𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟸 : 𝚛𝚎𝚗𝚌𝚘𝚗𝚝𝚛𝚎 𝚊𝚋𝚛𝚞𝚙𝚝𝚎
Point ᴅe ᴠue d'Eʀᴇɴ
Une semaine s'est écoulée depuis ce soir là. Une semaine où je ne suis pas retourné à la rivière. Peut-être en fais-je trop ? Suis-je trop paranoïaque ? Peut-être, peut-être pas, je ne sais pas vraiment. Je me sens encore plus oppressé qu'auparavant sans mes balades nocturnes. J'ai le sentiment d'avoir été chassé du seul endroit qui m'apportait de la paix et un semblant de liberté. Ça m'irrite ardemment. L'enfer anime mes journées, en verrai-je un jour la fin ? C'est ce que je me demande depuis plusieurs années. Parfois je voudrais fermer les yeux et ne jamais me réveiller. Ne plus jamais percevoir la lumière passer à travers mes paupières. J'ai la possibilité d'arranger ça, cependant je n'en trouve jamais le courage. Mourir est pourtant bien moins effrayant que de vivre ici. Il y a des souvenirs que je voudrais effacer. Je n'en peux plus de les revoir presque toute les nuits, de les entendre chuchoter dans mon esprit. Je les sens courir sur ma peau, frissonnant de dégoût. Mon cœur se détruit, j'aimerai être sourd pour ne plus l'entendre craquer. L'envie d'hurler et de pleurer me consume. Mes sombres pensées se font couper par la voix de mon géniteur, froide et rauque. Mes muscles se tendent, je suis appelé en bas. J'aimerai rester là sur mon lit, mais je sais qu'on viendra me chercher si je ne viens pas. Je ne veux même pas pensé à ce qu'il pourrait arriver. Je descend donc les marches une à une dans des grincements des plus acrimonieux. L'anxiété habite mon corps. Je m'avance vers la porte d'entrée et avec soulagement aperçoit le visage d'Ymir dans son encadrement. Le regard emplis de dédain de mon père à mon égard n'annonce rien de bon. Ce dernier est sur le point de me faire une cinglante remarque mais se fait couper dans son élan par la voix de mon amie.
-Bonjour Eren.
-Bonjour Ymir.
-Je comptais aller faire un petit tour dans le centre-ville, commence la brune, est-ce que tu veux m'accompagner ?
Silencieusement, mes yeux demandent avec appréhension l'autorisation à mon géniteur et ce dernier hoche la tête d'un air faussement nonchalant.
-C'est d'accord, laisse moi mettre mon manteau et j'arrive.
Une fois prêt je sors du mitard qui me sert de foyer et m'éloigne dans la rue en compagnie de mon amie brune ; sentant le regard vindicatif et dur de mon père dans mon dos.
✞
Sur le chemin, une conversation assez banale prend place. Cependant Ymir demeure plus ou moins étrange. Elle semble vouloir me poser une question sans pour autant oser la prononcer.
-Hé...qu'est-ce qu'il y a ? Demandai-je.
-R-rien du tout.
-Oh je t'en pris je ne suis pas dupe, je vois bien que tu veux me demander quelque chose.
-Je...laisse tomber, c'est pas important.
-Est-ce que...est-ce que ça a un rapport avec mes parents ?
Elle ne dit rien, l'air gênée. Son absence de parole répond à sa place.
-Je vois...déclarais-je. Ça va aller pour moi si c'est ce que tu veux savoir, même si tout ne se passe pas comme je le voudrais.
Ymir me lance un regard quelque peu inquiet et acquiesce finalement. Cette dernière n'est pas au courant de ce que je vis ni de tout ce qui a pu arriver. Elle sait juste que ma relation avec mes géniteurs est tumultueuse. Dire le contraire serait un euphémisme. Je ne m'étale jamais vraiment sur le sujet, mais mon amie n'est pas stupide. Elle se doute peut-être de quelque chose, en revanche elle ne peut rien pour moi.
-Tu as une idée d'où aller aujourd'hui ? Demandai-je, voulant changer de sujet.
-Hum, je me disais qu'on pourrait aller jusqu'au Schenke-weber boire un truc.
-Ça semble être une bonne idée.
-J'ai toujours de bonne idées Jäger !
-J'ai le droit d'en douter ?
-Non.
-Au moins ça à le mérite d'être clair, riais-je un peu.
