Je m'étais levé vers deux heures du matin, en pleine forme. J'avais volé un sac et j'y avais mis des vêtements, de l'argent et des vivres. Dans la cuisine, j'avais pris des couteaux et les avais mis à ma ceinture. Ensuite, je m'étais dirigé vers les chambres.

Et j'avais tué tout le monde avec une facilité déconcertante. Tous ceux qui m'avaient fait du mal.

J'étais devenu un tueur à douze ans. Après ceci, j'avais pris la fuite.

J'avais couru. Couru pendant des heures et des kilomètres. Mes jambes ne me portaient plus, mais tant que je ne m'effondrai pas, je ne m'arrêtai pas. Au bout de quelques heures, dès que je vis le soleil commencer à se lever, je m'arrêtai sous un gros arbre à l'orée d'une forêt et en profitai pour me nourrir, boire et surtout me reposer le plus possible. En même temps, je n'avais pas grand-chose d'autre à faire. De plus, les corps et ma disparition avaient dû être découverts.

Plusieurs heures après, je décidai de rejoindre une ville, le seul endroit ou j'aurai quelques chances de survivre. Je me remis en route et marchai, à l'ombre, avec discrétion, pour éviter d'être vu par ceux que je croisais.

Au bout de quelques jours, les rations commençaient à baisser, je diminuai alors la quantité à consommer.

C'est à ce moment que je trouvai la ville dans laquelle j'habite encore, elle était immense, très peuplée et un château dominait toutes les habitations du haut de sa petite colline. A l'époque, pour un gamin comme moi, c'était presque le paradis.

Je redescendis sur terre et décidai de m'y installer. J'avais compris à présent que la vie allait être dure. Je me mis à un emplacement libre dans une ruelle sombre peuplée de vieillards et d'enfants de mon âge voire plus âgés. Vu les conditions et les regards qu'on me jetaient, je décidai de garder mes affaires tout le temps avec moi et de rester le moins possible sur place.

Je vivais avec mes réserves encore pendant deux ou trois jours. Le premier jour, je me mis à visiter la ville, mais elle était tellement grande et les gardes qui étaient en ronde prêtaient tellement attention à mes faits et gestes que je ne faisais pas grand-chose et que je me perdais assez souvent. J'arrivais quand même à me repérer aux alentours de l'endroit où je m'étais installé, surtout que je n'étais pas si loin du château.

Au bout de deux jours je me demandais comment faire pour avoir plus de nourriture sans gaspiller mon argent tout de suite. J'avais alors deux solutions : la première aller au château pour récupérer tout ce que les domestiques jetaient, la deuxième, voler. Je choisis le moindre mal et pris la deuxième solution.

Je préférais avoir affaire à des gardes dans un endroit où je pourrai m'échapper, et pour ça, je fis quelques repérages.

Ensuite, je commençai à voler. C'était facile, personne ne me remarquait. Il suffisait de se déplacer dans l'ombre, de courir et d'avoir des planques. Je ne me fis jamais arrêter et l'argent volé me permettait de vivre et de m'habiller. Parce que plus les mois avançaient et plus je grandissais.

Je ne me fis jamais prendre. Ou de peu. Jusqu'à ce fameux jour.