant la porte derrière elle. Elle alla dans sa chambre où elle sortit sa valise de son garde-robe avant de commencer à la remplir de vêtements, ne sachant pas pour combien de temps elle se trouverait à Konoha. Une chose était sûre, elle avait bien l'intention de faire passer Ai et Kakashi de bons moments ensemble durant cet été, avant le retour en classe pour les jeunes adultes. Elle savait que si Sakura venait à découvrir ce qu'elle manigançait, elle voudrait lui arracher la tête de son corps. Par contre, elle était prête à en payer le prix si cela pouvait aider Sakura à ouvrir ses yeux sur ses sentiments envers Kakashi.
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