Mon amie me sourit espièglement et nous continuons notre route dans une ambiance plus légère avant de pénétrer dans la bâtisse souhaité. Une fois installé la brune commande un Almdudler et moi un Rotbäckchen.
-Ton voyage en Hongrie est toujours prévu ? Demandai-je.
-Oui, je pars dans quelques jours.
-Tu me raconteras !
-Evidemment ! Pour qui tu me prends espèce d'abruti ?
-Pour une idiote.
-Merci c'est gentil, ironise t-elle.
-De rien ça me fait plaisir.
-Je...commence mon amie, ça ira pour toi ? Enfin...je veux dire sans moi...C'est pas que je m'inquiète mais-..
-Oui ne t'en fais pas pour ça mauschen.
-Mon dieux m'appelle plus comme ça.
-Je trouve pourtant que l'appellation "petite sourie" te va bien, proclamai-je.
-J'ai une tête à avoir ce surnom ?
-Et bien...
-Finalement ne dis rien, balance Ymir.
Je laisse échapper un petit rire auquel mon amie répond par un sourire en coin. Au bout du compte nous finissons nos boissons au bout d'une demie heure et partons payé pour un total de 13 Deutsche marks. Un homme à l'allure élancée se poste à mes côtés et paye son addition également ; lâchant son argent indifféremment. Ses mains sont entourés de gants en daim et il porte un long manteau en soie. Son élégance me frappe un instant. Je ne suis pas pauvre mais je n'avais jamais eu l'occasion de côtoyer un individus d'une prestance comme la sienne. J'ose le dévisager quelques secondes avant de me reprendre l'air de rien. Au moment de passer les portes du café la voix de cet homme aux cheveux charbonneux s'élève en arrière ; s'adressant à nous.
-Savez-vous où se trouve l'hôtel Heiliger Saëns ?
-Hum et bien à quelque rues d'ici, dis-je.
-Pourriez-vous m'y conduire ?
Je regarde Ymir sans savoir quoi vraiment répondre.
-Heu...et bien oui si vous voulez, déclarai-je.
-Je vais rentrer pour ma part, communique mon amie. On se voit demain ?
-Oui, bonne soirée à toi, je réponds.
La brune tourne les talons tandis que l'inconnu l'observe quelques secondes avant de poser ses yeux anthracite sur ma personne. Mon regard quitte le siens rapidement et entame la marche suivi de peu par cet individu. Le trajet se fait en silence, chose qui ne me déplaît pas forcément.
-Belle journée n'est-ce pas ? Retentit la voix de cet homme, légèrement grave et charismatique.
-En effet oui.
Que répondre d'autre excepté cela ? Ce n'est pas le genre d'approche intéressante. Je ne fais que rester courtois.
-Dites-moi...continue mon accompagnateur, rouge ou noir ?
-Qu'est-ce que vous racontez ? Demandai-je, fronçant les sourcils quelque peu.
-J'assiste à une réception demain, je n'arrive pas me décider sur le costume que je porterais.
-Oh, dans ce cas je dirais rouge.
-Bien, je prend note. Sans regret n'est-ce pas ?
-Hum non.
-Sommes-nous encore loin ?
-Non, nous devrions arriver dans quelque minutes. Vous n'êtes pas d'ici je suppose.
-En quelque sorte, réplique mon interlocuteur. Sachez que vous m'offenser grandement.
-Comment ça...?
-Je vois qu'il vous en faut peux pour oublier.
-Je ne vois pas de quoi vous parlez, proferai-je sans comprendre ce que cet homme raconte.
-Pourtant mon regard vous a fait fuir il y a de ça plusieurs jours. Je n'en suis pas désolé.
Mon sang ne fait qu'un tour. La glace parcoure mon corps, s'infiltre dans mes veines promptement. Je veux m'enfuir, je n'en ai pas le temps. La main de l'inconnu se pose sur mon épaule, m'ordonnant de ne pas bouger.
-Qui êtes-vous ?
-La question serait plutôt "qu'est-ce que vous êtes ?". Mais bon je ne vais pas faire mon difficile aujourd'hui.
Je ne répond rien, l'indécision sur mes potentiels actions m'anime.
-Livaï Ackermann, ne m'oubliez pas.
-Quoi ?
Sans avoir le temps de comprendre, mon champs de vision s'assombrit. Il ne devient qu'une toile noire sans aucune étoile. Mon corps m'abandonne, sentant le contrôle s'évader. Je ne suis plus qu'un pantin. Faible face à l'inconnu, face au néant.
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