— Alors, tu es au courant, je soupire en me redressant avant de m'affaler dans le fond du fauteuil.

— Ben à te voir là, commente-t-elle d'une voix sceptique, il est évident que vous vous êtes disputés.

— Donc en fait, tu ne sais rien, je déduis d'un ton las.

— Ben j'aurais pu lire les vingt-neuf textos que m'a envoyés Chris ou écouter ces treize messages vocaux. Mais si je l'avais fait, je n'aurais pas pu m'empêcher de lui répondre. Et c'est tellement plus marrant de ne pas répondre et de les laisser ruminer dans leur coin, tu ne trouves pas ?

— Oui, mais...

— Et qu'a-t-il fait pour que tu trouves mon divan plus agréable que ton lit haut de gamme ? me coupe-t-elle pressée à l'idée de tout savoir.

— J'y suis peut-être allé un peu trop fort, j'avoue en revoyant des bribes d'hier soir.

- Dis-moi ce qui s'est passé, me prie-t-elle de faire, et je te dirais si tu as encore fait l'idiote ou non.

— Je te remercie Lily, je dis d'une voix ironique.

— Oh, mais je t'en prie, c'est avec un grand plaisir ! m'assure-t-elle avec un large sourire.

Je ne peux qu'être certaine d'une chose : son grand sourire va très vite disparaître et laisser place à un regard des plus meurtriers.

— Tu me promets de ne pas partir en furie avec ta hache ?

— Tu sais très bien que je ne peux pas faire ce genre de promesse ! plaisante-t-elle hilare. Mais je ferai de mon mieux, comme toujours bien entendu.

Oui et ça, ça me fait peur. Parce que son mieux, dans certaines situations, c'est de faire exactement l'inverse de ce que j'aurais souhaité. Là, pour le moment, la seule chose dont j'ai besoin c'est que son postérieur reste collé sur le tissu de son canapé.

— Je ne pensais vraiment pas que la fête prendrait une telle tournure, j'avoue d'une voix désespérée. Tu sais à quel point je me sens mal à l'aise dans ces réunions bien trop peuplées. Mais j'avais décidé de faire un effort, d'y aller avec l'esprit totalement vide de préjugés et de peurs. Et tu sais quoi ? J'ai réussi.

— Eh ben ça me coupe le souffle, commente Lily avec de gros yeux. T'es certaine que quelqu'un n'a pas glissé quelque chose dans l'un de tes verres ?

— Pratiquement, je confirme avec un hochement de tête. Je crois que l'hôte m'a tout de suite mise très à l'aise, voilà tout. Puis nous sommes rapidement tombés sur Scarlett, Seb' et Anthony, ça a beaucoup joué. Et puis, j'ai rencontré quelques personnes, mais nous restions en bande. Tu sais comment sont les garçons, ils m'ont pratiquement fait oublier où je me trouvais ainsi que le nombre d'invités qui côtoyaient les mêmes murs que moi.

— Si ce n'était pas à cause de la foule, intervient mon interlocutrice perplexe, qu'est-ce qui a pu se passer ? Rien ne présume que tu as fait une crise de panique...

— Plutôt une crise de jalousie, je rectifie peu fière de moi.

Lily ne pose plus de questions et je préfère rester silencieuse le temps de voir sa réaction. Cela prend quelques longues secondes avant qu'un « oh » mêlant à la fois surprise et dégoût ne s'échappe de ses lèvres.

— Pourquoi ai-je le pressentiment que ton impression à son égard s'est révélée être juste ? articule-t-elle d'une voix peinée.

— Probablement, car nous avons développé un système d'alarme quand une personne nocive s'approche un peu trop près.

— Je ne sais pas si j'oserais demander ce qui s'est passé...

— Et j'ignore si j'ai envie de le dire, dis-je d'une voix affligée.

— Tu n'as pas trop le choix, me rappelle-t-elle ennuyée. Enfin si, tu peux décider de ne rien me dire et donc de te torturer mentalement. Ce qui n'arrangera absolument pas ta relation avec ton fiancé. Quant à moi, je risque de te bouder et je suis sûre que tu ne veux pas que cela arrive !

— Oh Lily ! je fulmine en me prenant la tête entre les mains. Elle a dit qu'elle était enceinte de Chris ! je laisse échapper en relevant la tête vers elle.

— Oh la salope ! crie-t-elle en se redressant d'un bond. Je savais qu'elle tramait quelque chose de pas net !

— C'est plutôt moi qui t'ai dit ça, je la corrige. Tu n'as jamais eu le privilège de la rencontrer.

— Non, mais je vais lui donner un tête à tête avec mon poing ! m'assure-t-elle bouillonnante de rage. Comment a réagi Chris ?

— Je ne lui ai dit que quand nous sommes arrivés à la maison. Il était très choqué.

— Il y a de quoi ! J'espère que tu ne l'as pas cru... Je veux, dis-moi que tu ne crois pas cette peste d'Alexandra.

— Je t'avoue avoir hésité l'espace d'un moment, j'exprime honteusement en soutenant avec difficulté son regard.

— Pourquoi donc ? s'étonne-t-elle en s'asseyant à nouveau face à moi.

— Car, en tout premier lieu, Chris n'a pas pu me promettre qu'il n'avait jamais couché avec elle, par après il...

