𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟷 : 𝚙𝚛𝚎́𝚖𝚒𝚌𝚎𝚜
¨Point ᴅe ᴠue d'Eʀᴇɴ¨
Sur les sentiers rocailleux, comme chaque mornes journées mes pas me guident toujours au même endroit. Cette prison, autrement nommée université. J'y étudie le commerce, comme à chaque fois. Dire que c'est une contrainte pour moi serait bien trop insuffisant. Mais je ne veux pas entrer en conflit avec mes géniteurs, pas encore. Je ne fais que me taire et avancer, les yeux fermer sur un chemin qui n'est pas miens. Heureusement qu'Ymir est là. Sans sa présence, je perdrais totalement pied. Du moins encore plus que maintenant.
Les bruits agaçants des citoyens résonnent, se rapprochent. Je vais devoir à nouveau passer une journée à apprendre des choses qui ne me plaisent pas. Je n'en peux déjà plus et pourtant je n'ai pas encore passé ces portes. Soudainement, je sens un poids sur mon dos, je n'ai pas besoin de chercher pour deviner qui est si imposante.
-Ymir...soupirai-je.
-Commence pas à râler, entame mon amie, je ne suis pas si lourde que ça !
-À peine...
-Hum...t'es surtout pas très costaud, riposte t-elle.
-Moi aussi je suis content de te voir...
-En même temps qui ne serait pas content de me voir ?
-Moi, je dois t'avouer que j'ai accepté d'être ton ami par pitié.
-Oh vous m'en voyez offusquée monsieur Jaeger ! Et moi qui pensais que ma ravissante personne vous avait tapé dans l'œil. Vous avez brisé mon cœur.
-Haha ton cœur ?
-Non, vous avez briser ma vie.
-Oh...et qu'est-ce ça fait ?
-Bah ça fait vachement chier, franchement tu devrais essayer un jour.
-J'y penserai, merci de cette information très utile, plaisantai-je.
-Mais de rien voyons jeune homme.
-M'appelles pas comme ça j'ai l'impression d'entendre monsieur Hammer.
-En parlant de lui tu l'as en première heure.
-Génial...merci de me le rappeler.
-De rien ! Ça me fait plaisir tu sais !
-Pff idiote va.
Nous continuons de marcher ensemble, jusque dans les couloirs. Toutes les personnes que nous croisons me donne la nausée. Une boule d'angoisse s'immisce dans mon estomac, chaque jours, que je sois chez moi ou ailleurs, est un supplice. Ymir quand à elle, est indéchiffrable. Certaines personnes pensent qu'elle est lesbienne car elle ne côtoie aucun garçon, excepté moi. Certains la menace de la dénoncer, chose qui l'enverrait dans le camps de concentration de Dachau. Elles ne restent que des paroles en l'air, peu nombreuses, mais pour combien de temps ? Pendant combien de jours allons-nous vivre dans la peur ? Je m'inclus dans cette situation, sachant qu'il m'est arrivé d'avoir draguer un homme il y a quelques temps. Ymir, elle, reste silencieuse sur le sujet. M'ignorant quand je tente de lui en parler. Cette dernière m'abandonne pour rejoindre son cours se passant dans une autre salle. Je la salue et rejoins la mienne à mon tour.
✞
Encore une journée de gâchée par ces professeurs plus ennuyants les uns que les autres. Sur le chemin du retour, je me dis que j'aurai aimé que les choses soient différentes. Que ma vie ne soit pas celle que je possède aujourd'hui. À contre cœur j'ouvre la porte de chez moi et me rapproche vivement des escaliers pour éviter tout contact avec mes parents. En revanche ma mère m'interpelle, je feins ne pas l'avoir entendu.
-Répond moi quand je te parle, déclare cette dernière m'attrapant le bras, me retenant.
-Je...
Je n'ai pas le temps d'en dire plus que ma génitrice me gifle violemment. Le son de l'impact de sa main contre ma joue résonne en écho dans la pièce. Après ça, le silence remplis la maison. Mes yeux commencent à s'embuer de larmes et l'une d'elle coule lascivement le long de mon visage. Le regard de ma mère prend une teinte d'émotion indescriptible pendant un instant. Puis cette dernière reprend sa sévérité avant de me tourner le dos pour rejoindre le salon sans un mot. Je fronce les sourcils, me mordant la lèvre pour ne pas éclater en sanglot. Au risque de m'en reprendre une. Je monte les escaliers, le menton tremblant et pénètre dans ma chambrée avant de m'asseoir sur la chaise de mon bureau. Les larmes dévalent mes joues meurtries, je ne les sens même plus tomber.
