Chapitre 11 : Faire confiance
Natsu Dragneel
Parfois, il était difficile pour Lucy de se confier à moi.
Malgré notre proximité, la nature de notre relation ou encore la force de nos sentiments, la jeune femme était encore une énigme pour moi. Elle voulait paraître forte -et elle l'était, et prouver qu'elle n'avait pas besoin d'être sauvée par qui que ce soit. Mais il y avait des choses qu'elle devait me dire. Pas seulement parce que j'avais le rôle de confident et que j'étais naturellement inquiet envers elle, mais aussi parce qu'elle pouvait possiblement être en danger.
Je suis le premier à dire que Lucy est une pleurnicharde ; elle pleure facilement à la fin des films à l'eau de rose, s'attache très vite très facilement pour finir par être évidemment déçue ou blessée, et est du genre à être dramatique en toutes circonstances. Pourtant, même si je savais que ces larmes ne pouvaient être qu'un de ces moments-là, j'étais conscient que quelque chose de plus grave encore se préparait : La constellationniste pleure pour une bonne raison.
Comme si son cœur venait de se briser en mille morceaux, comme si la fin de son monde était proche, elle pleurait à chaudes larmes dans mes bras. J'avais le sentiment que rien n'aurait plus jamais eu le pouvoir de mettre un sourire sur son doux visage. Elle semblait avoir perdu tout espoir.
Et après sa phrase, après m'avoir dit que j'allais moi-même la perdre...j'avais le sentiment d'être sur le point de perdre la raison pour laquelle je respirais.
"Explique moi..."
Quelque chose se tramait, quelque chose d'important et de dangereux. J'avais le sentiment de jouer à un jeu mortel, et d'être en train de perdre sans trop savoir pourquoi.
Elle secoua simplement la tête, toujours incapable de se confier.
"Lucy...je ne peux rien faire si tu ne me dis rien. Je veux t'aider, je veux nous aider... Je la relâche doucement et la regarde dans les yeux ; ceux-ci sont rouges, gonflés et tristes. Je ne peux pas te perdre, et rien ni personne ne me séparera de toi.
-Je sais, je le veux aussi...mais ça ne sert à rien, tu ne peux rien faire.
-Bien sûr que si...je suis sûr que je peux régler ça. Si tu as peur de quelque chose ou quelqu'un, il faut que-
-C'est le destin. Me coupe-t-elle.
-Hein?
-C'est notre destin. Tu vas me perdre Natsu, et il n'y a rien que nous puissions faire contre ça..."
Un sentiment de déjà-vu m'envahi ; j'ai le sentiment d'avoir déjà eu cette conversation avec elle.
"Je ne crois pas au destin Lucy, je pense qu'on peut tracer notre propre route.
-Cette fois-ci, c'est différent...je ne sais pas comment l'expliquer, mais je crois que...que ça s'est déjà produit.
-C'est-à-dire?
-Je crois que c'est ce que Yukio essayait de me faire comprendre pendant tout ce temps."
Entre quelques sanglots, elle m'explique tout ce qu'il s'est passé depuis le début de notre mission, tout ce qu'elle pense être vrai, tout ce qu'elle croit être possible ; elle se confie finalement à moi.
Elle me raconte le sentiment de déjà-vu qu'elle a eu lorsque nous avions fait face au mage des neiges la première fois, plus fort encore qu'une simple ressemblance avec moi, elle a perçu qu'elle le connaissait déjà sans trop savoir comment ou pourquoi. Elle parle ensuite de la bulle de lumière dans laquelle elle se trouvait lorsqu'elle s'est évanouie ; dans un rêve, une invention de Yukio pour lui parler, lui montrer des souvenirs de lui et d'une autre jeune femme du nom d'Hikari, qui lui ressemble aussi. Un grand amour existait entre eux ; c'était clair, évident pour n'importe qui. Mais il l'avait perdu. Yukio avait perdu l'amour de sa vie, et ça l'avait complètement brisé, cette perte avait broyé son âme et plus rien n'aurait pu le rendre heureux. Mais il a rencontré Lucy, qui ressemblait tant à Hikari, et a vu en elle l'espoir de se reconstruire, et de l'empêcher de disparaître à cause de notre amour, à elle et moi.
Comme une histoire qui se répète et se répète en boucle, elle en a conclu que non seulement nous étions destinés à nous rencontrer, à nous entendre et à nous aimer, mais aussi que quelqu'un ou quelque chose essayait constamment de nous séparer, de me briser en l'arrachant de mes bras.
C'est ce que nous étions selon elle ; des amants maudits.
Et même si je ne croyais généralement pas en ce genre de choses, comme le destin ou je ne sais quoi, je lui faisais confiance. Plus que tout.