— Il a couché avec elle ? me demande-t-elle en insistant sur le dernier mot.

— Oui, mais passons, il m'a tout de même promis que...

— Mais quand a-t-il couché avec cette... cette... Les mots m'en manquent pour qualifier cette sorcière ! Ah si, regarde ! J'en ai trouvé un autre !

— Respecte un peu Hermione Granger et les sœurs Halliwell s'il te plaît, je plaisante du mieux que je le peux.

Nous échangeons un bref sourire avant que Lily ne se lève et commence à faire les cent pas. Tiens, j'ai comme une impression de déjà-vu, n'ai-je pas fait la même chose il y a quelques heures de cela ?

— Que comptes -tu faire ? me questionne-t-elle sans pour autant me regarder.

— Je vais rentrer chez moi, j'annonce pas très sûre de moi. Je sais que ce bébé n'est pas de lui. Mais j'étais tellement en colère contre Alexandra, que j'ai passé toutes ces émotions sur lui.

— C'est vrai que tu as été un peu fort et c'est bien de le reconnaître. D'un autre côté, il pourrait mieux choisir ses partenaires sexuelles.

— Oui, enfin, espérons qu'il n'ait plus à faire de choix à ce niveau-là, j'ironise.

Lily opine de la tête avant de m'adresse un sourire, le genre de sourire qui ne me met vraiment pas en confiance et qui me fait dire qu'elle a quelque chose derrière la tête. Elle s'approche ensuite de la porte qui mène à l'arrière-boutique et, passant sa tête du haut des escaliers, se met à crier à pleins poumons.

— C'est bon ! Elle est d'humeur à te recevoir !

Je hausse un sourcil avant de soupirer à l'adresse de Lily lorsque j'aperçois la tête de Chris dépasser de la porte.

— J'ai dit que je n'avais ni lu ni écouté l'un de ses messages. Je n'ai jamais dit que je n'avais pas décroché, se défend-elle à la perfection en haussant les épaules.

Chris se gratte l'arrière de la nuque, apparemment gêné d'avoir autant ennuyé ma meilleure amie de si bon matin. Déposant sa veste sur le rebord du canapé, je me retrouve, peu après, blottie dans ses bras, m'excusant d'avoir été autant en colère la veille.

— Je ne t'en veux pas, me promet-il. Je comprends que cela ait pu t'énerver... Je culpabilise tellement d'avoir pu faire ça avec elle. Sachant ce qu'elle veut nous faire subir.

Mes bras autour de lui et les siens autour de moi, je suis à nouveau envie par ce sentiment de liberté qui m'avait tant manqué cette nuit. Ses ennemis, anxiété et peur, ont été plus présents que je ne l'aurais voulu.

— Je t'aime, me murmure-t-il, et je ferais au mieux pour te protéger.

— Je sais Chris, dis-je en hochant la tête, mais tu n'es pas un superhéros, tu ne peux pas éviter les langues de vipères, tu ne peux pas c'est tout.

Notre conversation sur plusieurs minutes, durant lesquelles j'oublie où je me trouve, j'en oublie même Lily qui s'est faite particulièrement silencieuse depuis l'arrivée de Chris. Je fais même abstraction du téléphone de ce dernier quand il se met à sonner. Par contre, je ne peux mettre mes oreilles en sourdine quand ma meilleure amie s'autorise toute seule à y répondre.

— Adam ! enguirlande-t-elle son interlocuteur alors que nous nous tournons vers elle. Il y a vraiment intérêt à ce que cela soit important, genre une question de vie ou de mort, parce que j'étais sur le point d'assister à une réconciliation sur l'oreiller et... quoi ? Non ! Laisse-les un peu tranquilles ! Non... Adam. Non ! Je... Mais tu ne veux pas te taire deux petites minutes ? Pourquoi ? C'est vraiment nécessaire ? Je refuse que tu débarques chez moi ! Non, mais t'as vu l'heure ? Roooh, c'est bon, je vais le faire, mais j'espère que ta voiture tombera en panne en arrivant et que... Il m'a raccroché au nez cet imbécile ! s'offusque-t-elle en se tournant vers nous.

— Tu n'avais déjà pas à décrocher, je lui fais remarquer d'une voix inquiète. Que voulait-il ?

— Je ne suis pas certaine que vous vouliez le savoir ?

— Il y a une différence entre vouloir et devoir, j'émets de plus en plus préoccupée.

Lily n'attend pas une seule seconde de plus, probablement par peur que je ne change d'avis ou que je tente de m'enfuir devant les horreurs que transmette la télévision qu'elle vient juste d'allumer. Je m'y attendais, évidemment, c'est une chose de savoir et voir. C'est plus douloureux de voir des titres blessants et des commentaires peu flatteurs sortir de la bouche de plusieurs présentateurs qui semblent avoir vendu leur âme au diable tant ils paraissent prendre plaisir face aux malheurs des autres. Dans ce cas précis, le nôtre. Huit heures à peine, mais les démons de Los Angeles sont déjà réveillés et prêts à faire monter la température de l'indécence. 

* *

Coucou mes marshmallows ♥

Je n'ai pas pu poster le chapitre hier car je n'ai pas eu le temps de le terminer (Saint-Valentin oblige), mais vous n'allez pas me tuer pour un jour de retard hein ? Non, vous n'oseriez pas voyons ! ♥