Seersha

observait.

Personne ne la voyait. Elle était cachée. Personne ne la voyait jamais.

Personne ne savait où la chercher.

Les pêcheurs étaient en train de rentrer au port. Les uns après les autres. Leurs filets remplis de poissons. Certains plus vides que d'autres. En rentrant chez eux, ils allaient les confier à leurs femmes. A elles de se débrouiller, pendant qu'eux terminaient leur journée.

Elles pouvaient les vendre au marché, avait entendu dire Seersha. Elle n'avait vu de marché. C'était apparemment un endroit joyeux

populaire

vivant

coloré.

Elles pouvaient aussi les faire sécher, les faire fumer. Les garder pour la saison froide, quand les glaces empêcheraient les pêcheurs de sortir. Que les habitants de l'île devraient se contenter des restes de la belle saison, de viande de renne trop salée, de fromage, de mélanges de farine et d'eau pour remplacer le pain.

C'est ce que Seersha avait entendu dire.

Elle voulait savoir comment, en réalité, les choses se passaient

pour les habitants de l'île.

Dévorée, dévorée par la curiosité. Elle voulait savoir comment ils vivaient,

les habitants de l'île.

Bientôt elle y ferait ses premiers pas. On l'y avait enfin autorisée. Mais pas de distraction, on l'avait prévenue. Elle avait une mission, après tout. Si elle voulait rentrer chez elle – elle devait la mener à bien. Jusqu'au bout. Prouver qu'elle était digne.

Seersha

ne serait jamais vraiment une habitante de l'île.