A la fin de son récit, elle me regarde en silence, en l'attente d'une quelconque réaction. Je lui souris doucement, puis caresse délicatement sa joue.
"Je te l'ai dis ; je ne laisserai rien ni personne te faire du mal.
-Mais-
-Fais moi confiance, mh?"
La jeune mage ferme les yeux, puis souffle bruyamment. Elle fini par hocher la tête en silence.
"À partir de maintenant, tu ne me lâches plus, compris? Tu restes près de moi. Je te protégerai. Affirmais-je en déposant un léger baiser sur son front."
Elle enfouit sa tête dans mes bras, puis reste silencieuse un bon moment, jusqu'à s'endormir.
En passant mes doigts dans ses cheveux, caressant sa tête, je la regarde fixement, profondément inquiet. J'étais terrifié à l'idée de la perdre, et prêt à tout pour empêcher que cela arrive. Lucy était ma source de lumière, elle me rendait heureux. Je me sentais complet avec elle. Je ne pouvais tout bonnement pas perdre la raison de tout. J'avais beau en avoir l'air, je n'étais pas stupide ; j'avais bel et bien conscience qu'elle était mon âme sœur, tant que tout ce qu'elle m'avait révélé ne me semblait pas si étonnant.
J'étais suffisamment préparé pour repousser toute sorte de menace qui pourrait s'interposer entre elle et moi.
*-*-*-*-*
Après un long moment -je dirai deux bonnes heures de réflexion, j'entends un bruit à la fenêtre. Une ombre passe très rapidement et je me redresse sans un bruit, restant près de Lucy, les sourcils froncés, sur mes gardes. Je reste concentré et active mes sens ; aucune odeur ou aucun son, mais je ressens une forte présence magique dans l'air...il est là. Il est tout proche et il n'essaye même pas de le dissimuler.
Sans prévenir, il apparait face à moi. Je dirige mon poing vers son visage, mais il l'arrête avec sa main, sans aucune difficulté.
"Pas de bruit, tu risques de la réveiller. Dit-il, impassible, en la regardant, comme si je n'étais qu'un vulgaire insecte qu'il pouvait ignorer et écraser sur son passage.
-Qu'est-ce que tu veux, enfoiré? Je l'attrape par le col, très remonté qu'il ose s'imposer."
Malgré mon énervement -carrément justifié d'ailleurs, je sens qu'il ne cherche pas à se battre. Son regard ne montre aucune animosité, au contraire, son regard est doux ; il n'a d'yeux que pour elle. Je suis invisible à ses yeux.
Et il me ressemble tellement. J'ai du mal à le regarder sans forcément être déstabilisé par notre ressemble. Je le relâche alors, et il arrange son haut.
"Réponds moi. J'exige des réponses.
-Je viens te parler.
-Qu'est-ce que tu veux me dire?
-Que tout ce qu'elle pense est vrai. Il manque quelques éléments par-ci par-là, mais ces informations ne sont pas nécessaire pour comprendre une chose évidente, que tu savais déjà avant qu'elle vienne vers toi : elle est faite pour toi. Elle est le but de ta vie, la réponse à tout. Et, inévitablement, elle mourra. Même jour, même date, c'est toujours la même chose qui se produit sans cesse.
-Qu'est-ce que tu cherches à dire en fait?
-Elle se réincarne pour toi, sous différentes formes, sous différents noms. Bon...vu qu'on a un certain type de femme, elles se ressemblent toujours. Toujours aussi...magnifique. Mais malgré le fait qu'elles ont un nom différent, qu'elle n'ont pas la même personnalité, la même histoire ; c'est la même personne que tu aimes. C'est Lucy. Indéfiniment Lucy."
Il claque des doigts, puis nous nous retrouvons dans une pièce différente. Je regarde autour de moi, et nous sommes dans un sorte de haute tour, gigantesque, au sein d'un château.
"Vous savez...c'est rare d'avoir le même nom deux fois de suite...la mienne s'appelait 'Hikari', la tienne porte le nom originel 'Lucy'. Et toi...tu n'as pas le bon nom 'Natsu', ni moi 'Yukio', dommage. Il souffle. C'est très compliqué tout ça, mais dis-toi juste que tout ça n'est qu'une grosse plaisanterie de l'univers. On veut être ensembles, mais on ne peut pas parce qu'on ne doit pas."
Rien n'avait de sens, mais quand il le disait avec mon visage, ça me paraissait plausible. Lui aussi, j'avais décidé de lui faire confiance...
Même si je n'aurais pas dû leur faire confiance. Ni à lui, ni à elle.
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