Pourquoi me détestent t-ils tant ? Pourquoi plus rien ne va depuis tout ce temps ? Je n'ai rien fais de mal, alors pourquoi dois-je m'en prendre autant en plein visage ? Qu'est ce qu'il s'est passé pour que tout dérape d'un seul coup ? Cette douleur, cette peine quand ils me regardent me transpercent. Pas un seul jour ne passe sans voir mon reflet dans leurs yeux, je n'exprime que le mépris. Je sais que ça ne me représente pas, mais le temps va finir par me le faire croire. Je voudrais tellement partir, partir loin d'ici. Aller à l'autre bout du monde, être seul sans plus personne pour me faire mal. Sans plus personne pour me faire peur. C'est tout ce que je souhaite, est-ce que j'en demande trop ? Les mots, les coups...ils me font oublier qui je suis. Peut-être que je ne suis plus rien, peut-être que je n'ai jamais rien été. Juste une âme morte dans un corps encore en vie. "Raté", "fils indigne", "immondice", "pourriture", "nous serions plus heureux si tu n'existais pas", "sac à foutre", "j'en ai vraiment marre de t'avoir dans mon champs de vision", "j'espère que tu ne rentreras pas ce soir", "qui voudrais de toi ?", "non mais regarde toi"...
Mon corps tremble, mes mains serrent mon pantalon, à tel point que j'ai l'impression que les os de ses dernière vont se briser. Je ne craque pas souvent, mais là ils me rendent malade. Je vis au jour le jour, me demandant toutes les nuits si le lendemain je serais encore vivant. Ils me tueront avec leur violence. Nous mourrons tous un jour, peut-être que mon heure viendras plus tôt. Je ne l'espère pas, il faudrait que je réussisse à partir. Comment ? Dans combien de temps ? Je ne sais pas, mais il faut trouver réponse à ma question.
✡
Le repas s'est passé dans une ambiance misérable, comme d'habitude. Mon père ne faisait que de me lancer de mauvais regards. Vers 21 heures, les lumières s'éteignent enfin. Et comme chaque nuit, je m'évade. Marchant au bord de la rivière Freiheit. Calme et douce, elle comble le vide qui manque à ma vie. Parfois Ymir m'y rejoint, je me demande si elle sera là ce soir...
Les minutes passent, je regarde l'eau, les étoiles se reflètent en elle. C'est la plus belle chose que j'ai vu depuis bien longtemps. Pourquoi les humains ne peuvent t-ils pas être aussi sage ? Soudainement une ombre apparaît dans mon champs de vision. Je tourne la tête en sa direction, en revanche il n'y a plus rien. Qu'est-ce que c'était ? Je regarde autour de moi, pensant que j'étais seul. Des yeux rouges se dessinent dans la forêt, mais en un clignement ils disparaissent. Comme si ils n'avaient jamais été là. Un frisson me parcourt, je n'ai pas rêvé. Peut-être était-ce un animal ? Je sais que ce n'est pas le cas, mais cette explication rationnelle me rassure. Alors je préfère m'en tenir. Je me lève assez rapidement, ne voulant pas rester ici plus longtemps. Ignorant ce qu'il peut se passer aux alentours, je trace ma route. Je me sens observer, cette sensation est très désagréable. Bien vite, je me mets à percuter quelqu'un.
-Ymir ? M'exclamai-je.
-Oui c'est bien moi, qu'est-ce que tu fais ? Me demande t-elle, dans l'incompréhension, il est encore tôt pour rentrer. Enfin après tu fais ce que tu veux mais ce n'est pas dans tes habitudes.
-Je...quelques chose me met mal à l'aise, dis-je tout en regardant derrière moi.
-Comment ça ?
-On peut y aller s'il te plaît ? Je t'en parlerais quand nous aurons quitté cet endroit.
-D'accord.
Nos pas nous font nous éloigner, je n'ai pas compris ce qu'il s'est passé ce soir. Ce genre d'événement étrange n'est jamais arrivé auparavant. Du moins je crois.
Et dans l'ombre, il les regarde s'enfuir. Énerver de ne pas s'être abreuver.
Ce n'est surement qu'une question de temps.
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